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Partie 1 - Le Vieillissement cognitif normal, attention et contrôle cognitif

1. Le contrôle cognitif

1.2. Fonctions et processus de contrôle exécutif et attentionnel

1.2.7. La Métacognition

La Métacognition est un concept relativement abstrait puisqu‟elle réfère « aux connaissances de l‟individu de son fonctionnement et de celui des autres en tant qu‟individus traitant de l‟information » (traduit de Corkill, 1996). Elle comprend d‟une part les connaissances métacognitives relatives « aux variations de son propre fonctionnement, des différences de fonctionnement entre soi et les autres, et de la cognition en général » (Juhel, 2008). Elle réfère d‟autre part aux processus de régulation de l‟activité cognitive également appelée contrôle métacognitif et stratégies d‟autorégulation. Ces processus font référence aux expériences cognitives et affectives de l‟individu et incluent les activités mentales impliquées dans la régulation de l‟apprentissage (Juhel, 2008). Par exemple, cela comprend la capacité de l‟individu à planifier ses buts, penser son propre raisonnement, ses stratégies et ses pensées, mais aussi sa capacité à pouvoir évaluer l‟efficacité des procédures employées. La régulation métacognitive inclut également des processus ascendants, responsables de la surveillance cognitive (par exemple, la détection de conflit et d‟erreur, la surveillance des récupérations en mémoire) et des processus descendants, relatifs au contrôle cognitif (par exemple, la résolution de conflit, la correction d'erreur, le contrôle inhibiteur, la planification) (Fernandez-Duque et Baird et Posner, 2000 ; Nelson et Narens, 1990 ; Reder et Schunn, 1996 ; cités par Fernandez-Duque et al., 2000).

Nelson et Narens (1994) définissent principalement la métacognition par les processus cognitifs de surveillance et de contrôle. Ils décrivent la métacognition comme étant à l‟intermédiaire de deux niveaux de traitement de l‟information : un niveau « objet » et un niveau « meta ». Le niveau « objet » réfère aux composantes spécifiques des fonctions cognitives (reconnaissance d‟objet, codage phonologique, représentation spatiale, traitement sémantique) qui agissent de manières relativement indépendantes. Ces composantes seraient supervisées par des processus de niveau « meta » qui évaluent les actions effectuées et seraient susceptibles d‟initier des contrôles en retour (feedback contrôlés).

Les méta-connaissances acquises par expérience autorégulent et organisent les stratégies et mécanismes devant être employés pour répondre de manière adaptée aux demandes situationnelles (par exemple pour la planification, définir les objectifs avant de commencer à planifier les étapes intermédiaires). Ils comprennent les mécanismes de régulation de l‟activité cognitive et de surveillance du déroulement de l‟activité cognitive (monitoring). Ils sont impliqués par exemple dans la détection d'erreur et dans les jugements rétroactifs de la qualité

des procédures employées ou des apprentissages réalisés (Corkill, 1996). Les mécanismes métacognitifs associés au contrôle cognitif responsables de la détection de conflits entre processus ou représentations, semblent être principalement à l‟origine du recrutement du contrôle attentionnel et de l‟initiation de processus contrôlés en situation de conflit (Botvinick et al., 2001). Les mécanismes métacognitifs régulent et supervisent le déroulement des traitements et déclenchent l‟initiation de processus stratégiques et contrôlés adaptés aux contraintes situationnelles. Ainsi, une part non moins essentielle des processus impliqués dans le contrôle cognitif a pour rôle de rectifier les traitements cognitifs (réalisés ou futurs) en accord avec les buts poursuivis.

D‟un point de vue général, la métacognition regroupe les connaissances introspectives et conscientes de ses propres états et processus cognitifs ainsi que les capacités de contrôle et de régulation, de planification de ses propres processus cognitifs (Flavell, 1979 ; Gombert, 1990). La métacognition est par conséquent essentielle pour la régulation de nos perceptions, pensées et actions.

Conclusion

Cette partie ne se veut pas une revue exhaustive des fonctions exécutives –ni même des tâches permettant de les mesurer-, néanmoins elle apporte une vision globale du rôle essentiel des fonctions, mécanismes et processus contrôlés dans la gestion de l‟activité cognitive. Les processus contrôlés sont responsables de l‟organisation des conduites (planification), de la gestion simultanée d‟activités (coordination), du rafraichissement des informations en mémoire de travail (mise à jour), de la capacité à alterner entre représentations (flexibilité cognitive), du filtrage des informations (inhibition) et du contrôle et de la régulation des informations traitées et de l‟activité mentale (contrôle attentionnel et métacognition).

Mises bout à bout ces fonctions –bien que d‟autres fonctions puissent être rajoutées- décrivent les différents rôles du contrôle cognitif dans le fonctionnement cognitif.

Synthèse

Nous avons précisé dans la section précédente les « concepts » de la mémoire de travail (MT) et du contrôle exécutif nécessaires à la compréhension des traitements réalisés dans des tâches nécessitant du contrôle cognitif. Les modèles de la mémoire de travail (MT) dont nous avons présenté certaines caractéristiques essentielles nous apportent des informations d‟ordre

structural (Baddeley et Hitch, 1974). Ils nous informent aussi sur le rôle joué par le contrôle attentionnel dans la régulation de l‟activité cognitive (Norman et Shallice, 1986), sur la dynamique des connaissances disponibles en mémoire de travail et sur les contraintes pesant sur ces dernières en situation complexe ou d‟interférence (Cowan, 1988 ; Oberauer, 2002). Ces modèles contribuent ainsi à penser la mémoire de travail comme un outil conceptuel relativement unitaire et homogène utile à l‟explication des différences interindividuelles de performance.

Les fonctions exécutives apparaissent néanmoins relativement hétérogènes. Leur implication conjointe dans la résolution de certaines tâches conduit à penser que ces fonctions relèvent d‟une structure emboitée en fonction du niveau d‟observation. L‟analyse détaillée des processus exécutifs –supposés- impliqués dans le traitement d‟une tâche d‟alternance constitue une bonne illustration de cette structuration emboitée. Premièrement, la commutation du focus attentionnel (CFA) sous-tend le processus nécessaire à la commutation attentionnelle. Ces processus de CFA sont indispensables au changement de représentations de but lors de l‟alternance de tâche. Deuxièmement, l‟efficience du traitement est fonction des composantes de l‟attention exécutive de maintien actif des représentations et de la résolution de conflit (Friedman, Miyake, Corley et al., 2006). La composante de maintien sous-tend la capacité à pouvoir conserver suffisamment accessibles les représentations des sous-tâches (buts, schémas) alors que la composante transitoire permet de gérer les conflits entre réponses (Engle et Kane, 2004). Troisièmement, les fonctions de mise à jour et d‟inhibition sont impliquées dans le processus de désengagement du schéma de tâche de la MT et dans celui de récupération et d‟activation de celui pertinent pour l‟essai en cours (Monsell, 2003). Quatrièmement, la capacité de planification peut être également perçue comme impliquée dans le traitement à un niveau métacognitif, de par l‟élaboration des buts de la tâche et pour la mise en place d‟un mode de fonctionnement adapté. Ce paradigme permet enfin d‟évaluer une importante fonction exécutive, la flexibilité cognitive, qu‟il est possible de mesurer par un coût de commutation ou différence de performance entre des essais répétés et alternés.

Ainsi, l‟hétérogénéité apparente des fonctions exécutives peut être plutôt conceptualisée comme un emboitement hiérarchique de ces fonctions avec au niveau plus général le contrôle attentionnel et métacognitif. Bien que ces fonctions impliquent des processus plus ou moins similaires selon les tâches employées, elles peuvent correspondre à des niveaux d‟observation différents de ceux des processus qui sous-tendent le contrôle cognitif.

2. Les ressources et mécanismes