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Une approche qualitative, émique et inductive

Du fait de la rareté et la brièveté des terrains – deux terrains qui eurent lieu du 10 février au 10 mars 2009 et du 16 novembre 2011 au 14 janvier 2012 –, je n’ai pas pu mener une enquête de terrain ethnographique, ce qui représentait le terrain tel que j’aurais voulu le faire ou tel

163 Michel DOBRY, Sociologie des crises politiques. La dynamique des mobilisations multisectorielles, Paris,

Presses de SciencesPo, 2009 (1986).

164 Claudine VIDAL, Sociologie des passions (Côte d’Ivoire, Rwanda), Paris, Karthala, 1991.

165 Sur l’incertitude structurelle, cf. Sociologie des crises politiques. La dynamique des mobilisations

multisectorielles, op. cit., p. 138-145.

que je me sentais encouragée à le faire167, du fait de sa valorisation, en particulier auprès des doctorants. L’approche méthodologique adoptée est – on l’a dit – émique, c’est-à-dire attentive aux discours et aux représentations des enquêtés168, et inductive.

L’une des principales faiblesses de cette thèse est le nombre limité des observations de situations d’interaction entre Katangais et Kasaïens. Cette faiblesse est d’autant plus problématique que je mobilise le cadre d’analyse des interactions en face-à-face d’Erving Goffman. Avec plus d’observations, j’aurais pu notamment essayer de repérer les « signes

para-verbaux (rires, soupirs, intonation) ou non-verbaux (gestes, expressions, postures) »169

se produisant dans les situations d’interaction et voir si ces signes confirment ou, au contraire, contredisent l’évitement et les non-dits observés dans la communication verbale, à la fois dans les contextes macros constituant des situations de crise et dans ceux qui n’en sont pas.

Le manque d’observations s’explique par le fait que l’unité d’analyse est « une entité

mouvante, nécessairement évanescente »170, comme le sont toutes les situations d’interaction. En outre, s’agissant spécifiquement de mon objet de recherche, il faut que quelque chose de significatif se produise et que je sois en mesure de comprendre, d’abord, qu’il se passe quelque chose de pertinent et, ensuite, ce qui se passe exactement, ce qui suppose d’avoir des informations sur les personnes engagées dans la situation d’interaction, notamment sur leur origine ethno-régionale. Ceci nécessite une durée de terrain suffisamment longue, que je n’ai pas eue.

Avant le premier terrain, en m’appuyant sur la littérature sur les violences contre les Kasaïens, et en particulier sur les travaux de Dibwe dia Mwembu (cf. supra), j’envisageais deux types de lieux d’observation : d’une part, ceux que je considérais comme étant des lieux de conflit potentiel et d’autre part, des lieux où les relations entre Katangais et Kasaïens me semblaient

a priori ne pas être conflictuelles. S’agissant des lieux de conflit potentiel, je souhaitais observer les relations de travail dans une ou plusieurs entreprises minières. Ce choix était justifié par le fait que, d’une part, les identités katangaise et kasaïenne se sont construites en tant qu’identités antagonistes autour des relations de travail au sein de l’Union minière du Haut-Katanga (UMHK) (cf. chapitre 1) et, d’autre part, la surreprésentation des Kasaïens dans

167 Johanna SIMEANT, « Localiser le terrain de l'international », Politix, n° 100, 2012, en particulier p. 130. 168 Jean-Pierre OLIVIER DE SARDAN, La rigueur du qualitatif. Les contraintes empiriques de l'interprétation

socio-anthropologique, op. cit., notamment p. 119.

169 Daniel CEFAÏ et Edouard GARDELLA, « Comment analyser une situation selon le dernier Goffman ? De

Frame Analysis à Forms of Talk », in Daniel Cefaï et Laurent Perreau, dir., Erving Goffman et l'ordre de

l'interaction, op. cit., p. 250.

les postes d’encadrement dans les entreprises publiques et parapubliques, en particulier à la Gécamines, est régulièrement invoquée comme justification des violences du début des années 1990 (cf. chapitre 2). S’agissant des lieux où les relations entre Katangais et Kasaïens me semblaient – et sont effectivement – non conflictuelles, je pensais observer les interactions entre les dix Katangais et dix Kasaïens qui ont fondé l’Association des Faiseurs de Paix. Enfin, je voulais observer les relations entre les commerçants katangais et les commerçants kasaïens, et, si possible, avec leurs clients (des deux origines ethno-régionales), au marché de Kikula. Ce lieu d’observation s’était imposé de lui-même pour trois raisons : d’abord, la décision du maire de Likasi, Petwe Kapande, de réintégrer en 2002 les commerçants kasaïens dans ce marché, qu’ils avaient fui au moment des violences, avait suscité des tensions entre les deux groupes de commerçants, et au-delà entre les deux communautés ; ensuite, le retour des commerçants kasaïens avait été rendu possible grâce à une médiation menée par les membres de l’AFP ; et enfin, quelques mois plus tard le marché avait été rebaptisé marché

Amani (marché de la Paix).

Je n’ai pas réussi à mener une seule de ces observations. Fin 2008, alors que j’étais en train de préparer mon premier terrain, le secteur minier au Katanga a subi le contrecoup de la crise économique mondiale, et plus précisément de l’effondrement des cours du cuivre et du cobalt. Une soixantaine d’entreprises minières ont alors fermé ou suspendu temporairement leurs activités. Ne sachant pas quelles entreprises étaient toujours en activité, et ayant l’opportunité de mener des entretiens avec plusieurs employés travaillant dans une même entreprise privée, j’ai fait de cette entreprise, dont l’activité s’exerce dans différents lieux du Katanga, parmi lesquels Likasi et Kolwezi, un lieu d’observation. Il s’agissait d’un choix par défaut et que je pensais temporaire. Je m’imaginais en effet que lors d’un (ou de) prochain(s) terrain(s), je reviendrais à mon idée initiale et que j’étudierais les relations de travail au sein d’une ou plusieurs entreprises minières. Ce n’est qu’une fois rentrée en France et après avoir transcrit les entretiens menés avec les employés de cette entreprise privée, que j’ai réalisé que cette entreprise était devenue mon lieu d’observation privilégié des relations de travail entre Katangais et Kasaïens, puisque j’y avais noué des relations de confiance avec certains des employés. Si les relations que j’ai pu observer entre les cinq membres de l’AFP171, que j’ai soit côtoyés quasi quotidiennement soit rencontrés plus épisodiquement, montraient le respect et la confiance qu’ils ont les uns pour les autres, je n’ai pas observé à proprement parler les relations entre les membres, katangais et kasaïens, de l’association. Déjà, parce que la plupart

des personnes, qui avaient fondé l’AFP, l’ont depuis quittée et que l’association repose sur un noyau dur de cinq ou six personnes. Ensuite, parce que, comme son nom l’indique, l’AFP est une association ; tous les membres sont bénévoles et ils ne se sont réunis – en urgence – qu’une seule fois au cours de mes deux terrains, alors que j’étais à Kolwezi. Enfin, parce que les relations d’amitié qui se sont nouées rapidement avec trois de ses membres les plus actifs (le docteur Jean Mikombe, Florys Ntumba et Clémentine Kashasha), associées avec le sentiment qu’au moment de la rédaction de la thèse, j’allais les trahir (cf. infra), ont fait que je ne me suis pas sentie autorisée à les considérer comme des Katangais ou des Kasaïens sur les pratiques desquels je pourrais enquêter. S’agissant enfin du marché de Kikula, je n’ai pas réussi à trouver une entrée pour y mener des observations. A l’issue du premier terrain, je pensais demander aux membres de l’AFP de me mettre en contact avec certains des vingt- quatre commerçants kasaïens et vingt-quatre commerçants katangais qui avaient été formés aux techniques de gestion et résolution pacifique des conflits, ce qui n’a pas été possible. Les sources principales de la thèse sont donc trente-six entretiens semi-directifs menés avec trente-neuf personnes et de nombreuses conversations informelles avec certaines des personnes interviewées et avec d’autres. J’ai cherché, à chaque fois que c’était possible, à multiplier les contacts avec les enquêtés en menant plusieurs entretiens (formels) avec eux, en partageant un repas, en acceptant leurs invitations à les accompagner dans leurs Eglises, etc. Cette façon d’envisager le rapport aux enquêtés était présente dès le premier terrain ; sa pertinence s’est renforcée lors du second terrain, puisqu’il était tout de suite évident que l’état des relations entre les Katangais et les Kasaïens n’était pas le même que celui que j’avais pu observer au cours du premier terrain.

Près d’un entretien sur trois a été un entretien collectif. Le cas de figure typique est le suivant : un entretien, dont le principe a été négocié avec une personne, mais auquel participent plusieurs personnes (entre 2 et 6) de la même origine ethno-régionale172. Ces entretiens devenaient alors quasiment un échange entre les personnes présentes ; et je me contentais de ramener la discussion autour de mon objet de recherche, quand elle s’en éloignait trop, d’essayer de faire en sorte que tous les thèmes de recherche173 soient abordés,

172 A l’exception des entretiens avec les membres de l’Association des Faiseurs de Paix, auxquels ont toujours

participé au moins un Katangais et un Kasaïen, la mixité entre Katangais et Kasaïens étant l’un des fondements de l’association depuis sa création.

173 Préalablement aux terrains, j’ai construit des guides d’entretien détaillés comportant des questions très

et de demander aux participants des précisions ou de développer un sujet qu’ils avaient évoqué. Parce que l’engagement des enquêtés participant à ces entretiens collectifs ne se faisait plus seulement envers moi mais également – et dans certains cas, surtout – envers les autres participants, ces entretiens ont fourni « des informations sur le point de vue (…) sur le

monde »174 qui est légitime dans leur groupe ethno-régional d’appartenance. Le dialogue qui s’instaurait entre les participants et les réactions – verbales ou via des rires ou sourires de connivence – marquant l’approbation des propos tenus par l’un d’eux m’ont aidée à comprendre ce qui est dicible entre membres d’un même groupe ethno-régional, et en particulier le récit des violences du début des années 1990 et de l’histoire des relations entre Katangais et Kasaïens qui est dominant au sein de chacune des deux communautés.

Le choix des enquêtés ne procède pas d’un échantillonnage rigoureux. Le temps relativement court passé sur le terrain et les résistances dans les premières semaines du second terrain ont fait que j’ai saisi toutes les opportunités d’entretiens qui se présentaient, et notamment tous celles que me suggéraient les enquêtés eux-mêmes.

Les enquêtés présentent malgré tout des caractéristiques sociales différentes (en termes de statut social, d’âge, etc.). Ils sont ouvriers ou cadres, habitants ou doyens de quartiers où vivent majoritairement des gens appartenant à leur communauté d’appartenance ou à l’autre communauté, membres d’organisations de la société civile ; ils occupent (ou ont occupé) des positions de responsabilité dans des associations socio-culturelles ou des fonctions officielles locales ou sont agents de la fonction publique locale… Ils appartiennent aussi à des générations différentes : certains étaient adultes et avaient déjà fondé une famille au moment des violences, d’autres étaient au tout début de leur vie d’adultes, d’autres étaient enfants ou adolescents, d’autres enfin sont nés après les violences. S’agissant de cette dernière génération, j’ai seulement eu des conversations informelles, si possible répétées, avec les enfants et adolescents qui faisaient partie du cercle d’interconnaissance de la famille qui m’hébergeait.

j’ai juste veillé à ce que les cinq thèmes présents dans les guides – à savoir les relations (de travail, de voisinage, d’amitié) entre Katangais et Kasaïens, les retours des Kasaïens à Likasi et Kolwezi (leurs contextes et effets, parmi lesquels les revendications des Kasaïens concernant les maisons qu’ils avaient abandonnées pour fuir les violences et qu’ils ont retrouvé occupées par des Katangais), les tensions entre les deux communautés depuis les violences (leurs contextes et enjeux), les tabous et interdits dans les situations d’interaction, et, si les enquêtés abordaient d’eux-mêmes le sujet, leur histoire personnelle des violences – soient évoqués, en laissant les enquêtés en parler de la manière et dans l’ordre qu’ils l’entendaient.

174 Jean-Pierre OLIVIER DE SARDAN, « La politique du terrain. Sur la production des données en

anthropologie », Enquête, n° 1, 1995, p. 71-109 – disponible in http://enquete.revues.org/document263.html – consulté le 05/05/2011.

Dix-sept des personnes, avec qui j’ai mené des entretiens, sont katangaises et quatorze sont kasaïennes. Parmi elles, une Kasaïenne est la veuve d’un Katangais qu’elle avait épousé avant les violences et un Katangais est marié à une Kasaïenne, leur mariage ayant été célébré une dizaine d’années après les violences.

Deux des personnes interviewées ne sont ni katangaises ni kasaïennes. Le premier est un ancien commandant de la Garde civile, qui était en poste à Lubumbashi au moment des violences. Je l’ai rencontré en dehors des deux terrains, en région parisienne, où il vit aujourd’hui, par l’intermédiaire d’une connaissance commune. Cette rencontre a eu lieu alors que j’étais en train de rédiger une première version du chapitre 2 qui est consacré aux violences du début des années 1990 et que je butais sur le rôle des militaires, les différentes lectures sur cette période évoquant à la fois des situations où des militaires étaient intervenus pour protéger des Kasaïens, et d’autres situations où ils avaient participé à des exactions contre les Kasaïens, aux côtés des miliciens de la JUFERI, sans expliquer ces différents comportements. Cet unique entretien avec un ancien militaire ne permet bien évidemment pas de lever toutes les ambiguïtés liées au rôle des militaires pendant les violences ; mais associé à la lecture d’ouvrages et articles de chercheurs et journalistes et de rapports d’ONG, il permet d’avancer quelques pistes. Le second est le président de l’Association des Motards de Likasi (AMOLI), une association professionnelle défendant les intérêts des manseba, nom donné aux personnes assurant le transport en moto, une activité qui est exercée majoritairement par des Kasaïens175. Il est né à Kinshasa et à vécu dans les provinces du Kasaï oriental et du Bandundu avant de s’installer au Katanga à la fin des années 2000.

L’origine ethno-régionale de six des personnes interviewées est inconnue176. Ces personnes étaient interrogées d’abord – mais pas exclusivement, puisque je considère chaque enquêté comme étant, potentiellement au moins, à la fois « un consultant » et « un racontant »177 – du fait d’une fonction qu’elles occupaient (par exemple, membre de la Commission Justice et Paix ou administrateur du marché de la Paix) ; et je n’ai pas réussi à orienter l’entretien vers leur expérience personnelle.

175 Concernant les manseba, cf. chapitre 5, p. 255-257.

176 Cinq d’entre elles sont soit katangaises soit kasaïennes. Il est possible que la sixième personne – le

responsable de l’antenne de l’ONG américaine Pact Congo – ne soit ni l’une ni l’autre, mais je n’ai aucune certitude sur son origine ethno-régionale.

177 Jean-Pierre OLIVIER DE SARDAN, « La politique du terrain. Sur la production des données en

Si le nombre d’entretiens semi-directifs menés avec des Katangais et des Kasaïens est quasiment le même, les enquêtés kasaïens (incluant ceux avec qui j’ai fait un entretien et ceux avec qui j’ai échangé uniquement par des conversations informelles) sont plus nombreux. Ceci s’explique d’abord par le fait que j’étais hébergée par une famille kasaïenne à laquelle je suis apparentée, étant mariée à un Muluba du Kasaï qui est né à Likasi mais n’a pas personnellement vécu les violences du début des années 1990. Je partageais le quotidien de cette famille, ce qui a favorisé une connaissance du terrain par imprégnation. J’ai pu observer de nombreuses interactions entre les membres de cette famille entre eux et au sein de leur groupe d’interconnaissance, qui étaient significatives par rapport à mon objet de recherche. Ce fut particulièrement le cas au cours du deuxième terrain, réalisé dans le contexte des élections présidentielle et législatives de novembre 2011, puisque les tensions qui existaient alors entre Katangais et Kasaïens – que j’allais plus tard interpréter comme un processus de simplification et de polarisation des identités ethno-régionales dans un contexte de situation de crise – se reflétaient au sein de la famille et dans leurs interactions avec leurs proches. Ces tensions et la peur, partagée par tous les enquêtés, qu’une victoire du Muluba du Kasaï Etienne Tshisekedi à l’élection présidentielle conduise à des violences de masse contre les Kasaïens, occupaient nombre de leurs conversations.

Ensuite, parce qu’il est plus facile pour les Kasaïens de parler des violences et des relations qu’ils ont avec les Katangais, puisqu’ils ont été les victimes des violences. Les Katangais sont, quant à eux, plus réticents à aborder ces sujets. Nombre d’entre eux se sentent stigmatisés par l’évocation des violences. Depuis lors, en effet, les stéréotypes de « tueurs » et « criminels » sont associés au nom Katangais178. D’autres Katangais, particulièrement parmi ceux qui sont membres des ethnies du Sud-Katanga, estiment – ou affirment – n’avoir rien à dire d’intéressant sur le conflit entre les Katangais et les Kasaïens, qu’ils présentent comme un conflit entre Baluba du Nord-Katanga et Kasaïens ou entre Baluba du Nord-Katanga et Baluba du Kasaï, et qui, de ce fait, ne les concerne pas.

Des Katangais ont néanmoins accepté de me parler, certains avec l’espoir que je transmette leur version des violences et de l’histoire des relations entre Katangais et Kasaïens depuis la période coloniale. Cette attente fut, par exemple, exprimée plusieurs fois au cours d’un entretien avec deux Baluba du Nord-Katanga, qui avaient soutenu les violences contre les Kasaïens, et qui reprochaient à la communauté internationale d’avoir diffusé, sans la vérifier, la version des violences et de leur genèse qui est dominante chez les Kasaïens. Dans l’extrait

178 Sur le stigmate associé au nom Katangais depuis les violences contre les Kasaïens, cf. chapitre 3, p. 173 et

suivant, cette attente est perceptible dans l’insistance d’un des deux interviewés sur le fait que je sois venue au Katanga mener mon enquête de terrain et rencontrer des Katangais, et pas uniquement des Kasaïens :

« 1er interviewé - Quand il y a des problèmes comme ça a été en 1992, ils [c’est-à-dire les Kasaïens] sont partis, beaucoup, nombreux, pour dire “On nous a chassés”. Et puis, (…) on les accueille [à l’étranger] pour dire qu’ils sont des réfugiés politiques, qu’ils ont été tués, et tout ça (…). Vous, vous avez la chance de venir ici, de nous voir, vous allez voir un peu la vérité. Mais quelqu’un qui se trouverait en France, en Belgique, aux Etats-Unis ou à Londres…

2e interviewé - Il accepte ce qu’on lui raconte.

1er interviewé - … lorsqu’on lui dit “Voilà comment on avait tué les gens au Katanga”… Même il y avait des gens qui mouraient (…) de mort naturelle ou bien… dans la guerre, mais des deux côtés. (…) Mais… pour qu’on puisse savoir qu’il y avait la vérité de ce côté, il faut que ça parte comme vous venez le faire. Là, c’est très… c’est très intéressant alors quand on le fait de façon objective. Alors à ce moment-là, les gens commencent à voir. »179

A partir du moment où j’ai questionné, et même douté de la légitimité des Occidentaux travaillant dans le secteur d’activité de la pacification « par le bas » à mener des programmes dans les pays du Sud, et plus précisément à dire à des personnes ayant vécu des violences de masse, qu’elles les aient subies, perpétrées ou les deux, ce qu’elles doivent faire – se réconcilier – et comment elles doivent le faire – en reconstruisant de manière volontariste des liens sociaux caractérisés par l’harmonie, l’empathie et une « culture de la paix » –, il était