La rénovation ou la création de nouveaux équipements sont des éléments phare de la rénovation urbaine et un outil précieux pour améliorer la mixité sociale. Il n’y a pas de définition précise, une fois de plus, d’un équipement structurant. D’après un rapport du syndicat mixte de Caen, un équipement structurant, parfois aussi appelé équipement de centralité, se caractérise par sa rareté, sa spécialisation, et son rayonnement au-delà du territoire sur lequel il est implanté. Il peut être spécialisé dans une thématique : santé, sport, éducation, culture et évènementiel ou commerces. Il a donc pour principal objectif d’attirer les populations de l’extérieur. Nous étudierons plus en détail un équipement socioculturel et sportif sur le quartier Mistral et une bibliothèque sur le quartier Grammont. Nous avons étudié ces actions de plusieurs points de vue : celui du territoire, celui de la population d’origine et celui de la population « importée ». De même que pour l’apport d’étudiants, nous avons établi le lien avec la politique de mixité et recherché les forces et les faiblesses stratégiques.
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La bibliothèque Simone de Beauvoir sur le quartier
Grammont : un équipement exemplaire au niveau national
Un déséquilibre perdure historiquement à Rouen entre la rive droite (centre ville historique et commercial, cathédrale, mairie, gare…) et la rive gauche, qui ne possède aucun équipement structurant. Un rééquilibrage des deux rives est ainsi aujourd’hui en marche.
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Conçue au départ en tant que médiathèque, la bibliothèque Simone de Beauvoir est revendiquée à Rouen comme un exemple reconnu d’équipement générateur de mixité sociale. Ouverte en novembre 2010, sa mise en place correspond à l’objectif de désenclaver le quartier. « La bibliothèque est un exemple fort nationalement, un pari fort en termes de
mixité et de diversité. »1 Bibliothèque de quartier faisant partie du réseau des bibliothèques de Rouen, elle semble en effet fort bien concilier ses deux objectifs, à savoir l’accès à la culture et l’éducation et le rôle d’équipement structurant.
(1) Un équipement facteur de revalorisation du quartier
La bibliothèque compte 9 100 m2, dont 5 000 m2 ouverts au public et 3 500 m2 de magasins (lieux de stockage),6 niveaux, 600 places assises (dont 120 en multimédia), un auditorium de 100 places, une salle d’exposition de 120 m2.Le coût total comprenant le bâtiment, les collections, l’informatique et le mobilier, est de 46 261 637 euros2. Au-delà de son rayonnement territorial et environnemental, la médiathèque a été pensée comme l’un des facteurs de revalorisation pour le quartier. L’affluence touristique de la ville obligeant à une plus grande ambition, une attention particulière a été portée à l’architecture, avec le choix d’un professionnel de renom : Rudy Ricciotti3
, qui définit lui-même le caractère généraliste et institutionnel du lieu : « C’est avant tout un équipement institutionnel, ouvert sur la ville et
généreux, construit pour les citoyens. C’est une chance de voir la ville à l’horizon, proche, la Seine, les collines en arrière-plan. Et surtout, il y aura ce nouveau parc qui sert merveilleusement bien le projet de médiathèque. » Elle se caractérise par sa résille de béton
qui en constitue l’ossature, ses vitrages teintés en vert, le bassin aquatique qui l’entoure et son jardin intérieur. Le bâtiment s’articule ainsi autour de formes simples, de transparences. Elle est certifiée Haute Qualité Environnementale (HQE), induisant une efficacité économique ainsi qu’une préoccupation environnementale. « Tête de réseau des bibliothèques de Rouen », « équipement nouvelle génération », cette bibliothèque est l’objet de très grandes ambitions. La médiathèque est vue comme un acteur culturel majeur, avec pour principaux objectifs de conquérir et répondre aux attentes d’usagers nombreux, de toutes générations et toutes conditions confondues (personnes issues de l’immigration, non francophones, handicapées ou empêchées…), s’adresser aussi bien au grand public, qu’aux spécialistes ou passionnés. Elle
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Entretien avec le chef de projet politique de la ville de Rouen. 2
« Eh bien chantier maintenant ! Grande médiathèque de Rouen », dossier de presse, Ville de Rouen. 3
Né en août 1952 à Alger, il a étudié à Marseille et à Genève. Architecte et ingénieur, il est aujourd’hui installé à Bandol. Figure hors normes de l’architecture française, il a obtenu en 2006 le grand prix national de l’architecture pour son travail.
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propose notamment une offre documentaire riche (180 000 documents contemporains et 300 000 documents patrimoniaux) et diversifiée et un personnel qualifié, ainsi qu’une programmation pluridisciplinaire inscrite dans la politique culturelle de la ville. La bibliothèque se veut très ouverte sur l’extérieur du quartier. Elle se situe dans un bâtiment architectural remarquable partagé avec les archives départementales, ce qui lui confère un rôle d’équipement culturel non négligeable. De plus, elle se trouve juste à côté du parc Grammont, implanté peu de temps avant et très bien aménagé. C’est donc un point très important pour l’ouverture du quartier ainsi que pour son image. La lecture du dossier de presse montre que le but est bien de brasser des publics différents, d’horizons les plus divers possibles : « Lieu
de vie, de passage, d’échange, de rencontre, elle accueillera usagers, visiteurs d’expositions, de conférences, passionnés d’architecture, promeneurs (son ouverture sur un parc en faisant un lieu de passage), habitants du quartier, de Rouen, des villes avoisinantes, du Département et de la Région. On y attend 30 000 à 40 000 inscrits (contre 13 120 aujourd’hui pour l’ensemble des bibliothèques de Rouen) et 800 000 à 1 000 000 de passages par an. »1
(2) Mais aussi une bibliothèque de quartier
Mais c’est avant tout une bibliothèque de quartier. Les collections ont été pensées en fonction, ainsi que l’organisation des présentoirs, et un fonds important de bandes dessinées est réuni dans un espace assez grand appelé « bédéthèque ». Des ordinateurs sont également à disposition et chacun dispose d’une heure trente d’accès à internet par semaine. Un coin a été pensé pour les parents qui accompagnent leurs enfants en bas âge. Un travail important a été fait sur la proximité et l’image du bibliothécaire. En comparaison, une bibliothécaire qui travaillait également à la bibliothèque du Châtelet a évoqué son image poussiéreuse, affirmant que la rénovation ramène un peu de public mais pas en nombre suffisant. Un des objectifs identifiés est de faciliter l’accès à la culture, à la maîtrise de la langue et de l’écrit. La bibliothèque contient notamment un pôle d’accueil multi-service pour la recherche d’emploi et pour les publics handicapés, et un centre de ressources lutte contre l’illettrisme. Une équipe de médiateurs s’appuyant sur les nouvelles formes artistiques est opérationnelle depuis avant l’ouverture, afin d’ouvrir la médiathèque à de nouveaux publics, intimidés ou peu enclins à s’y rendre. La bibliothèque se veut un équipement résolument tourné vers son quartier d’implantation, qui prend en compte ses spécificités et y répond par des offres ciblées : supports sur les pays des nationalités d’origines des habitants, services spécialisés en direction des populations défavorisées ou en réinsertion...
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Le Plateau à Mistral : « Mixer les pratiques pour
mixer les publics »
Le Plateau est un équipement mixte, c’est-à-dire à la fois public et associatif, géré par une équipe presque totalement issue du quartier et qui fait partie de l’îlot Ampère censé servir de trait d’union entre Mistral et Eaux-Claires. Le directeur affirme que la stratégie de l’équipement est de « mixer les pratiques pour mixer les publics » notamment par un renouvellement des activités. Le Plateau attire en effet un certain nombre de personnes de l’extérieur tout en rassemblant un certain nombre de jeunes du quartier Mistral. Lieu de rencontres et d'échanges, le plateau se présente comme un équipement sportif et culturel majeur dans la vie du nouveau quartier Mistral Eaux-Claires à Grenoble, mais aussi comme un lieu d'accueil, d'écoute, d'information, de prise en compte des besoins, qui vise à « améliorer votre vie quotidienne. Cette structure répond chaque jour davantage à vos
attentes et vous permet de participer pleinement à la vie en tant que Grenoblois. Notre démarche pédagogique vise à développer la diversité sociale a travers une pluralité des pratiques socioculturelles et sportives »1. Le Projet Éducatif du Plateau s'appuie sur un brassage des publics, des activités, des pratiques et des compétences. Le Plateau est aussi un lieu de diffusion et de création culturelle au service des habitants du quartier mais aussi de la ville. C'est à travers cette notion de diversité que le Plateau contribue à véhiculer des valeurs sociales fortes, pour une société de partage et de mieux « vivre ensemble ». La valorisation du quartier a été recherchée avec cet équipement qui ne passe pas inaperçu. Comme la bibliothèque rouennaise, sa devanture est constituée de grandes baies vitrées. Juste devant, une place publique a donné lieu à une grande réflexion architecturale. La frontière territoriale et psychologique entre les deux quartiers était de notoriété publique. L’ilot Ampère est un élément de centralité visant à unir les deux quartiers et ainsi rattacher Mistral au reste de la ville. Le Plateau a une grande importance dans cette stratégie. En effet, il remplace l’ancienne Maison Pour Tous située dans l’ancien cœur de quartier et le nouveau bâtiment a été placé à un endroit stratégique sur l’îlot Ampère. Le Plateau est donc un élément qui vise très directement à désenclaver le quartier. « Le Plateau est le premier objet dans la convention
d’équipements publics. Ça a été délocalisé avec une volonté de mixité en gardant la même équipe. C’est un élément d’accroche entre Eaux Claires et Mistral. C’est un équipement
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Présentation du Plateau sur le site d’Alpes Solidaires http://www.alpesolidaires.org/le-plateau-mistral- eaux-claires
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mixte, à la fois ville et associatif. »1 Contrairement à la bibliothèque Simone de Beauvoir, Il s'adresse en priorité aux habitants du quartier Mistral Eaux-Claires, mais aussi à l'ensemble des Grenoblois, au travers des projets sportifs, culturels et de loisir. Le Plateau a un rôle majeur dans l’animation du quartier puisqu’il semble être la principale structure fréquentée par les enfants et adolescents durant les loisirs extrascolaires. Une jeune fille de quinze ans, habitant Mistral, insiste sur le rôle central du Plateau dans la proposition de loisirs : les activités du Plateau sont les seules auxquelles elle participe durant ses vacances scolaires (notamment des sorties au parc d’attraction et un jeu de « laser game »), elle ne semble pas se renseigner sur ce qui est proposé par les autres structures du quartier (notamment les MJC), et encore moins à l’extérieur de celui-ci. Le cyberbase est aussi plutôt développé en direction des jeunes du quartier pour permettre l’accès à internet et la réalisation d’activités informatiques.