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Dans chacun de ces quartiers, des actions sont mises en place pour créer de la mixité sociale en dehors de la mixité résidentielle simple. Nous avons étudié les différents quartiers dans leur logique d’ensemble, comme ils sont pensés par les décideurs de la politique de la ville. Mais nous nous sommes attachés à développer une analyse plus approfondie sur certaines opérations destinées à produire de la mixité sociale : en particulier les opérations visant à attirer des étudiants et les créations d’équipements structurants, ces deux actions visant principalement à développer la mixité exogène. Ces opérations seront détaillées et nous y ajouterons d’autres exemples moins profondément étudiés.

L’enquête s’est basée tout d’abord sur une observation participante, qui a permis de définir le cadre problématique prioritaire. Les éléments récoltés durant les neuf mois de stage ont ensuite été complétés par une série d’entretiens semi-directifs, essentiellement à Rouen qui n’a pas fait l’objet d’une observation participante, par une recherche documentaire sur les quartiers étudiés et sur des thèmes en relation. Les données ainsi recueillies ont fait l’objet d’une analyse groupée.

L’enquête ne s’est pas déroulée aussi bien que prévu, d’abord par manque de temps et d’énergie au cours d’une année chargée et difficile, mais aussi par manque de recul par rapport au stage. La difficile approche et définition du sujet de mémoire n’a pas permis d’entrer dans le terrain assez rapidement. De plus, il faut préciser que le terrain choisi montrait quelques réticences par rapport aux enquêtes de toutes sortes, et les discours de chacun des acteurs ont demandé par la suite à être « traduits » afin de pouvoir les analyser. Cependant, ces difficultés ont pu être contrebalancées par la relative disponibilité et surtout la réactivité de la plupart des acteurs rencontrés, ainsi que par la masse d’éléments réunis tout au

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long du stage. L’intérêt que nous portons au sujet a permis d’essayer de mener la recherche dans les meilleures conditions possibles.

La totalité de l’enquête de terrain s’est étendue sur onze mois, avec dix mois d’étude sur le quartier grenoblois et deux mois d’étude sur le quartier rouennais. Nous avons étudié de manière moins approfondie deux autres quartiers (Teisseire à Grenoble et les Hauts de Rouen) afin de pouvoir avoir davantage de recul sur les deux quartiers choisis.

Le stage au sein de l’association d’éducation populaire AFEV a permis d’observer les relations et dynamiques sociales à l’œuvre, et d’appréhender les logiques de développement social, l’implication des habitants et l’impact de la rénovation urbaine, ainsi que de rencontrer des élus, acteurs de terrain et habitants et de recueillir leur point de vue sur ces questions. C’est à l’occasion de rendez-vous, de réunions, mais aussi de conversations informelles, que nous avons pu récolter un matériau assez riche. Le statut de stagiaire était intéressant de ce point de vue mais parfois difficile aussi, car mener une recherche en étant chaque jour en observation participante n’a pas été facile du point de vue du recul nécessaire à prendre.

Les chefs de projet du Plan de Rénovation Urbaine de Grenoble et du Grand Projet de Ville de Rouen ont tous deux été rencontrés. D’autres responsables institutionnels ont fait l’objet d’entretiens, tels que la responsable des projets urbains à Rouen et la responsable de la direction du développement culturel. Les autres entretiens ont concerné des acteurs associatifs ayant joué un rôle plus ou moins important dans les opérations étudiées, notamment les responsables de la plupart des structures socioculturelles de Mistral. Des habitants ont également participé à l’enquête, mais en nombre moins important que ce qui était initialement prévu, du fait de la difficulté de mobilisation. Nous avons néanmoins pu avoir un échange avec des habitants de chacun des quartiers choisis.

Certains entretiens ont été réalisés avec des habitants ou responsables associatifs extérieurs aux quartiers cités, notamment sur les Hauts de Rouen et sur la Villeneuve à Grenoble. Cet apport extérieur permet aussi une comparaison par rapport à des expériences similaires, par exemple les « Kolocations à Projets Solidaires » déjà mises en place sur Le Mans et sur Rennes.

De nombreux contacts ont été pris au cours des mois précédents, mais la période de vacances estivales a tout de même empêché certains entretiens de se réaliser. Lorsque les personnes en question se sont rendues disponibles et ont repris contact, la rédaction du

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mémoire était déjà bien avancée et il ne restait pas assez de temps pour prévoir de nouveaux entretiens qui, pourtant, auraient pu être d’une grande utilité.

Les différentes personnes ont été questionnées pour connaître leur point de vue sur les politiques de mixité sociale, pour détailler chacun des projets et les effets constatés. Une dizaine d’entretiens semi-directifs, d’une durée de 15 minutes à deux heures dix, ont été réalisés au total1.

L’enquête a ensuite été complétée par l’observation et la visite des différents sites, parfois commentée par des acteurs locaux, comme ce fut le cas pour Mistral avec la déléguée territoriale de l’AFEV. Cela a pu donner un aperçu de l’histoire du quartier et donner lieu à l’observation des rapports sociaux dans les quartiers étudiés et de l’utilisation de l’espace public.

Les résultats de l’enquête de terrain ont été complétés par une étude documentaire sur ces deux villes ainsi que d’autres expériences en France. Les éléments constatés ont ensuite été complétés par la consultation de documents techniques et d’articles de recherche notamment, dont un grand nombre étaient disponibles en ligne, d’autres ayant été fournis par les acteurs rencontrés. Cette étape a permis de recouper les éléments constatés durant l’observation et les entretiens avec des données ou écrites officielles ou des témoignages.

Les quatre points précédents ont produit du matériau qui a permis une analyse groupée des données. Cette analyse a permis par la suite un regroupement et une relative généralisation des résultats dans le cadre de la problématique développée plus haut.

Les données recueillies portent sur l’action de mixité en elle-même, son objectif, ses moyens, les personnes qui l’ont impulsée et appuyée. Elles portent aussi sur l’accompagnement des habitants et sur la coordination des acteurs et leur adhésion à la mixité, sur les équipements des quartiers et leur rôle auprès des habitants. Nous nous sommes employés à déterminer l’objectif de ces actions par rapport aux habitants originels, mais aussi à répertorier les actions impliquant les habitants. Nous avons cherché également à différencier les actions de valorisation des habitants de celles de valorisation de l’image du quartier et des ressources et du territoire. Nous nous sommes penchés sur la place des politiques culturelle et éducative. Et enfin, nous avons tenté de dégager les effets produits par ces politiques en termes de mixité.

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II.

FOCUS

SUR

DES

EXPERIENCES

ORIGINALES

DESTINEES A AMELIORER LA MIXITE SOCIALE

Après avoir exposé le contexte, nous allons, dans cette partie, exposer les principaux résultats de l’enquête réalisée. Nous avons choisi de nous concentrer sur quelques éléments qui ont été mis en place sur Grammont et Mistral afin de renforcer la mixité de ces quartiers, en-dehors de la mixité résidentielle concernée par les opérations de démolition-reconstruction. L’apport d’étudiants et la création d’équipements structurants ont particulièrement retenu notre attention. Pour chaque opération, nous avons recherché le lien avec la politique de mixité, ainsi que les forces et les faiblesses stratégiques.