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Cette approche de l’économie écologique s’est principalement développée dans les pays anglo-saxons et scandinaves, en particulier autour de la revue Ecological Economics.

L’économie écologique aborde « les rapports entre les écosystèmes et les systèmes économiques, au sens le plus large », selon Costanza 7 (1989). Ce courant théorique part du fait que la sphère économique constitue un sous-système de la biosphère. Il s’agit de quantifier de façon monétaire l’ensemble des services rendus par les écosystèmes aux agents économiques, que ceux-ci en soient conscients ou non.

Fondamentalement, l’économie écologique repose sur la notion de capital naturel. « Le capital naturel représente la valeur des réserves de ressources naturelles d’un pays : ressources halieutiques, forêts, gisements miniers, eau et cadre naturel, notamment. Le capital naturel produit des biens et des services exactement comme la population active et le capital matériel » (Gillis et al., 1998, p. 229). Les sociétés humaines puisent dans le stock de capital naturel pour assurer leur reproduction. Ainsi la notion de capital naturel permet la mesure du flux naturel et des bénéfices de l’environnement naturel en supposant la possibilité de traiter ce dernier comme une forme de stock de capital (Foster, 1997). Certains auteurs utilisent la notion de « patrimoine naturel » (Desaigues, Point, 1993) dans un sens relativement proche de celui de capital naturel.

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Selon cette approche, les services environnementaux sont définis comme des services rendus par la nature à l’homme, non produits par celui-ci. Ainsi, comme l’explique Hannon (1998, p. 265), ces services sont « fournis par le système naturel à la société humaine ». « Les biens de l’écosystème (tels que la nourriture) et les services (tels que l’assimilation des déchets) représentent les bénéfices que les populations humaines tirent, directement ou indirectement, des fonctions de l’écosystème » (Costanza et al., 1997, p. 253).

En tant que stock, le capital naturel est à l’origine d’un flux de services environnementaux qui deviennent source de valeur pour les hommes. De plus, les services environnementaux produits fournissent les fonctions de maintien de la vie nécessaires à la reproduction du capital naturel lui-même (Collados, Duane, 1999). La question de l’intentionnalité ou non des services environnementaux ne se pose pas en économie écologique, car c’est le système naturel, et non des être humains, qui sont à l’origine de ces services environnementaux.

Pour certains tenants de l’économie écologique, les services environnementaux eux-mêmes font partie du capital naturel. C’est ce qui ressort de la définition de Berkes et Folke (1992, p. 2), pour qui le capital naturel recouvre l’ensemble des ressources naturelles ainsi que l’ensemble des « services environnementaux tels que le maintien de la qualité de l’atmosphère, le climat, le fonctionnement du cycle hydrologique incluant le contrôle de la marée et la fourniture d’eau potable, l’assimilation des déchets, le recyclage des nutriments, la création de sols, la pollinisation des cultures, la fourniture de nourriture par la mer et le maintien d’un vaste patrimoine génétique », assurés gratuitement par les écosystèmes et la biosphère qui permettent la constitution et le maintien d’un milieu de vie.

Costanza et al. (1997) proposent une taxonomie complète de ces services environnementaux (également dénommés ecosystem services). Ils les classent en 17 grandes catégories qui recouvrent un large spectre : régulation de la composition de l’air (notamment la balance CO2/O2 et la fourniture d’ozone pour la protection contre les ultra-violets), fourniture et régulation de l’eau, pollinisation, fourniture de nourriture, mais aussi fourniture d’opportunités pour des activités récréatives de pleine nature… (Costanza et al., 1997, p. 254). Dans leurs analyses, la fourniture des services du capital naturel est souvent combinée (mais pas systématiquement) avec celle des services fournis par le capital humain ou matériel. Point (1997) s’intéresse aux services environnementaux rendus par un hydrosystème. Il définit ce service comme la rencontre entre une offre de caractéristiques, de propriétés physiques, biologiques du milieu – autrement dit les caractéristiques de l’hydrosystème – et une demande d’usages variés.

Notons que cette conception du service environnemental comme étant directement fourni par l’environnement naturel au consommateur est relativement répandue chez les économistes non spécialistes des services. Par exemple, Huriot (1980) propose d’en distinguer deux types : les services biologiques, tels que la qualité du milieu naturel qui conditionne la santé de l’homme et les services esthétiques, tels que la beauté du paysage. Mais en économie écologique, les auteurs se limitent en général aux services biologiques (ou écologiques).

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Une des questions essentielles pour l’économie écologique est de parvenir à traiter dans l’analyse économique le capital naturel au même titre que le capital matériel et le capital humain. Ces travaux accordent aux préférences individuelles une place secondaire pour poser comme hypothèse la nécessité de maintien du capital naturel à long terme (Faucheux, Noël,

1995). Cela pose d’abord la question de l’évaluation de sa valeur et de l’évolution de celle-ci. Comme les autres formes de capital, il peut se dégrader ou augmenter de valeur, et on doit pouvoir lui appliquer des raisonnements en termes d’investissement et d’amortissement.

En donnant une estimation de la valeur du capital naturel, les auteurs d’économie écologique espèrent montrer son influence essentielle sur la sphère économique. Ainsi, la valeur du capital naturel (ou plutôt le risque de perte de valeur) pourraient être intégrée lors des choix économiques (Point, 1993).

Les services environnementaux jouent un rôle important dans ce débat, puisque selon certains auteurs d’économie écologique, une façon de fixer la valeur du capital naturel est d’estimer les bénéfices nets tirés de la production des services environnementaux fournis à la société à partir de ce capital (Costanza et al., 1997). Il convient dès lors d’estimer la valeur des services environnementaux, comme indicateurs (partiels) de celle du capital naturel dans son ensemble.

Les méthodes pratiques retenues pour évaluer les services environnementaux fournis par le capital naturel sont proches de celles utilisées en économie de l’environnement (cf. section 1.2). On distingue trois méthodes principales : la méthode des coûts de transports, la méthode des prix hédonistes et celle de l’évaluation contingente (Cropper, Oates, 1992 ; Desaigues, Point, 1990 ; Point, 1998). Rappelons 8 succinctement que la méthode des coûts de transports et la méthode des prix – ou des salaires – hédonistes s’appuient sur des comportements réels observés. Ce sont des approches ex post. La méthode d’évaluation contingente s’appuie quant à elle sur des intentions : les individus sont mis dans une situation hypothétique à partir de laquelle l’évaluateur construit un processus de révélation de leurs préférences pour des biens – ou des services – non marchands. Elle est définie comme une démarche ex ante.

Lorsqu’ils parlent de « services d’environnement fournis par la forêt » (et non par la sylviculture ou les sylviculteurs), Desprès et Normandin (1996) sont de fait assez proches de cette conception, bien qu’ils considèrent dans le même temps que ces services sont des externalités et des biens publics dont la « qualité résulte de l’activité de production de certains agents qui bénéficie sans échange monétaire à d’autres agents » (Desprès et Normandin, 1996, p. 69). Mais les mécanismes économiques qu’ils invoquent renvoient plutôt à un autre corpus d’analyse économique, celui de l’économie de l’environnement, que nous allons maintenant présenter.



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L’économie de l’environnement s’appuie ainsi sur certains des concepts centraux de l’économie publique, notamment celui d’externalité (Baumol et Oates, 1988). Le concept d’externalité se révèle très simple à comprendre en première approche, mais il peut être employé dans des sens très divers, selon la perspective d’analyse retenue (Catin, 1985). L’idée sur laquelle repose fondamentalement le concept d’externalité correspond à la divergence entre l’intérêt collectif et l’intérêt privé, évoquée dès 1887 par Sidgwick.

8. Nous ne détaillons pas ces méthodes, car nous ne les utilisons pas dans la suite de la présentation. Pour une présentation détaillée de ces méthodes d’évaluation, il est possible de se reporter à Desaigues et Point (1993).

En économie de l’environnement, la plupart des auteurs retiennent la définition formulée par Baumol et Oates (1988, p. 17), qui repose sur les deux conditions suivantes :

« Condition 1. Une externalité est présente chaque fois que des fonctions d’utilité ou de production d’un individu (appelé A) contiennent des variables réelles (c’est-à-dire non monétaires), dont les valeurs sont choisies par d’autres (personnes, firmes, gouvernements) sans attention particulière aux effets sur le bien-être de A. »

« Condition 2. Le décideur, dont l’activité a un effet sur les niveaux d’utilité d’autres personnes ou agit sur leurs fonctions de production, ne reçoit pas (ne paye pas) en compensation pour cette activité un montant équivalent en valeur aux bénéfices (ou coûts) en découlant pour ces autres personnes. »

La seconde condition n’est pas absolument indispensable, comme l’admettent les deux auteurs. Bonnieux et Desaigues (1998, p. 21) expliquent que si l’on retient cette deuxième condition, « l’analyse se réfère implicitement à un monde concurrentiel où l’optimum de premier rang serait réalisé en l’absence d’externalité ». Or cette hypothèse, qui renvoie à l’optimum de Pareto, est très forte, et peu applicable dans la réalité. Ainsi, la plupart des auteurs en restent souvent à la première condition de Baumol et Oates pour définir les externalités. On distingue classiquement quatre types d’externalités (cf. encadre ci-dessous).

Quatre types d’externalités

Bonnieux et Desaigues (1998, p. 21-22) présentent quatre grands types d’externalités : 1. Les externalités positives de production : les actions d’une ou plusieurs firmes bénéficient à d’autres agents. Les auteurs prennent notamment comme exemple l’entretien du paysage par les agriculteurs.

2. Les externalités positives de consommation : les actions d’un ou plusieurs consommateurs bénéficient à d’autres agents. Ils prennent l’exemple des économies de réseau (téléphone, télécommunications).

3. Les externalités négatives de production : les actions d’une ou plusieurs firmes infligent des dommages (coûts supplémentaires, perte de bien-être) à d’autres agents. La pollution industrielle est un exemple souvent cité.

4. Les externalités négatives de consommation : les actions d’un ou plusieurs consommateurs infligent des dommages à d’autres agents. Bonnieux et Desaigues (1998) évoquent les déséconomies d’encombrement, dans le cas du réseau routier.

Baumol et Oates (1988, p. 17) ajoutent un point essentiel – à nos yeux – à leur définition des externalités : « La définition exclut les cas dans lesquels quelqu’un fait

délibérément 9 quelque chose pour affecter le bien-être de A. » Cornes et Sandler (1996,

p. 12) sont assez proches de cette conception de l’externalité non délibérée lorsqu’ils écrivent que la théorie des biens publics et des externalités offrent les fondations de l’économie de l’environnement « pour laquelle les activités économiques sont comprises comme produisant des effets secondaires environnementaux souvent ignorés par celui qui les a générés ». De la même façon, Dorfman (1993) insiste sur le fait que les externalités sont involontaires. Pour cet auteur, les externalités ne peuvent être ni des activités bénévoles, ni des agressions envers d’autres personnes. Coase (1960), qui préfère parler d’effets nocifs que d’externalités, les définit comme des actions ayant un impact non souhaité sur autrui 10. Nous reviendrons dans la sous-section 2.2.4 sur le caractère non intentionnel des externalités, parce qu’il représente une remarque fondamentale pour notre objet.

9. Ce sont les deux auteurs qui écrivent le terme deliberately en italique.

10. Notons que Coase (1960) a proposé de traiter les externalités comme des droits d’usage négociables et réversibles (par exemple en considérant que le droit de polluer s’oppose au droit de ne pas être pollué). Selon cet auteur, les négociations privées sont efficaces lorsque les droits de propriété sont bien définis et les coûts de négociation limités. Ces conditions se rencontrent hélas rarement dans la réalité.

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Dans les travaux d’économie de l’environnement, les auteurs s’intéressent principalement aux externalités de production, qu’elles soient positives (paysage, aménités) ou négatives (pollutions).

En économie de l’environnement, les externalités positives de production procurant aux individus un bien-être plus élevé et/ou aux firmes un profit supérieur, sont généralement qualifiées de services environnementaux (ou parfois de services écologiques).

C’est la perspective retenue par Madelin (1995, p. 77), qui emploie le terme de service environnemental dans le titre de son article portant sur l’analyse de l’action favorable de l’agriculture sur l’environnement. Dans une autre contribution, cet auteur explique que « le bien environnemental s’analysant comme une externalité positive et un bien public, il en résulte que le coût social pour la collectivité de production de ce bien diffère du coût privé pour l’agent » (Madelin, 1994, p. 210). De la même façon, Mahé (2001) utilise l’expression de « biens et services environnementaux » pour qualifier les actions des agriculteurs en faveur de l’environnement.

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Les travaux en économie de l’environnement sont développés sur deux plans, positif et normatif. Plusieurs types de remarques peuvent être formulés, concernant la méthode et les résultats de ce type de démarche, en rapport avec le statut du service environnemental.

a. Aspects positifs

Fondamentalement, les auteurs d’économie de l’environnement s’intéressent aux services environnementaux-externalités produits de façon non intentionnelle, si l’on s’en tient à la définition de Baumol et Oates (1988). Donc cette production ne donne pas lieu à un coût de production supplémentaire par rapport à celui de l’activité principale de l’émetteur de l’externalité. Le récepteur du service environnemental-externalité en bénéficie (ou subit les désagrément de sa disparition) sans en payer le coût.

Dans le prolongement de cette notion, Bonnieux et Rainelli (2000, p. 808) analysent les différentes liaisons possibles entre la production de denrées agricoles et la fourniture d’aménités (le terme « d’aménités » est équivalent ici à celui d’externalité positive) : « La complémentarité [entre production de biens agricoles et de biens environnementaux] qui prévalait est dite faible, dans la mesure où la fourniture d’aménités n’a pas un caractère intentionnel et leur coût marginal de production est proche de zéro. »

En avançant que la fourniture d’aménités n’a pas un caractère intentionnel, les deux auteurs se situent en cohérence avec la définition de Baumol et Oates (1988). La production d’externalités n’est pas intentionnelle pour l’agriculteur, elle n’est qu’un sous-produit de la production agricole, et donc sans coût supplémentaire par rapport à l’activité agricole principale (coût marginal proche de zéro). En soi, que l’activité agricole de l’agriculteur engendre ou non des effets externes positifs sur l’environnement ne modifie pas a priori sa fonction de coût : il n’y a ni intentionnalité, ni coût spécifique pour le service environnemental rendu s’il s’agit bien d’une externalité.

Deux conséquences importantes découlent du statut du service environnemental au sein de l’économie de l’environnement.

En premier lieu, en économie de l’environnement, la production de services environnementaux-externalités ne peut être, pour l’essentiel, que le fait d’agents utilisant des

éléments d’environnement c’est-à-dire des ressources naturelles, dans leur combinaison

productive (le sol en premier lieu). Assez logiquement, les agriculteurs – et secondairement les sylviculteurs – sont ici implicitement considérés comme les principaux producteurs (sinon les seuls) de services environnementaux ainsi définis, car ils contrôlent l’usage des biens-supports. Ainsi, l’essentiel de la littérature et des travaux empiriques sur les services environnementaux dans les espaces ruraux menés dans ce cadre d’analyse est centré sur les agriculteurs (Bonnieux, Le Goffe, 1996 ; Colson, Stenger-Letheux, 1996 ; Drake, 1992 ; Dupraz et al., 2000 ; Hanley, 1991 ; Mahé, Ortalo-Magné 2001).

En second lieu, les services environnementaux-externalités sont alors considérés comme des produits joints 11 à la production d’un bien agricole (ou sylvicole). Dans cette acception, l’externalité est considérée comme un produit parce qu’elle devient source de valeur, marchande ou non marchande. De plus, il est fondamental de retenir qu’en économie de l’environnement, dans le cas d’un produit joint, ce service environnemental-externalité est strictement indissociable du produit principal.

b. Aspects normatifs

Sur un plan normatif, l’approche de l’économie de l’environnement conduit à rechercher les solutions pour que les services environnementaux-externalités de l’activité économique des agriculteurs procurent aux autres individus le bien-être le plus élevé. Les producteurs de ces services environnementaux doivent être incités à les fournir et être rémunérés pour cela à hauteur de l’avantage marginal social procuré par le bien ou service environnemental. Mais ces services ont un caractère de biens publics ou quasi publics accessibles à tous, sans rivalité : faute de marché, on ne peut pas en général faire payer les utilisateurs de ces services et c’est donc à la puissance publique de subventionner la fourniture de ceux-ci pour garantir qu’ils soient fournis au niveau attendu par la société (Mahé, Ortalo-Magné, 2001).

On dit alors que les services environnementaux-externalités doivent être internalisés par leur émetteur ; cela signifie que des signaux doivent être transmis à l’émetteur (l’agriculteur), ces signaux correspondant au niveau de demande formulée par le récepteur du service environnemental. Madelin (1994, p. 209) précise que « les services environnementaux de l’agriculture doivent être rémunérés, directement par les utilisateurs lorsque c’est possible ou par des aides publiques, associées à des contreparties précises ». Dans une approche en termes de service-externalité, la question de l’internalisation, de la rémunération de l’émetteur se fait en fonction de la valeur des avantages fournis par le service environnemental aux utilisateurs. Ainsi, l’agent qui produit cette externalité doit être rémunéré pour le service qu’il rend (Madelin, 1994).

Mais la rémunération ne peut pas se faire en référence au coût de production du service, de l’effort spécifique fourni par son émetteur, puisque, si l’on suit la définition de Baumol et Oates (1988), celui-ci est nul et la production du service n’est pas intentionnelle. Mahé (2001) développe l’idée d’une rémunération « en rapport avec le travail accompli par les agriculteurs ». Madelin (1995, p.77) propose une rémunération « en compensation d’un

11. Certains auteurs parlent dans ce cas de « produit joint », de « production conjointe » ou encore de « coproduit ». Ces trois expressions peuvent accepter la définition générale suivante : il s’agit de tous les cas où deux produits sont interdépendants pour des raisons techniques, ils résultent tous de l’utilisation d’une même technique de production.

effort particulier contribuant à une meilleure prise en compte de l’environnement ». Les économistes de l’environnement proposent de déterminer la valeur économique du service rendu aux usagers finaux. L’économie de l’environnement s’appuie alors sur des méthodes de reconstitution du surplus du consommateur, à l’instar de l’économie écologique : méthode d’évaluation contingente, méthode des coûts de transport et méthode des prix hédonistes.

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L’un des enjeux essentiels pour l’économie des services est de déterminer ce que recouvre une activité de service 12 du point de vue de l’analyse économique.

Définir les services a toujours fait débat en science économique. Historiquement, depuis les physiocrates et A. Smith, le débat s’est longtemps focalisé sur la frontière entre les activités productives et celles considérées comme improductives, i.e. les services (cf. sous-section 2.1).

À partir de la fin du XIXe siècle, un grand nombre d’économistes ont « oublié » les services. Ce n’est qu’à partir de la première moitié du XXe siècle que différents auteurs (que nous détaillons dans la section 2.1) se sont penchés sur la question des services, en les assimilant tout d’abord aux activités tertiaires. Ce renouveau dans la recherche sur les services provient des difficultés à expliquer l’explosion des activités de services, qui représentent aujourd’hui plus de 70 % de l’emploi et de la valeur ajoutée, alors qu’elles n’en représentaient que 30 % à la fin du XIXe siècle.

Pourtant les services se révèlent difficiles à catégoriser grâce aux outils classiques de l’analyse économique. Comme le souligne Riddle (1987), certains services sont intensifs en travail (travail domestique), d’autres en capital (communication) ; certains sont périssables (nettoyage), d’autres durables (éducation) ; certains sont simultanés (concert), d’autres sont découplés (cinéma). Mais l’hétérogénéité n’est pas l’apanage des services : les activités extractives et les activités manufacturières le sont aussi.

Face à ces difficultés, un champ de recherche s’est progressivement constitué autour de la compréhension des mécanismes propres aux activités de service. L’économie des services rassemble des travaux très hétérogènes, avec cependant certains éléments communs qui traversent toutes les approches développées dans ce champ de recherche. On peut les résumer par trois questions principales :

- comment caractériser ces activités ? - quels sont les processus à l’œuvre ?

- leur production est-elle fondamentalement différente de la production de biens ?

On trouve une littérature importante sur les caractéristiques et les spécificités des