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3-3- Les musiciens tripolitains de la première génération

Nahḍa musicale égyptienne

I- 3-3- Les musiciens tripolitains de la première génération

L’histoire de la musique tripolitaine se confond avec celle de ses musiciens, chanteurs, instrumentistes et compositeurs. Le parcours de ces artistes a été fortement influencé par l’école égyptienne sus décrite de la Nahḍa. Ils ont vécu

85 Rodolphe, D’ERLANGER, La musique arabe. Tome 6.Essaie de codification des règles usuelles de la musique arabe moderne / Système rythmique Formes de composition, Editions Geuthner, Paris, 1959, p. 199.

86 Antonin, LAFFAGE, La musique arabe, ses instruments et ses chants, (à recherche de la musique arabe : mission en Tripoli), Imprimerie rapid de Tunis,Tunis, 1906, p. 19.

87 Tayssir, BEN MOUSSA, Al-mojtama’ al-‘arabî fi al-‘ahd al-’Oṯmānî a-ṯānî[La société arabe dans la seconde époque Ottoman], A-Dār al-‘arabiyya lelkitāb, Tunis, 1988, p. 368.

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sous le second empire Ottoman89. Leurs résumés biographiques sont présentés ci-après selon l’ordre chronologique de leurs dates de naissance :

- Mohamed ‘Abaiya, né en 1856 à Tripoli, a appris à jouer du ‘ūd et du

qānūn.

- ‘Ali Al-Bonī, né en 1860 à Tripoli, a appris à jouer du ‘ūd et était nommé l’Artiste de la côte tripolitaine.

- Ḥmaida Al-Barhūdī, né en 1875 à Tripoli, a été très connu par les habitants d’al-madīnah al-kadīmah. Il était spécialiste en chant tripolitain et le premier qui joua du ‘ūd.

- Abdallah Jamāl e-Dīn Al-Milādy, né en 1888, est l’un des pionniers les plus importants de la confrérie Al-Qādiriyya. Il accompagnait les troupes arabes pendant leurs spectacles par lesquelsil a amélioré sa connaissance musicale (les modes et les modes rythmiques). Il a composé une qasida sur la forme dūlāb90

en mode bayyātî et enseigné les hymens, les qasidas et les modes rythmiques aux chaykhs Al-Qādiriyya. Il est mort en 1963.

- Moḫtār Dāgra, né en 1885 à Tripoli, avait une vocation marquée par ses fonctions de chanteur de cour. Il était spécialiste du chant oriental : Muwaššaḥāt et dwars égyptiens/levantins.

- Al-Amīn Ḥassan Bek, né en 1887 à Tripoli, a appris à jouer du ‘ūd de sa mère.

89‘ARAYBI, op. cit., 1981, p. 44-62.

90 Introduction musicale de quelques phrases mélodiques, mesurées sur le cycle waḥda et durant une trentaine de secondes. Le dūlāb est remplacé en musique savante par une composition instrumentale à partir des années trente.

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- Moḫtār Al-Mrābṭ, né en 1891 à Tripoli, était le mutrib le plus célèbre de son époque, a perfectionné les dawrs de Sayeed Darwīsh91 et tout ce qu’a chanté Dawood Ḥaisīn9293.

- Ḫalīl A-Tārzī, né en 1898 à Tripoli, était un chanteur, a appris le Ma’lūf, les Muwaššaḥāt et à jouer de le ‘ūd. Il était membre de l’ensemble de Kāmel Al-Gādī avec qui il a voyagé en Italie pour enregistrer des dawrs et des improvisations.

- Mohamed Ghnioih, né en 1905 dans le quartier A-Żahra à Tripoli. Cet artiste aveugle a appris à jouer le ‘ūd, le qānūn et le violon tout seul. Malgré cela, il a adoré la chanson tripolitaine et excellé à composer et écrire ce style de chansons. En 1939, il a représenté ses productions musicales à la radio libyenne. - Ahmed Šāhīn, né en 1906, il a émigré en Tunisie pendant la colonisation italienne. Il a fondé firqat ma’lūf et travaillé plusieurs années à la radio tunisienne en fondant un taḫt. En 1937, il est retourné à Tripoli avec son taḫt comprenant la chanteuse Fatḥiya Ḫayrī, l’udiste Ali A-Sraitī, le qānūnjie Ebrāhīm Ṣaleḥ, le kamenjātī94 Raḥmaine Barda‘ et Ahmed Allozerqat. Il a donné plusieurs concerts sur la scène du théâtre Miramare.

- Aḥmad Al-Ḫoja, né en 1906, a appris le ‘ūdet le violon. Il a voyagé avec le taḫt de Kāmel Al-Gādī afin d’enregistrer des chansons tripolitaines et du chant arabe.

91 Né en 1892 mort en 1923 à Alexandrie. Compositeur et chanteur égyptien. Il participe à plusieurs tournées dans différents pays arabes. Ses compositions théâtrales se sont caractérisées par le rythme folklorique et une forme de simplicité. Pour plus de détails, voir Qsṭandî, RIZG, Al-moussiqā a-šarqiyah w-al-ǧuinā’ al-‘arābî[La musique orientale et le chant arabe], volume 2, 2012, p. 181.

92 Né en 1871 au Caire, il a étudié la musique le chant. Il a composé des chansons pour Oum Kalṯūm, Asmahān et Laylā Mourād. Il a transcrit cent dôr en notation occidentale pour l’institut royal de la musique arabe. Ibid., p. 140-141.

93Ali, AL-MUSRATI, 1978, Namāḏj fi a-żil [Modèles à l’ombre], Tripoli, Maṭāba’ a-ṯora al-’arabiyya, p. 361-378.

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- Bašīr Fḥaima, né en 1907 à Tripoli, a appris à jouer du ‘ūd. En 1924, ila émigré vers la Tunisie, a fondé une maison de disques et a donné plusieurs concerts.

- Al-‘Ᾱrif Al-Jamal, né en 1908, est l’un des célèbres musiciens. Il a appris le ‘ūd à l’âge de dix ans par le grand artiste Ḫalīl A-Tārzī. Il est le premier musicien qui ouvre un institut privé de musique. Au début des années soixante-dix, il est devenu professeur de musique à l’institut de Jamāl e-Dīn Al-Milādy.

- Kāmel Al-Gādī, né en 1908, est un qānūniste. Il a été connu par le public comme chanteur au début de sa carrière. En 1935, il a voyagé en Italie pour enregistrer des chansons sur disque. Abdallah Bānon95 écrit, dans un article au journal Al-‘Adel publié le 02/08/1936, la nouvelle de la fondation du taḫt Kāmel Al-Gādī : « À la suggestion de certains écrivains libyens, le chanteur tripolitain, Kāmel Al-Gādī, a fondé un taḫt de ṭarab à Tripoli, … ». De plus, il a contribué aux activités du taḫt de l’école des arts et des métiers dirigé par Oṯmān Nājīm. - Oṯmān Nājîm, né en 1911, est diplômé de l’école des arts et métiers dans le domaine de la peinture. Pourtant, il était membre du taḫt de cette école et a appris à jouer la clarinette tout en rejoignant ce groupe. En 1938, il était le

kamenjātī du taḫt de Bašīr Fahmī96. Au Festival de la chanson libyenne en 1956, il a dirigé l’orchestre traditionnel de cet événement. Parmi les élèves qui ont eu des cours particuliers Kāżm Nādīm.

Ces artistes interprétèrent les genres traditionnels artistiques du Mašriq, apportés par des artistes égyptiens à Tripoli, tels que les Muwaššaḥātet les

dawrs, mais ces genres traditionnels n’étaient pas les seuls pratiqués à Tripoli,

puisque le chant non-mesuré, représenté par le type plus général de la mélopée ou de la récitation cantillatoire, gardait les grandes faveurs du public.

95‘ARAYBI, op. Cit., 1981, p. 61-62.

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Nous retrouvons au service de cet art local non seulement les concerts ou les soirées du chant traditionnel mais aussi, sous une forme populaire, des chanteuses professionnelles appelées Zimzamāt ou comme le terme égyptien le désigne ‘Awālīm ou almées : corporation de femmes chantant dans les mariages, accompagnées par des instruments de percussions. La première firqa a été fondée par des chanteuses juives. Ensuite, une femme tripolitaine aveugle appelée Ḫadoujah Al-Mkaḥlah97 a formé une firqa. Elle jouait du ‘ūd et portait des vêtements longs de style occidental. La plupart de ses soirées étaient des représentations destinées aux familles bourgeoises libyennes et turques. Son ensemble se composait d’un ‘ūd et de trois ṭār-s ou tambours sur cadres.