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Les investissements directs étrangers (IDE)

Section 2 : Le financement externe

2.1. Les investissements directs étrangers (IDE)

Les raisons de cet attrait (Cf. Tableau n°11) trouvent donc leur origine dans la vente d’entreprises nationalisées (UNCTAD, 2007, p. 132). Le contexte économique et financier est assez attractif pour les IDE, car le risque lié aux placements est assez réduit, et le potentiel marché est assez bon avec l’existence d’une main d’œuvre qualifiée par exemple. L’établissement d’une corrélation entre les flux d’IDE et les progrès du processus de privatisation fonde une grande partie de l’accélération des investissements (Andreff, 1996, p. 25). La forme prise par la méthode de privatisation adoptée influe sur l’attrait exercé de ces investissements.

Comme le note Wladimir Andreff (1996), la corrélation ne peut être identifiée que dans le cas de ventes d’actifs. La difficulté de différencier les motifs des investisseurs en Europe Centrale a amené une réflexion sur les liens pouvant exister entre les programmes de privatisations, le coût de la main-d’œuvre, et le commerce extérieur. La diminution des flux en direction des entreprises privatisées est en grande partie compensée par la recherche d’une présence sur le marché national et régional des investisseurs étrangers du fait des relations commerciales privilégiées avec l’UE dès 1997 (Landsburry et Pain, 1997). Cependant, les forts flux d’IDE sont aussi motivés par d’autres déterminants. Même après les plus grandes vagues de privatisations des entreprises publiques de ces trois pays, les flux d’IDE ont continué à affluer. La reprise de la croissance économique et la progression de ces IDE sont selon le rapport des Nations Unis corrélées positivement (Nations Unies, 1996, pp. 65-66)25 : “A significant

share of the FDI received by CEE economies -- 18 per cent in 1994 -- is from the privatization of public enterprises. However, this share has declined considerably compared with 1989-1993 when, for the main recipient countries (excluding Russia), privatization-related inflows accounted for most FDI. These investments are “lumpy” and their timing reflects privatizations in host countries. As such, privatization-related FDI flows cannot be said to lead or lag domestic economic growth. It appears,

25 Traduction par nos soins : "Une part significative des IDE reçue par les PECO - 18 pour cent en 1994

– est issue de la privatisation d'entreprises nationales. Cependant, cette part a baissé considérablement comparé à la période de 1989 à 1993 quand, pour les pays de destinataire principaux (excluant la Russie), des afflux concernant la privatisation ont représenté la plupart des FDI. Ces investissements sont" grumeleux "et leur rythme reflète celui des privatisations dans des pays hôtes. Comme tel, on ne peut pas dire que des flux de FDI concernant la privatisation mènent ou retardent la croissance économique intérieure. Il apparaît, cependant, que les tendances des flux d’IDE, particulièrement ceux de non-privatisation, coïncident avec la croissance de production domestique, particulièrement dans les

however, that trends in FDI inflows, in particular, non-privatization related FDI inflows, coincide with the growth of domestic output, particularly in the Visegràd countries and the Baltic States (...)”.

TABLEAU 12:LES IDE EN MILLIONS DE DOLLARS US(FLUX NETS ENREGISTRES DANS LA BALANCE DES PAIEMENTS) ET PER CAPITA

1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 République Tchèque 1 280 1 259 3 575 6 220 4 942 5 474 8 282 1 814 3 941 11 630 Hongrie 3 335 3 715 3 070 3 060 2 151 3 573 2 722 479 3 405 5 586 Pologne 4 445 4 863 6 049 7 239 9 327 5 804 3 901 4 284 11 761 6 951 TOTAL26 14 548 18 811 23 466 25 424 26 052 29 223 31 379 26 158 50 049 66 372 2006 2007 2008 Flux cumulés 1989-2008 Flux cumulés 1989-2008 Per capita IDE 2007 % DU PIB IDE 2008 % DU PIB République Tchèque 4 043 8 955 8 972 75 226 7 287 5,1 4,2 Hongrie 3 640 2 197 4 685 53 242 5 285 1,6 3,0 Pologne 10 727 17 987 11 747 111 529 2 927 4,2 2,2 TOTAL 87 875 107 461 108 394 625 688 2 363 6,5 5,8

Sources : IMF, BERD, 2010, Extractions Bases de données.

L’existence d’un taux de croissance supérieur à la moyenne européenne a motivé de nombreuses implantations d’IDE dans cette zone. Au cours des années 1990, la Pologne a pleinement profité du mouvement d’internationalisation des entreprises et a attiré un flux considérable d’investissements directs étrangers. Elle totalise 111 529 millions de dollars US, soit un peu moins d’un sixième des flux d’IDE pour la zone d’Europe centrale, orientale et est-asiatique. L’explication réside en partie dans les privatisations pour la décennie 90, avec un ralentissement ensuite dans les années 2000. En 2006 et 2007, on observe un nouveau record des flux d’investissement directs étrangers en Pologne ne s’expliquant que très partiellement par les revenus de privatisations. Ceci est d’autant plus vrai pour l’année 2008, où les recettes de privatisations ne sont pas à la hauteur des attentes. Certaines mises sur le marché ont été

26 Le total, ici, est celui de tous les pays en transition : Pays d’Europe centrale et baltiques, ainsi que ceux

du Sud et les pays caucasiens, d’Asie centrale et la Russie : Croatie, République Tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Albanie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Macédoine, Monténégro, Roumanie, Serbie, Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie, Moldavie, Ukraine, Russie.

reportées en 2008. La prévision des recettes des privatisations restent incertaines. Et la crise a remis en cause de nombreux projets. Cependant des secteurs tels que l’assurance attirent les investisseurs. Le groupe d’Assurance PZU a attiré un nombre record d’investisseurs (250 000 investisseurs individuels) pour participer à l’achat des actions. Le Trésor va ainsi environ 510 millions d’euros (2 milliards de zlotys). Le Trésor polonais qui contrôle PZU, et l'assureur néerlandais Eureko qui en est le propriétaire minoritaire, vendent ensemble 30% de la compagnie. Cette vente s'inscrit dans le large programme des privatisations du gouvernement polonais, désireux d'encaisser à ce titre 7,5Mds d'euros cette année 2010 pour réduire son déficit budgétaire. L’autre secteur qui attire les investisseurs et plus particulièrement les français est celui de l’énergie :

Pulawy dans la chimie, le holding Energa et les sociétés d’électricité Tauron

(production) et Enea (commercialisation). Début 2010, 220 projets de privatisations ont été menés à terme, rapportant plus de 3,8 milliards de dollars en 2008 et 2009. Et 9,3 milliards de revenus supplémentaires sont prévus cette année.

Traditionnellement, les secteurs les plus dynamiques sont ceux du secteur secondaire. La Pologne reste une des destinations privilégiée des IDE parmi les PECO. De manière générale, les nouveaux investissements consacrent une montée en gamme de la Pologne dans la chaîne de valeur des activités industrielles mais également de services. L'attractivité du territoire polonais pour les investisseurs étrangers s'explique, d'une part, par l’émergence d’une grande région économique structurée autour de l’axe Wroclaw – Katowice - Cracovie de plus en plus intégrée industriellement, grâce à de bonnes communications routières, aux régions limitrophes d’Allemagne, de République tchèque et de Slovaquie, d’autre part par des coûts salariaux toujours très compétitifs en dépit d’une tendance récente à la hausse (du fait de la pénurie croissante de la main d’œuvre dans certains secteurs).

Les investissements nécessaires pour répondre aux besoins en infrastructures sont énormes, mais dépendent en même temps de la qualité et de la densité des réseaux d’infrastructures dans les motifs de localisation des IDE. On a pu constater des « effets d’agglomération »27 dans le secteur de l’automobile en République Tchèque, au

27 L’effet d’agglomération conduit à la formation d’une grappe industrielle. Cette dernière regroupe des

entreprises d'un même secteur d'activité, interdépendantes, des secteurs de soutien et une infrastructure économique qui s'échangent des compétences technologiques et des compétences professionnelles, de la main-d’œuvre et qui utilisent des intrants et des fournisseurs communs. La caractéristique la plus remarquable d'une grappe est la connectivité élevée. Les entreprises se renforcent mutuellement au fur et

détriment de la localisation initiale de PSA en Pologne, ayant des infrastructures qualifiées d’insuffisantes. Cette tendance s’intensifie avec des implantations de Huyndaï, Kia. Ces effets peuvent être aussi interprétés à partir du concept d’Alfred Marshall de « district industriel » (Mucchielli, 1998, p. 163). En effet, aux effets d’agglomération peuvent être ajoutés des forces initiales d’attractivité. Ces dernières sont de deux ordres soit à l’initiative de l’entreprise pionnière, soit existantes avant toute forme d’implantation, les infrastructures routières par exemple.

Les flux d’investissements directs étrangers entrants en République Tchèque se sont élevés à 75 226 millions de dollars entre 1989 et 2008, soit 7 287 dollars par habitant, montant le plus élevé de la zone. Le moindre niveau des IDE depuis 2005 est à relier à des programmes de privatisations moins importants. En effet, en 2005, le gouvernement a vendu 51% de Cesky Telecom, et 99% de participation dans l’entreprise productrice d’acier : Vitkovice Steel. Il faut noter que les secteurs les plus prisés sont ceux du secteur du transport et des télécommunications.

En Hongrie, les investissements directs étrangers représentent en 2005 6,1% du PIB contre 4,6% en 2004. Ils ont été moteurs de l’investissement pour 1/4 du total de la Formation Brute de Capital Fixe. En 2007 et 2008, ils ont doublé et représentent entre 4 et 5% du PIB. La Hongrie a attiré deux fois plus d’IDE par habitant sur la période de 1989 à 2008, que la moyenne des pays de la zone (Pays d’Europe centrale et baltiques, ainsi que ceux du Sud et les pays caucasiens, d’Asie centrale et la Russie).

Ces trois pays détiennent des stocks importants d’IDE et plus de 38% des IDE de la zone considérée. La part des IDE dans le PIB est importante et indique le rôle majeur des IDE dans le financement des activités des PEC. Leurs montants restent pourtant insuffisants pour couvrir les besoins en infrastructures de ces économies. L’autre source de financement reste celle des fonds et aides communautaires.