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Les souvenirs épisodiques

Dans le document tel-00869402, version 1 - 3 Oct 2013 (Page 93-96)

Self conceptuel Working self

4.3. Les souvenirs épisodiques

Le registre des évènements spécifiques se caractérise par le degré de spécificité très élevé. Il est défini comme un regroupement d’épisodes précis et uniques, proches de l’expérience perceptivo-sensorielle et caractérisés par des détails phénoménologiques (pensées, sentiments etc…) et des détails spatio-temporels (où, quand). Ce type de souvenirs est mesuré en termes de secondes, de minutes et d’heures. L’accès à ce type de souvenirs entretient le sentiment de l’expérience subjective, self-consciousness ou en français le sentiment même de soi (Conway, 2001).

« Le souvenir du premier baiser, le souvenir de mon saut à l’élastique, le souvenir de la naissance de ma fille »

4.3.1. Récupération et construction des souvenirs autobiographiques

Le souvenir autobiographique représente une construction dynamique et non plus une copie conforme de la réalité (Schacter et al., 1998) ; c’est un regard vers la passé avec une prise en compte du self actuel et d’un contexte bien défini. La récupération d’un souvenir autobiographique se base sur une représentation relativement stable située au niveau du stock de connaissances autobiographiques. Le souvenir est ainsi constitué d’un évènement plus général auquel peuvent s’ajouter des informations très variées, de quantité et qualité variables

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(Conway, 2001). Le souvenir récupéré peut être accompagné d’un état subjectif de conscience particulier qui dépend de la spécificté des informations autobiographiques récupérées. Il pourrait ainsi être accompagné d’un nombre de détails sensoriels et perceptifs caractérisés par une haute spécificité et serait alors associé à une expérience subjective appelée « la remémoration consciente » ou « conscience autonoétique » (Tilving, 1985).

La construction du souvenir autobiographique peut être sous-jacente à deux processus de récupération. Le premier processus est moins fréquent et se réfère à un mécanisme de récupération involontaire et automatique, alors que le deuxième processus de récupération est intentionnel, contrôlé et génératif.

Le processus direct de récupération désigne une formation automatique, et de ce fait spontanée, d’une trace mnésique autobiographique à partir d’indices fournis par l’environnement externe ou propre à la personne. Ces indices sont le plus souvent sensori-perceptifs (par exemple, une odeur, un goût, un son, une texture ou une couleur) ou phénoménologiques (sentiments, pensées, émotions, etc.) et vont interagir de façon instantanée avec le niveau le plus spécifique de la base de connaissances autobiographiques (Addis et al., 2012). Le souvenir spécifique ainsi construit à travers un enregistrement sensoriel et l’élaboration des connexions entre les indices internes, va permettre la récupération des évènements plus généraux, inscrits à leur tour dans un période de vie.

Le processus intentionnel de récupération se définit par une recherche active et consciente d’informations particulières, nécessaires à la construction de ce souvenir. Le processus de récupération dynamique est constitué de trois étapes : la phase d’élaboration d’indices, la phase de recherche d’informations et la phase d’évaluation. La première phase permet de définir le contexte ou le cadre de la recherche, la deuxième rapporte des informations par rapport au contexte et enfin, la troisième permet d’évaluer et de vérifier les résultats trouvés. Dans le cas où le dernier critère ne satisfait pas l’objectif de la recherche, le

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processus est arrêté et une nouvelle recherche peut prendre forme afin qu’après plusieurs cycles de recherche de l’information soit récupérée (Haque et Conway, 2001). A titre d’exemple, le processus génératif de récupération à partir du mot « sport », serait susceptible de correspondre aux étapes suivantes :

1) « Quand je pratiquais de nombreux sports ? », correspond à la phase d’élaboration d’indices.

2) « C’était avant mes 17 ans », correspond à une période de vie.

3) « J’habitais encore chez mes parents », information relative à cette période.

4) « J’avais l’habitude après les classes d’aller au club Elaïs à Kinshasa », correspond à un élément général.

5) « Je me souviens, j’étais sur le tremplin à 4 mètres d’hauteur de la piscine, c’était le silence, je tremblais de froid et de peur et j’avais honte, je me disais - tu dois sauter », correspond à l’accès aux détails spécifiques, phénoménologiques et sensori-perceptifs.

Pour cette démarche de recherche active, l’exécution de certains processus cognitifs est indispensable, parmi lesquels, la mémoire de travail et le fonctionnement exécutif sont fortement impliqués dans la récupération intentionnelle d’un souvenir épisodique. C’est précisément cette modulation par des processus de contrôle qui distingue le processus génératif du processus direct de récupération en mémoire (Conway et Pleydell-Pearce, 2000).

4.3.2. Mémoire de travail selon le modèle de Baddeley (2000)

Baddeley et Hitch (1974) puis Baddeley (1986) postulent l’existence dans la mémoire à court terme de deux systèmes, le calepin visuo-spatial et la boucle phonologique qui s’exécutent sous le contrôle d’un troisième système, l’administrateur central ou encore appelé le centre exécutif (Figure 8). Le calepin visuo-spatial a pour rôle le traitement et le maintien

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des informations visuelles et spatiales, et la boucle phonologique, celui des informations verbales. L’administrateur central offre le contrôle et la coordination des deux systèmes esclaves précédemment évoqués.

La boucle phonologique permet le stockage d’informations sous forme verbale indépendamment de la voie par laquelle elles ont été présentées : visuelle ou auditive. La boucle phonologique repose sur la mise en évidence de plusieurs effets en mémoire à court terme : la similarité phonologique (Conrad et Hull, 1964 ; Baddeley, 1966), la longueur de mots (Baddeley, Thomson et Buchanan, 1975), la suppression articulatoire (Waters, Rochon et Caplan, 1992), le langage non pertinent (Colle et Welsh, 1976).

Figure 8:Modèle de la mémoire de travail Baddeley (1986)

Le calepin visuo-spatial est un système de mémoire temporaire permettant le stock d’informations enregistrées sous un code quasi visuel par rapport à des informations présentées ou suscitées sous forme verbale. Le système est composé de deux sous-systèmes:

le cache visuel et le scribe interne (Logie, 1995). Le cache visuel est l’unité qui permet le stockage sous forme d’images statiques, alors que le scribe interne est responsable du maintien et de la manipulation d’informations spatiales qui permettent le rafraîchissement de l’information visuelle.

Administrateur central

Boucle

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