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Nahḍa musicale égyptienne

I- 5-1- Artistes de la deuxième génération

Au cours des années 1950, deux événements successifs marquent un point essentiel dans l’histoire du mouvement artistique libyen en particulier à Tripoli. Premièrement, les festivals de chanson libyenne (1955 et 1956) qui ont eu lieu dans le jardin de l’hôtel Al-Mahārī en face de la plage à Tripoli. Deuxièmement, l’ouverture de la radio tripolitaine. Cela a fait apparaître une nouvelle génération

140ABOU GRAIN, op. cit., 1972, p. 20-21.

141‘ARAYBI, op. cit., 1981, p. 61.

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d’artistes. Parmi les musiciens (compositeurs et chanteurs) de cette époque, nous citons :

- Mohamed Salīm, né en 1915 à Tripoli, est un udiste et compositeur. Son nom réel est Mohamed Ben Ali. À l’âge de trente ans, il a professionnellement commencé à chanter. En 1939, il a été un udiste chanteur connu par le public libyen dans la section arabe de la radio italienne à Tripoli. En 1956, il a participé au festival de la chanson libyenne en chantant sa propre chanson : paroles, composition. Il a gagné la troisième place. Il est spécialiste de chansons tripolitaine. En 1957, il a travaillé comme udiste et chanteur à la radio tripolitaine. Pendant les années 1960, il a enregistré ses productions musicales au Caire. Il est mort en 1994.

- Kāżm Nadīm, né en 1925 à Tripoli, est le fils du Mahmoud Nadīm Ben Mūssā le fondateur du journal A-rāqib al-‘ātid en 1908. Cet artiste est nommé Anwar A-ṭarābulsi. Il a appris un nombre de formes vocales : les muwaššaḥāt, les dawrs, les chansons populaires, les ḏikr et les mawwāl. Il a étudié le piano, l’accordions et l’ud. Parmi les musiciens avec lesquels il a appris la musique, Kāmel Al-Gādī, Ḫalīl A-Tārzī, Bašīr Fahmī, Moḫtār Al-Mrābṭ, Mohamed Salīm, Ismā’īl Jābir, Al-‘Ᾱrif Al-Jamal, Ali A-Dahmānī, Ahmed Al-Ḫoja et Moṣbāḥ Al-Bizantī. Il a appris le piano avec un professeur italien travaillait à l’école des arts et des métiers. Il a été influencé par les égyptiens Mohamed Abdelwahāb, Riāḍ A-Sunbātī, Mohamed Al-Qāṣbjī et le libanais Farid Al-Aṭraš. Il écoutait beaucoup de la musique turque en particulier le mode de jeu. Il a composé un grand nombre de chanson du style tripolitain. Il a participé aux festivals (1955 et 1956) par une chanson du style tripolitain chanté par Mahmoud A-Šrīf dont les paroles étaient de chansonnier A-Saiyd Mahmoud. Il a gagné la première place. En 1957, il est devenu le premier responsable dans le domaine de la musique. Entre 1957 et 1961, il s’est occupé le poste président du département de musique à la radio libyenne à Tripoli. Depuis l’ouverture de la

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radio jusqu’en 1969, il était animateur de plusieurs émissions : histoire d’une chanson, les jours du passé, et, patrimoine et arts.

- Mohamed Al-Furjānī143, né en 1926, a appris le piano par des italiens qui jouaient dans les restaurants à l’époque et a commencé sa carrière artistique en 1952 à l’hôtel de Syālah avec Salām Qadrī, Abdelaṭīf Ḥawīl, Mohamed Al-Ka‘bāzī, Mohamed Moršāin et Mohamed Abou Grain. En 1957, il a enregistré la première chanson, la deuxième en 1958 et la troisième en 1961. Il a beaucoup aimé le style de Mohamed Abdelwahāb. Il a composé 252 chansons.

- Mohamed Moršāin, né en 1929 à Tripoli, a commencé à apprendre les matières de la musique avec Ramaḍān Al-Aswad en particulier le solfège. Ainsi, il a appris les muwaššaḥāt et les adwār avec Moḫtār Al-Mrābṭ et le ‘ūd avec Ṣāleḥ Al-Fezzānī. De plus, il a appris la musique par un nombre des professeurs italiens pendant ses études à l’école primaire italienne à Tripoli. En 1944, il s’est inscrit à l’institut de la musique d’Al-‘Ᾱrif Al-Jamal en choisissant le violon comme instrument de musique dans l’hôtel Jebārah à Tripoli. En 1949, il a commencé à travailler à la radio de BBC à Tripoli dans la section Arabe comme kamenjātî et compositeur. En 1955 et 1956, il a participé au premier festival de la chanson libyenne en gagnant la première place et au deuxième festival en gagnant la deuxième place. En 1960, il a intégré la voix de femme dans l’ensemble de la musique andalouse de la radio libyenne à Tripoli fondé par Ḥassan ‘Araybī, ensuite, il a obtenu une bourse pour étudier la musique en Tunisie. Il est devenu membre de l’orchestre traditionnel à Tunis. En 1961, il est le fondateur de l’institut national de la musique qui a été ouvert officiellement en 1964 et qui a été nommé ensuite Jamāl e-Dīn Al-Milādy. En 1963, il est l’auteur de premier livre en musique : Al-Mūssiqā qawā’id wa ṯouraṯ. À travers ce livre, il a transcrit 34 modes rythmiques en usage en Libye, 46 mélodies chantées de chansons tripolitaines et 8 nūbātsdema’lūflibyen. Il a composé un

143 Gawaṣ Al-Naġm, MENEM, « Fannān fi suṭūr » [Artiste en lignes], inSamā’i, Magazine culturel, Samā‘i a-ṭarab al-aṣīl, la section libyenne, n°1, septembre, 2010.

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grand nombre des chansons du style tripolitain et il a eu une mission au Sud du pays pour découvrir la musique de cette région. À son retour, il a essayé de métisser les deux style de musique en prétendant à évoluer le patrimoine: du Sud de pays riche en mode rythmique et celui du Nord. Pendant les années 60 et 70, il a voyagé en Egypte pour enregistrer ses productions musicales. Parmi les chanteurs et les chanteuses arabes qui ont chanté ses compositions Sihām Ebrāhîm, Fahd Ballān, Amel ‘Arafah, Lylā Jamāl, Širyfah Fāḍl, Ḥanān Sa‘īd, Olayah et Sihām Šams.

- Abdellaṭīf Ḥawīl, né en 1929 à Tripoli, est chanteur et compositeur dont la première chanson qu’il a interprétée composée par Mohamed Moršāin en 1957. Pendant les années 60 et 70, il a enregistré des chansons aux studios en Liban et en Syrie. D’ailleurs, il a composé des chansons pour la tunisienne Soulāf, Sanā’, Nadā et Suhair Ramzī de l’Egypte.

- Mohamed A-Dahmānī, né en 1931 à Tripoli, est l’un des compositeurs libyens de chanson libyenne. Il est le premier compositeur intégrant le mode rythmique ‘Alājī dans la chanson tripolitaine. Au début des années 60, il est devenu chef de l’orchestre de la radio libyenne. De plus, il a été nommé président du département de musique de la radio libyenne à Tripoli entre 1965 et 1975. Il a composé des chansons pour un nombre de chanteurs connu en Libye tels que Sālim Al-Goumbrī, Ahmed Sāmī, Khālid Sa’id, Mahmoud A-Šrīf, Nūšī Ḫalîl et Mohamed Rašīd. D’ailleurs, il a composé des chansons pour un nombre d’artistes arabes tels que Hoda’ Slṭān, Najmah Tunosiyah, Olyah A-Tunosiyah et Ṣaliḥah Al-Jazā’iriyah.

- Mohamed Rašīd, né en 1946 à Tripoli, est un chanteur connu par ses chansons tripolitaines qu’il a interprétées au début des années 60. En 1968, il a chanté une chanson tripolitaine Be’t el maḥaba devant l’astre égyptien Mohamed Abdelwahāb à Tripoli lors d’une tournée en Libye de laquelle il a emprunté la mélodie chantée pour l’utiliser dans l’introduction instrumentale de

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la chanson Dāret al ayām chantée par Umm Kulṯūm. En 2005 jusqu’en 2008, il a travaillé professeur du chant tripolitain à l’institut de musique Jamāl e-Dīn al-milādy.

- Ḥassan ‘Araybī, né en 1933 à Tripoli, est compositeur, chanteur et l’un des pionniers de musique et de chant en particulier le ma’lūf « chant andalou » en Libye. En 1959, il a travaillé comme conseiller artistique à la radio libyenne à Bengazi. En fait, il a composé un nombre de chansons pour des chanteur libyens et arabes tels qu’’Aṭiyah Moḥsen, Ebrāhīm Ḥāfdhy, Su’ād Mohamed (Egypte), Hoda Slṭān (Egypte), Nāzek (Liban), Olayah (Tunisie) et Ne’ma. En 1964, il retourne à Tripoli et fonde l’orchestre traditionnel du chant andalou (ma’lūf) comprenant un nombre des artistes du chant tripolitain : Abdellaṭīf Ḥawīl, Rāsm Faḫrī, Mohamed Al-Gabrūn qui ont présenté plusieurs muwaššaḥāt. En 1971, 1972 et 1973, il a été choisi au sein du comité de patrimoine musical traditionnel de l’Académie arabe de musique. En 1974, il devenu le président du syndicat des artistes libyens. En 1979 et 1981, il a été nommé le président de l’Académie arabe de musique. En 1983 1985, il a été choisi au sein du comité d’arts populaires de l’Académie arabe de musique. En 2003, il a été nommé président du deuxième festival de chanson libyenne à Tripoli. Il est mort en 2009.

- Salām Kadrī, né en 1934 à Tripoli, est en fait Abdessalām Aljazirī étant nommé par Kāżm Nadīm en 1952. Il parle parfaitement la langue italienne et joue la clarinette, le ‘ūd et le violon. En 1957, il est devenu l’un des violonistes de l’orchestre traditionnel à la Radio libyenne à Tripoli. En 1960, il a commencé à composer les chansons tripolitaines. En 1970, il a gagné l’oscar de première place au festival du chant de pays magrébins au Maroc. Depuis l’ouverture de la radio libyenne à Tripoli, il a composé 400 chansons.

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Ce que l’on peut retenir de cet aperçu historique de ces artistes de la deuxième génération, c’est que l’art de la musique de cette période a pris un chemin différent de celui de première génération. Cela montre que les artistes de la première génération avaient un public minoritaire par rapport à la deuxième génération. Malgré la radio italienne en 1939 et la radio BBC en 1944 qui ont réservé des plages horaires quotidiennes à la diffusion en directe la musique traditionnelle libyenne ou arabe qui a été interprétée à l’époque par divers artistes libyens de renom, le public se limitait à deux lieux de spectacle, d’abord, les fêtes sociales de quelques familles célèbres ou entre des amis, ensuite, les sciènes de théâtres au centre ville.

Or, l’art musical de la deuxième génération a eu une importante diffusion en particulier après les deux événements qu’a connu ce domaine : les festivals de la chanson libyenne (1955 1956) et l’ouverture de la radio nationale libyenne à Tripoli (1957) ensuite la télévision (1968). D’une part, les deux années de festival ont été considérées comme fêtes officielles préparées par des bénévoles et des amateurs d’art. Bašīr ‘Araybī144 indique dans son livre les noms des organisateurs dont Abdelmadjīd Al-Mšairqī est le président du comité de festival et Mohamed Syālah est son assistant. En outre, les journaux libyens à l’époque ont bien diffusé la publicité du festival tel que le journal de Tripoli l’Ouest a par exemple annoncé dans un article daté le 02/09/1956 décrivant la préparation et lieu de cette occasion. D’autre part, l’ouverture de la radio (1957) et la télévision (1968) ont marqué le passage progressif basé sur deux aspects, artistique et social. Cela met en lumière la signification dans les moyens d’expression et le style de la chanson Būrjīla qui a été interprétée par l’orchestre traditionnel de la radio libyenne à Tripoli à l’époque. En fait, les chansons doivent être soumises d’abord par le comité du département de musique afin d’examiner les paroles et la mélodie chantée, ensuite par plusieurs répétitions

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dirigées par un chef d’orchestre avant qu’elles soient enregistrées. Cela a conduit à la perfection d’une chanson pendant son interprétation et sa diffusion par la radio au public. Cette opération a établi la base du concept de l’esthétique artistique et la codification des critères esthétiques. En conséquent, cette nouvelle tendance de la chanson tripolitaine qui était liée à la diffusion radiophonique pénétrait toutes les maisons ayant une radio. Ainsi, la télévision était considérée les familles comme une fenêtre sur les spectacles en regardant chez soi.