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LES DYNAMIQUES DÉMOGRAPHIQUES

2.1 L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE ET SOCIALE DU GRAND ÂGE DANS LA CAPITALE

2.1.4 Etrangers et migrants âgés à Paris

Évoquer les séniors et les aînés, c'est aussi évoquer les personnes âgées d'origine étrangère et immigrée qui représentent 10,5% en 2006 des 60 ans et plus à Paris. L’hétérogénéité des origines reflète les vagues d’immigration successives chez les 60 ans et plus à Paris. Les résidents parisiens d’origine européenne représentent une part importante des personnes âgées : Espagnols et Portugais. 35% des Espagnols ont 60 ans ou plus. Les Maghrébins, correspondant à la deuxième vague entre 1950 et 1970 est aussi vieillissante : plus du quart des Algériens ont 60 ans et plus en 2007. Chez les autres communautés arrivées plus récemment, seuls 6% des étrangers d’Afrique ont 60 ans et plus. La population immigrée, à la différence de la population étrangère, inclut la population naturalisée. En 2007, les 60 ans et plus immigrés représentent 20% des 60 ans et plus Parisiens. Leur progression a augmenté plus vite entre 1999 et 2007(2,5%) que celle de l'ensemble des Parisiens (+0,5%) 40 % des immigrés âgés de 60 ans et plus vivent seuls, toutes origines confondues. La scolarisation des 60 ans et plus est faible : 78% ont arrêté l’école avant 15 ans, dont 22% qui n’ont eu aucune scolarisation; 26% d’entre eux ont été scolarisés après 16 ans (Atlas des populations immigrées)56. 7% des ménages vivent dans un logement précaire, 24% dans un logement sans salle de bain (contre 11% pour l’ensemble des ménages parisiens de 60 ans et plus). Plus de 40% des immigrés de 60 ans et plus vivent seuls, toutes origines confondues. Les immigrés âgés de 60 ans et plus se répartissent principalement dans le quart nord-est de Paris. En 1999, 10% vivaient en foyers de travailleurs ou en hôtels meublés. En 2010, les 49 foyers parisiens accueillent 8050 personnes. Le vieillissement de la population des foyers parisiens s’est accentué : 32% de la population ont 60 ans et plus en 2010 contre 17% en 2002 et 6% en 1992. Ainsi, les retraités représentent aujourd'hui 21,3% des résidents des foyers de travailleurs migrants. « Initialement conçus pour accueillir des travailleurs à titre temporaires, les foyers sont devenus des lieux d’enracinement où se concentrent des hommes mûrs ou âgés, souvent en situation précaire. » (APUR, 2011) 57. En outre, ces foyers ne sont pas aménagées pour des personnes âgées, ce qui contribue à renforcer leur isolement. La sur-occupation et le délabrement furent pendant longtemps désastreux. Depuis 1997 un plan national de réhabilitation de trois cent vingt-six foyers est en cours. Les foyers parisiens très

56 http://www.immigration.gouv.fr/IMG/pdf/Atlas_national_PI_060711b.pdf

57 APUR, 2011, Les foyers de travailleurs migrants à Paris. Etats des lieux et inventaire des interventions sociales sanitaires et culturelles

62 dégradés sont une priorité. Vingt-six foyers sont inscrits au plan de traitement (Carte n° 5). Fin 2010, treize foyers parisiens furent financés avec la création de nouvelles résidences sociales dites de desserrement afin de lutter contre la suroccupation des foyers parisiens. Les problématiques de santé et d’intégration sont ainsi bien différentes pour les migrants âgés entre ceux qui sont « binationaux et ont une famille tant en France que dans le pays d’origine et ceux qui n’ont pas les moyens de revenir au pays et demeurent souvent dans un très grand isolement familial, social et économique. »

Carte n° 5 - Répartition des foyers de travailleurs .migrants dans Paris en 2011

63 2.2 LES INÉGALITÉS SOCIO-SPATIALES DES AÎNÉS PARISIENS

Les grandes inégalités socio-spatiales se retrouvent au grand âge. Les inégalités de revenus à Paris entre les arrondissements sont plus marquées pour les 60-74 ans que pour les 75 ans et plus (Carte n° 6). On retrouve ici la fracture Est-Ouest des revenus des Parisiens entre les arrondissements de l'Est parisien du 10e au 13e dont les revenus des aînés et des Parisiens sont inférieurs à la moyenne de celui qui sont situés à l'ouest d'une ligne 17e -14e où les revenus médians sont supérieurs à la moyenne parisienne. En fonction de l’âge du référent, les revenus sont plus faibles chez les 60-74 ans, par rapport aux 75 ans et plus dans les 18e,19e, 10e et 20e arrondissements. La répartition entre propriétaires et locataires HLM confirment les disparités socio spatiales (Carte n° 7) : la part des ménages de 60 ans et plus vivant en HLM est supérieure à 20% du 14e au 19e. La part des ménages de 60 ans et plus propriétaires est, quant à elle, dans les arrondissements centraux et les arrondissements de l'Ouest. L'Insee a exploité avec l'APUR les données du recensement de 2006 et constitué une typologie des Parisiens de 60 ans et plus en fonction de leurs revenus, le statut d'occupation du logement, CSP, niveau scolaire, part des 75 ans et plus (Carte n° 9). Cette typologie réalisée à l'aide d'une classification ascendante hiérarchique permet de mieux visualiser à l'échelle locale les disparités socio-économiques des personnes âgées dans Paris.

Carte n° 6 - Revenu médian par tranche d’âge des 60 ans et plus par arrondissement

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Carte n° 7- Part des locataires et propriétaires d’un logement HLM âgés de 60 ans ou plus en 2011

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Carte n° 8- Revenu médian en 2006 à Paris, par IRIS

Carte n° 9 - Typologie des parisiens âgées de 60 ans et plus

66 Cette typologie à l'échelle de l'IRIS permet de confirmer la persistance du grand nombre de personnes âgées sur la rive gauche et dans l'Ouest parisien : ces quartiers concentrent 23% des 60 ans et plus 41% sont âgés de 75 ans ou plus avec des conditions de vie plus favorables. Les arrondissements du centre de la rive droite et du Nord sont marqués par une mixité plus grande des 60 ans et plus. La typologie souligne très clairement un type de personnes âgées modestes logées dans le parc HLM de la périphérie de Paris. Au nord, les personnes âgées sont peu nombreuses mais logées dans de mauvaises conditions.

Cette analyse nous montre des grandes tendances par arrondissement et quartier. Cependant l’échelle locale est bien plus pertinente pour comprendre l’évolution démographique des aînés et en comprendre les besoins sociaux et sanitaires.

2.3 VIEILLIR DANS LE 14E.

Vieillir dans le 14e c'est avant tout habiter un quartier dans lequel on a des repères urbains, dans lequel on se déplace et surtout dans lequel on a établi un réseau de sociabilité. Ainsi habiter à Plaisance, rue Losserand, Place d’Alésia, à Pernety ou encore à Edgar Quinet, c’est appartenir à un réseau socio-spatial : les noms des rues, des places représentent davantage l’emblème d’un quartier de vie que ses limites administratives. Le quartier est avant tout un espace de sociabilité où l’on se rencontre dans les commerces de proximité et les espaces verts (A. Fleury et al, 2006) : le quartier est avant tout vécu. Il peut correspondre à l’entourage proche du logement ou bien, à l’arrondissement entier. Le quartier est un réseau socio-spatial. Le 14e est un arrondissement « charnière » qui reflète la diversité parisienne58 du quartier Plaisance, inséré dans un dispositif « Quartier Politique de la Ville » au quartier Montsouris gentrifié. C’est un véritable laboratoire urbain dont les transformations furent nombreuses en particulier à l’Ouest de l’arrondissement depuis les années 1990.