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Des facteurs de vulnérabilité biophysiques et sociau

2. Les limites des plans de gestion

Les plans de gestion sont pour certains opérationnels, pour d’autre en cours d’élaboration, sachant que tous les acteurs interrogés soulignent qu’« un

plan de gestion n’est jamais achevé ». Si ces plans n’ont jamais été utili-

sés en situation de crise, des exercices de simulation montrent leurs limites actuelles. Par ailleurs, nous soulignons la faible attention portée à l’après- crise.

a. Le manque de matériel

Si les plans de secours sont opérationnels sur le papier, les exercices de simulation montrent qu’ils seront limités par le fait que la quantité de matériel disponible est insuffisante. Chaque acteur va en effet solliciter les mêmes fournisseurs et il n’est pas évident que ces derniers puissent répondre à la demande. Si des pré-contrats ont été signés, il apparaît que les mêmes prestataires se sont engagés à fournir plusieurs acteurs sans qu’il soit possible de savoir s’ils pourront assurer leur engagement.

EDF a ainsi prévu que 755 groupes électrogènes soient réservés auprès de loueurs spécialisés mais ils risquent d’être aussi réservés par d’autres opérateurs29. De plus, ce parc de groupes électrogènes nécessite des moyens

conséquents pour l’approvisionnement en carburant. Le même problème va se poser au moment de la reconstruction : on se souvient ainsi qu’après la tempête de décembre 1999, les demandes des particuliers n’avaient pu être satisfaites immédiatement faute d’artisans et de matériel disponibles.

Lors de nos entretiens, ce point a été confirmé aussi bien par le res- ponsable RATP, que par le risk manager de la Société Générale ou le res- ponsable IIBRBS. Il est par ailleurs rappelé régulièrement par les différents acteurs lors des communications publiques organisées sur le sujet. La cel- lule inondation et la DIREN avouent ici leur impuissance et disent agir pour définir des priorités dans les secteurs qui relèvent de leur compétence (par exemple l’eau ou l’essence).

Au-delà de la quantité de matériel disponible, c’est son acheminement qui va poser problème. EDF dispose ainsi en propre de 1000 groupes élec- trogènes stockés sur des plates-formes logistiques réparties en France. Deux plates-formes provisoires sont prévues à la Courneuve et à Rungis pour ac- cueillir ces matériels. La difficulté sera de les transporter jusqu’à la capitale. Les mêmes difficultés surgissent lorsque l’on sait qu’une partie des per- sonnels mobilisés viendront de province. La plupart des plans prévoient donc des dispositifs d’hébergement sur place des personnels mobilisés : c’est le cas à la RATP ou dans les musées nationaux, mais aussi à la mairie de Paris. Ces dispositifs demandent des moyens logistiques importants (mise en place de dortoirs, conservation de nourriture, etc).

b. L’insuffisance de l’attention portée à l’après-crise

La nouvelle version du PPSIZ, datant de janvier 2006, mentionne sys- tématiquement le retour à la normale comme objectif des plans de gestion. Toutefois, le détail de ces plans n’accorde qu’une faible place à ce volet, qui semble de fait relever actuellement plus de la pétition de principe que d’une quelconque réalité.

Ainsi, à la RATP, qui est la plus avancée sur la question de la gestion de crise à proprement parler, le plan de prévention mis en œuvre n’envisage pas la reconstruction. Tout dépend en réalité de l’endommagement constaté. On sait en effet que « le métro inondé nécessiterait plusieurs années de travaux pour permettre aux 105 km de galeries inondables d’être à nouveau en état de fonctionner.30»

29« Il faut cependant s’attendre à ce que ces groupes électrogènes aient été réservés par

d’autres organismes et qu’EDF ne puisse pas disposer de tous ceux qui sont prévus. » Source : EDF.

Le problème de la RATP est qu’elle n’a pas connu de sinistre important depuis 1910, date à laquelle le réseau était très différent. Elle ne dispose donc que d’événements extérieurs, en particulier les inondations d’août 2002 à Prague, pour effectuer des comparaisons.

D’autres acteurs disposent en revanche de retours d’expérience : EDF peut par exemple mobiliser les connaissances acquises aux cours des inon- dations qui ont déjà affecté le territoire français. Il apparaît ici que le temps de retour à la normale est long : « vient ensuite la décrue. C’est lent, déses- pérément lent. Le principal problème est l’accès aux zones prioritaires pour réalimenter les clients, réparer les ouvrages, etc. Le retour à la normale est toujours très long : les ouvrages sont oxydés, il y a des pannes “post-crue” pendant un ou deux ans.31»

Au total, la capacité de retour à la normale reste largement inconnue pour les opérateurs de réseaux publics et privés. Au-delà de l’incapacité des fournisseurs à satisfaire la demande, on sait déjà que dans certains cas, les matériaux de remplacement seront introuvables : c’est le cas notamment du réseau RATP où certaines composantes, trop anciennes, ne sont plus fabriquées. Pour certains éléments, on se pose déjà la question de savoir si on les reconstruire ou non : c’est le cas de la ligne de RER C, qui pose déjà de gros problèmes à la régie du fait de sa vétusté.

4.

Le poids des facteurs cognitifs et percep-

tifs

La méconnaissance du risque est un facteur de vulnérabilité car les ac- teurs sont d’autant moins disposés à se prémunir du danger qu’ils se pensent à l’abri. Par méconnaissance nous entendons non seulement l’ignorance des caractéristiques de l’aléa, de l’exposition, de la nature et l’importance des dommages potentiels, mais aussi plus largement de l’absence de conscience du risque (on ne sait pas qu’un risque existe).