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Les métaphores représentent la culture et les expériences personnelles du monde La métaphore, «reine des figures» selon Aristote (cité in Ricœur, 1975) permettrait

Représentations, culture et métaphore en classe du FLE

12. Les métaphores représentent la culture et les expériences personnelles du monde La métaphore, «reine des figures» selon Aristote (cité in Ricœur, 1975) permettrait

de voir le semblable dans la différence, de rapprocher des éléments disparates et des catégories hétérogènes. Plus qu‟un énoncé non conventionnel, elle serait un processus de comparaison des objets du monde et, d‟après Lakoff et Johnson (1985), les métaphores sont omniprésentes dans notre vie quotidienne.

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Les métaphores traduiraient notre vision intime du monde. Elles seraient le fruit de nos expériences et par conséquent il existe des métaphores partagées par une même communauté linguistique et d‟autres plus personnelles.

Notre système conceptuel est fondé sur nos expériences et chaque expérience à lieu sur fond de présuppositions culturelles. Ainsi toute expérience est entièrement culturelle et notre culture est déjà présente dans les expériences que nous faisons.

Les métaphores ont des implications qui mettent en valeur et rendent cohérents certains aspects de nos expériences. Une métaphore peut être la seule manière d‟organiser de façon cohérente ces aspects de notre expérience. Elle peut être un guide pour une action future.

En effet, pour comprendre le monde et agir sur lui, nous devons catégoriser les objets et les expériences afin qu‟ils acquièrent un sens pour nous. Ces catégories sont formées à partir de nos expériences physiques concrètes. Elles structurent la façon dont nous différencions les entités. La catégorisation est donc une tâche qui a des racines profondément ancrées dans nos expériences concrètes individuelles et collectives. Par l‟exemple proposé par Lakoff et Johnson (1985), si quelqu‟un annonce « Il manque des sièges », la catégorie sièges peut être interprétée de deux façons. Si c‟est une soirée entre amis, on apportera tous types de sièges, des tabourets, des chaises, des poufs, etc. Par contre s‟il s‟agit d‟un diner officiel, on ne peut compléter qu‟avec des chaises comme il faut. Cet exemple montre une fois de plus que nos catégories ne sont pas établies de façon rigide. Le choix de ce qui compte comme élément d‟une catégorie dépend de notre objectif. Les catégories sont définies afin de servir à la compréhension en termes de prototypes et ressemblances de famille. Les phrases ne sont donc pas vraies ou fausses. Par exemple, on dit de l‟Italie qu‟elle a la forme d‟une botte et cela est vrai en fonction de certains objectifs. Cette comparaison aide un écolier mais n‟est pas assez précise pour un cartographe. Lakoff essaye d‟abord d‟expliquer la relation entre les catégories et la raison, pour cela il expose la théorie traditionnelle de la raison qui, en effet, se présente comme abstraite et « désincarnée ». La théorie traditionnelle trouve que la raison est littérale. Elle trouve aussi qu‟il existe une raison objective, et que nous pouvons trouver l‟inexactitude et la vérité en toute chose. De plus, cette vieille philosophie soutient que la pensée significative et la raison sont abstraites.

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« La philosophie de Lakoff » trouve que l‟esprit est incarné et ne peut pas être séparé de l‟expérience corporelle, compte tenant du fait que l‟expérience corporelle est environnementale et culturelle. Donc, Lakkof voit que l‟environnement joue un rôle principal dans la raison, mais aussi que cet environnement inclut l‟imagination dans le processus du raisonnement. Lakoff prétend que c‟est notre capacité d‟imaginer qui nous permet d‟avoir une pensée « abstraite ». Les métaphores, les métonymies, et les images sont des outils qui nous permettent de voir et de sentir tout ce qui n‟appartient pas au monde physique. Il ne faut pas oublier que l‟imagination est aussi basée sur l'expérience. Selon Prandi (1987)

Les expériences et les connaissances acquises sur les objets et leurs rôles dans les états de choses, les croyances qui affectent la concevabilité matérielle de faits soustraits à notre expérience directe, ainsi que les certitudes qui informent nos attentes à l‟endroit du monde sont les formateurs de notre image du monde. Celle-ci prédétermine le contact, en particulier linguistique, entre individu et monde96.

La métaphore est le reflet de nos expériences personnelles, elle montre également notre faculté à passer d‟une catégorie à l‟autre. Heureusement, la majorité des catégorisations sont inconscientes, ce qui nous permet de nous déplacer facilement dans ce monde.

Quand l‟imagination se joint à l‟expérience nous avons les éléments qui soutiennent la capacité humaine de catégoriser.

A la fin de ce chapitre nous confirmons que la formation à l‟interculturel a un impact très précieux en apprentissage/enseignement du FLE, elle permet aux apprenants d‟une langue-culture étrangère de traduire et de rédiger des phrases appartenant à la langue-culture étrangère. Cette compétence de traduire et de rédiger est intrinsèque et appartenant à la communication interculturelle. Il s‟agit, dans le milieu culturel, d‟une compétence de reconnaissance et de décodage d‟éléments culturels appartenant à la

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culture étrangère. Cette compétence permet en fin du compte aux apprenants de préciser et d‟affiner leurs connaissances culturelles et d‟habituer à les communiquer à d‟autres.

En classe il est question de découvrir les représentations des élèves. La métaphore offre donc la possibilité d‟attribuer des connaissances culturelles et de créer des relations qui rendent la langue étrangère plus compréhensible. Dans le chapitre suivant nous allons mener une étude socioculturelle et linguistique auprès des enseignants de FLE et leurs élèves afin de mieux cerner les difficultés qu‟ils rencontrent dans l‟enseignement / apprentissage de la métaphore.

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Chapitre 3 :

Analyse sociolinguistique auprès