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CHAPITRE 3: LA MEDECINE AU MAROC

II- L’APOGÉE

2. Les aspects de l’apogée

2.2. Les médecins célèbres

2.2. Les médecins célèbres:

2.2.1. Les médecins marocains :

Il y avait plusieurs familles de médecins ; l’une des plus connues était la famille Aderraq qui a brillé entre le XVIème et le XVIIIème siècles. C’est une famille Soussie qui a résidé Fès. Elle est devenue célèbre grâce à ses nombreux médecins. On peut en citer, à titre d’exemple:170

 Abou Abdellah Mohamed Aderraq : grand médecin, grand savant de son époque, et très cultivé171. Il était l’un des médecins personnels du Sultan Moulay Ismail. Il est décédé à Fès en 1679172.

Abderrahmane Ben Zaydane en fait à juste titre une description détaillée: « On raconte

que le médecin habile Aboù 'Abdallah Aderraq As-Soussi Al-Fassi se consacra à la médecine parce qu'il avait soigné quelques malades étrangers, sans avoir auparavant étudié cette science. C'est Dieu qui la lui avait enseignée et beaucoup de gens en profitèrent.

J'ajoute que ses parents sont maintenant célèbres comme médecins à Fès où ils prescrivent les traitements avec habileté; d'après ce que nous avons pu saisir par ceux d'entre eux qui sont encore en vie, leur caractère les porte à ne pas être avares de remèdes avec ceux qui ont recours à eux; ils ne demandent aucune somme d'argent en retour et sans connaître les gens, ils leur distribuent également des remèdes. Ils sont d'un caractère bienveillant, humble et généreux surtout pour ceux qui sont renommés par leur bonne conduite, et à plus forte raison ils savent que ce sont des gens d'un rang élevé. Ils se méfient des remèdes dangereux ou violents, et je n'ai jamais entendu dire que quelqu'un se

168 Al Kanouni M,…, Op cit, p. 184

169

Al Kanouni M,…, Op cit, p.195

170 Hajji M, Aderraq, Maâlamat Al-Maghreb, Tome 1, 1991, p.265-257

171 Al Qadiri M, Nachr AL-Mathânî ,Mission scientifique du Maroc, Archives marocaines , Publication de la Mission scientifique du Maroc, 1917, Tome II, p.306

172

Ben Zaydane A, Almanzaâ Al-Latif fi Mafakhir Moulay Ismail Ben Chrif, Annoté par Abdelhadi Tazi, Casablanca, 1993, p.279

fût trouvé mal de leurs remèdes, à moins qu'il ne fût atteint d'une maladie inguérissable, de telle »173.

 Abdelwahab Ben Ahmed Aderraq, il faisait partie de cette grande famille ayant une tradition médicale. Il est né en 1666 et décédé en 1746. Il a pris des cours en médecine de son père qui était lui aussi médecin. Abderrahmane Ben Zaydane en fit le fils spirituel d’Hippocrate et d’Avicenne174

. Il était poète et composait des poèmes médicaux sur les plantes et les thérapeutiques médicales. 175 Abdelwahab Aderraq, était aussi un médecin personnel du Sultan Moulay Ismaïl176.

Il a laissé plusieurs œuvres :

- Commentaire des poèmes d’Avicenne - Poème didactique sur la variole - Poème sur la menthe

- Et son fameux poème sur « Le mal franc » appelé « Al-Urjuza Fi L’habb

Al’Afranji » que nous allons voir en détails ci-dessous.

A travers cette Urjuza, 177 on relève une description minutieuse de la syphilis qu’Aderraq la considère comme la plus difficile des maladies.

 Abou Al Abbas Ahmed Aderraq. 178

. Il est le père d’Abdelwahab Aderraq. Ce grand médecin de la famille Aderraq était très connu et très compétant doté de grandes connaissances des thérapeutiques. Il est décédé en 1704179.

Parallèlement à la médecine, certains membres de cette famille ont travaillé comme des pharmaciens, en vendant les médicaments et des plantes médicinales à Fès, où il avait des boutiques dédiées aux plantes dans le marché des « Attarin »180. On cite surtout :

 Larbi Aderraq El-Fassi qui était contemporain du Sultan Moulay Ismail181.

Il y avait une autre famille célèbre de médecins, à savoir la famille « Gharit ». Elle avait plusieurs médecins dont les plus célèbres étaient:

 Le Médecin Haj Abdelouahed Ben Mohamed Gharit Andalousi:

Il était un grand médecin de l’époque de Moulay Ismail dont il était très proche182

et qui le récompensait de ses travaux en 1690183.

173 Al-Qadiri M , …, Op cit, Tome II, p.1O3

174 Ben Zaydane A, Ithaf Aâlam Annass, Tome VI, 2008, p. 470.

175 Al Kanouni M,…, Op cit, p.192

176

Harakate I, Le Maroc à travers l’Histoire, Tome III ; 1985 ; Edition Dar Arrachad Alhaditha, p.482.

177 Akhmisse. M, Histoire de la médecine au Maroc …, Op cit, p.151

178 Al Kanouni M,…, Op cit, p.205.

179 Armani M, Le Maroc au temps des premiers alaouites, Rabat, 2013, p. 193.

180

Armani M,…, Op cit, p. 195.

 Son fils Abou Mohamed Abdessalam Ben Haj Abdelouahed Gharit: Il était lui aussi médecin du Sultan Moulay Ismail.184

 Abdelkader Ben Larbi Ben Chekroune Meknassi:

Ce fut le génie de son époque, et la sauge de son temps, comme le

décrivait Al Kanouni 185un médecin subtil, habile et sage, un bon connaisseur du vocabulaire médical et des produits pharmaceutiques. Il était non seulement médecin, mais aussi un homme de lettres, poète et juriste.

Il y avait parmi ses enseignants Abou Ishaq Ibrahim Ben Ali Morrakechi Meknèssi, et le célèbre Abou Alabbass Ahmed Ben Mohamed Aderraq. 186 Lorsqu’il est parti au pèlerinage à la Mecque, il a profité de son séjour spirituel pour prendre des cours en Egypte, d’où sa grande connaissance de la médecine et sa grande expérience.187

En Egypte, Sheikh Ahmed Zaid était aussi parmi ses enseignants, chez qui il a étudié le livre d’Ibn Al-Nafis résumant le Canon d’ Ibn Sina.

Parmi ses œuvres, on cite :

1- Sa poésie médicale188, Urjuza, datant de 1701 répond aux questions de son élève Mohamed Saleh Chekaoui. Elle est composée de 672 vers, bien connue sous le nom de

« Chekrounya » débutant par :

دشرمـلا ميــكلحا لله دـــمــلحا

يدتـهم لكل دشرلا مهلمـلا

puis encore189 :

لـمـلجا يذـهـب دــصــقلاـف دـعــبو

لمــعـتسـلما انـــــتوـــق جازـــم ركذ

ادنـــلا بـــكرمو بوبــلحا عبط

ىذأ هــــــلاـــمو عـــــفـــــن هـــــــلاــــــمو

برـغمـلا حلاصإ في توـق لكو

برـــعلا دنـــعو رـــضاولحا ىدــــل

لخا كلذـكو

يـتاـــقـمـلاو رــضــ

تاــــقولأا يـف نــهنـــم ىرـــــي اــمو

يـــــناتـسبــلاو يرـــبلا اـهــــلــقـبو

ناـمـــحــل نــم لوــــكألما بـلاـغو

182 Al Kanouni M,…, Op cit, p.209

183 Ben Zaydane A, Al-Manzaâ…, Op cit, p.119-120

184 Al Kanouni M,…, Op cit, p.209. 185 Al Kanouni M,…, Op cit, p.195. 186 Armani M,…, Op cit, p. 195. 187 Armani M,…, Op cit, p. 196. 188 Al Kanouni M,…, Op cit, p.196 189 Ibid.

موـــــــمـــعلا ىلـــع هـكاوــف نـمو

موـمذـم نــمو يــضرـي بــيـط نـم

وـت نـم مـحـللا صـخـي اـمو

لــــــبا

لــــكلأل هـــمــــعــط دـيــــجـي اـــمو

هاــــيــــم نـم رــــــــكذـــت اـمــبرو

يــهاس هـنـع سانأ ارــيثــك ارـمأ

ةـــــــــســيـــفــن ةـــيودأ هـــــعــبـــتـــت

ةســيـسخ تدـــب اضارـــمأ بهذــت

Il a y fourni le vocabulaire technique de la diététique et de la matière médicale de l'époque. Dans ce travail, il a indiqué l'utilisation et la nocivité de divers aliments en fonction de leur maîtrise190.

2- « An-Nafha Al Wardya Fi L’ochba Al Hindya »191,

«

ةيدنلها ةبشعلا في ةيدرولا ةحفنلا

» en 11 chapitres.

3- « Les bienfaits des nourritures des boissons et des drogues », «

ةمعطلأا عفانم

يرقاقعلاو ةبرشلأاو

»192.

4- Son ouvrage sur les bases de la langue arabe : «

فيرعتلاو طسبلا حرش

»193 .

 Abou Abbas Ahmed Ben Ibrahim Al-Attar Al-Andaloussi Al-Morrakkochi :

Il a grandi à Marrakech. Il avait une connaissance particulière de la médecine, il était un specialiste de la poésie d’Ibn Sina. Il est décédé en 1693194.

 Abou Al Abbas Ahmed Al Massihi ( Le chrétien) Al-Islami Meknessi : il était chrétien de confession et espagnol de nationalité. Son nom était « Loriano », puis il s’est converti à l’islam et il s’est donné le nom d’Ahmed. Il était un grand chirurgien195

au service du Sultan Moulay Ismail en tant que médecin personnel et interprète196.

 Abou Marwan Abdelmalek, fils du médecin commandant Ali de Marrakochi: il a poursuivi des études de médecine chez son père, jusqu’à ce qu’il atteigne un très haut niveau. Il avait une grande renommée qui a poussé le Sultan Moulay Ismail à l’intégrer comme médecin du palais. Malgré cela il a gardé son propre cabinet à Meknès .Il était à la fois médecin et pharmacien. Il a émigré en Tunisie où il s’est

190 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc…, Op cit, Tome XXVI, pp 263-270.

191Al Kanouni M,…, Op cit, p.197.

192 Armani M,…, Op cit, p. 197.

193 Ibid.

194 Al Hodaiqi M, Tbaqate Al Hodaiqi, Annoté par Ahmed Boumezgou , Casablanca, 2006, Tome I, p.118

195

Ben Zaydane A, Al-Manzaâ…, Op cit, p.279

ouvert un cabinet privé selon les dires de son élève Abdelkader Ben Chekroune Meknèssi. Il est décédé197 vers la deuxième moitié du XVIIIème siècle198.

 Ahmed Ben Saleh ben Brahim Ben Abdelmoumen Darii Kattaoui : Il était un grand médecin, écrivain et religieux. Il est décédé en 1734199. Ses principales œuvres médicinales sont :

- « Le cadeau accepté des traitements et des médicaments »,

«

ةيودلأاوتاجلاعلافيةيبطلاةلوبقلماةيدلها

», dont le début est :

ءاشي ام فيك ءلابلا دعب ءافشلا هديب نلم ادحم

- « Les perles couvertes sur le cadeau accepté »,

«

ةلوبقلماةيدلهاىلعةلومشلمارردلا

», c’est une explication de

De son œuvre précédant .

 Mohamed Ben Yahya Ben Al Hassan Ben Mohamed Achebbi As-Soussi Al Hamidi200 :

Il était un grand médecin de son époque. Un de ses disciples était Mohamed Ben Ahmed Al-Houdaiqi. Il est probablement décédé lors de l’épidémie de la peste en 1690.

Parmi ses œuvres :

Le livre intitulé « L’ensemble des intérêts médicaux » «

ةيبطلا دئاوفلا ةلجم

», qu’il a

débuté par le sens de la médecine, pour expliquer le vocabulaire des plantes, des animaux et des minéraux. Ensuite, il a traité des maladies, de leurs causes, des symptômes, des traitements, des épidémies, des mesures préventives et de leurs thérapeutiques.

 Abou Mohamed Abdelmadjid Ben Ali Al-fassi Al-Manali Z’badi: descendant de la dynastie Idrisside et fils de Beni Issa Ben Idriss, originaire de Manala a Souss. Il était non seulement un grand médecin, et un très bon connaisseur des maladies et des thérapeutiques, mais aussi poète, linguiste, prédicateur et un grand savant des sciences de la « Chariâa »( La loi religieuse) . Il est décédé de peste en 1749201 .

 Abou Abdellah Mohamed Ben Kacem ben Zakour Al-Fassi202

:

197

Ben Zaydane A, Al-Manzaâ…, Op cit, p.111.

198 Al Kanouni M,…, Op cit, p.200

199 Al Kanouni M,…, Op cit, pp.201-202

200 Al-Nasiri A,…, Op cit, Tome: 7, p.16

201

Al Kanouni M,…, Op cit, p.208

Il étaità la fois à la fois un linguiste, historien, et un médecin avec un grand intérêt pour l'Urjuza d’Ibn Sina. Son œuvre est nommée « La perle stocké dans l'annexe de l'Urjuza »,

"

ةزوجرلأا لييذت في ةزونكلما ةردلا

”. Il est décédé en 1708 et fut enterré à Fès.

 Fatima Al-Hajia Al-Fassia :

Elle était médecin, compétente, disposant d’une large connaissance des plantes, des accouchements, et des hémorroïdes. Elle est décédée vers 1737203.

Mokhtar Soussi rapporte que l’étude de la médecine était présente seulement dans les villes ou ses alentours. Il l’explique par le fait que dans les zones rurales, comme Souss, il y’avait un bon climat et un air de bonne qualité et que les corps sont bien portants, c’est pour cette raison que l’étude et la production des livres médicaux étaient rares.204 Il énumère également quelques médecins de l’époque tels que :

 Ahmed Ben Abdellah Ben Yaacoub Semlalli .

 Mohamed Ben Ali Al-Baaquili avec son livre célèbre : « La médecine

d’Al-Baaquili » (Tib Al-d’Al-Baaquili), «

يليقعبلا بط

».

2.2.2. Les médecins étrangers :

Les historiens nous rapportent la présence du Docteur Busnot à partir de 1671 à Taroudant205, et celle du docteur Castel à Fès à la même période. Ce dernier avait travaillé chez le Sultan Moulay Errachid et a même suivi le traitement de son secrétaire206.

Au début de la première ère Alaouite un médecin anglais aux cotés de l’ambassadeur Britannique Henri Howard 1669, a traité Moulay Errachid207.

John Windus décrivant le XVIIIème siècle marocain dans le récit de l'ambassade Charles Stewart, envoyé du roi de Grande-Bretagne, George Ier au Maroc entre 1720-1721, rapporte que plusieurs patients ont bénéficié des services du médecin accompagnant l’ambassadeur208

. Cependant d’autres patients ont refusé ses traitements.209

203 Al Kanouni M,…, Op cit, p.151

204 Sousssi M, Souss Alaâima, 2ème Edition, Casablanca 1984, p. 53

205Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc…, Op cit, p.135

206

El Mekkaoui A, Le Rôle de pénétration colonial et des services médicaux au Maroc, Ed Azzaman, 2009, p.26

207 Rogers.P. G, A history of Anglo-Moroccan relations to 1900, Traduit par Younan Labib Rezq, Ed Dar Attakafa, 1981, p.86

208 Windus J, A journey to Mequinez, the residence of the present emperor of Fez and Morocco, on the occasion

of Commodore Stewart's embassy thither from the redemption of the British captives in the year 1721, p. 5 209 Daoud M, Histoire de Tétouan, Tome 4, 1959,p.561

Plusieurs années après, un chirurgien anglais, nomé Knight210 , est arrivé au Maroc et a travaillé à l’hôpital de Meknès, puis il est parti travailler à Fès et à Tanger.

Il faut noter qu’à cette époque, si un des médecins étrangers était pris en otage et du fait du besoin de l’État marocain de son expérience, il aurait été très difficile de le libérer, comme c’était le cas du médecin Castel211

qui est resté au Maroc de 1671 jusqu’à sa fuite en 1676. Dans le même cadre, l’otage Thomas Pellow, rapporte l’existence d’un médecin allemand s’occupant des otages chrétiens pendant l’époque de Moulay Ismail212

.