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ARCHÉOLOGIE, ARCHITECTURE, HISTOIRE DE L'ART

LITTÉRATURES Philologie et

littérature malaises

En décembre 2005, H. Chambert-Loir avait rencontré avec Daniel Perret le directeur du Bureau de la Langue et de la Littérature de Malaisie (Dewan Bahasa dan Pustaka), Kuala Lumpur, qui leur a demandé de réunir un volume d’articles sur la Malaisie ou sur le monde malais, écrits par des chercheurs français, qui sera traduit en malais et publié par le Bureau. L’ouvrage devrait inclure des articles de savants français du XIXe siècle aussi bien que ceux de chercheurs en activité. Pour cet ouvrage, un sommaire sera proposé cette année au Dewan Bahasa dan Pustaka à qui H.

Chambert- Loir a aussi offert de vérifier la traduction malaise.

Cette mission à Kuala Lumpur, à la demande de l’ambassade de France, avait aussi pour objectif de négocier deux programmes de coopération avec des organismes de recherche malais (voir supra section « Archéologie »), et a en outre permis à Henri Chambert-Loir de reprendre contact avec plusieurs instituts universitaires et de recherche locaux.

C’est sur les relations culturelles entre le Champa et le monde malais que portent les travaux de Quang Po Dharma. Il s’est cette année particulièrement intéressé aux relations littéraires avec une recherche portant sur l’épopée d’Um Marup, prince converti à la religion malaise du sultanat de Kelantan, qui mène un combat contre son père pour défendre la cause de l’islam. Cette histoire incite Po Dharma à penser qu’il existe un lien étroit entre l’auteur de cette épopée et le Kelantan, fait qui l’intéresse d’autant plus que ce sultanat fut un grand foyer de diffusion de l’islam vers toute l’Indochine. Une traduction annotée (bilingue : français-malais) de cette épopée a été publiée par lui en 2006 sous l’égide du minis-tère de la Culture de Malaisie et de l’EFEO dans la collection des

« Manuscrits cam » (nº 5).

Quang Po Dharma a, d’un autre côté, poursuivi le programme de numérisation des manuscrits cam. Du fait de leur fragilité et des conditions climatiques, les manuscrits cam souffrent des atteintes du temps, aussi le programme vise-t-il à la sauvegarde de ces docu-ments en péril. Au cours de l’année passée, Po Dharma a mené plusieurs missions sur le terrain pour collecter les manuscrits confiés aux familles cam résidant en Malaisie. Grâce à ces missions 50 manuscrits cam ont pu être collectés, traitant des hymnes aux divinités et aux rois divinisés. Quang Po Dharma a d’autre part numérisé les manuscrits cam de la Société asiatique de Paris, qui représentent 431 textes répartis en 84 volumes (11 400 pages), et travaillé sur les microfilms cam de l’EFEO. Il a, par ailleurs, en 2006-2007, poursuivi son enseignement à l’INALCO.

RAPPORT SCIENTIFIQUE

Épopées et manuscrits cham

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Anatole Peltier travaille sur les littératures lao et tai de la Péninsule indochinoise (tai se rapporte ici aux Tai Yuan du nord de la Thaïlande, aux Tai Khün de l’État Shan de Birmanie et aux Tai Lü du Yunnan de Chine). Son objectif est d’étudier et d’éditer des textes inédits consignés sur manuscrits. Sa méthode, adoptée au début des années 1990, consiste à présenter les classiques dans leur graphie originale avec une translittération dans une langue véhicu-laire de la région (lao ou thai de Bangkok). Il souhaite, avec une présentation générale de l’œuvre, suivie d’une traduction en fran-çais et en anglais, faire de ces publications de véritables outils de recherche pour chercheurs et étudiants.

Il a également travaillé avec Jacqueline Filliozat sur la mise au point du Paññâsa Jâtaka de Henri Deydier en se basant principalement sur les manuscrits yuan du nord de la Thaïlande, les manuscrits khün de l’État Shan de Birmanie, et les manuscrits lü du Yunnan.

Ce travail est désormais terminé et attend d’être publié. A. Peltier a également édité Maghavâ, ou l’histoire d’Indra, un classique khün de l’État Shan de Birmanie traduit en quatre langues (khün, thaï, français et anglais. Il a en outre revu et réédité deux autres classi-ques khün : Le Conte des Cinq Préceptes et Chao Bun Hlong, « Le Bodhisatta au parler d’or ».

Les enquêtes effectuées par l’équipe du Centre de Vientiane dans le Sud-Laos ont permis de découvrir un manuscrit sur feuilles de latanier de 1 572 pages, qui est une chronique lao de la région de Saravane au début de la colonisation française. Ce texte, unique dans son genre, a donné lieu à une saisie complète (projet d’édition dans la collection « Textes et documents sur le Laos ») et à un début de résumé. Michel Lorrillard souhaite le comparer aux sources françaises et siamoises, car la région a été au début du XXe siècle le théatre de nombreux événements.

Le travail de recherche de François Lachaud porte sur les rela-tions entre le bouddhisme et la littérature dans le Japon de l’époque Edo (1603-1867). Le thème de ses recherches concerne les relations entre le retrait du monde et les lettrés. Le travail actuel porte sur l’école zen Obaku (1654-1876), son influence, et sur les échanges culturels entre le Japon et la Chine. Un autre axe de recherche relève de l’histoire des représentations et de la genèse de la littérature fantastique au Japon. Ces thèmes ont fait l’objet des cours de F. Lachaud à l’EPHE, section des sciences reli-gieuses, en 2006-2007.

F. Lachaud participe, en outre, à plusieurs projets collectifs : pro-gramme sur le XVIIIe siècle (université de Kyoto ; Institut de recherche sur les humanités) ; création d’une base de données et de recensement des livres de fiction écrits en chinois au Japon Littératures lao et tai

de la Péninsule indochinoise

Textes historiques du Laos

Bouddhisme et littérature au Japon

(université de Kyoto, Institut de recherches sur les humanités ; CNRS, professeur Chan Hing Ho).

Cette recherche, sous la responsabilité de Christophe Marquet, comporte deux aspects principaux : une étude de l’his-toire du monde éditorial et de l’imprimerie à l’époque d’Edo – et en particulier du livre illustré – et une enquête sur les « manuels de peinture » (gafu) du XVIIIesiècle, leur fonction, leur usage et leur réception. C. Marquet a multiplié les recherches dans les bibliothèques japonaises à Tokyo (Centre d’archives sur la littéra-ture nationale, université des Beaux-Arts, université de Tokyo, uni-versité Waseda, Bibliothèque de la Diète,Toyo bunko, etc.) sur les éditions anciennes de livres illustrés d’Edo. Ces recherches lui ont permis, par la confrontation des éditions, la consultation des ouvrages bibliographiques et des études, d’avancer dans la connais-sance des livres illustrés du fonds Tronquois. Ce fonds, réuni par Emmanuel Tronquois (1855-1918), est conservé à la Réserve du Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale de France, et C. Marquet a été chargé par cette dernière institution de rédiger un ensemble de notices bibliographiques et de commentaires pour la publication du catalogue scientifique de cette collection. En outre, C. Marquet a pu mener une enquête dans la région du Kansai sur les livres et les documents concernant Ôoka Shunboku, le peintre d’Ôsaka du XVIIIe siècle (Ôsaka Nakanoshima toshokan, Kansai daigaku, etc.). Cette recherche lui a permis de compléter la documentation sur cet artiste (ouvrages imprimés, manuscrits, archives), dans la perspective de la révision pour publication du manuscrit de son habilitation à diriger des recherches : Les premiers livres de peinture de l’époque d’Edo (1680-1720) : naissance d’un genre et essai de typologie (INALCO, 2002).

Il a procédé à l’étude des livres illustrés d’Edo du fonds Iwasaki du Tôyô bunko, dans le cadre du programme du Centre de Tokyo sur l’histoire de l’édition pré-moderne au Japon. Il s’est également intéressé à la redécouverte de l’art d’Edo au début du XXesiècle, à travers les textes de l’écrivain Nagai Kafû (1879-1959). Cette étude a fait l’objet d’une publication et d’une traduction pour la revue Cipango. Par ailleurs, C. Marquet a continué ses recherches dans les bibliothèques japonaises sur les rééditions japonaises à l’époque d’Edo de manuels de peinture chinois de la fin des Ming et du début des Qing. Une mission à Pékin lui a permis aussi de se rendre à la Bibliothèque nationale de Chine et d’y consulter des huapu de la fin des Ming ; les premiers résultats de cette recher-che, sur le thème de la réception, de la diffusion et de l’influence des huapu chinois du XVIIesiècle dans le Japon de l’époque d’Edo, ont déjà donné lieu à communication.

RAPPORT SCIENTIFIQUE (XVIIe-XIXesiècles)

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