• Aucun résultat trouvé

Les méthodes mises en œuvre dans la recherche sur la conception :

par les utilisateurs

S OMMAIRE DU C HAPITRE 2 :

4. C ONCLUSION SUR LES APPORTS DE LA LITTERATURE :

1.3 Les méthodes mises en œuvre dans la recherche sur la conception :

Lenfle (2001, p13) souligne quant à lui la diversité des méthodes de recherche comme étant caractéristique des recherches sur la conception. Ainsi, Clark et Fujimoto (1991) combinent enquête par questionnaires et entretiens directs avec les acteurs, tandis que les recherches sur l’industrie informatique recourent à l’étude comparative de différents cas (Brown & Eisenhardt, 1997) et que la majorité des études françaises se fondent sur des méthodes de recherches cliniques (Midler, 1993 ; Garel, 1994 ; Weil, 1999). Cette coexistence de logiques inductive et déductive à visées tantôt normatives tantôt descriptives a été schématisée par Garel (1998) de la manière suivante (figure 5) :

Chapitre 3 : Méthodologie __________________________________________________________________________________________ Déductif Descriptif Inductif Normatif

Les enquêtes par questionnaires Ces travaux sont orientés vers la comparaison, souvent internationale d’entreprises sur un certain nombre de variables (la structure, le portefeuille, la performance).

Les études de cas typiques

Il s’agit à partir d’études cliniques ou par questionnaires, de réaliser généralement a posteriori, des monographies afin de constituer des typologies. L’intérêt de cette démarche est de comprendre la cohérence des cas et de mesurer la distance qui les sépare pour aboutir à la formalisation de types idéaux.

Les travaux prescriptifs normalisés A partir de l’étude de problèmes organisationnels, ils ont pour objet d’élaborer et d’appliquer des algorithmes à des problèmes concrets de gestion de projet afin d’aider les organisations à les résoudre.

Les études cliniques

Le chercheur intervient dans des organisations à leur demande pour suivre, généralement en temps réel, le

déroulement d’un projet.

Figure 5 : Méthodes mises en œuvre dans la recherche sur la conception (Garel, 1998).

La pertinence d’une méthode de recherche se jugeant par son adéquation à l’objet étudié, il est logique d’admettre un « pluralisme méthodologique contrôlé » (aucune méthode n’a a priori, le monopole de la rigueur et de la raison) qui veille au travail conceptuel, à l’explication de ses présupposés, à la pertinence, à la cohérence et à l’efficacité des modélisations, à la lisibilité des cheminements entre termes théoriques et termes empiriques, à la communication des énoncés… » (Martinet, 1990, p.23). C’est cette exigence de contrôle et de lisibilité qui nous amène à expliquer les fondements de notre méthode de recherche et à exposer son déroulement.

Benghozi, Charue-Duboc et Midler (2000) soulignent l’intérêt de méthodologies spécifiques qui permettent de prendre en compte un certain nombre de caractéristiques des processus

Chapitre 3 : Méthodologie __________________________________________________________________________________________

d’innovation qui les conduisent à mettre en évidence l’intérêt de méthodologies spécifiques. Les principaux enseignements retirés par les auteurs sont les suivants :

- Des analyses rétrospectives sur une longue période : l’idéologie de la « nouveauté » fait

partie de la rhétorique de l’innovation. Il est alors important de resituer les transitions étudiées dans les approches longitudinales des évolutions à plus long terme (Paris, 2002 ; Ben Mahmoud- Jouini & Midler, 1999).

- Une confrontation de situations emblématiques et différenciées : le choix de la situation

de conception à étudier pose question. La question de la contingence (ou au contraire de la généralité) des modèles théoriques élaborés constitue l’une des questions récurrentes de la discipline de gestion. L’approche adoptée peut être rapprochée de l’usage de la notion de “ fait stylisé ” tel qu’on l’entend en économie. Les situations étudiées ne sont pas choisies comme des représentants moyens ou « représentatifs » d’une population. On cherchera au contraire des situations “ emblématiques ” où le problème abordé revêt un caractère extrême, où les acteurs se proposent d’expérimenter des démarches ou des organisations qui, justement, n’existent pas ailleurs. La qualité du modèle (fait stylisé) s’évaluera à sa cohérence interne (testée empiriquement dans la situation analysée) et à sa mise en relation avec une caractérisation précise du contexte. Cet accent mis sur la situation est à rapprocher du courant constructiviste, pour qui « les problèmes

ne se posent pas d’eux-mêmes. C’est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S’il n’y a pas de question, il ne peut pas y avoir de connaissances scientifiques. « Rien ne va de soi, rien n’est donné. Tout est construit » (Bachelard 1970). La confrontation d’une variété suffisante de situations est alors la

condition nécessaire pour absorber les différentes dimensions du phénomène étudié.

- A propos de la question de la généralisation à partir de l’étude d’une situation emblématique, Charue-Duboc (2007) considère que la démarche du chercheur « consiste à identifier des principes qui sont sous-jacents aux solutions contingentes mises en œuvre et à construire par l’analyse une relation entre le principe organisationnel de fonctionnement et le sous-problème caractérisé […] à élaborer des énoncés, modèles, catégories analytiques qui peuvent être mobilisés dans d’autres situations que celles qui ont permis de les construire. Cela suppose d’avoir cherché à caractériser la situation et d’avoir formulé les résultats d’une manière qui puisse être transposée à d’autres situations. »

Chapitre 3 : Méthodologie __________________________________________________________________________________________

- Des recherches interactives sur de longues durées avec les firmes : l’innovation est une

logique qui s’étudie mal a posteriori. Il faut être confronté à l’incertitude des débats, à la pluralité des possibles ex ante pour comprendre l’intérêt et les limites des dispositifs ou instrumentations qui ambitionnent d’améliorer les capacités de conception collective. D’où le recours à des démarches d’accompagnement en temps réel des projets. Par ailleurs, l’analyse des transformations des systèmes de conception implique une interaction sur des échelles de temps compatibles avec la durée des changements étudiés. Dès lors, les collaborations se déploient sur quatre ou cinq ans, souvent plus. L’interaction longue avec la situation étudiée est probablement le seul moyen pour « avoir une chance d’obtenir des échantillons prélevés au hasard, de disposer d’un éventail d’événements inattendus et d’arriver à un degré de familiarité étroite avec les gens » (Goffman 1974) ». Cette inscription sur la durée est également soulignée par Chanal, Lesca et Martinet (1997) « la dimension temporelle et progressive apparaît comme un point central de cette démarche qui soumet les acteurs à des processus d’assimilation-accommodation leur permettant une modification de leur représentations antérieures ».