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Ménage simple et ménage composite : comprendre les arrangements résidentiels familiaux

Les situations de cohabitation et de décohabitation sont donc très fortement liées au phénomène migratoire. Mais qui réside avec qui ? L’analyse de la composition des ménages et des liens de parenté de ses membres permet de comprendre les effets de séparation et de regroupement ainsi que les logiques sociales, qui organisent les situations résidentielles.

Le ménage correspond à l’ensemble des occupants, apparentés ou non, d’un même logement. Ce ménage peut correspondre à un simple partage du logement entre plusieurs individus170 mais aussi à une gestion commune du budget. Quoiqu’il en soit, deux types de ménages sont identifiés : le ménage simple et le ménage composite171.

Le premier groupe correspond au ménage simple (Figure 15). Il est exclusivement composé de membres d’une même famille nucléaire, qu’ils soient au complet (ménage simple complet) ou non (ménage simple tronqué). Il s’agit d’un ou deux parents ainsi que de leurs enfants. La seconde catégorie correspond au ménage composite (Figure 16). Il est constitué d’au moins deux familles nucléaires, qu’elles soient complètes ou tronquées.

170 Un ménage peut aussi être composé d’une seule personne.

171 P. Laslett et A. Chamoux (1972), proposent une typologie similaire des ménages. Les trois types proposés sont ceux d’une ou plusieurs familles nucléaires qui vivent sous le même toit, ou d’une famille nucléaire et d’un individu co-résidents et ayant un lien de filiation. L’accent est ensuite mis sur l’identification des générations des individus de référence.

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Figure 15 : Exemples de configurations du ménage simple. Réalisation : auteure.

169 Parmi les 93 ménages identifiés par les enquêtes172, 72 ménages simples et 21 ménages composites sont dénombrés (Tableau 24). Cette proportion traduit, comme illustré par la suite, l’importance des arrangements résidentiels liés à la migration (par solidarité, par intérêt partagé) qui s’opèrent à l’échelle du groupe ou de la sphère familiale, ou même d’un cercle extra familial (amis, voisins).

Ménage simple Ménage composite Total

Nombre de ménages 72 21 93

% des ménages 77% 23% 100%

Tableau 24 : Répartition des ménages. Source : enquête famille.

Ménage simple : la séparation familiale engendrée par la migration

Le ménage simple est le plus courant (77% des ménages). Plus précisément, le ménage simple complet prévaut (68% des ménages simples) (Tableau 25).

Ménage simple complet Ménage simple tronqué Total

Nombre de ménages

simples 49 23 72

% des ménages simples 68% 32% 100%

Tableau 25 : Les configurations de ménage simple. Source : enquête famille.

Le ménage simple complet est formé d’une famille nucléaire complète : il y a superposition entre ces deux unités d’analyse (Photographie 3). En général, ces ménages s’organisent de la manière suivante : les mères sont responsables des travaux domestiques, aidées par les filles à partir de l’adolescence. Elles gèrent le budget du ménage et l’allocation des ressources financières dans les différents postes de dépense (Poncela, 1999). Les pères sont les principaux pourvoyeurs de ressources financières. Les autres membres de la famille peuvent générer des ressources financières par des activités d’auto-emploi ou de salariat qu’ils mettent entièrement ou partiellement à disposition du ménage. Les parents prennent les décisions au sein du ménage. La composition des ménages simples tronqués varie selon le lieu de résidence. Dans le lieu de référence (localités de la vallée du Río Negro), dans la quasi-totalité des ménages simples tronqués, un seul membre est absent. Ce sont surtout les enfants de ces familles nucléaires qui s’absentent, fille comme fils. Lorsque les membres fondateurs migrent, il s’agit

170 généralement du père et, dans ce cas, la famille nucléaire se réorganise pour gérer le quotidien et les activités173 (voir chapitre 8). Lorsque les deux parents migrent, les enfants sont souvent en bas âge et alors confiés à leurs grands-parents. Ils forment des ménages composites. Il est courant que ceux qui restent, le plus souvent la mère et ses enfants, intègrent le ménage de leurs parents, en particulier pour les familles en formation (voir section 2.2.2).

Photographie 3 : (À gauche) Les membres d’un ménage simple complet dans une localité de la commune de Somotillo. Le père de famille s’absente trois mois par an, lors de la saison sèche pour aller travailler à l’étranger. (À droite). Les membres d’un ménage simple complet dans une localité

de la commune de Santo Tomas del Norte. Leur fils est né en 2013, deux ans après le retour de ce père de famille des États-Unis après cinq années d’absence. La famille attend, aujourd’hui, l’arrivée

de leur second enfant. Sources : auteure (2016).

Dans les lieux de destination, les familles nucléaires tronquées sont souvent formées d’un seul individu, celui parti du lieu d’origine. Mais, en pratique, ces migrants s’installent rarement seul (Camarero Rioja, 2010; Cortes, 2011; Baby-Collin, 2014). Les raisons sont multiples : ressources économiques limitées, logique de minimisation des dépenses sur place, accès restreint au logement pour les individus en situation irrégulière. Ils partagent donc leur logement avec des membres de leur sphère familiale, des amis, d’autres migrants de la communauté hispanique ou avec leur employeur. Ces situations dépendent de leurs réseaux sociaux à destination et des activités qu’ils exercent (voir chapitre 6). Quoi qu’il en soit, il s’agit, en pratique, de ménages composites. J’y reviendrai donc dans la section 2.2.2, même si les statistiques les appréhendent ici en tant que ménage simple tronqué. Le cas de l’Espagne étant particulier, je le traite ici. La filière migratoire identifiée est liée à une niche d’emploi spécifique : l’aide à domicile à plein temps auprès de personnes âgées (voir chapitre 6).

173 En revanche, lorsqu’un des fondateurs s’absente pour des mobilités circulaires (moins de six mois), la famille ne change pas son mode d’habiter.

171 Les migrantes travaillent et sont logées chez leur employeur. Leur logement et leur alimentation sont pris en charge, en plus de leur salaire mensuel. Elles sont mobilisables 24 heures sur 24 pour accompagner leur employeur (Photographie 4). Généralement, ces femmes ont un ou deux jours de repos tous les dix jours. Elles rejoignent alors le ménage, cette fois composite, de parents proches ou d’amis, chez qui elles louent un lit dans une chambre partagée avec plusieurs autres femmes. Le montant varie selon le nombre de jours et nuits qu’elles occupent par mois.

Jocelyne (28 ans), vit à Saragosse (Espagne) où elle a obtenu la résidence 4 ans après son arrivée, en 2011 :

« Nous louons cet appartement avec mon mari, le contrat est à notre nom. Le prix du loyer est de 610 euros/mois avec les charges. Avant nous partagions à part égale entre tous les occupants. Il y a quelques mois nous avons décidé d’ajuster le loyer selon les nuits que chacun passe dans l’appartement. Il y a quatre chambres. Osmin et moi payons 180 euros/mois et vivons tous les jours ici. Tout comme deux amies originaires de chez nous [San Juan de Cinco Pinos] qui partagent une chambre à 130 euros/mois. Mon frère et sa copine payent le même tarif. Dans la quatrième chambre, il y a 3 lits pour deux cousines et une tante qui passent entre 1 et 3 nuits par semaine ici selon leur travail. Elles payent 170 euros/mois entre elles trois. Beaucoup de migrantes, comme nous, nous sollicitent pour obtenir une chambre partagée sinon elles doivent passer leurs jours de repos chez leur employeur et c’est éprouvant. Et puis, à un moment, elles ne peuvent plus solliciter leurs amis pour qu’ils les accueillent car la vie est difficile pour tous les migrants ici. » (Entretien réalisé en janvier 2015 à Saragosse)

Photographie 4 : Employeuse et employée migrante sous le même toit à Saragosse (Espagne). Source : auteure (2015).

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Ménage composite : la traduction de solidarités familiales

Le ménage composite représente quant à lui 33% des ménages recensés. Ces ménages se forment dans le lieu d’origine des familles nucléaires (71% des ménages composites) et dans une moindre mesure dans les lieux de destination (29%), même si la réalité des ménages simples tronqués à destination traduit finalement l’existence de ces ménages composites. Cela signifie que les arrangements résidentiels, et donc les solidarités familiales, ne s’expriment pas seulement dans les lieux de destination de la migration (comme souvent observé) mais également dans les espaces de départ (Photographie 5).

Les raisons qui conduisent les individus de différentes familles nucléaires à cohabiter sont surtout liées à la migration (67% des ménages composites). Dans le lieu de destination, les migrants, à leur arrivée, s’installent dans le ménage d’un membre de leur famille le temps de prendre leurs marques ou pour de plus longues durées. Dans les sites d’enquête aux États-Unis et au Costa Rica, les membres des ménages composites s’organisent par tâche du quotidien (ménage, cuisine, garde des enfants) et se répartissent les frais du ménage par poste de dépense (alimentation, électricité et internet, loyer). Selon les relations entretenues entre les membres du ménage, la situation professionnelle de chacun (avec ou sans emploi, horaires de travail) et le mode de versement des salaires (à la quinzaine, mensuel, irrégulier), les modalités d’organisation varient. L’exemple de Becker (28 ans), qui réside en situation irrégulière à San José, illustre le vécu résidentiel en migration.

« Je vis avec mon frère dans une « cuartería174 » où nous vivons dans la même chambre. Nous partageons les autres pièces avec les locataires qui sont aussi des migrants nicaraguayens. Quand notre frère vient en mars, nous louons une des chambres plus grandes qui est plus chère. Si nous ne lui avons pas trouvé de travail avant son arrivée, on prend en charge sa part du loyer le temps qu’il commence à travailler. En échange, il nous prépare le petit-déjeuner à 4h et notre déjeuner à emporter sur les chantiers. » (Entretien réalisé en novembre 2014 à San José)

Dans le lieu d’origine, le départ d’un parent ou d’un conjoint conduit les membres de la famille qui restent à se rassembler sous le même toit, avec d’autres membres de leur groupe

174 La « cuartería » est l’équivalent d’un logement partagé où chacun dispose d’une chambre avec toilettes privatisées et bénéficie de l’accès aux pièces communes.

173 familial. Dans la plupart des cas, ces familles, en formation majoritairement, résidaient déjà chez leurs parents ou chez leurs beaux-parents. Ils ont alors « formalisé » la décision de se maintenir chez eux. La majorité de ces jeunes familles s’installe généralement chez les parents du mari. Lorsque ce dernier migre, les conjointes choisissent souvent de retourner chez leurs parents avec leurs enfants le temps de la migration. Les retours de migration conduisent également certains individus à s’établir dans le ménage de leurs proches (groupe familial).

Les décohabitations des familles nucléaires, non directement liées à la migration, recouvrent plusieurs situations. D’une part, la rupture entre deux conjoints est l’une des raisons de l’existence des ménages composites (13% des ménages composites). Plus de la moitié de ces ruptures conduisent à des retours de migration. Autrement dit, l’échec conjugal à destination justifie le retour de certains migrants dans leur lieu d’origine. Soit le couple était parti ensemble en migration et, suite à une mésentente, l’un rentre et l’autre reste à destination, soit ils se séparent une fois rentrés au pays d’origine. Ces ruptures peuvent être liées à des projections divergentes au sein du couple du sens à donner au retour et de leur rapport au lieu d’origine comme espace d’ancrage affectif et identitaire (lieu d’installation, proximité à la famille, développement d’activité). Même si, durant l’enquête famille, ce cas n’a pas été recensé, il faut souligner que l’échec conjugal peut aussi résulter de la mise à distance entre les conjoints durant plusieurs années. Ces situations rendent compte du coût social de la migration qui peut affaiblir l’attachement conjugal et fragiliser les cellules familiales (Le Gall et Therrien, 2013). Cette mise à distance est coûteuse pour les conjoints, en particulier pour les femmes qui restent (Cortes, 2016). En effet, de ce que j’ai pu observer, elles sont souvent victimes d’un contrôle social renforcé (y compris de leur belle-famille), notamment pour l’usage de l’argent envoyé par leur conjoint migrant. De plus, elles doivent assumer des charges supplémentaires dans les activités (Barou, 2001; Trousselle, 2016). Certains auteurs montrent même que la conjugalité séparée peut-être cultivée par les parents du couple afin de s’assurer de la réception des remises migratoires au détriment du bien-être du couple (Feldman, 2013).

Les décohabitations non directement liées aux migrations concernent, d’autre part, celles et ceux qui avancent dans l’âge et se retrouvent seul·e·s (veuvage, séparation ancienne), et qui choisissent parfois de se regrouper entre personnes isolées ou d’être hébergé·e·s par des membres de leur groupe familial (10% des ménages composites). Enfin, comme précédemment expliqué, certains individus, le plus souvent de jeunes couples, restent dans le ménage parental jusqu’à ce que leur situation économique leur permette de former leur propre ménage (10% des ménages composites).

174 Les ménages composites rassemblent parfois des membres de différents groupes familiaux d’une même sphère, dont les liens de parenté sont directs et indirects. Ces situations traduisent l’existence de forme d’entraide et de cohésion, se jouant à la fois au niveau inter et intra-générationnel au sein des familles.

Parmi les ménages composites, 43% traduisent des solidarités intergénérationnelles puisqu’ils rassemblent les parents (ou l’un des deux) et l’un ou plusieurs de leurs enfants, avec ou sans leur famille nucléaire (sur deux ou trois générations donc). Ces configurations s’observent exclusivement dans le lieu d’origine. Dans la majorité des cas, ce sont les parents qui accueillent chez eux leurs enfants et leur famille nucléaire. Comme déjà mentionné, un départ ou un retour de migration, une séparation ou une situation économique précaire sont les raisons, uniques ou combinées, qui conduisent les enfants à résider avec leurs parents, accompagnés ou non de leur propre famille nucléaire. Il existe quelques cas où ce sont les parents (les deux ou un seul) qui vivent chez l’un de leurs enfants lorsqu’ils deviennent plus dépendants avec l’âge.

Photographie 5 : Deux familles nucléaires et trois générations cohabitent dans la même maison dans une localité de Somotillo. (De gauche à droite) Domingo est le père de ce groupe familial. Enma et Xiomara sont ses filles. Odelba est la femme de Lorenzo, fils de Domingo, ensemble ils ont trois fils

(au premier plan) et deux filles (à l’école au moment de la photo). Source : auteure (2015).

Les ménages composites révèlent tout autant la force des liens intra-générationnels, notamment lorsqu’ils rassemblent deux membres de la même fratrie, accompagnés ou non de leur famille nucléaire (29% des ménages composites). Ces situations ont la spécificité d’être uniquement recensées dans les lieux de destination (Photographie 6). L’exemple de Marlen (comme celui précédent de Becker) éclaire les raisons qui poussent les migrants à former ce

175 type de ménage. Marlen (35 ans) est originaire d’El Rodeito (Somotillo). Il est parti au Costa Rica en 2000. Aujourd’hui, il vit avec sa femme Iris et son fils dans la périphérie de San José. Depuis 2004, ils se sont installés avec sa belle-sœur et sa famille nucléaire afin de faciliter l’organisation de leur quotidien.

« Quand j’ai connu Iris en 2001, je travaillais sur des chantiers en dehors de la capitale. Je m’absentais durant plusieurs jours voire plusieurs semaines. Iris était souvent seule et cela ne la rassurait pas. Sa sœur et son mari venaient d’avoir leur premier enfant. Ils nous ont proposé que nous nous installions ensemble comme cela Iris ne serait plus seule en mon absence et elle pourrait aider sa sœur qui devait reprendre le travail au plus vite pour subvenir aux besoins de sa famille. Nous avons accepté car les loyers sont chers ici. Aujourd’hui, cela fait 10 ans que nous vivons tous ensemble et nous avons changé trois fois de logement. ». (Entretien réalisé en novembre 2014 à San José)

Photographie 6 : Visages d’un ménage composite à La Nouvelle-Orléans. (À gauche) Ruth est partie de sa localité de Santo Tomas del Norte en 2005. Elle rencontre Victor l’année de son arrivée, originaire du Honduras et arrivé aux États-Unis en 2002. Leur enfant nait en 2006. (À droite) En 2013, Daniel rejoint sa sœur Ruth après un voyage de plusieurs mois. Il emménage sous leur toit.

Source : auteure (2016).

Lors du départ des parents en migration (Espagne, États-Unis ou Costa Rica), les enfants sont le plus souvent confiés à leurs grands-parents jusqu’à leur retour, comme l’exemple précédent de Juana en témoigne : 19% des ménages composites rendent compte de cette situation. Cette réalité des liens familiaux soumis à la distance renvoie à une abondante

176 littérature portant sur les soins transnationaux175. Aujourd’hui, l’échange de soins est au cœur de la définition de famille transnationale (Bryceson et Vuorela, 2002). Il est analysé sous différents angles, celui de la maternité à distance (« transnational motherhood »), et de ses conséquences à une échelle familiale plus large et intergénérationnelle (« global care chains »176) (Hondagneu-Sotelo et Avila, 1997; Hochschild, 2000). Le coût émotionnel de la séparation est réel pour les mères comme pour les enfants. Le projet de mobilité est sans cesse remis en question par celles parties et celles et ceux qui restent autour de ce dilemme « argent ou famille » ou « amour ou or », tel que formulé par les auteurs, autrement dit le jeu des émotions versus les considérations économiques (Parreñas, 2001; Carbajal, 2008; Merla et Baldassar, 2010) (voir chapitre 8). De ce que j’ai pu observer, les soins à distance concernant les enfants ou parents âgés des migrants donnent lieu à des négociations permanentes au sein du groupe familial. Elles dépendent de la situation des uns et des autres, de la destination du migrant et des personnes à qui sont confiés ses proches. Ces logiques sociales autour du soin sont, de fait, en recomposition permanente et dépendent de l’engagement de ceux qui restent et ceux qui partent soumis à l’épreuve du temps des migrations (Winters, 2014).

Enfin, 10% des ménages composites, localisés dans le lieu de destination, sont formés de migrants ayant un lien de parenté éloigné, membre de leur sphère familiale (cousins ou tantes). Bien que moins significative, cette proportion indique là encore que les arrangements résidentiels et les solidarités familiales dépassent largement le niveau des familles nucléaires, pouvant se jouer à l’échelle de la famille élargie.

Ainsi, concrètement, ces ménages composites peuvent prendre deux configurations, soit ils sont formés de deux familles nucléaires (au complet ou non) (81% des ménages composites) ; soit de trois ou quatre familles nucléaires (au complet ou non) (19%). Ces arrangements résidentiels se distinguent selon le type de lien de parenté et le lieu d’implantation de ces ménages (Tableau 26).

175 Les soins transnationaux renvoient au terme anglo-saxon « care » souvent mobilisé dans les travaux scientifiques qui désigne le travail de reproduction sociale (Merla et Degavre, 2016).

176 Cette auteure pionnière définit les « global care chains » comme « l’ensemble de liens activés entre des personnes au niveau mondial et fondés sur du soin rémunéré ou non »* (Hochschild, 2005 :34).

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Composition des ménages

Ménage composé de 2 familles nucléaires

Ménage composé de 3 ou 4 familles nucléaires

Lieu de l'espace de

dispersion Lieu d'origine

Lieu de

destination Lieu d'origine Lieu de destination

Types de lien Parent -

Enfant Grands-parents - Enfant Fratrie Parent - Enfant Fratrie Sphère familiale

Tableau 26 : Composition et localisation des ménages composites. Source : enquête famille.

La première configuration correspond aux ménages composés de deux familles nucléaires, au complet ou non. Dans la vallée du Río Negro, il s’agit soit d’enfants venant s’installer chez leurs parents avec les membres de leur famille nucléaire, soit d’un individu seul rejoignant le ménage de ses parents ou grands-parents. Dans les lieux de destination, il correspond à un membre de la fratrie qui s’installe dans la famille de sa sœur ou de son frère, avec ou sans sa famille nucléaire.

La seconde configuration renvoie à des ménages composés de plus de deux familles nucléaires (19%). Plus précisément, ces ménages rassemblent, à part égale, trois ou quatre familles nucléaires, au complet ou non. Dans ces ménages, au moins deux familles nucléaires sont incomplètes. Dans les lieux de destination, ces ménages sont formés par des fratries ou des membres éloignés de la famille (cousins, tantes et oncles, voire grand-tante). En revanche, dans le lieu d’origine, ces ménages correspondent à l’installation des enfants et de leur famille nucléaire au sein du domicile parental pour des raisons diverses (ruptures, situation économique, retour de migration).

Lionel, père de famille de 62 ans vit avec sa femme à El Caïmito (Somotillo) ainsi que trois de ses enfants et leur famille respective.

« Nous sommes neuf personnes à vivre dans cette maison. Une de mes filles nous a rejoint en 2013 avec son bébé lorsque son mari est parti pour les États-Unis.