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Les décisions du président Mao face aux situations complexes intérieures et extérieures de la Chine

Les approches internationales et les relations sino françaises d’une guerre à l’autre concernant le

1.2 Les décisions du président Mao face aux situations complexes intérieures et extérieures de la Chine

Le mouvement révolutionnaire intérieur de la Chine dirigée par le président Mao influença sa stratégie diplomatique. La réussite de la révolution contre KMT, selon la théorie révolutionnaire de « la nouvelle démocratie » mise au point par le président Mao, avait pour prochaine étape d’éliminer le capitalisme et de transformer le « nouveau démocratisme » en socialisme. Les dirigeants chinois comprenaient bien la théorie du développement économique du Marxisme et Léninisme. D’après de K. Marx, le socialisme ne pourrait être fondé que sur une société qui a une productivité haute. Selon l’expérience

1 Zhong Guo Jun Shi Gu Wen Tuan Yuan Yue Kang Fa Shi Lu Bian Ji Zu, Zhong Guo Jun Shi Gu Wen Tuan

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soviétique, il faut une période pour la reprise économique avant la mise en place de la propriété publique. Les dirigeants chinois pensaient donc qu’ils devaient collaborer avec les capitalistes après avoir accédé au pouvoir. Le président Mao décida de ne pas éliminer rapidement tous les éléments capitalistes dans chaque domaine et de protéger des entreprises privées et des artisanats privés pour la reprise économique et la stabilité de la société. La coopération avec les capitalistes était cependant une mesure temporaire. Plusieurs historiens et quelques anciens hauts dirigeants du PCC pensent que le PCC fut imprudent et impatient en poussant à la nationalisation et en développant une économie planifiée dès 19511. Lorsque l’on réexamine pourtant l’idéologie du PCC, on peut réaliser

peu importe la politique étrangère ou la politique intérieure, l’idéologie maoïste : anti- impérialisme et anticapitalisme étaient toujours les deux bannières rouges révolutionnaires tenues par le PCC. Il était certain que le PCC éliminerait le capitalisme après avoir établi la Chine populaire tôt ou tard, et continuerait la politique révolutionnaire pour défendre la légitimité de son pouvoir.

Concernant la situation intérieure, le PCC avait un dur travail pour la reprise économique et la reconstruction de l’ordre sociale après la guerre civile. Le gouvernement chinois avait commandé une grande quantité de provisions militaires pendant la guerre de Corée, ce qui stimulait la reprise économique et le développement de la bourgeoisie nationale en Chine. Cependant, à défaut de lois, des patrons avaient corrompu des fonctionnaires du PCC avec des présents coûteux afin de recevoir des commandes. Ils essayaient aussi de tromper les contrôleurs de qualité pour réduire les coûts de production. Ces problèmes ont retenu l’attention du gouvernement chinois. La corruption des fonctionnaires du PCC et les actions des patrons capitalistes provoquèrent donc la colère

1 Yang Kuisong, The Evolution of the Chinese Communist Party’s Policy toward the Bourgeoisie before and

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du peuple. Le président Mao profita de la colère publique et commença rapidement un mouvement révolutionnaire fin 1951, baptisé comme « les campagnes des trois-anti et des cinq-anti » (San Fan Wu Fan) (contre la corruption ; contre le vol de propriété de l’État ; contre l’évasion fiscale ; contre la fraude sur les marchés publics ; contre l’État stationnaire). Le gouvernement chinois ne protégerait plus le secteur privé et les capitalistes chinois n’auraient pas un meilleur traitement que les capitalistes étrangers. Plusieurs capitalistes qui étaient fortement critiqués acceptaient la nationalisation de leurs usines, de leurs ateliers et de leurs magasins dès 1953. Le partenariat public-privé pour la gestion des entreprises proposées par le PCC réussit facilement en 19561.

Suite à la frappe sur les capitalistes, le premier plan quinquennal déclenché en mai 1953 symbolisa le commencement de la première étape de transformation de la société dont l’objectif était la réalisation de l’industrialisation et de l’économie planifiée. D’après des expériences soviétiques, les dirigeants chinois décidèrent de commencer le monopole d’État de l’achat et de la commercialisation desproduits agricoles en décembre 1953, afin d’accumuler du capital pour le développement de l’industrie lourde. Étant donné que les entreprises privées industrielles et commerciales de la Chine étaient toutes les industries légères, les capitalistes étaient donc obligés d’accepter la nationalisation à cause du monopole d’État de l’achat et de la commercialisation des produits agricoles. L’État voulait un contrôle desmatières premières2. Entre 1953 et 1954, le PCC se concentrait donc sur le

développement de l’économie planifiée et la transformation de la société, ce qui était une des raisons pour lesquelles la Chine populaire n’intervenait pas directement dans la guerre d’Indochine. En outre, le PCC espérait déclencher une bataille afin de recouvrer Taiwan occupé par KMT depuis 1949, et un grand nombre des troupes d’élite étaient disposé au

1 Ibid..

2 Sun Dairao, The Background of the China’s socialist transformation of industry in 1950s, Journal of

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sud de la Chine pour préparer un débarquement. Même si Kim Il Sung demanda l’assistance de la Chine pour la réunification de Corée, le président Mao lui répondit que la libération de Taiwan était plus importante que le projet du général Kim1. Les affaires

taïwanaises ne permirent donc pas à la Chine de concentrer ses efforts vers la guerre d’Indochine.

En même temps, la situation internationale était complexe vis-à-vis du PCC. D’une part, d’après des renseignements transmis par les Chinois en Europe, le PCC savait que la Quatrième République française espérait reconnaitre la RPC2. Le gouvernement chinois

pensait que la situation européenne était favorable à la Chine. A la suite de l’établissement de relations diplomatiques avec les pays de Nord de l’Europe, non seulement la France, mais aussi l’Angleterre se préparait à reconnaitre la Chine populaire. Le PCC suggéra au Vietminh d’établir des relations diplomatiques sino-vietnamiennes avant que la France ne reconnaisse la Chine populaire afin de mettre en place une nouvelle situation favorable pour la RPC et la RDV3. En fait, cette politique montrait que le PCC manquait d’expérience

diplomatique. L’Assemble nationale suspendra le projet de reconnaissance de la Chine populaire suite à de l’établissement de la relation diplomatique entre la RPC et la RDV le 19 janvier 19504. Aux yeux du PCC, cependant, la France et l’Angleterre n’étaient pas les

forces réactionnaires principales. Le projet était seulement « suspendu », il y avait donc de l’espérance. Par conséquent, les dirigeants chinois étaient sages de se charger d’une

1 Shen Zhihua, Sino-Soviet Relations and the Origins of the Korean War: Stalin's Strategic Goals in the Far

East, Journal of Cold War Studies, 2000, vol.2.

2 AMAEC, La situation intérieure de la France, 110-00148-35, p.141.

3 Télégramme envoyé par le Comité central du PCC au Vietminh, le 25 décembre, Zhong Gong Zhong Yang

Wen Xian Xuan Ji, volume II, op.cit., p.34-35.

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assistante au Vietminh, mais de refuser d’envoyer des troupes chinoises dans la guerre d’Indochine1.

D’autre part, en 1950, l’Union Soviétique ajourna des aides militaires à la Chine pour la libération de Taiwan. Staline dit au président Mao que le premier objectif révolutionnaire en Asie était la réunification de la Corée. En fait, le vrai but de Staline était d’obtenir Incheon et Busan, les deux ports libres de glace en Corée du Sud. Mao fut finalement obligé de consentir à la réunification de la Corée par la force sous la pression de Staline2. Lorsque

les troupes de la Corée du Nord battaient en retraite à cause du débarquement d’Incheon déclenché par l’armée américaine le 15 septembre 1950, Staline demanda au président Mao d’aider rapidement la Corée du Nord. En fait, aucun haut dirigeant chinois n’était d’accord pour aider Kim Il Sung, sauf le président Mao. Son opinion l’avait finalement emporté. Alors que les troupes de l’ONU pénétraient au cœur du territoire nord-coréen, la Chine intervenait officieusement par l’intermédiaire de ses volontaires le 31 octobre 1951. En fait, pour le président Mao, il se devait d’accomplir ce devoir au nom de l’internationalisme pour gagner la confiance de Staline. L’alliance sino-soviétique fut vraiment consolidée lorsque le gouvernement chinois envoya des troupes en Corée. Staline offrit rapidement des armes avancées et du soutien aux Chinois. Le gouvernement soviétique permis rapidement le financement et les technologies pour le premier plan quinquennal Chinois3.

La décision du président Mao était à double tranchant. D’une part, beaucoup de troupes chinoises étaient disposées en Corée et la guerre de Corée avait été trop couteaux. En 1950, 60% des dépenses financières de l’État allaient aux dépenses militaires : selon une étude,

1 Zhong Guo Jun Shi Gu Wen Tuan Li Shi Bian Xie Zu (La rédaction de l’histoire de la mission militaire

chinoise), Zhong Guo Jun Shi Gu Wen Tuan Yuan Yue Kang Fa Dou Zheng Shi Shi (L’histoire de la mission militaire de la Chine dans la guerre d’Indochine), Pékin : PLA Pressing House, 1990, p.58.

2 Shen Zhihua, Sino-Soviet Relations and the Origins of the Korean War: Stalin's Strategic Goals in the Far

East, Journal of Cold War Studies, 2000, vol.2.

3 Sheng Zhihua a en détail analysé ce problème dans sa monographie: Mao, Stalin and the Korean War:

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de 1950 à 1953, la Chine a dépensé 10 millions dollars pour la guerre1. Le gouvernement

chinois ne pouvait donc pas disperser ses efforts dans la région indochinoise. D’autre part, à cause de l’intervention chinoise en Corée, les États-Unis interférèrent dans le problème taïwanais. Le gouvernement américain pensait qu’il était nécessaire d’agir par la contrainte pour enrayer « la propagation du communisme » en Asie. Taiwan et le Japon devint les bases anti-communistes importantes. La région indochinoise devint en même temps de la frontière « du champ de bataille anti-communiste ». Le Parti Communiste Chinois perdit non seulement la chance de la réunification de la Chine, mais il courait le risque de déclencher une autre guerre avec les États-Unis. D’après certaines informations, le gouvernement chinois avait su que Washington soutenait la France pour reprendre ses privilèges dans la région indochinoise par la force. Pékin craignait que si la Chine continuait la guerre, les États-Unis se concentreraient sur l’Indochine après la guerre de Corée et enverraient des troupes dans cette région. La guerre d’Indochine deviendrait une autre « guerre de Corée », ce qui était très dangereux pour le développement de la Chine2.

Ne pas envoyer les troupes en Indochine et terminer cette guerre avec une solution politique étaient donc un bon choix stratégique pour la Chine. En outre, un environnement pacifique était favorable pour le gouvernement chinois afin de développer l’industrie et d’améliorer la qualité de vie des masses à la suite de la longe période de la guerre (1937-1953).

1.3 La décision du président Mao pour mettre fin à la guerre d’Indochine et

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