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AU CŒUR DE LA DÉMARCHE GÉOGRAPHIQUE

5.3 MÉTHODE D’ANALYSE DES CARTES MENTALES

Dans le cadre de notre étude, la représentation mentale est un outil permettant d’appréhender la perception de l’espace vécu et les pratiques spatiales des personnes âgées de 75 ans et plus. La carte mentale fut proposée à la suite d’un entretien (sur lequel nous reviendrons dans le chapitre 6) où les aînés ont décrit leurs déplacements réguliers mais également la perception de leur quartier. La carte arrive comme un aboutissement. Contrairement à K. LYNCH ou à P-M. Chapon , nous ne demandons pas aux personnes âgées de nous montrer le cheminement, mais leur demandons de dessiner le quartier dans lequel elles vivent et se déplacent, en utilisant une feuille vierge. Chaque personne a la possibilité d’utiliser un crayon, une gomme, une règle, des crayons de couleurs et des feutres. Chaque personne âgée délimite ainsi le quartier où elle vit en fonction de ses perceptions et de ses pratiques spatiales. Cela permettra

147 d'identifier d'une part comment un quartier est représenté par ses habitants et, d'autre part, donnera une vision collective du rétrécissement du territoire des aînés. Seule une étude longitudinale sur plusieurs années pourrait nous permettre d’évaluer le rétrécissement à plusieurs dates données pour une même personne.

La première démarche consiste à décrire et à recenser les informations présentes sur chaque carte. On peut alors matérialiser dans une grille d’analyse les informations présentes ou non dans la carte (cf. annexe 8). Dans cette étape, il n’est pris en considération que les informations visibles sur la carte comme la forme (plan, dessin, mots, organigramme), la localisation du quartier d’habitation, l’orientation , le noms des rues et des lieux, la couleur utilisée (noir et blanc et ajout de couleurs ou non), les voies (rues, axes), les limites (voie ferrée, axe routier), les nœuds (les carrefours, les ronds-points), les points de repères (bâtiments publics, des squares), l’échelle représentée (codage 1 à 4 de l’îlot à Paris et banlieue), la présence ou non d’une légende. Ensuite, la grille est complétée par

• les informations propres à l’environnement urbain et aux aménités (transports en commun, commerces de proximité, parcs et jardins),

• les lieux qui représentent un lien social (lieux récréatifs, maison familiale, maisons d’ amis)

• les trajets matérialisés par des flèches ou des lignes ou bien pour indiquer des déplacements extérieurs au quartier,

• la présence du logement,

• les commentaires écrits positifs ou négatifs.

Chaque information est codée 0 ou 1 en fonction de son existence sur la carte. Une première approche simple consiste à faire la somme des informations : ce score discrétisé en classes, permet d’identifier les cartes peu détaillées, moyennement ou très détaillées. Cette première approche simple, sans traitement statistique, permet de visualiser des types de cartes. Une carte peu détaillée sur laquelle les moyens de transport ne sont pas indiqués, le nom des rues reste inexistant, l’orientation maladroite signale le rétrécissement de l’espace pour les personnes âgées. Mais le rétrécissement de l’espace ne suppose pas une désappropriation de l’espace. Il faut donc comprendre quels sont les facteurs discriminants influençant le passage entre rétrécissement et désappropriation de l’espace.

148 Une deuxième méthode consiste à prendre l’ensemble des items de la grille et de les analyser dans une Analyse Factorielle des Correspondances. Ce procédé permet d’identifier sur un axe les facteurs discriminants, afin de classer les types de cartes en fonction du « poids » des items.

Dans le logiciel MODALISA, l’AFC est calculée pour la sous-population des personnes ayant dessiné les cartes mentales, représentant cent personnes. Lorsque les liens sont établis entre les variables, le logiciel calcule la position de chaque individu ; leur numéro apparaît sur le graphique. Les liens entre variables apparaissent par des traits de couleur (Graphique n° 6).

Graphique n° 6 - Axe factoriel de l’AFC des items des cartes mentales

Source : Enquête B. Nader 2008-2009

Afin de dégager une typologie, le logiciel propose de calculer les centres mobiles, puis une classification ascendante hiérarchique indicée qui permettra de regrouper les individus qui se ressemblent le plus. Des essais sont réalisés en trois, quatre et cinq types de représentations mentales. Chaque numéro est alors associé à une lettre, c'est-à-dire à une classe statistique. L’intérêt du logiciel est qu’il établit une liste de liens entre les variables où deux à deux sont calculés les effectifs, les écarts, le khi2, le Pourcentage Ecart Maximum (PEM) et le test du

149 khi². Le Tableau n° 4 distingue les cinq types de cartes mentales qui apparaissent dans cette analyse.

Un tri croisé entre les types de cartes mentales et la densité des cartes fait apparaître des liens significatifs : ainsi, le calcul de la densité d’information des cartes mentales est conforté. Cependant entre les cartes de type « espace intimiste » et de type « minimaliste », la différence n’est pas toujours évidente : la mise en perspective des cartes mentales et des territoires ainsi que des réponses aux questions sur la perception du territoire de vie permettront d’ajuster les informations données par les cartes et de mieux les différencier.

Tableau n° 4- Typologie des cartes mentales

Types de cartes Caractéristiques

Espace ouvert type B Carte détaillée avec des flèches indiquant l’ouverture vers d’autres espaces, quelle que soit l’échelle utilisée. Organigrammes.

Espace village type D Carte très détaillée avec repères urbains, lieux de participation sociale, services de proximité : échelle du quartier dans un rayon de 500 mètres autour du domicile

Espace restreint type C A l’échelle de l’îlot, peu d’informations

Espace intimiste E Entre le quartier et l’îlot, informations sélectionnées Espace minimaliste A Peu d’informations, dessin précis

150 CONCLUSION

Les cartes mentales sont un outil de représentation de l’espace. La méthodologie utilisée permet de différencier plusieurs types de représentations qu’il nous faudra ensuite mettre en relation avec les données de l’enquête. L’approche statistique permet une approche scientifique. Cependant, cette analyse doit se compléter par les données de l’entretien qui seules mettront en valeur la typologie obtenue. La carte mentale apparaît comme un outil complémentaire et ne peut se suffire à elle-même.

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CHAPITRE 6

ANALYSE ET EXPLOITATION