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Les mécanismes de structuration des champs catégoriels

1 1.1 La métaphore entre poétique et rhétorique selon Aristote

1.6. Les mécanismes de structuration des champs catégoriels

La catégorisation est une capacité mentale essentielle pour fonctionner dans un environnement. Pour Lakoff, l‟organisation des catégories participe à la construction des métaphores. De la catégorisation à la métaphore, il existe un continuum. La relation amoureuse peut ainsi être assimilée à un trajet et on trouvera alors des termes équivalents comme : « cette relation ne mène nulle part, notre relation est dans une impasse » (Lakkof 12). Les métaphores sont construites par référence à des concepts hiérarchisés dans un réseau sémantique de catégories. La métaphore met en relation deux catégories par équivalence sémantique et ressemblance d‟idées. Ainsi l‟amour et le trajet sont mis en correspondance car le domaine de l‟amour, abstrait, puise ses concepts dans celui du trajet, concret, et on appréhendera l‟amour comme un trajet, un voyage ce qui permet de saisir avec clarté le concept d‟amour.

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Dans le processus de la catégorisation, l'esprit et le corps communiquent pour produire ce qui est réel pour nous. Ce qui est réel est aussi influencé par notre système sensorimoteur qui nous permet de percevoir, déplacer et manipuler l'information acquise en cours d'évolution et suite à l'expérience. (Lakoff 17), par sa philosophie de la métaphore, nous explique que tous les êtres humains catégorisent. Les animaux catégorisent la nourriture, les membres de leur espèce, les prédateurs ainsi que le mâle ou la femelle. (Lakoff 17-18) Les êtres humains examinent les mêmes possibilités et encore plus, car nos besoins sont plus amples.

Enfin, les catégories que nous formons reflètent nos expériences. Si nous retournons à notre exemple du feu; pendant l'hiver, par exemple, vous avez besoin de vous réchauffer parce qu'il fait froid. Donc, il se forme la catégorie « froid », vous savez aussi que vous voulez vous réchauffer, alors vous connaissez la catégorie « chaud », mais vous savez aussi qu'il y a une catégorie « extrêmement chaud », car quand vous êtes très proche du feu, vous sentez que vous pouvez vous brûler avec le feu et que cela vous causera de la douleur, voilà, encore une catégorie, la douleur. Au cours de la vie, vous avez d'autres expériences, et vous êtes capable de catégoriser ce qui va au «chaud» et ce qui va au «froid ». Il fait chaud, pendant l'été, sur les plages, dans le four et autour du four, de la chandelle allumée dans la salle de bain où vous avez l'option d'avoir de l'eau chaude.

En même temps il fait froid pendant l'hiver, dans la salle de bain vous avez l'eau froide aussi, il fait froid dans le frigo, la glace est froide et les glaçons sont toujours froids, tout ce qui est congelé est froid... Le fait de savoir que vous avez 1'option entre le froid et le chaud vous est arrivé avec l'expérience. La base de l'expérience est toujours l'action, le mouvement. Les catégories existent pour que les êtres humains comprennent le monde autour d'eux. Les hommes les utilisent et elles sont toujours dans un processus de changement.

Dans ce qui suit, nous allons étudier la métaphore selon un domaine qui intéresse le plus notre recherche, c'est-à-dire la didactique et les différents didacticiens qui se sont intéressés à l‟apprentissage et l‟enseignement de ce point de langue.

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1.7. La métaphore élabore la pensée

"L'air, la lumière, ce sont les oubliés du regard. Nous voyons les choses, les visages, le monde, nous ne voyons pas ce qui les rend visible."

Bernard Noël, Journal du regard

La pensée de l'homme cherche la trace, le départ, la connaissance de soi, le mystère de la création, le principe unificateur, l'unité de la conscience. Mais nous n'atteignons que les intangibles lointains dont on ne connait sur terre que la direction. On connait cette direction à travers la rencontre et l'établissement d'une dialectique où chacun avec ses métaphores et sa propre grammaire donne une certaine réponse.

Si toute découverte surgit à partir d'une absence, d'une rupture, et que cette rupture s'est maintenue en temps qu'ouverture, alors elle nécessite une métaphore, qui est une substitution, pour être exprimée.

La métaphore a le pouvoir d'impliquer l‟individu dans l'inconscient. Elle est donc capitale comme fondatrice et comme condition de possibilité des mutations et des transformations. Elle est ainsi au point de départ des lois et a également la possibilité de transporter ("Méta-phora") ce qui implique la reconnaissance de l'inconnu et qui instaure le sens dans le langage.

Les analogies et les métaphores sont essentielles à l'élaboration de la pensée, mais aussi à l'élaboration de la théorie. Les métaphores portent en elles des liens-codes qui sont transférés à différents niveaux d'organisation : de l'organisation biologique du cerveau à l'organisation linguistique et jusqu'au système d'image.

L'importance de l'utilisation de la métaphore dans l'élaboration de la pensée se manifeste à travers la façon par laquelle certaines relations sont apprises grâce aux modalités du nom-verbal. Ces relations doivent être rééditées selon la terminologie de Freud, puis traduites en schéma verbal. Ce philosophe souligne particulièrement l'importance de l'image comme commencement de figurabilité et de la représentation, il traite les rapports entre parole-image et idée : "La parole est créée par l'image. L'image est créée par l'idée" Ainsi, la parole véritable porte l'idée, et le support de l'idée donne la parole, c'est l'image.

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Si la métaphore apparait comme une des figures de représentation, le concept de représentation lui-même est déjà métaphorique. Au carrefour du conscient et de l'inconscient, l'une et l'autre constitue des modalités privilégiées par la psychologie pour la mise en forme de son vécu, de ses désirs, et de ses conflits, de sa relation aux autres, au monde.