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Le scénario catastrophe envisagé aujourd’hu

2. Compléter ce scénario par nos investigations

À partir de ce document, nous avons cherché d’une part à vérifier et approfondir les informations données par les différents acteurs, d’autre part à compléter ces informations3.

Nous avons commencé par interroger les acteurs mentionnés dans le plan. Nous avons alors étudié les activités économiques, en distinguant les réseaux d’approvisionnement en eau, énergie, télécommunication, auxquels on ajoute les réseaux de transports, des autres activités économiques.

2La Région a également participé.

3Dans la suite du texte, nous citerons les propos des différents acteurs interrogés entre

Nous nous sommes d’abord concentrés sur les gestionnaires de réseaux car ils ont été les premiers à être sensibilisés par la cellule inondation. Dans leur cas, nous avons souvent été obligés de nous appuyer sur les audits internes et le scénario qu’ils proposent. La fiabilité des informations peut en revanche être recoupée de trois façons. D’abord, les opérateurs de réseaux ont beaucoup communiqué sur le sujet lors de colloques et de réunions publiques : on peut donc mettre en lumière, sinon des contradictions, des différences entre les discours. Ensuite, les scenarii proposés ont été validés par la préfecture de Police. Enfin, la direction régionale de l’équipement (DRE) a publié assez récemment un rapport de synthèse dans lequel les informations des gestionnaires sont recoupées avec les données de la DRE (Sené, 2003).

Nous avons pu avoir accès aux données de la Société nationale des che- mins de fer français (SNCF), de la Compagnie de chauffage urbain parisien (CPU), d’électricité de France (EDF), du Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (SIAAP). Nous avons privi- légié une enquête approfondie auprès d’un acteur public, la RATP, et ce pour plusieurs raisons. Il est d’abord très vite apparu que les acteurs pu- blics communiquaient beaucoup plus facilement que les acteurs privés. De plus, la RATP était l’acteur dont le plan de gestion était le plus avancé et qui communiquait le plus sur le sujet, ce qui permettait de confronter le discours officiel de l’entreprise avec un discours plus officieux. Enfin, la RATP constituait un enjeu stratégique majeur pour le fonctionnement de la métropole, qui nous permettait de travailler à l’échelle métropolitaine.

Nous avons également réalisé une enquête auprès d’eau de Paris pour explorer la problématique de l’approvisionnement de la capitale. À cette époque, les questions d’approvisionnement en nourriture étaient en cours d’étude.

Dans le cas des autres activités économiques, dont la vulnérabilité n’est pas décrite dans le PSSIZ, nous nous sommes heurtés à plusieurs difficultés. Les grandes entreprises ont effectué un diagnostic de vulnérabilité mais refusent souvent de communiquer sur le sujet. Nous avons par exemple concentré notre enquête sur les activités de banques et de finance afin d’étu- dier une activité spécifique à la métropole. Après plusieurs tentatives infruc- tueuses pour identifier le bon interlocuteur, nous avons obtenu un premier contact avec un établissement bancaire, mais la personne est restée dans des considérations très générales, en insistant davantage sur le caractère opérationnel et l’efficacité de la gestion mis en place. L’entretien avec le responsable de la Société Générale a été en revanche beaucoup plus fruc- tueux puisqu’il a accepté de détailler les conséquences des différents scenarii envisagés par l’entreprise. En revanche, il n’a pas pu nous communiquer de chiffres précis tout en soulignant que les études avaient été réalisées et en nous fournissant un ordre de grandeur assez large des pertes.

De la même façon, nous savons que France Télécom a lancé un audit interne précis de sa vulnérabilité, mais cet audit est pour l’instant en cours et les personnes qui le réalisent sont tenues à une clause de confidentialité. Nous nous sommes également intéressés aux opérateurs de réseau internet, sans aucun succès. La cellule inondation de la zone de défense n’a pu nous fournir aucune information à leur sujet. Notons ici que le responsable de la Société Générale a confirmé avoir rencontré les mêmes difficultés lorsqu’il a voulu savoir si son fournisseur d’accès internet pourrait assurer la continuité du service.

Pour les petites entreprises, la tâche est encore plus ardue dans la mesure où la plupart des petits établissements n’ont pas effectué de diagnostic de vulnérabilité. Les Chambres de commerces n’ont pu nous fournir aucune donnée précise en dehors de l’évaluation du nombre d’entreprises inondées. De même, la cellule inondation n’a pu nous donner de contacts que pour les grandes entreprises. La DRE n’a pas pu non plus nous communiquer d’exemple. La DRIRE a pu nous citer des cas d’installations classées, mais sans que la problématique rencontrée par ces entreprises ne soit spécifique à l’inondation.

Nous avons été orienté par la chambre de commerce de Paris vers les ca- binets de conseils privés. L’un d’entre eux a publié un rapport d’étude sur la vulnérabilité des entreprises du Val-de-Marne (IIBRBS, 1998) auquel nous avons été renvoyés. Nous avons également pu interroger un chef d’entreprise de Seine-Saint-Denis qui nous a décrit les conséquences précises d’une inon- dation sur les machines, les stocks, la chaîne productive. Il avait été inondé dans un autre département quelques années auparavant et était ainsi par- ticulièrement au fait des dommages potentiels. Nous avons pu aussi avoir des informations indirecte par le biais de l’assurance sur les mécanismes de remboursement, les délais d’expertise permettant la reprise de l’activité et l’indemnisation.

Nous avons fini par obtenir des renseignements auprès de deux maisons d’édition. Nous avons choisi d’étudier ce cas car l’édition renvoie à la fonc- tion culturelle de la métropole. Les deux exemples rencontrés ont permis de comparer deux établissements de petite taille, avec une structure très dissemblable et confrontés de fait à des problématiques différentes.

Dans le cas parisien, nous avons aussi travaillé sur les enjeux patrimo- niaux et culturels, qui participent de la métropolisation de l’agglomération. Pour les musées, nous avons pu par exemple obtenir assez rapidement un entretien avec un employé des musées nationaux qui nous a communiqué le plan de sauvegarde mis en place par le ministère de la culture. Nous avons aussi pu interroger un employé du muséum d’histoire naturelle en charge de l’application du plan de gestion interne. L’intérêt du muséum d’histoire naturelle est qu’il accueille plusieurs fonctions : conservation du patrimoine avec la gigantesque zoothèque située en sous-sol, qui abrite plusieurs millions

d’espèces (insectes, animaux empaillés, etc) ; tourisme et loisir ; recherche. Nous avons rencontré également deux chercheurs présents sur le site.

Nous avons enfin examiné le cas des enjeux politiques avec une limite quasi immédiate, celle de la sécurité nationale, qui fait que nous pouvons simplement identifier les activités situées en zone inondable sans pouvoir apporter beaucoup plus de détail. On peut cependant avoir une idée des perturbations en lisant le rapport Picard qui décrit avec minutie les dysfonc- tionnements du système politique et des relations diplomatiques pendant et après la crue de 1910.

Une fois ces remarques liminaires données, nous pouvons reconstituer le scénario catastrophe possible dans le cas d’une ligne d’eau analogue à celle

de 1910.

2.

Un endommagement matériel considérable

Selon les estimations réalisées par l’IIBRBS à la fin des années 1990, l’agglomération parisienne est susceptible de subir, en cas de crue centen- nale, un endommagement matériel considérable : il s’agirait de la deuxième catastrophe nationale après en séisme sur la Côte d’Azur. Les impacts phy- siques concernent surtout les biens, la cinématique de la crue ne constituant pas une menace majeure pour les personnes.