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CHAPITRE 3: LA MEDECINE AU MAROC

IV- LES RÉFORMES

3. Les infrastructures

l’Italie511, l’Espagne512

, la France513 et Gibraltar514. On ne trouve pas dans les documents le nom de médecins destinés à l’Europe, sauf le fait que le Sultan Moulay Hassan Ier en a adressé quelques-uns pour étudier la médecine515 (ils appartenaient à l’école de médecine de Tanger comme nous l’avons précédemment dit).

3. Les infrastructures:

3.1. L’assistance publique :

Le médecin français Lucien Raynaud rapporte que vers la fin du XIXème début du XXème siècle, l’assistance publique n’existait pas encore au Maroc et que l’Etat se désintéressait au sujet des progrès réalisés par la médecine européenne. Le Maroc ne possédait pour secourir les malades d’aucun établissement comparable aux établissements européens516, et sans aucun rapport avec le passé glorieux des mâristâns marocains, ni avec le système des habous et que la décadence des hôpitaux était corrélée à la décadence de l’Etat en général517

.

En réalité, les hôpitaux au Maroc ne se sont pas développés comme c’était le cas en Europe à la même époque, au contraire ils se sont détériorés. A la fin du XIXème siècle,

508 Ben Zaydane A, Addorar …, Op cit, p.95.

509 Alami A, Diaâ Nibrass Fi Hal Mofradate Antaki Bi Loghate Ahl Fes, Lib Dar Attourate, 1986, p.59.

510 Benabdellah A, Développement…, Op cit, p. 173.

511

Ibid.

512 Ibid.

513 Benabdellah A, Développement …, Op cit, p. 174.

514 Ibid.

515

Benabdellah A, Développement …, Op cit, p. 175.

516 Raynaud L,…, Op cit, p.53.

517 Khamlichi A, La ville de Rabat au XIXèmesiècle, Faculté des lettres et des sciences humaine, Un Mohammed

certains établissements religieux, comme les zaouïas et les tombes, se sont transformés en refuges pour malades, pour aliénés et indigents, mais il n’y avait aucune prise en charge médicale ou une présence de médecins ou d’infirmiers. C’était toujours les biens habous qui subvenaient à leurs besoins. 518.

Les infrastructures de cette troisième période étaient de deux types, soit des anciens mâristâns qui étaient transformés en asiles ou centres sociaux pour les handicapées et les mendiants, soit des hôpitaux modernes installés par les forces coloniales dans le cadre de l’infiltration sanitaire du Maroc. Cette situation subsistera même après la signature du traité du Protectorat en mars 1912 dans le cadre de la pacification519. On présente ici les principaux hôpitaux marocains présents à la fin du XIXème siècle.

3.1.1. L’hôpital Sidi Fredj :

Après des années de renom, le mâristân de sidi Fredj s’est transformé en un asile ou plutôt une prison d'aliénés musulmans. Ces derniers étaient chargés de lourds carcans de féret et enchaînés à la muraille de loges étroite520.

Les deux psychiatres français, Salomon Lwoff et Paul Sérieux au début du XXème siècle, ont fait une description des patients dans ce mâristân. En effet, ils rapportent que les malades qui y étaient hospitalisés portaient jour et nuit, au cou, un lourd collier en fer. Il était formé de deux bandes semi circulaires retenues par une sorte de charnière grossière. Les bouts libres recourbés à angle droit étaient percés de trous qui permettaient les réunir par un anneau au maillon terminal d'une lourde chaîne fixée par l'autre bout au mur. Elle était assez longue pour permettre au malade d'atteindre la porte de son cabanon521.

Ces traitements étaient favorisés par l’ignorance, l’inertie, à la tendance et à la paresse. Ce type de contention constituait un moyen qui remplaçait à la fois les murs, la porte et la camisole522.

Des patients du mâristân attendaient que la « Baraka » leur rende la raison et la liberté, ou que la mort libératrice leur donne au paradis la place réservée aux êtres quasi sacrés523.

518 Raynaud L,…, Op cit, p.55.

519 Moussaoui.D, Battas.O, Chakib.A, Histoire de la médecine au Maroc pendant le Protectorat, Histoire des sciences médicales, Tome XXVI - № 4 – 1992, pp. 291-299.

520 De Mazel, Visite au mâristân de Sidi Fredj à Fez, Exposition coloniale de Marseille, 1922.

521 Lwoff.S et Sérieux.P, Sur quelques moyens de contrainte appliqués aux aliénés au Maroc. Revue de psychiatrie et de psychologie expérimentale, 7e série, 15e Année Tome XV, Mai 1911, N° 5, pp.185-189.

522

De Mazel,…, Op cit.

Des religieux jouaient les rôles de surveillant et d’administrateur au sein de l’établissement composé de cellules qui s'ouvraient sur le couloir étroit, où se dispersaient une série lamentable de misérables enchaînées par des chaînes qui montaient jusqu'au toit524.

3.1.2. Le mâristân de Sidi Ben Achir :

Comme nous l’avons vu précédemment était Moulay Abdellah Ben Moulay Ismail (1728- 1757) qui aurait ordonné à son gouverneur à Salé de construire, en 1733, une immense salle sur la tombe de Sidi Ben Achir. Moulay Abderrahmane (1822-1859) a bâti autour du sanctuaire une trentaine de chambres pour servir d'asile aux aliénés525.

Les sources historiques ne font état d’aucun médecin au mâristân Sidi Ben Achir, ce qui correspond à la médecine magico-sorcellerie qui régnait au Maroc à l’époque.

3.1.3. L’hôpital de Marrakech :

Cet hôpital a été fondé par le Sultan Abdellah Al-Ghaleb Assaâdi526 (décédé en 1573). Il a été financé par les habous. L’état de l’hôpital s’est détérioré vers la fin du XIXème

siècle et le début du XXème siècle et est devenu un refuge pour les malades mentaux. Un de ses pavillons a été transformé en prison pour femmes.527

3.1.4. Le mâristân de Sidi L’gahzi :

Après la famine de 1868, le mâristân de sidi L’ghazi s’est transformé en un centre social, prenant en charge les pauvres et les mendiants, dans le but préserver leur vie528. Le financement de ce mâristân provenait du habous.

Le responsable du mâristân a travaillait pendant des années dans le cadre du bénévolat, comme le montrait une de ses lettres adressées au Hajib Ba H’mad en 1895.529

3.1.5. Les structures pour lépreux :

Les lépreux étaient isolés dans des quartiers spéciaux comme c’était le cas à Marrakech près de Bab Doukkala. Le quartier était appelé « Hara »530. Les lépreux portaient des uniformes spéciaux afin d’être distingué. Ils portaient également des voiles recouverts de chapeaux, à tel point on ne pouvait plus distinguer les hommes des femmes. Les patients n’avaient aucune prise en charge médicale. Ils ne vivaient que de donations des passants ou de

524 Ibid.

525

Doukkali M,…., Op cit, p.75

526 Al Kanouni M,…, Op cit, p. 176.

527 Erckmann J, Le Maroc moderne, Paris, 1885, p.143.

528 Khamlichi A,…, Op cit, pp.127-128.

529

Khamlichi A,…, Op cit, pp.128-129.

leur famille et des revenus des habous. Raynaud rapporte que, vers 1899, il y avait près de Mazagan un village de 200 lépreux, désigné sous le nom de « Douar El Medjdâma »531.

3.1.6. Hôpital Benchimol de Tanger :

La création de cet hôpital, situé dans l'une des meilleures maisons de Marshan, s’est faite en plusieurs étapes. D’abord, l’hôpital a ouvert ses portes en 1889 et 1891, mais il a dû s’arrêter à cause des problèmes financiers. Le dernier hôpital Benchimol de Tanger a été créé en 1903532 par Haïm Benchimol, qui était protégé français et interprète de la légation de France.

L'hôpital avait pour mission principale de fournir une assistance médicale533 pour les Juifs qui n’avaient pas de ressources mais aussi pour les musulmans pauvres.

Lors de l'épidémie du choléra de Tanger en 1895, cet hôpital a participé à la prise en charge des patients. L’hôpital s’est équipé de matériel médical moderne et d’un personnel médical et paramédical compétent.

L’une des personnes éminentes de cet hôpital était le médecin Spivakoff, qui était originaire de Russie, et qui avait émigré en France où il avait obtenu son diplôme de l'université de Paris pour devenir ensuite le premier directeur de l'hôpital Benchimol en 1891 occupant le poste jusqu'au 1915.

3.1.7. Le Lazaret d’Essaouira :

La question d’un lazaret, où pourraient être isolés les bateaux et les

passagers suspects, était toujours d’actualité depuis la fin du XVIIIème siècle534. En 1865, un navire, le « Christina » s’est présenté à Tanger avec 412 pèlerins dont un certain nombre fut atteint du choléra. Le « Christina » n’a pas obtenu l’accord pour débarquer ses passagers, mais les pèlerins empêchèrent le capitaine de lever l’ancre, et menacèrent de descendre à terre ; le capitaine est parti à Mogador, où il a opéré sa quarantaine le 30 juin535. Le 1er septembre de la même année, un autre bateau, qui avait perdu 520 personnes entre Alexandrie et Mahon, arriva à Tanger, fut lui aussi repoussé et envoyée à Mogador536. C’était à ce moment-là que le conseil a obtenu du Sultan un dahir désignant l’île de Mogador comme lieu d’isolement pour les pèlerins. Par la suite, en 1893, deux médecins marocains formés à l’école

531 Ibid.

532

Kenbib M, Juifs et musulmans au Maroc, 1859-1948 . Trad Driss Bensaid, Université Mohammed V, Rabat, 1998 , 1994, p.86. 533 Ibid. 534 Raynaud L,…, Op cit, p.63. 535 Raynaud L,…, Op cit, p.64. 536 Ibid.

de médecine de Tanger ont rejoint le médecin Severo Cenarro au lazaret de l’île de Mogador, pour surveiller l'organisation d'une quarantaine pour les pèlerins marocains de retour de La Mecque suspectés d’avoir a été atteints du choléra537

.

Le Conseil sanitaire de Tanger, opérationnel depuis 1840 et similaire à ceux d'Istanbul, Alexandrie ou à Tunis538, a préconisé que les pèlerins soient envoyés à deux médecins civils espagnols, à savoir Gustavo Prieto et Sotero García de Mayoral539.

Mais après l’épidémie du choléra, le Conseil a décidé d'envoyer le médecin Cenarro, afin d'éviter la propagation de l'épidémie dans tout le pays, comme l’était arrivé en 1878.540

3.1.8. Les hôpitaux psychiatriques (D’après Salmon Lwoff et Paul Sérieux):

La prise en charge moderne des maladies psychiatriques était inexistante au Maroc à la fin du XIXème siècle et au début XXème siècle, à cause de l'état de décadence profond dans laquel se trouvait le Maroc depuis longtemps541. Comme nous l’avons précédemment vu, d’après les visites qu’avaient faite les psychiatres français, Salomon Lwoff et Paul Sérieux, au début du XXème siècle, dans le cadre de leur mission exploratrice du Maroc, ils rapportaient qu’à cette époque, les aliénés qui paraissaient inoffensifs erraient en liberté, mendiaient dans les marchés et dormaient en plein air542. Ils étaient nus, incuriques, délirants et pouvaient soit susciter le respect dans le cadre des délires mystiques soit entraîner l’agressivité des populations543.

Les deux psychiatres ont fait une description des conditions

catastrophiques dans le un des plus célèbres mâristân au Maroc, le mâristân de sidi Fredj :

« Les malades qui y sont hospitalisés portent jour et nuit, au cou, un lourd collier en fer …

Il est formé de deux bandes semi circulaires par une sorte de charnière grossière. Les bouts libres recourbés … sont percés de trous qui permettent les réunir par un anneau au maillon terminal d'une lourde chaîne fixée par l'autre bout au mur… assez longue pour permettre au malade d'atteindre la porte ... Pénétrant dans ce moristan, on voit apparaître

537 Martínez-Antonio F.J, The Tangiers…, Op cit.

538 Stoeva P, Globalization and Gouvernance, In Globalization and Health, Edited by Johanna Hanefeld, 2015, p.55

539 Martinez-Antonio F.J, The Tangiers…, Op cit.

540 Ibid.

541 Lwoff.S, Sérieux.P, …, Op cit, pp.185-189.

542

Ibid.

une quinzaine de malades l'entrée de leurs cellules avec des colliers en fer au cou, tirant avec force et bruit sur les chaînes … »544

.

La quasi-totalité des villes possédait leurs asiles où se réfugiaient les infirmes et les mendiants, et ces asiles étaient financés par les habous545. Quelques années auparavant, lors de sa visite à un mâristân à Tanger, Raynaud le décrit comme « C’est une maison

comprenant un rez-de-chaussée et un premier étage, on y accède par un couloir obscur conduisant dans une cour de 3 mètres de long sur 1m50 de large, ou donnent toutes les chambres. Ces pièces sont en réalité des cachots fermés avec des cadenas et aérés seulement par une petite lucarne ménagée au-dessus de la porte ; on y enferme les fous, les malades, les indigènes ; vingt individus en moyenne sont entassé dans cet espace restreint ; on se demande comment ils peuvent y vivre. La malpropreté la plus grande règne dans la cour et les cellules ; l’odeur des loques sales, des aliments corrompus jetés dans tous les coins, des cabinets jamais nettoyés ou lavés vous poursuit longtemps encore après qu’on est parti »546. Il ajoute que « Les pensionnaires ne sont là que la nuit ; le jour, ils se placent dans la rue, devant la porte de l’asile, tendant la main au passants, ou bien vont en ville demander l’aumône »547

. Il n y avait aucune prise en charge des patients : « Le gardien est chargé de donner la nourriture aux malades et de veiller sur l’immeuble, mais il ne semble pas se préoccuper beaucoup de sa propreté »548. On retrouve la même description concernant

Mogador : « À Mogador, dans le quartier de Beni-Antar, il y’a aussi un Moristan, composé

de dix-huit chambres donnant sur une cours, une soixante de malades ou d’infirmes y sont logés, parmi lesquels beaucoup de femmes et d’enfants presque tous aveugles par suite de kératite, staphylome, etc. la mendicité est l’unique ressource de ces gens, qui sont logés seulement »549, ou à Marrakech « À Marrakech, en outre des asiles des mosquées, existe un

moristan, ou hospice pour les fous, qui sert en même temps de prison pour femmes ».

3.2. Le service de santé militaire:

A la fin du XIXème siècle, l’armée marocaine n’avait pas de service de santé. Quand le Sultan se déplaçait, accompagné d’un médecin de la mission française. Les malades ou blessés recevaient quelques soins. Au temps du Sultan Moulay Hassan Ier, Erckman rapporte à propos de la prise en charge des troupes marocaines: « Il n'y a ni médecins ni

544

Ibid.

545 Raynaud Lucien,…, Op cit, p.54.

546 Ibid.

547 Ibid.

548

Ibid.

interprètes sérieux à la cour du Sultan. La médecine est exercée par de vieilles régresses, par des barbiers qui savent faire une saignée et remettre les jambes cassées, ou enfin par des tolba qui ont passé quelques mois à peine en Europe et en ont rapporté des remèdes qu'ils appliquent à tort et à travers, sans connaitre exactement les doses »550

. Il écrit encore

que « La situation d'un soldat qui tombe malade dans le camp est la plus pénible le qu'on

puisse imaginer : plus souvent le pays n'est pas assez sur pour qu'on puisse le laisser dans une localité où il trouve des secours. Il est donc obligé de suivre le mouvement général; n'ayant aucun soin à espérer puis- qu'il n'existe pas de médecin ni d'ambulance .dans l'armée. Au moment du départ, on le hisse sur une mule ou sur un chameau; à l'arrivée, on le dépose dans une tente; tous les jours le supplice recommence jusqu'à ce que la maladie se termine d'une manière quelconque. Quand un grand personnage est malade en route, la situation n'est guère plus agréable que celle d'un simple soldat »551.

C’était pour cela que le Sultan Moulay Hassan Ier

, dans le cadre de ses réformes administratives, a fondé une équipe de soins de secours dans l’armée, laquelle équipe était dirigée par deux médecins français, Dr Jaffary et Dr Linarès552.

Selon l’historien Abdelhak Lamrini, en 1889, une expédition médicale espagnole est venue au Maroc, mais n’avait pas obtenu de réels résultats à part certains soins fournis par son directeur553.

Vers la fin du XIXème siècle, il n’existait aucune hygiène dans les camps militaires, et cette absence d’hygiène était un terrain favorable aux épidémies554

. En effet Erckman rapporte que : « Les épidémies sont assez communes, par suite de la malpropreté des

camps, où il n'y a pas de feuillées, et où les animaux morts ne sont pas enlevés. En pareil cas les musulmans s'émeuvent peu; ils disent que la maladie vient de Dieu et que nul ne peut y échapper »555, et rajoute qu’ « En juin 1879, au camp de Mequinez, les hommes tombaient comme des mouches ; on les enterrait sous une mince couche de terre à côté des tentes. Dans le camp de l'infanterie, moins surveillé que celui du Sultan, les émanations les plus atroces pénétraient partout »556.

550 Erckmann J,…, Op cit, p.97.

551

Erckmann J,…, Op cit, p.296.

552 Lamrini A, L’armée marocaine à travers l’Histoire, 5ème édition, Dar Annachr Almaarifa, 1977, p.151.

553 Ibid

554 Raynaud L,…, Op cit, p.56.

555

Erckmann J,…, Op cit, Paris, 1885, p.297.

3.3. L’assistance étrangère :

Dans le cadre de la pénétration pacifique, les pays européens ont inauguré, dans tout le Maroc, mais surtout dans la ville de Tanger, plusieurs hôpitaux. On a eu recours aux médecins étrangers soit pour travailler dans ces hôpitaux comme le Memorial Hospital Tulloch, l'Hôpital français de Tanger, ou l'hôpital espagnol à Tanger, soit pour s’installer indépendamment surtout après l'Acte d'Algésiras (signé le 7 avril 1906) et la création des premiers dispensaires557. Les principales structures françaises au Maroc se situaient essentiellement le long de la côte atlantique : celle du Dr Brau à Larache, du Dr Mauran à Rabat, du Dr Guichard à Mazagan, du Dr Marie à Safi, du Dr Murât à Fès, du Dr Bouveret à Mogador et du Dr Mauchamp à Marrakech. Ce dernier a été assassiné en mars 1907558.

Après les émeutes de Casablanca en juillet 1907, le Dr Epaulard a mis en place la première infirmerie à Settat, tandis que le Dr Cristiani fondait l'infirmerie de Ben Ahmed. Ces deux installations marquent la naissance de la santé publique coloniale au Maroc moderne559. Les principales structures sont :

3.3.1. La mission protestante anglaise ou Memorial Hospital Tulloch (1887):

Elle a été fondée à la mémoire de Madame Tulloch, une des premières missionnaires, décédée du choléra en décembre 1886. L’hôpital a démarré en 1888 et fut dirigé par le médecin Churcher560.

Le « Memorial Hospital Tulloch de Tanger » était situé dans un endroit stratégique, sur la colline herbeuse de Marsham. Il se dressait sur le bord de la falaise qui descendait en pente raide vers le bleu de la Méditerranée561.

Les principaux motifs de consultation à l'hôpital étaient les bronchites et les problèmes dermatologiques. Parfois, il y avait des cas de typhoïde. Il y avait aussi les accidents d’armes à feu qui étaient traités chirurgicalement.

L'Hôpital était un bâtiment long et bas, à l'origine c’était des écuries qui ont été transformées en hôpital, avec un jardin plein de fleurs et d'arbres d'eucalyptus562.

D’après le Dr Terry qui était un médecin qui faisait la consultation dans cet hôpital vers 1894, la principale difficulté qui se posait avec les patients était leur ignorance des règles

557 Moussaoui.D, Battas.O, Chakib.A, Histoire de la médecine …, Op cit, pp. 291-299

558

Ibid.

559 Ibid.

560 Miège J.Ls, Les missions protestantes au Maroc 1875-1905, Hespéris, Tome XLII, 1er et 2ème trimestre, 1955, p.173.

561

Memorial Hospital Tulloch, The nursing record and hospital world, volume12, 6th january, 1894, p.17.

sanitaires et leur méfiance presque invincible de la mission chrétienne. La consultation se faisait pour 25 à 30 patients externes par jour, quatre jours par semaine.

Pour les hospitalisations, il y avait une salle réservée aux hommes contenant 12 lits. Contrairement à un service hospitalier anglais, les textes sur les murs étaient en arabe563. Le service d’hospitalisation pour femmes était plus étroit car, il n’abritait que quatre lits.

Les femmes étaient dans l'ensemble plus difficiles à traiter que les hommes, plus soupçonneuses et moins dociles. Il y avait une autre petite pièce contenant deux lits, qui était réservée pour aux graves et aux opérations, soit un total de 24 lits564. Le repas principal de la journée se composait principalement de couscous. Cet hôpital avait plusieurs annexes, à Tétouan, à Fès et à Casablanca565.

3.3.2. L'hôpital espagnol à Tanger :

Les activités du ministère des Affaires étrangères espagnole au Maroc ont conduit à la création d'un nouvel hôpital espagnol à Tanger en novembre 1888, après un 1er hôpital crée en 1881. Cet hôpital était sous la direction des missionnaires franciscains, mais doté de quelques médecins militaires566.

Mohammed Dukkali dont le fils faisait partie de la première promotion des étudiants à l’école de médecine de Tanger, était un grand fonctionnaire du makhzen, un protégé italien