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1.2 L’énergie éolienne en France

1.2.2 Stratégie énergétique française

1.2.2.2 Les objectifs européens déclinés pour la France

En 2007, le Conseil européen adopte l’objectif du « 3X20 en 2020 » :

- 20% de réduction des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990 ;

- 20% d’énergie renouvelables en 2020 dans la consommation d’énergie finale ;

- 20% d’économies d’énergie, d’ici 2020.

L'objectif de 20 % de part des énergies renouvelables dans la consommation finale d'énergie a été fixé dans le cadre global du bouquet énergétique européen (secteurs de l'électricité, du chauffage, du refroidissement et des transports). Il se décline ensuite de manière différenciée dans chaque pays en fonction des efforts déjà consentis par les Etats et du PIB/habitant. La France s'est vue fixer un objectif de 23% alors que la part actuelle des énergies renouvelables est de 10,3 %. Selon les études de faisabilité de la Commission européenne, l’énergie éolienne doit pour cela représenter plus de la moitié de la production électrique renouvelable additionnelle, soit environ 19 000 MW d’éolien terrestre et 6 000 d’éolien en mer.

En 2012, la production d’électricité est assurée à 74,8% par le nucléaire, 14% par

l’hydraulique dont 1% par l’éolien56.

Pour satisfaire l’objectif européen du « 3X20 en 2020 », des objectifs nationaux liés à l’énergie électrique en France ont été élaborés, notamment concernant le photovoltaïque et l’éolien.

Aujourd’hui adopté, le projet de loi Grenelle 1 prévoit un doublement de la part des énergies renouvelables à l’horizon 2020, en cohérence avec l’objectif assigné à la France dans le cadre du paquet « énergie-climat » de l’Union Européenne. La réalisation de cet objectif passe par un développement de toutes les énergies renouvelables et requiert en particulier un fort développement de la biomasse, de la géothermie et de l’éolien. La production d’énergie éolienne devrait ainsi être multipliée par plus de dix d’ici à 2020.

Promulguée le 12 juillet 2010, la loi portant « engagement national pour l’environnement » dite Grenelle 2, correspond à la mise en application d’une partie des engagements du Grenelle Environnement.

Le débat sur la transition écologique est un débat national, ouvert aux citoyens. Il s’est déroulé en France de janvier à octobre 2013 : de janvier à février, il a consisté à fournir des informations sur la situation énergétique de la France ; de mars à juin, à faire participer et concerter les acteurs et le grand public ; en juillet une synthèse doit mettre en lumière les avis et les recommandations issus du débat ; et enfin à l’automne 2013,

un projet de loi sur la transition énergétique sera présenté au Parlement57.

Le débat sur la transition énergétique aborde quatre thèmes différents, définis lors de la Conférence Environnementale des 14 et 15 septembre 2012 :

56 Source : CRE

- Comment aller vers l’efficacité énergétique et la sobriété ? L’évolution des modes de vie, de production, de consommation de transport ainsi que des services énergétiques nécessaires doit constituer le point de départ ;

- Quelle trajectoire pour atteindre le mix énergétique en 2025 ? Quels types de

scénarios possibles aux horizons 2030 et 2050, dans le respect des engagements climatiques de la France ? ;

- Quels choix en matière d’énergies renouvelables et de nouvelles technologies de

l’énergie et quelle stratégie de développement industriel et territorial ? ;

- Quels coûts, quels bénéfices et quel financement de la transition énergétique ?

Les énergies fossiles absentes sur le sol français

En France, la dépendance énergétique vis-à-vis des ressources fossiles (charbon, gaz, pétrole) est très forte et leur production nationale poursuit sa décroissance.

De plus, dans un contexte géopolitique tendu, particulièrement au Moyen-Orient, les prix internationaux des matières premières ont connu une forte croissance, particulièrement ceux du pétrole, aggravant fortement la facture énergétique française. En 2011, le mix énergétique primaire de la France, repose pour moitié sur des énergies

fossiles importées : le pétrole (31,0 %), le gaz (15,0 %) et le charbon (3,7 %)58.

La quasi-totalité du pétrole consommée en France est importée du Moyen-Orient, d’Afrique et de Mer du Nord. Le gaz, quant à lui, provient pour 30% de Norvège, 29% de Russie, 25% de l’Algérie, 12% des Pays-Bas. Cette mixité permet de ne pas être dépendant d’un seul marché énergétique et de mettre les acteurs en concurrence.

La production nationale d’énergie primaire, plutôt stable depuis le milieu des années 2000, a légèrement augmenté en 2011. Cependant cette progression est presque

58Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie, 2011. Bilan énergétique de la France. Chaque année, le Ministre chargé de l’énergie présente et commente le bilan énergétique de la France établi par l’Observatoire de l’Énergie. Créé par arrêté ministériel du 29 juin 1982, l’Observatoire de l’Énergie comprend un Secrétariat général, rattaché à la Direction Générale de l’Énergie et des Matières Premières, et un Conseil d’orientation formé de 35 membres et présidé par le Ministre chargé de l’Énergie. Ce bilan permet d’obtenir une vue globale de la situation énergétique française avec notamment une précision sur la sécurité de l’approvisionnement et l’indépendance énergétique, les émissions de gaz à effet de serre, l’efficacité énergétique de l’économie mondiale et la part d’énergies renouvelables utilisées pour la production d’électricité.

entièrement due à l’augmentation de la production d’électricité d’origine nucléaire. Aujourd’hui, bien que le développement de cette énergie permette au pays de disposer d’une électricité faible en émissions de carbone (en moyenne annuelle), celle-ci montre d’importantes limites comme la forte dépendance de notre pays à ce réseau.

Les énergies renouvelables, minoritaires face aux énergies fossiles

Hormis la production pétrolière, qui reste néanmoins très faible en France, les autres productions énergétiques primaires fléchissent. C’est le cas des énergies renouvelables, entraînées par la forte baisse des énergies renouvelables thermiques et déchets, comme de la production hydraulique qui a pâti de la sécheresse subie par la France ces dernières années. L’envolée continue de la production éolienne et photovoltaïque qui fait plus que doubler, ne peut pas compenser sa chute.

Contrairement à 2010, la France n’a pas atteint en 2011 les objectifs de part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie finale, fixés par le plan d’action national en faveur des énergies renouvelables. Avec une progression de seulement 0,3% pour un total de 13,1% en 2011, la production d’origine renouvelable en France reste encore minoritaire face aux énergies traditionnelles. Les productions éolienne, hydraulique et géothermique prennent un retard croissant, seuls les biocarburants atteignent l’objectif visé.

En France, la Mission Interministérielle sur l’Effet de Serre (MIES) a été chargée d’élaborer un plan national de lutte contre le changement climatique qui prend en compte le développement des énergies renouvelables et de l’éolien en particulier. L’énergie éolienne contribue à l’indépendance énergétique du pays, car elle injecte sur le réseau l'énergie qu’elle a produite en convertissant l’énergie du vent, ressource qui ne nécessite pas d’être importée.

Avec une progression de plus de 2 TWh pour la troisième année consécutive, la production éolienne s’élève à 12,2 TWh en 2011 et fournit 2,2 % de la production électrique française. Cependant, suite aux récurrents épisodes de sécheresse au cours des dernières années, la production électrique d’origine hydraulique continue à baisser depuis 2005 et l’énergie éolienne ne suffit pas à compenser la perte en productivité.

En effet, dans un contexte énergétique tendu, il semble pertinent d’associer une bonne maîtrise des consommations avec le développement des énergies renouvelables.

Tout KWh économisé ou produit par ces énergies propres présente plusieurs avantages :

- il évite d’utiliser des énergies fossiles polluantes et de réserve limitée ;

- il diminue les risques liés à l’usage de l’énergie nucléaire ;

- il augmente la indépendance énergétique de la France ;

- il crée de l’activité et de l’emploi au plan local.

Ces avantages, nous le verrons plus tard, sont largement utilisés par les producteurs d’énergie dite « verte » dans leur communication.

De manière générale, les énergies renouvelables sont considérées comme des facteurs de diversification d’approvisionnement et de décentralisation de l’énergie. Grâce aux ENR, le schéma traditionnel de centralisation de la production d’électricité tend à évoluer vers l’intégration de sources plus équitablement réparties sur le territoire, même si actuellement la production d’origine éolienne reste encore faible en France.

Le gisement éolien français, un réel atout

L’analyse du gisement éolien est d’autant plus intéressante que la France se penche de plus en plus sur cette énergie pour atteindre les objectifs fixés par l’UE.

De nombreuses études, dont celles menées par l’ADEME, font écho d’un gisement éolien économiquement exploitable grâce à l’existence d’un potentiel important. La France

détient le second gisement éolien d’Europe mais reste le 6ème pays européen en termes

de puissance éolienne installée alors que l’Allemagne produit environ dix fois plus d’électricité éolienne que la France.

Figure 2 : Gisement éolien terrestre en France métropolitaine59

Pour commencer à fonctionner, une éolienne a besoin d’un vent compris entre 4 et 20 m/s. Les zones les plus foncées sur la carte, représentent le potentiel vent le plus intéressant pour installer des aérogénérateurs. Cependant les zones les moins exposées ont malgré tout un gisement compris entre 3,5 et 5 m/s, qui est certes faible mais suffisamment pour permettre à l’éolienne de produire de l’électricité.

Le vent, bien qu’il diffère d’une région à l’autre, reste supérieur en France par rapport à la moyenne européenne et permet l’implantation d’éoliennes sur la quasi-totalité du territoire. Cela signifie que les zones non propices aux éoliennes en France métropolitaine sont plutôt rares si on ne les considère que du point de vue du gisement éolien. D’autres critères sont à envisager, tels que les obstacles, la faune et la flore, les sites protégés, etc.

59 Source : ADEME

Zone Bocage dense, bois, banlieue Rase campagne, obstacles épars Prairies plates, quelques buissons

Lacs, mer Crêtes, collines

1 < 3,5 < 4,5 < 5 < 5,5 < 7 2 3,5 – 4,5 4,5 – 5,5 5 – 6 5,5 – 7 7 – 8,5 3 4,5 – 5 5,5 – 6,5 6 – 7 7 – 8 8,5 – 10 4 5 – 6 6,5 – 7,5 7 – 8,5 8 – 9 10 – 11,5 5 > 6 > 7,5 > 8,5 > 9 > 11,5 En m/s

La France est donc un pays très largement exposé aux vents mais elle n’est que le 6ème pays en termes de puissance éolienne installée alors que l’Allemagne, moins bien exposée, possède environ 10 fois plus d’éoliennes que la France.

L’exposition au vent60 est un élément primordial mais il convient de le compléter avec

des données supplémentaires. Il faut également déterminer :

- la durée de fonctionnement des éoliennes c’est-à-dire le rapport entre

l’investissement réalisé et la vente du kWh produit en fonction du tarif de rachat donné, pour assurer une rentabilité de l’investissement ;

- les sites d’implantation pour une meilleure insertion des éoliennes aux

contraintes paysagères (espaces naturels protégés, habitations, terres agricoles, etc.). L’objectif est de définir la localisation géographique des éoliennes en évitant d’exacerber les conflits d’usage.

Le potentiel éolien en France est très important mais il n’est géographiquement pas le

même partout61 : La Bretagne, la Basse-Normandie et le Languedoc-Roussillon ont un

potentiel particulièrement important. En effet l’absence d’obstacles (les côtes, les plateaux et les montagnes, les couloirs des fleuves, etc.) est propice à l’énergie éolienne. La puissance d’une éolienne a été multipliée par 10 entre 1997 et 2007. Une éolienne de 2MW fournit l’électricité pour 2000 personnes, chauffage compris. Grâce au progrès technique, les nouveaux parcs produisent pour un nombre égal de machines, de plus en plus d’électricité.

La France est soumise à des régimes de vents différents d’un territoire à un autre, ce qui contribue à une complémentarité de l’énergie éolienne à l’échelle nationale.

60 Pour mesurer l’exposition au vent, un mât de mesure est installé pour une durée d’un an. Les données sont enregistrées, récoltées et permettent de conclure à un niveau de vent suffisant ou pas sur une zone sélectionnée. Elles prennent en compte la puissance du vent et son orientation à différentes périodes de la journée et de l’année. Les données du vent ainsi récoltées sont primordiales pour choisir l’emplacement optimal des futures éoliennes. Les zones choisies sont donc le fruit de plusieurs études, dont l’exposition au vent est la première et la principale.

Au 1er janvier 2012, la puissance éolienne raccordée au réseau s’élève à 6 756 MW. En 2011, l’énergie éolienne a produit 11,9 millions de MWh d’électricité, soit la consommation incluant le chauffage d’environ 5 millions de personnes.

« Les données de puissance doivent être interprétées avec prudence. Elles ne veulent pas dire la même chose selon le type de centrale considéré. Lorsque l’on lit dans la presse que telle ferme éolienne « peut satisfaire à la demande d’une ville comme Bordeaux », cela veut dire que, lorsqu’elle sera à plein régime, elle produit assez d’électricité pour répondre à la demande de puissance de Bordeaux. Mais comme elle ne tourne à plein régime qu’un peu moins d’un quart du temps, cela veut dire qu’avec cette seule énergie les Bordelais ne pourraient pas regarder la télévision les trois quarts du

temps. »62 Le « plein régime » correspond donc uniquement au laps de temps où

l’éolienne produit à 100% de ses capacités.

Concernant l’éolien, dans son bilan prévisionnel de l'équilibre offre-demande de l'électricité 2007, le Réseau de Transport de l’Electricité (RTE) a souligné :

« Malgré l’intermittence du vent, l’installation d’éoliennes réduit les besoins en équipements thermiques nécessaires pour assurer le niveau de sécurité d’approvisionnement souhaité. On peut en ce sens parler de puissance substituée par les

éoliennes. »63. Ainsi, chaque kWh éolien produit permet d’éviter l’émission de gaz à effet

de serre issue de la consommation d’une énergie fossile.

62 PRUD’HOMME R., 2012, Politique énergétique française (1) : les enjeux, Éd. Fondapol, pp. 12-13. 63 Syndicat des Énergies Renouvelables, juin 2012, L’énergie éolienne en France : chiffres clés.

Tableau 6 : Évolution de la puissance installée et cumulée depuis 2000 en France64

Année Puissance annuelle installée (MW)

Puissance

cumulée (MW) produite (GWh) Énergie

Estimation de la population alimentée (consommation domestique y compris chauffage électrique) 2000 40 61 70 29000 2001 31 92 131 54000 2002 52 144 245 100600 2003 100 244 363 150000 2004 146 390 577 237000 2005 367 757 963 395000 2006 810 1567 2169 890000 2007 928 2496 4140 1725000 2008 1081 3577 5653 2500000 2009 1136 4713 7800 3250000 2010 1253 5966 9600 4000000 2011 825 6792 11900 5000000

Répartie principalement dans six régions (Champagne-Ardenne, Picardie, Lorraine, Centre, Bretagne et Languedoc-Roussillon), l’énergie éolienne représente 10% de la consommation de ces régions. Elle atteint jusqu’à 50% de la consommation domestique en Champagne-Ardenne avec 970 MW raccordés. Elle devrait atteindre 70% de la consommation domestique de la Champagne-Ardenne à fin 2012. Pour les Ardennes, la Meuse, la Haute-Marne, l’Aube, l’Aude, l’Eure-et-Loir, la Somme, la Lozère, l’Aisne, l’Ariège et l’Indre, la production éolienne atteindra plus de 50% de la consommation d’ici fin 2012.

On note une montée de la puissance installée au milieu des années 2000. L’éolien a le vent en poupe et de nombreuses sociétés se créent sur ce secteur. À partir de 2011, le cadre réglementaire se durcit et la progression des éoliennes est moins rapide65. De plus, les meilleurs sites ayant déjà été équipés, il s’agit de développer des projets sur des sites moins favorables. Le temps imparti pour la prospection peut également expliquer ce ralentissement.

En 2012, on compte 4140 éoliennes en service en France, dont 445 dans les DOM-COM, pour une puissance installée de 6 756 MW.

64 Source : Syndicat des Énergies Renouvelables