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Le tableau 9 présente une synthèse de ces éléments de classification. Aux deux extrémités du tableau, on trouve les services environnementaux complets et les externalités. Les catégories intermédiaires sont identifiées à partir du relâchement des critères de la rémunération ou du coût de production.

Tableau 9 – Classification des services environnementaux

REMUNERATION DU PRESTATAIRE COUT DE PRODUCTION VIS-A-VIS DE L’ENVIRONNEMENT

Service environnemental

complet oui oui

Quasi-service environnemental

passif oui non

Quasi-service environnemental

altruiste non oui

Externalité non non

La théorie des services a permis de mettre en évidence des catégories intermédiaires entre l’externalité et le service environnemental complet. Cette classification présente l’intérêt d’esquisser une vision dynamique des services environnementaux, vue sous l’angle d’un processus, sans présupposer de trajectoire unique. La typologie théorique doit maintenant être confrontée à des observations empiriques.

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Dans ce chapitre III, nous avons défini précisément ce qu’est un service environnemental dans le champ de l’économie des services. Ainsi, nous disposons d’un cadre de lecture complet (éléments constitutifs du service environnemental, secteurs institutionnels impliqués, déroulement d’un service et typologie des services environnementaux). Ce cadre d’analyse va pouvoir être confronté aux observations empiriques dans les deux chapitres suivants.

Tout d’abord, nous proposons dans le chapitre IV un état des lieux des services environnementaux basé sur leur inventaire systématique dans le champ que nous avons retenu, c’est-à-dire celui de l’amélioration de l’environnement-cadre de vie dans les espaces ruraux. Cet état des lieux permet de dessiner les contours des services environnementaux et de mieux percevoir la réalité empirique qu’ils recouvrent. Cet inventaire a été réalisé à l’échelle de trois petites zones rurales. Dans ce chapitre IV, nous nous attachons particulièrement à repérer les différents types de configurations possibles et les modalités de production des services.

Ensuite, dans le chapitre V, nous abordons dans le détail le rôle des différents secteurs institutionnels dans la production des services environnementaux. Cette analyse est menée non seulement dans le prolongement de l’inventaire des services environnementaux, mais aussi à partir de trois exemples qui représentent chacun un cas-type de production d’un service environnemental.



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Nous proposons dans ce chapitre un protocole permettant de recenser ces services environnementaux, de les classer et de les analyser. Il est basé sur une démarche d’inventaire, c’est-à-dire un relevé systématique des services environnementaux produits à l’échelle de territoires délimités. Cet inventaire permet d’offrir un état des lieux de ces services environnementaux.

Le but de cet inventaire est de présenter et de classer, dans une base de données, les différents types de services environnementaux qu’il est possible de trouver dans les espaces ruraux, en s’assurant de ne pas ignorer des acteurs ou des catégories d’espaces importants. Nous pouvons alors offrir une représentation ordonnée des types de services environnementaux.

L’inventaire a été effectué dans trois territoires ruraux afin de disposer d’une diversité d’usages et de biens-supports potentiels de services environnementaux. Ces trois territoires sont situés dans le département du Puy-de-Dôme (cf. localisation des zone en annexe III) : la zone agricole de Sancy-Artense, la zone périurbaine des Cheires et la zone touristique du Sancy.

La présentation qui va suivre s’ordonne autour des points suivants. La première section porte sur les principaux choix méthodologiques effectués pour réaliser l’inventaire. Nous précisons les points forts et l’intérêt de cette démarche, ainsi que son domaine de validité.

Dans une seconde section, nous présentons les résultats de l’inventaire, avant d’en tirer un certain nombre de grandes tendances concernant les modalités de production des services environnementaux à l’échelle des territoires d’étude.

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Il n’existe pas, à notre connaissance, de données statistiques concernant explicitement les services environnementaux (cf. annexe I sur les sources statistiques). Il n’est pas possible de concevoir en l’état un travail statistique basé sur l’analyse des services environnementaux tels que nous les définissons. Cela révèle la nécessité de définir des critères de caractérisation empirique des services environnementaux, ainsi qu’une méthode pour les collecter. Ainsi, la première étape réside dans l’élaboration d’une nomenclature et le classement des observations selon cette nomenclature (Desrosière, Thévenot, 1988). Rappelons qu’une nomenclature est « une liste de catégories comportant un ou plusieurs niveaux hiérarchisés (c’est-à-dire strictement emboîtés les uns dans les autres), qui réalise, en fonction de certaines caractéristiques utiles pour l’analyse, une partition ou une série de partitions successives d’un ensemble d’objets concrets ou abstraits non nécessairement recensés au préalable » (Vanoli, 1990, p. 510). Il est important de noter que pour constituer une nomenclature, on part souvent des représentations existantes. C’est dans cette logique que nous construisons notre nomenclature des services environnementaux.

Ainsi l’unité d’observation (en cohérence avec la définition théorique du service environnemental présentée dans le chapitre III) est définie de la façon suivante. Il s’agit d’une opération réalisée intentionnellement – sauf dans le cas d’un quasi-service environnemental passif – par un prestataire le plus souvent à la suite d’une demande formulée par un commanditaire. Par opération, nous entendons la transformation de l’état, ou le maintien en l’état, des caractéristiques environnementales utiles d’un bien-support visible.

Nous avons choisi de regrouper les principaux éléments de méthodologie dans cette section, mais les résultats de l’étude des comptes administratifs des communes sont présentés dans le chapitre V (section 2).

La méthodologie de l’inventaire s’ordonne autour des étapes suivantes : tout d’abord, nous expliquons comment ont été choisis les terrains d’étude. Ensuite, sont détaillées les différentes sources mobilisées. Puis nous présentons la méthode d’identification d’une unité de service environnemental et la base de données produite. Enfin, nous faisons état de l’intérêt et des limites de la démarche d’inventaire.

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Notre démarche s’apparente à une « étude de cas », selon le sens que lui donne Hamel (1998) dans ses travaux sur la méthodologie en sciences sociales. Cette démarche induit un processus itératif entre hypothèses théoriques et observations localisées. L’étude de cas présente l’intérêt de permettre l’observation fine des services environnementaux, à un niveau d’agrégation élémentaire. Un des risques de ce type de démarche est de figer le territoire dans son caractère unique et de ne pas l’appréhender dans sa dynamique. Face à ces difficultés, nous avons pris soin de choisir des zones d’étude diversifiées du point de vue des dynamiques contemporaines affectant les espaces ruraux.

Le choix des terrains d’observation est fondé sur le souci d’une certaine représentativité de la diversité des territoires ruraux. Nous avons choisi trois territoires ruraux

dans des configurations différenciées du point de vue de leur position dans l’économie régionale. Pour cela, deux variables ont été croisées :

- l’origine de l’usager du service environnemental,

- la demande principale concernant le territoire (demande productive ou demande de consommation).

Tableau 10 – Cas-types de territoires étudiés

DEMANDE PRODUCTIVE CONCERNANT LE TERRITOIRE

DEMANDE DE CONSOMMATION CONCERNANT LE TERRITOIRE

Origine locale des usagers du service environnemental

Cas-type « rural agricole »

Cas-type « rural périurbain »

Origine extérieure Cas-type

« rural touristique »

Du croisement opéré dans le tableau 10, il se dégage trois principaux cas-types de territoires à détailler :

- un territoire rural agricole. Il s’agit d’un territoire rural relativement classique. Il est dominé par une logique de production agricole et renvoie ainsi à la figure de la campagne-ressource.

- un territoire rural périurbain. Il s’agit d’un territoire rural sous influence urbaine, avec une part importante des actifs travaillant dans la ville la plus proche. Il est dominé par une logique de consommation résidentielle permanente et son tissu productif est souvent peu organisé, du fait de la proximité urbaine. Il renvoie à la figure de la campagne-cadre de vie.

- un territoire rural touristique, non soumis à une influence urbaine directe. Il est fondé sur l’activité liée au tourisme. Il s’agit d’un territoire hybride entre la figure de la campagne-ressource et celle de la campagne-cadre de vie. C’est pourquoi nous insistons sur la double demande dont il est l’objet : une demande productive émanant des entrepreneurs touristiques et une demande de consommation émanant des touristes.

Ainsi, nous avons sélectionné trois zones rurales, identifiées à partir de critères socio-économiques : une zone rurale agricole, une zone rurale périurbaine et une zone rurale touristique. Ces trois zones rurales, de quelques communes chacune, ont été choisies en Auvergne, dans le département du Puy-de-Dôme (63). Pour identifier ces zones, nous avons eu recours à des données statistiques :

- la zone agricole est dénommée ainsi car dans cette zone, plus d’un actif sur trois travaille dans le secteur primaire, essentiellement l’agriculture ;

- la zone rurale périurbaine contient des communes toutes situées dans la catégorie des « communes périurbaines monopolarisées » selon le zonage en aire urbaine de l’INSEE, complété par l’INRA (cf. annexe II). 40 % ou plus des actifs résidant dans ces communes vont travailler dans l’aire urbaine de Clermont-Ferrand. C’est pourquoi elles font partie de cette aire urbaine. Cependant elles conservent une physionomie rurale, du fait de leur densité plus faible que les communes du pôle urbain de Clermont-Ferrand. Dans les communes rurales périurbaines que nous avons choisies, la population a augmenté de plus de 20 % entre le recensement général de la population de 1990 et celui de 1999 ;

- la zone touristique a été identifiée en établissant le ratio entre la capacité d’accueil touristique 41, indiquée dans l’inventaire communal de l’INSEE (1998), et la population totale de la commune en 1999. En conformité avec les conventions habituellement utilisées par l’INSEE, nous avons retenu des communes pour lesquelles la capacité d’accueil touristique représente plus de deux fois la population communale.

Ces zones sont homogènes par rapport à certaines caractéristiques institutionnelles. Chaque zone appartient, au moins en partie, au parc naturel régional des volcans d’Auvergne (PNRVA), créé en 1977. Selon la même logique, nous avons privilégié trois zones structurées en communautés de communes. Nous n’avons pas choisi de zone où s’exprimeraient des usages trop particuliers, susceptibles de biaiser les résultats. Ainsi, les zones étudiées constituent des cas-types et il est possible d’envisager une généralisation de certaines conclusions à des catégories de territoires ruraux relativement comparables.

Les trois zones choisies sont les suivantes :

- la zone rurale agricole de Sancy-Artense composée de six communes. Elle comprend les communes d’Avèze, de Bagnols, de la Tour d’Auvergne, de Donat, de St-Sauves-d’Auvergne et de Tauves ;

- la zone rurale périurbaine des Cheires comportant quatre communes. Elle est composée des communes d’Aydat, d’Olloix, de St-Amant-Tallende et de St-Sandoux ; - la zone rurale touristique du Sancy composée de trois communes. Elle comprend Besse-et-St-Anastaise, Chastreix et le Mont-Dore.

Dans chaque zone d’étude (agricole, périurbaine et touristique), l’inventaire a été réalisé dans l’ensemble des communes. Ces zones sont représentées sur une carte située en annexe III. Dans l’annexe IV, nous présentons en détail les caractéristiques socio-économiques des zones.

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L’inventaire des services environnementaux a été mené dans ces trois zones en décrivant la situation en 2000 et en remontant sur les années précédentes, jusqu’à 1990. Différents services environnementaux produits dans cette période ont pu ainsi être relevés à l’échelle de chaque commune.

Au total, huit mois ont été nécessaires au recueil du matériau de terrain. Les enquêtes ont été menées entre les mois de mai et décembre 2000. Cela nous a permis de prendre en compte de façon correcte l’année 2000 lors de l’inventaire et de disposer ainsi, dans notre recueil, des services environnementaux en cours d’émergence.

Comme unité spatiale du travail d’inventaire, nous avons choisi la superficie d’une commune, soit en moyenne 10 à 15 km², afin de disposer d’un niveau détaillé, mais en ayant le souci de la faisabilité de l’inventaire. De plus, les cartes topographiques de l’Institut géographique national (IGN), basées sur une échelle au 1/25 000, sont bien adaptées à une étude menée à l’échelle communale.

41. La capacité d’accueil touristique hors résidence secondaire est le nombre de personnes que la commune a la possibilité d’héberger (source : INSEE, Les cahiers du point économique de l’Auvergne, n°78).