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Régularité des dynasties chinoises. — Leurs lois territoriales et leur régime pédagogique. — Première loi agraire octroyée par les Hia. — Son mouvement dans une première période en quatre temps. — Nouvelle loi agraire inaugurée par la seconde dynastie ; — Qui déplace sept fois sa capitale ; — Et nomme des ministres tirés des dernières classes du peuple ; — Et tombe, pour céder la place à une troisième dynastie, — À laquelle l'empire doit sa troisième loi agraire.

(2205-1122)

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p.217 Après l'explosion des trois fondateurs de la monarchie chinoise, nous trouvons deux dynasties qui se succèdent régulièrement et sans trop de bruit : la première, celle des Hia, commence en 2205, finit en 1766, et compte dix-sept empereurs dont les règnes durent le temps moyen de vingt-six ans ; la seconde dynastie, dite des Chang, commence en 1766, finit en 1122, et compte vingt-huit empereurs dont les règnes moyens sont de vingt-trois ans.

Voilà donc deux dynasties d'à peu près cinq cents ans chacune et dont la succession atteste le plus grand calme, p.218 l'ordre le plus solennel, une sécurité qui manque aux dynasties européennes, dont les règnes moyens les plus longs n'atteignent pas ceux de Hia et restent en France à vingt-cinq ans. Ajoutez que les règnes des empereurs chinois sont notés par leurs chronologies avec la plus grande exactitude, qu'on connaît leurs actions principales, et que les oscillations des dates flottent dans des intervalles négligeables.

Quel a été le rôle de ces dynasties ? Quelle série de transformations ont-elles imposée à la Chine ? Comment un Chinois de l'an 2205 diffère-t-il d'un Chinois né onze cents ans plus tard ? La Chine débute d'une manière inattendue en nous enlevant soudainement à nos habitudes.

Nous croyons, en effet, que la propriété est la première institution de la société, et nous la supposons même exagérée dans ses commencements par les castes, plus tard diminuée dans le patriciat, et enfin mobilisée avec les testaments, les achats, les ventes, et

décomposée de cent manières avec les baux, les canons, les servitudes, les hypothèques, en sorte qu'on arrive à notre propriété comme à une espèce de valeur au porteur qu'on échange en présence du notaire. En général, le mot de loi agraire nous fait songer aux tribuns, aux républicains, à ces luttes très modernes, à la fin et non pas certes à l'origine des monarchies.

Au contraire, la Chine commence par une loi agraire conçue avec une telle exactitude de répartition, de retours, d'inspections, qu'aucun de nos utopistes n'a jamais osé réclamer autant d'égalité. La première dynastie p.219 distribue la terre aux familles ; chaque famille reçoit ainsi sa quote-part, la cultive, moitié pour son compte, moitié pour le compte de l'empereur. Aucun propriétaire ; tous sont usufruitiers, obligés au travail, surveillés dans leurs travaux, tenus de se considérer comme des ouvriers de l'État. Comment la Chine d'il y a quatre mille ans est-elle arrivée à une loi agraire aussi exacte, aussi mesurée, avec des renouvellements annuels et une ponctualité militaire ? D'une manière fort simple : sa civilisation, fille de la science, se fonde sur le despotisme le plus absolu de l'empereur, et si l'empereur cessait de régler le cours du fleuve Jaune et du Kiang, qui sont les deux grandes artères de la Chine, le sol serait inondé, l'agriculture perdue, la richesse anéantie. Semblable au roi de l'Égypte qui soustrait la terre aux inondations périodiques du Nil, l'empereur de la Chine peut se considérer comme le créateur de tous les fonds, et puisqu'ils tiennent à ses digues, à ses canaux, à ses travaux cyclopéens, en créant la terre, il a décidé comment elle devait être cultivée au point de vue de l'utilité générale. Il a donc donné une mesure de terrain, 50 meous, à tous les groupes de huit familles, avec l'obligation de la cultiver moitié individuellement pour leur compte, l'autre moitié en commun pour le compte de l'État. Toutes les répartitions successives sont parties de cette donnée pour modifier les lots, les groupes, les redevances, sans altérer le principe primitif de l'égalité encore régnante aujourd'hui. Sous le fondateur de la première dynastie, on représente déjà l'empire avec six carrés concentriques se rapetissant pour p.220 laisser l'espace d'une zone de l'un à l'autre et pour aboutir à un carré vide où réside l'empereur, avec ses colons, sur une terre de cinq cents li carrés (50

lieues carrées). Tout autour du carré impérial, sur la première zone de 500 li carrés, il y a le domaine impérial ; sur la deuxième zone, également de 500 li, s'établissent les vassaux ; sur la troisième zone, encore de 500 li, on voit le domaine de la paix, qu'on cultive, trois cinquièmes au profit de l'instruction publique et deux cinquièmes au profit de la guerre ; on passe ensuite à la quatrième zone de la punition, où 300 li sont occupés par les prisonniers de guerre faits aux Tartares, 200 par les condamnés indigènes ; de là on passe enfin à la dernière zone du commerce, aux confins de l'empire, où vivent sur 200 li les étrangers du Midi, sur 300 li les exilés. Telle est la Chine au moment où elle sort des eaux du fleuve Jaune et du Kiang.

La première dynastie n'eut d'autre mission que de maintenir cette loi, de la propager, de résoudre les problèmes qu'elle soulevait, de tourner les obstacles qu'elle rencontrait. Il s'agissait probablement de savoir si le carré impérial n'était pas trop vaste, si la part de l'empereur n'était pas celle du lion, si les inspecteurs dépossédaient ou rançonnaient capricieusement les colons, si les terres des vassaux de la paix, des peines, du commerce, étaient coordonnées avec celles des colons immédiats ; si le tribut était équitable ou excessif ; tels étaient les problèmes, et sous le gouvernement despotique on ne les résolvait certes ni avec les chambres, ni avec les p.221 débats, ni d'après des remontrances bénévoles, mais avec les événements, les émeutes, les tragédies, avec les déroutes en présence de l'étranger, en un mot avec l'expérience variée et fatale de la prospérité publique ou de la détresse générale.

Les scènes variées de l'histoire chinoise se déroulent sur la pente de la loi agraire et en signalent les luttes et les solutions. Accompagnées de sermons pleins d'exagérations sur la responsabilité des empereurs, qu'on déclare coupables de tous les désordres de l'empire, on les explique d'après cette loi, qui exige une surveillance exacte, assidue, pédagogique et tout à fait en dehors de nos mœurs, où la libre propriété dispense le gouvernement de tous les soins des ménages. En 2188, on trouve donc Taï-kang accusé d'indolence et d'incapacité, livré avec frénésie à la chasse, déploré par sa mère et ses cinq frères, qui

— Si on commet une erreur, s'écrient-ils, attendrons-nous que la plainte soit publique pour la réparer ?

En d'autres termes, attendrons-nous une révolution pour nous corriger quand il n'en sera plus temps ? Ils ajoutent :

— On a déjà perdu la ville de Ki, on n'obéit plus aux lois, on n'étudie plus les sciences, on méconnaît les rites.

Bref, la loi agraire est dans l'anarchie. Il en résulte que le ministre Yé guette Taï-kang au retour d'une chasse, le surprend au passage d'une rivière et le détrône en lui substituant, en 2159, l'héritier présomptif de la couronne. C'est la première explosion qui trouble la paisible atmosphère de la Chine, et, comme toutes les p.222 explosions chinoises, elle est libérale, elle détruit instantanément le despotisme impérial, elle donne le pouvoir au Premier ministre Yé, qui devient le vrai maître de la Chine, et la renommée lui attribue tous les succès, soit que les bannières tartares se soumettent, soit que des ennemis désarmés demandent des amnisties. Son influence est telle, qu'en 2139 il finit par détrôner la dynastie, et il règne à sa place avec Han-tsou, son complice.

Pendant cette explosion, la liberté traîne à sa suite la superstition, qui s'efforce d'interrompre à son tour la loi régnante de la science, et le ministre Yé est l'ami des astronomes Hi et Ho, qui négligent d'annoncer, en 1255, une éclipse imminente. Rien n'égale la colère des Annales contre ces deux alliés de la révolution, elles les accusent d'être crapuleux, de jeter l'épouvante parmi les populations.

« L'aveugle, disent-elles, battit le tambour ; le peuple et les mandarins inférieurs se débandèrent précipitamment comme des chevaux sans frein.

Évidemment, Yé, Hi et Ho protégeaient ces magiciens si exécrés par les lettrés.

À l'explosion de Yé succède le règne de Han-tsou, son complice, qui le tue, usurpe la couronne et règne pendant trente-cinq ans sans que les Annales puissent mentionner ni troubles ni scandales. Elles se bornent à l'accuser vaguement de tyrannie : mais quel nom donnerons-nous à cette tyrannie tournée contre le mouvement révolutionnaire de Yé, si nous ne

l'appelons pas une réaction ? Enfin, un descendant posthume des Hia, réfugié chez des bergers, confié à des serviteurs p.223 fidèles, placé chez des mandarins affidés, devenu sous un faux nom gouverneur d'une province, entraîne les peuples, et, en 2093, remonte sur le trône.

Il faut remarquer l'extrême régularité avec laquelle ce drame obéit au rythme numérique de toute période sociale. Sous l'indolent Taï-kang, vous avez vingt-neuf ans d'agitation et de préparation ; le ministre Yé, qui le supplante, reste sur la scène de 2159 à 2131, c'est-à-dire vingt-huit ans, qui sont évidemment des années d'explosion, de tumultes, de superstitions. Han-tsou, son meurtrier, règne trente-cinq 1 ans, de 2131 à 2096, et la tranquillité de sa domination montre qu'il réunit l'ordre à l'usurpation, en sorte qu'il y a véritable réaction. Ensuite Chao-kang, l'héritier légitime, paraît vers 2096, triomphe en 2079, règne jusqu'en 2058, et avec lui l'empire rentre dans sa tradition, évidemment en y transportant les progrès réclamés.

Après cette période, pendant deux cents ans, nous savons à peine le nom des empereurs, et les Annales ne s'animent plus jusqu'à ce que la dynastie ébranlée arrive vers 1879 à la période où le système agraire de Yu décline. Alors, Kong-kia

« s'adonna aux superstitions qui, disent les Annales, le précipitèrent dans toutes sortes de désordres. Les peuples en conçurent du mépris, et les gouverneurs des provinces ne vinrent plus lui rendre hommage.

D'autres princes marquent de nouveaux degrés de décadence ; et enfin, en 1818, arrive Li-koué, un homme cruel, dissolu, livré au luxe le plus effréné ; sa femme Mey-hii le surpasse encore dans tous les vices. p.224 Aucune limite à ses folies : des palais de jaspe avec des balustrades d'ivoire ; des meubles d'or et d'argent incrustés de perles et de pierreries ; des fêtes avec des lacs de vin, des pyramides de viande ; des débauches gigantesques dans des palais sans fenêtres, où la lumière de mille bougies éclairait une multitude d'hommes et de femmes consacrés dans une perpétuelle nudité à des voluptés sans nom, et cette fureur libertine nourrie avec d'innombrables rapines au

milieu d'un désordre universel annonce que la dynastie ne peut plus ni écouter ses ministres ni les réfréner, et le général Tching-tang, chef de l'insurrection, fonde enfin en 1766 la nouvelle dynastie des Chang.

C'est bien l'homme qui double la loi agraire à l'avantage du peuple.

Prince du petit État de Chang, il est à la tête de l'insurrection, non pas à cause de sa force, mais à cause de la réforme qu'il représente. Ses sujets étaient si heureux, qu'ils refusaient l'honneur de délivrer la Chine.

— Notre prince, disaient-ils, n'a pas de compassion pour nous ; il veut que nous abandonnions nos maisons et nos affaires pour aller punir les Hia. Comment les crimes de cette famille peuvent-ils nous atteindre ?

Jing-tchang les place entre la tentation d'une proie et la terreur d'une réaction.

— Suivez-moi, dit-il, je vous en récompenserai grandement ; que si vous ne suivez pas mes ordres, je vous ferai mourir vous et vos enfants.

À peine victorieux, son premier soin est de renouveler les partages en réduisant l'impôt du cinquième au p.225 neuvième. Chaque famille, au lieu de 50 meou de terre en reçoit 70 ; les communes sont formées par des groupes de neuf familles appelés tsing et représentées par trois fois trois carrés, dont celui du milieu se cultive en commun pour l'empereur.

On voit par les nombreuses dispositions législatives sur le tsing, sur son irrigation, sur la manière de cultiver la terre, que toute la pédagogie est transformée, qu'un nouveau système succède à l'ancien avec la prétention de régler les moindres détails, et qu'une recrudescence de discours, d'homélies et de démonstrations morales donne une nouvelle direction à l'empire. Aussi rien n'égale les saints avertissements du nouveau chef contre les plaisirs, le faste, la dissipation ; il fait inscrire trois fois sur sa baignoire : « Pour te perfectionner, purifie-toi chaque jour » ; il fait graver force maximes sur tous les vases de son palais, et au milieu d'une famine il s'offre au ciel.

— Je suis le seul coupable, s'écrie-t-il, je dois être le seul immolé.

Par une confession publique, il s'accuse de posséder de trop somptueux palais, d'avoir trop aimé la table, le vin, les femmes, les favoris, les grands, et c'est en multipliant les humiliations qu'il assure sa domination. Il est donc le roi des pauvres, l'homme de la plèbe, le chef qui embrasse l'avenir par une nouvelle loi agraire.

La dynastie des Chang allège d'ailleurs le poids de l'antique centralisation, et on voit paraître les principautés tributaires et même héréditaires que les historiens, habitués à donner tout au mérite, rien à la naissance, considèrent comme un scandale. Mais la nouvelle p.226 dynastie était forcée de se fier aux grands vassaux, les seuls qui pouvaient conserver l'empire chancelant. Où aurait-elle trouvé ailleurs un point d'appui au milieu de cette égalité agitée, ondoyante, insurgée ? D'ailleurs, pouvait-elle résister aux insurrections dissimulées, partielles, groupées autour des gouverneurs ? Ne fallait-il pas suivre cette lente rébellion qui emportait un empire arraché à sa base ? En 1618, les grands vassaux se rendent déjà maîtres dans leurs terres ; deux cents ans plus tard, ils sont à peu près indépendants et ils cessent de payer le tribut : peu à peu l'empire se décompose.

Il en résulte que la nouvelle dynastie ne reste plus immobile à Ngan-y, ancienne capitale des Hia, et qu'elle transporte ailleurs son œuvre, en se déplaçant jusqu'à sept fois. Évidemment la surveillance devient difficile ; d'un côté les vassaux profitent de l'éloignement pour s'étendre, s'arrondir, s'affranchir ; d'un autre côté les peuples des provinces lointaines sont exposés aux dépossessions capricieuses des inspecteurs, aux concussions sans contrôle, à tous les fléaux d'un despotisme impuissant. Chaque station de la capitale en mouvement est une sorte de guerre de l'empereur contre ce tourbillonnement de tous les intérêts des grands et des multitudes, et en 1401, la lutte est si violente que le bruit en arrive jusqu'à nous, et que nous entendons pour la première fois des voix sur la translation d'une métropole. L'empereur s'efforce de persuader aux peuples de son ancienne résidence qu'il agit dans leur intérêt, et il se fonde sur la prétendue nécessité de se mettre à l'abri des inondations du fleuve p.227 Jaune :

— Lorsque mes prédécesseurs, dit-il, fixèrent la cour dans ce pays, ils songèrent certes à votre bonheur. Mais pouvaient-ils prévoir que les débordements du fleuve les auraient exposés à se voir submergés ? Maintenant vous errez, dispersés, dans l'impossibilité de vous secourir mutuellement, comment pourrais-je alléger votre malheur ? Aucun prince n'a jamais décrété que la cour ne serait jamais déplacée... En me fixant ailleurs, je rétablirai le gouvernement de mes ancêtres, et j'assurerai la paix partout.

Et, comme les peuples ne croyaient pas à ces paroles hypocrites, comme ils sentaient que l'inondation servait de prétexte pour les sacrifier à une nouvelle centralisation, le prince leur montra la griffe du lion.

— Vous ne sentez, dit-il, que les malheurs que vous voyez de près, vous ne voyez pas ceux qui vous menacent de loin ; sachez donc que, si vous bougez, je vous punirai de mort sans distinction de rang.

Plus tard, au moment de la translation, il revient sur la nécessité qui lui force la main, il réitère ses menaces :

— Je vous ferai couper le nez, dit-il, j'écraserai vos familles.

Et il mêle les tons les plus doucereux aux plus affreuses intimidations.

Arrivé dans sa nouvelle résidence, il répète ses sermons paternellement sanguinaires, et les Annales, qui ne cessent de lui prodiguer les éloges, avouent que le débordement du fleuve n'a été que l'occasion, habilement saisie, pour réformer des abus qui s'étaient introduits et pour élever certains mandarins en révoquant ceux qui avaient cessé d'obéir.

Entourés de vassaux suspects et de mandarins p.228 indociles, les Changs ne cessent de régner en hommes de la plèbe. On sait que les rois de la plèbe s'entourent d'hommes tirés des dernières classes du peuple, et que Louis XI avait pour confidents le barbier et le bourreau. Leur conseil ne pouvait être infidèle, et leurs joies grossières s'associaient naturellement à des intérêts hostiles à la haute aristocratie. Eh bien, on trouve en 1324 avant notre ère, sous une forme orientale, les mœurs de

Louis XI et des rois ses contemporains. En effet, sous cette date, l'empereur refuse de prendre les rênes de l'empire, et, après avoir résisté à de longues sollicitations, il ne cède aux prières du peuple que lorsque le ciel lui montre, dit-il, dans un songe, son futur ministre. Il le peint ; on expédie son portrait dans toutes les directions, et on découvre enfin dans le Chan-si un maçon qui travaillait à une digue. Il s'appelait Jou-Yue, et, reconnu pour l'homme de la vision, il devint l'un des plus célèbres ministres de la Chine.

Au bout de six siècles le progrès général des peuples conduit la dynastie à une catastrophe tellement semblable à celle de la dynastie antérieure qu'on la dirait artificiellement imaginée par les historiens afin de soumettre l'histoire à une sorte de répétition musicale. Il fallait aux Hia plus d'un siècle pour tomber, et les historiens en 1225 accusent déjà Lin-sin de compromettre à jamais la famille des Chang en défendant à ses ministres de lui parler d'affaires. Évidemment il voyait déjà le mouvement échapper à son action. À la chute de la dynastie des Hia, la superstition reparaissait et réclamait contre le p.229 despotisme traditionnel la liberté de rêver, c'est le même phénomène à la fin des Chang, lorsque l'empereur Ou-y se livre aux magiciens et appelle à son secours les génies des montagnes et des vallées. Les tableaux chinois le montrent comme un insensé qui adore les idoles, qui attache à leurs statues des hommes pour les faire mouvoir, qui les bat, qui lance des flèches contre le ciel, qui transperce dans l'air des vessies remplies de sang pour donner à entendre qu'il peut blesser les dieux, et c'est ainsi qu'il prétend régenter l'empire chancelant. De même que Li-koué le

Au bout de six siècles le progrès général des peuples conduit la dynastie à une catastrophe tellement semblable à celle de la dynastie antérieure qu'on la dirait artificiellement imaginée par les historiens afin de soumettre l'histoire à une sorte de répétition musicale. Il fallait aux Hia plus d'un siècle pour tomber, et les historiens en 1225 accusent déjà Lin-sin de compromettre à jamais la famille des Chang en défendant à ses ministres de lui parler d'affaires. Évidemment il voyait déjà le mouvement échapper à son action. À la chute de la dynastie des Hia, la superstition reparaissait et réclamait contre le p.229 despotisme traditionnel la liberté de rêver, c'est le même phénomène à la fin des Chang, lorsque l'empereur Ou-y se livre aux magiciens et appelle à son secours les génies des montagnes et des vallées. Les tableaux chinois le montrent comme un insensé qui adore les idoles, qui attache à leurs statues des hommes pour les faire mouvoir, qui les bat, qui lance des flèches contre le ciel, qui transperce dans l'air des vessies remplies de sang pour donner à entendre qu'il peut blesser les dieux, et c'est ainsi qu'il prétend régenter l'empire chancelant. De même que Li-koué le