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DE LA TERRITORIALISATION DES AÎNÉS

7.2 LA PERCEPTION DE SON TERRITOIRE DE VIE

7.2.2. L’attachement au quartier

L’ancienneté est un des facteurs d’attachement à son quartier : l’ancrage dans un quartier et un domicile. 40,8% habitent depuis plus de 30 ans dans leur quartier, 14% entre 20 et 30 ans, 25,5% entre 10 à 20 ans et 19,7% depuis moins de 10 ans.

Graphique n° 27 - Les raisons de l’attachement au quartier

0.00% 0.05% 0.10% 0.15% 0.20% 0.25%

j'y suis né ou j'y vis…

j'ai mes habitudes

je connais du monde je suis connu

il y a toutes les… je me sens très bien, je… j'y ai tous mes souvenirs c'est mon village

c'est un quartier animé c'est un quartier calme et… c'est un quartier verdoyant

j'ai des repères des gens sympathiques

proximité des enfants ,…

Je suis attaché à mon quartier car...

191 Les personnes les plus attachées à leur quartier évoquent pour 25% les aménités comme les commerces de proximité ou la proximité des moyens de transport. Viennent ensuite l’ancienneté dans le quartier (13%), la perception d’un quartier agréable et tranquille (11%) et des souvenirs heureux ou malheureux (7%). « J’y suis très attachée. Premièrement parce que je m’y sens bien. Je peux aller au club Didot à pied, de la porte d’Orléans partent de nombreux bus… » Angèle, 84 ans. « Je l’adore pour les facilités de vie, toutes à poximité, c’est mon village. Je me suis mariée à la mairie du 14e

. Mes parents et mon mari dorment au cimetière Montparnasse où par ailleurs il fait bon même si je n’en profite plus. Il y a les cinémas, des théâtres, des brasseries légendaires qui attirent du monde, les marchés et les squares même si mon chien m’empêche d’en profiter. (Jacqueline, 80 ans habitant près de Montparnasse). « J’y suis attachée sentimentalement. Une grande partie de ma famille, mes parents dans leur jeunesse y ont vécu, puis ils ont habité le 15e où je suis née. Mes grands-parents y vivaient ainsi que mes tantes et leurs enfants ? Après mon mariage, nous nous sommes installés dans le quartier en 1956 » Clélia, 77 ans habitant Porte de Vanves.

Nous nous sommes intéressés plus particulièrement à celles et ceux qui avaient déménagé depuis moins de 10 ans en fonction de leur tranche d’âge : déménager à 85 ans est souvent vécu comme une fracture : c’est quitter une page de sa vie, le logement où l’on avait vécu avec son mari, ses souvenirs, sa vie. « Je me suis attachée au quartier mais j’ai pleuré lorsque j’ai déménagé de la rue Friant pour venir dans la résidence » Eliane, 96 ans. Parmi eux, 59,1% ont intégré une résidence-services ou bien un résidence-appartement depuis moins de 5 ans, 38,7 % ont changé d’appartement. Les raisons évoquées sont souvent financières ou bien liées à un accident de santé nécessitant la proximité d’une surveillance en résidence-services, le décès d’un parent qui oblige les femmes célibataires à quitter le domicile familial : la fracture est définitive, il y a perte des repères spatiaux personnels et familiaux.

« Je ne suis pas attachée au quartier, mon quartier est ailleurs, dans le 6ème, j’ai dû le quitter à la mort de maman car nous avions un bail de 48 » Anne, 83 ans, résidant à la même adresse depuis 14 ans.

Les modifications du quartier Vercingétorix dans les années 1990 ont entraîné des expulsions : Marthe, 85 ans fut relogée mais ne s’est pas vraiment attachée à son nouveau quartier. Parmi les 9,5% qui estiment ne pas être attachées à leur quartier, 33,3% habitent l’avenue de la porte de Vanves et ce depuis plus de 20 ans. Elles sont en général arrivées dans les années 1960, lors de la période de construction des immeubles. «Le changement de

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population des dernières années est à mon avis la cause. Jusqu’ici il y avait une mixité entre les gens d’origine française et étrangère. Aujourd’hui cette mixité tend à disparaître. Ne risque-t-on pas de créer un ghetto ? » Germaine, 90 ans, habitant près du périphérique à la porte de Vanves.

Les avis sont plus partagés sur le quartier Montparnasse : soit il représente la vie, l’activité, la proximité, la capitale, soit au contraire, il est perçu comme un quartier non sécurisé : les manifestations fréquentes, la double circulation du boulevard Montparnasse, axe de circulation majeur à Paris ayant comme particularité une circulation des bus à double sens au centre du boulevard. Sa traversée relève du parcours du combattant pour toute personne et encore plus pour des personnes vulnérables.

Photographie n° 23 - Le cinéma « Le Bretagne » boulevard Montparnasse

Source : ©B. Nader, 2011

« J’aime la grande diversité, son atmosphère familiale, le côtoiement de nombreux artistes, la rue de la Gaité et ses théâtres, les marchés, le cinéma ; la proximité de l’essentiel et aussi du superflu » Gilberte, 84 ans

Le deuxième facteur entrant dans la perception de l’espace vécu est l’attachement au quartier : 90,3% des personnes interrogées sont attachées à leur quartier. En fonction du quartier d’habitation, les plus forts attachements se retrouvent dans le quartier de la rue de la Tombe Issoire. Le quartier de la Porte de Vanves s’illustre toujours par une part de non attachement bien plus importante que dans les autres quartiers : 19,2% estiment ne pas être attachés à leur quartier. Pour l’ensemble des quartiers, la présence des commerces et l’accessibilité aux différents services, le fait d’être connu, de connaître les habitants et les commerçants ; d’y avoir ses habitudes expliquent le plus ou moins grand attachement.

193 La question n°54 demandait « si vous deviez changer de quartier, où iriez-vous et pourquoi ? » : L’attachement au quartier est ici très présent puisque 60% ne peuvent pas imaginer quitter leur domicile, soit par ce qu’ils sont trop âgés, soit parce que le quartier est tout simplement le leur. Pour celles et ceux qui imaginent déménager, le premier facteur exprimé concerne les aménités du quartier, « le village » : accessibilité aux espaces verts, aux commerçants, un quartier vivant mais pas trop. Le deuxième facteur concerne le rapprochement familial vers les enfants : 7,5% des répondants évoquent la possibilité d’une maison de retraite ou d’un foyer logement : «A mon âge je ne changerai pas de quartier dans la mesure où je m'y plais. Sinon, quand je ne pourrais plus faire ce que je fais actuellement, comme je ne veux pas déranger mes enfants (qui désireraient que je vienne chez eux, mais je ne veux pas faire de préférence) donc il y a des foyers-logements très bien et nous sommes entre personnes âgées »

A la question « quels sont les lieux que vous n’aimez pas dans l’arrondissement » les réponses confirment celles liées à la sécurité ou à l’attachement. Le quartier de la porte de Vanves est synonyme de violence, de drogues et de jeunes désœuvrés. Cette réputation est ancienne : les aînés associent la Porte de Vanves à l’ancienne « Zone » (chapitre 2). Les problèmes d’insécurité liés aux bagarres entre groupes de jeunes179

laissent une réputation sulfureuse même si l’insécurité a reculé dans les dix dernières années. Les personnes qui se déplacent vers le quartier de la porte de Vanves y vont pour participer aux activités des clubs séniors ou de la maison ouverte : « Je suis un peu intimidée quand je dois aller « dans le fond » du 14e la Maison ouverte par exemple) mais ce sont des quartiers qui ont été rénovés et qui sont propres et même pratiques avec le tram habitant près de la place Denfert Rochereau. « Plaisance et la porte de Vanves, je ne l’aime pas, pas de sécurité du tout. La rue de Coulmiers et Antoine Chantin ne sont pas agréables le long de la petite ceinture le soir ainsi que le boulevard Brune : c’est désert » Evelyne, 88 ans. La Photographie n° 24 illustre son témoignage : les rues longeant la voie ferrée sont moins éclairées et provoquent un sentiment d’insécurité le soir.

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Photographie n° 24 - La voie ferrée de l’ancienne petite ceinture

Source : ©B.Nader, 2008