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L’HÉRITAGE : ETAT DES LIEUX, LA MEDÉCINE A L’EPOQUE DES

CHAPITRE 3: LA MEDECINE AU MAROC

I- L’HÉRITAGE : ETAT DES LIEUX, LA MEDÉCINE A L’EPOQUE DES

La dynastie des Saâdiens a gouverné le Maroc la 1ère moitié du XVIème, faisant suite à la dynastie des Wattassides, pendant une période de déclin total caractérisée par les troubles internes entre les différents partisans et surtout par l’Occupation Portugaise des principaux ports marocains.

Les Saâdiens ont réussi à unifier tout le Maroc, surtout après la bataille d’Oued El-Makhzen. Pendant le règne du Sultan Ahmed Al-Mansour Dahbi, il y a eu une grande ouverture sur le monde135, à travers des relations diplomatiques le liant aux grandes puissances européennes de l’époque, en plus des relations avec l’Afrique noire.

Les Saâdiens avaient une certaine politique sanitaire dont témoignent les différentes infrastructures présentes à l’époque.

1. Les infrastructures sanitaires de l’ère des

Saâdiens:

Les principales structures étaient, en l’occurrence :

1.1. L’hôpital de Marrakech :

Il a été fondé par le Sultan Abdellah Al-Ghâlib (décédé en 1573). Son financement se faisait entièrement par les Habous qui subvenaient à tous ses besoins, y compris les patients, les pharmaciens et les médecins.136 Al Kanouni rapporte qu‘il a été transformé en asile pour malades mentaux137 vers le début du XXème siècle et en prison pour femmes.138

1.2. La quarantaine :

L’apparition de la peste à cette époque a contraint le Sultan Ahmed Al-Mansour Dahbi de Fès à adresser une lettre à son fils Abou Farès à Marrakech139, en lui demandant d’instaurer la quarantaine pour arrêter la propagation de la maladie et d’user des thérapeutiques connue de l’époque.

135 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc…, Op cit, Tome XXVI, No 4, 1992, p.266

136 Al Kanouni M,…, Op cit, p.168.

137 Al Kanouni M,…, Op cit, p.111.

138

Erckmann J, Le Maroc moderne, Ed Dar Al Aman, 2012, p. 143.

2. Les médecins marocains de l’époque des

Saâdiens:

Les médecins célèbres de l’époque des Saadiens étaient :

 Abou Abdellah Mohammed Ben Ibrahim Al Wazir Al-Ghassani : d’origine andalouse, né à Fès, grand médecin et grand connaisseur des plantes.140 Il était médecin du Sultan Ahmed Al-Mansour Dahbi.

 Abou Al-Kacem Ben Mohammed Al Wazir Al-Ghassani, médecin propre du Sultan Ahmed Al-Mansour Dahbi. Il nous a laissé plusieurs œuvres :

- « Le jardin des fleurs pour l'essence des herbes et des drogues végétales» ,

«

راقعلاو بشعلا ةيهامفي راهزلأا ةقيدح

». L'intérêt141 de ce livre réside dans le

fait qu’il fournit des descriptions claires avec une classification selon trois critères :

 Le genre  L'espèce  et la catégorie.

- « Charh Ala Nadm Ibn Azroune », «

نورزعنبامظنىلعحرش

».

 Abderrahmane Ben Massoûd Ben Houçine Zemmouri

 Son fils Abdelghani Ben Massoûd : originaire des doukkala, il a étudié la médecine chez son père et chez Abou Al-Kacem Ben Mohammed Al Wazir Al-Ghassani.

Ce médecin a conçu un compendium médical sous le titre « La loi utile » (Al Qanun

Al-Moufid), «

ديفلما نوناقلا

». Le compendium, divisé en 15 chapitres, traite des calculs

rénaux selon les méthodes des anciens médecins grecs et persans142.

 Abou Zaid Abderrahmane Ben Abdelkader Al-Fassi : son chef-d’œuvre est en particulier « Al-Ouqnoum Fi Mabadii Al-Ouloum », «

مولعلا ئدابم في مونقلأا

». (voir

photo 2)

140 Al Kanouni M,…, Op cit, p.51

141

Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc …., Op cit, Tome XXVI, p.266

Photo 2 : manuscrit Al-Ouqnoum Fi Mabadii 143

3. Les médecins étrangers au Maroc pendant l’ère

Saâdienne:

Sous la dynastie des Saâdiens, le Maroc a pu accueillir l’héritage de l’Espagne musulmane144, et s’ouvrir à des influences venues de l’extérieur. Plusieurs médecins européens, les français en particulier ont fait des visites exploratrices au Maroc. On pourrait évoquer en l’occurrence:

Guillaume Bebard : à qui on avait fait appel afin de soigner le Sultan

Abdelmalek Saadi lorsqu’il était atteint de la peste. Il est devenu médecin personnel du Sultan et consul de France à Fès en 1578145.

Arnoult De Lisle : il était un médecin français qui a pris la place de Guillaume

Bebard dans son poste de médecin du Sultan Ahmed Al-Mansour Dahbi de 1588 jusqu'à 1599.

Etienne Hubert146 : après avoir poursuivi des études en médecine à la faculté de

Paris, il a effectué son voyage au Maroc en 1598 où il avait passé une année à Marrakech pratiquant la médecine. Durant son séjour marocain, il a appris la langue arabe qu’il enseignait à l’université de Paris dès son retour en France147

.

Jean Mocquet148 : il fit des études de botanique et de pharmacie. Il a voyagé à plusieurs reprises au Maroc entre 1601 et 1607 afin d’étudier la flore marocaine149

.Il a été appelé pendant son voyage en 1606 à Safi afin de soigner un proche du Sultan Abou Farés : « …jeter par bas comme de petits serpenteaux. . . . Tels qu'on ne

pourrait presque s'imaginer que si vilaine et horrible chose peut être dans le corps d'un homme…» 150. Ce traitement lui a accordé une bonne réputation et on lui a même proposé d'accompagner le Sultan à Marrakech. A cause de la situation politique instable de l’époque, il rentre à Safi pour recueillir des plantes et de belles fleurs et les rapporter au Roi Louis XIII à son retour en France à l’époque de la chute du Sultan Abou Farés151.

Ce qui caractérisait cette époque était en somme :

144

Institut des hautes études marocaines, Initiation au Maroc, Les éditions d’art et d’Histoire, Paris, 3ème édition, 1946, p.110

145De La Croix H, Les sources inédites de l'Histoire du Maroc, Première série, Dynastie Saadienne. Tome III, Archives et bibliothèques de France, paris 1911, p. VII-VIII

146

Ibid.

147 De La Croix H…, Op cit, p. XXIII

148 De La Croix H…, Op cit, p. XXX

149 Akhmisse M, Histoire de la médecine au Maroc…, Op cit, Tome XXVI, p. 266

150

De La Croix H…, Op cit, p. XXIX

- La décadence de la médecine dite expérimentale par rapport à la dynastie Mérinide152 et la politique sanitaire de l’État concernant en particulier, la construction des hôpitaux.

- Le développement des pharmacies, comme en témoigne Léon l'Africain qui a vu

« fleurir un grand nombre de boutiques de droguistes où l’on préparait des sirops, des cérats et des électuaires ».153