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Les indicateurs de maturité et d’autonomie

Dans le document Géopolitique du fait religieux au Cameroun (Page 142-153)

La doctrine ou les enseignements fondamentaux d’une religion ou d’une obédience déterminent les orientations de la mission et participent à mouler au mieux les esprits des fidèles. Pour expliquer l’état de dépendance prolongée caractéristique des églises chrétiennes et notamment l’Église Adventiste du Septième Jour, pendant de longues décennies, de nombreux observateurs relèvent le rôle trouble de la théologie déployée. La théologie fondatrice de l’idéologie missionnaire semble avoir été délibérément orientée vers une infantilisation des missions églises implantées en Afrique. Il s’agissait, pour certains, d’une sorte de paternalisme qui, à la longue, devait s’avérer contre-productif. Le discours de M. Renquin, ministre belge des colonies en 1920 paraît, à plus d’égards, illustrer cet état de choses ; or, il faut savoir que celui-ci est considéré comme l’artisan d’une théologie du sous-développement, voire d’un esprit chrétien attardé, dépendant :

Le but essentiel de votre mission n’est donc point d’apprendre aux Noirs à connaître Dieu. Ils le connaissent déjà… Votre connaissance de l’Évangile permet de trouver facilement les textes qui recommandent et font aimer la pauvreté. Par exemple : heureux sont les pauvres, car le royaume des cieux est à eux…Insister particulièrement sur la soumission et l’obéissance. Cette vertu se pratique mieux quand il y a absence d’esprit critique (cité par Koulagna, 2007 : 167).

De nombreux africains semblent aujourd’hui s’accorder sur le fait que l’esprit colonial de domination et celui de dépendance missionnaire sont fortement liés.

C’est sans doute ce qui poussa certaines églises à s’affirmer comme églises indépendantes1. Il était question, pour les leaders de ces églises dites africaines et indépendantistes, de s’affranchir à la fois du joug théologique et structurelle des églises occidentales soupçonnées à tort ou à raison d’être de connivence avec les colonialistes. Comment en effet parler d’autonomie missionnaire dans un contexte de domination politique étrangère ? Il n’est point besoin dans cette étude d’épiloguer sur cet aspect, si ce n’est de relever que pour de nombreux africains, il n’yavait aucun doute que derrière le missionnaire blanc, se cachait, à peu de distance, le colonisateur blanc (Eyezo’o & Zorn, éd, 2015 : 27). Au- delà des différentes considérations, il convient de souligner ce qui semble le plus préoccuper l’Église adventiste du septième jour mondiale, c’est de voir chaque entité missionnaire se développer, parvenir à l’autosuffisance et être à même d’aider d’autres à grandir. De l’église locale à l’instance mondiale (Conférence générale, de l’Église adventiste du septième jour, tout est régi par des principes démocratiques, à en croire le Manuel d’Église (document qui définit les pratiques et les règlements de ladite Église)2. Les rapports sont loin d’être dictatoriaux, à en croire les principes communs qui les régissent. Sous ce rapport, tout porte à croire qu’il ne saurait s’agir d’asservissement ou de déni d’autonomie aux églises ou aux champs missionnaires, de quelque envergure qu’ils soient. Ainsi, tout champ qui, à ses débuts, jouit du statut de mission parce qu’encore jeune et fragile, est appelé à devenir une fédération.

1 Il s’agit entre autres des églises telles que The Methodist Society, l’Eglise harriste,

l’Eglise kimbanguiste, encore connue sous le nom d’Église de Jéus-Christ sur terre, pour ne citer que celles-ci. Comme l’a souligné Gilles Séraphin (dir) (2004, L’effervescence religieuse en Afrique : la diversité locale des implantations religieuses chrétiennes au Cameroun et au Kenya, Paris, Karthala, p. 116), ces églises se refusent toute filiation avec les églises missionnaires soupçonnées d’être les bras séculiers du colonialisme.

2 A noter que l’Église adventiste du septième jour a adopté dès ses premières heures le

système représentatif ou fédératif encore connu sous le nom de système presbytérien. Dans ce sytème, la direction de l’glise esf partagée entre les membres de l’Eglise locale et une assemblée formée de représentants des diverses églises composant l’organisation entière. Pour plus de détails, lire Le Manuel d’Eglise, édition de 2010, p. 26.

Par définition, une fédération est une entité qui regroupe géographiquement et administrativement les églises. Elle coordonne, stimule, conseille, oriente, encourage, contrôle leurs activités, grâce aux visites et aux rapports qu’elle reçoit chaque trimestre (Graz, 1974 : 153). Toutefois, l’accès au statut de Fédération des églises passe par un certain nombre de conditions ; celles-ci servant de critères de définition de l’autonomie dans le cadre de l’Église adventiste du septième jour. Primo, il faut disposer d’un personnel local important et qualifié. Ici en effet, l’accent est mis sur la main-d’œuvre missionnaire abondante et suffisante au point d’être « prêtée » dans le cadre du renforcement de « champs missionnaires » encore peu viables. Ce qui veut dire, en clair, que tout champ missionnaire qui ambitionne de passer au statut de fédération, ne doit attendre aucun appui extérieur en personnels (ou main d’œuvre missionnaire)1. Ce critère semble d’ailleurs fondamental dans la mesure où l’indigénisation du personnel missionnaire est apparu pour être l’indicateur par excellence de la capacité des églises africaines à s’occuper du territoire local de la mission, initier des stratégies d’évangélisation qui soient en adéquation avec les réalités africaines. Il faut cependant convenir avec Salvador Eyezo’o que l’indigénisation du clergé à elle seule ne suffit pas pour parler avec autorité d’une quelconque autonomie2. D’où l’intérêt du deuxième critère qui est celui d’avoir un taux de liquidité appréciable.

Une Fédération doit pouvoir générer ses propres fonds et être autosuffisant. Dans cette mesure, elle doit parvenir à couvrir les charges liées aux salaires du personnel et au fonctionnement de l’administration de l’église3. Silvia Recchi fait cependant une importante mise au point

sur la question de l’autonomie financière des églises africaines en ce sens :

L'autonomie financière des églises d'Afrique est devenue un objectif urgent et prioritaire. Leur dépendance structurelle représentait un véritable obstacle à l'évangélisation qu'elles doivent accomplir et les empêchent de se situer à égale dignité avec les autres églises. L'autonomie des moyens financiers est un élément, parmi tant d'autres, qui atteste la maturité d'une Église et qui lui permet

1Entretien avec Pasteur HendjenaTchanaga Richard, Président de l’Église Adventiste du

Septième jour, Fédération du Nord-Cameroun, Maroua, 1er mai 2014, 2 Entretien avec Professeur Salvador Eyezo’o, Yaoundé, 24 août 2013.

3Entretien avec le Pasteur Klavac Paul, ancien Secrétaire général de l’Eglise Adventiste

de vivre un équilibre entre autopromotion, autonomie et communion avec les autres Églises (Recchi, 2007).

Comme nous pouvons bien le constater, l’autonomie financière a de nombreuses implications et il semble difficile de se précipiter de s’en prévaloir sans une claire assurance, non seulement des indicateurs, mais davantage des taux de liquidité et de la garantie de leur pérennité. C’est pourquoi selon le cardinal Agré, « l’autonomie financière » suppose la prise en compte de quatre éléments que sont : « une prise de conscience individuelle et collective du fait d’être à la hauteur », « un minimum d’organisation dans la collecte et l’utilisation des fonds », « quelques initiatives économiques rentables de la communauté pouvant se justifier à certaines conditions », et « une participation effective des uns et des autres par des dons, des legs et des fondations1». Sous ce rapport, l’autonomie financière ne devrait pas se comprendre au sens strict du terme, tant il est que l’autonomie n’est pas l’indépendance. Elle devrait être perçue sous le prisme de l’autosuffisance financière, laquelle n’est ni plus ni moins que la capacité de se prendre en main et d’assurer sa survie, de générer des ressources propres. Toutes ces ressources doivent par ailleurs être gérées de façon saine et rigoureuse2. Et comme l’indique

Silvia Recchi (S. dir, 2007), il n'est pas question, au nom de l’autonomie financière, « de refuser toute forme de collaboration ou d'aide venant de l'extérieur; ni de vivre dans l'isolement, ni enfin de ne se soucier que de sa seule vie interne. Il s'agit, au contraire, de prendre en charge son existence, de contrôler ses programmes, d'adapter son style de vie et de maîtriser la gestion de ses biens » (Ibid).

Dans le cadre de l’Église adventiste du septième jour, l’autonomie ou l’autosuffisance admet l’ouverture. Ainsi, en matière de projets de développement de l’évangélisation et de renforcement des capacités des territoires de la mission, même les fédérations qui sont des structures autonomes, reçoivent des appuis. C’est le cas de la dotation en structures telles que la radio (support de l’évangélisation globale), et du financement de l’évangélisation des musulmans3.Tertio, le statut de

fédération implique pour le champ missionnaire postulant de disposer

1Cardinal Agré, « Les trois dimensions d'une Eglise adulte », in http://www.zenit.org/ 2Entretien avec Morom Job, Principal du Collège Adventiste de Maroua, Maroua, 12

avril 2014.

3Entretien avec le Pasteur HendjenaTchanaga Richard, Président de l’Église Adventiste

des titres de propriété. Ceci suppose notamment des propriétés foncières sécurisées, ainsi que des institutions sociales ou de développement viables (écoles, centres de santé ou hôpitaux, centres de formation divers, etc.). À ces différentes conditions préalables au statut de fédération, viennent s’ajouter d’autres et non des moindres :

-Disposer d’un champ missionnaire bien structuré et qui sert de cadre d’expansion et d’ancrage social et/ou culturel de l’Église ; -Justifier d’une importance numérique des membres et avoir un clair témoignage de leur dynamisme;

-Être capable de mobiliser les fonds et de mettre sur pied des stratégies propres de développement du champ missionnaire ; -Être en mesure d’appuyer en cas de besoin les autres champs missionnaires (expertise, appui financier)1.

Le Statut de Fédération : un gage de maturité ?

La marche vers le statut de fédération s’est faite au prix de lourds sacrifices. En effet, il ne suffit pas de rêver d’une autonomie pour y parvenir. Il a fallu en effet impulser contre le gré du personnel, une dynamique sacrificielle touchant à un domaine très délicat. C’est le lieu de souligner que dans le processus d’autonomisation du territoire missionnaire adventiste au Nord-Cameroun, il fut imposé une véritable cure financière ; ce qui notamment impliquait la pratique de bas salaires. Cette mesure fut, en son temps, qualifiée de draconienne et inhumaine, mais elle s’inscrivait dans une logique de politique des moyens et de réduction des dépenses de fonctionnement2.

Cette cure financière a permis à la mission adventiste d’acquérir des propriétés foncières et de se doter en institutions sanitaires et éducatives (des collèges, des écoles primaires et maternelles, un centre de santé). Toujours dans cette perspective, il était attendu de ce champ missionnaire la transmission régulière des fonds en dépôt, soit 29,5% de ses recettes provenant des dîmes et des offrandes. Ces fonds en dépôt servent à soutenir les institutions supérieures telles que l’Union des

1Entretien avec le Pasteur HendjenaTchanaga Richard, Président de l’Église Adventiste

du Septième jour, Fédération du Nord-Cameroun, Maroua, 1er mai 2014.

2Entretien avec le Pasteur Klavac Paul, ancien Secrétaire général de l’Association des

églises adventistes du Septième jour en Afrique centrale, la Division de l’Afrique et de l’Océan indien, la Conférence générale des adventistes du septième jour, et à prendre en charge la retraite de ses ouvriers. A noter qu’un fort taux d’endettement était synonyme d’une incapacité à maîtriser les dépenses et à se prendre en charge. Il implique à cet effet une dépendance financière. Toutefois, pour atteindre les objectifs préalables au statut de champ autonome, les responsables de la Mission Adventiste au Nord-Cameroun ont dû mettre l’accent sur l’enseignement. En effet, il est courant d’entendre la jeune génération de pasteurs critiquer de façon acerbe l’approche théologique d’enseignement de la première génération de missionnaires ou pionniers de l’adventisme au Nord-Cameroun. Selon cette génération constituée de théologiens d’un niveau d’étude appréciable (niveau de Licence en théologie au moins), les enseignements transmis aux premiers adventistes dans cette partie de l’Afrique semblent avoir encouragé la culture de la dépendance. Tout semble indiquer qu’il a davantage été question de mettre l’accent sur les aspects spirituels, tout en éludant le fait que les fidèles avaient à soutenir, par leurs dîmes et offrandes, cette église en construction. Pour y parvenir, il fallait être soi-même prospère et autosuffisant. C’est à l’effet de corriger ce « faux pas théologique » que l’accent est désormais mis sur les rapports entre spiritualité, prospérité et développement1. Ce qui d’ailleurs semble avoir porté des fruits, car jamais l’Église adventiste au Nord-Cameroun n’a connu de hausses aussi significatives de ses recettes que depuis cette dernière décennie2. L’enseignement biblique de la prospérité par la fidélité à « Dieu » dans toutes choses, semble visiblement avoir révolutionné la vie des membres (désormais conscients de la bénédiction liée au travail) et celle de l’Église.

1Tout porte à croire que cet enseignement est sous l’influence de la théologie de la

prospérité,. La nuance cependant est qu’ici , aucune fixation n’est faite sur une prospérité qui serait gage de la bénédiction ou de l’approbation divine. Cet enseignement qui est porté par les pasteurs dits de la nouvelle génération des Eglises classiques, ne vise pas simplement à faire le contrepoids de la théologie de la prospérité portée par les néo-pentecôtistes, mais davantage à corriger l’image longtemps véhiculée d’un Evangile dit de la pauvreté. Cela se traduit d’ailleurs par une revalorisation du statut du pasteur, de ses conditions salariales, du moins dans les Eglises où la fonctionnarisation ou salarisation du clergé est établie.

2 Entretien avec le Pasteur HendjenaTchanaga Richard, Président de l’Eglise Adventiste

C’est fort de sa capacité à satisfaire ces différentes exigences que la Mission Adventiste du Septième Jour au Nord-Cameroun (encore connue sous le nom d’Association des églises adventistes au Nord- Cameroun) accède au statut de fédération en décembre 19991. Désormais, elle doit faire face au défi du maintien dans son nouveau statut, mais davantage celui de se développer. Et selon les officiels et les témoignages de nombreux ouvriers et membres de cette institution religieuse, la croissance est significative depuis cette dernière décennie. Les salaires des ouvriers autrefois très bas sur l’ensemble de la Mission, ont été considérablement revalorisés. On est presque passé du simple au double, comme pour dire que la Mission était enfin sortie de son « plan d’ajustement structurel », et que les fruits des efforts consentis sont désormais profitables à tous. L’autonomie s’est renforcée et, quatorze ans après, les indicateurs permettent de penser à un éclatement très imminent de la Fédération des églises adventistes du septième jour au Nord- Cameroun en trois fédérations. Elle dispose d’un personnel suffisant dont plus de cinq ouvriers sont prêtés pour appuyer d’autres champs missionnaires ou sollicités par les instances supérieures de l’église, à l’instar des pasteurs Gilbert Wari (président de la Division de l’Afrique de l’Ouest et du Centre jusqu’en 2015), Elie Houl (enseignant à l’Université Adventiste Cosendai de Nanga-Eboko), Agabus Bello (trésorier de l’Union du Sahel au Togo jusqu’en 2015), Jean Jean Bonné (trésorier de l’Union mission du Cameroun), Elysée Aminga (trésorier de l’Eglise Adventiste, Association du Gabon puis du Tchad), Appolos Bello (Trésorier associé à la Division de l’Afrique de l’Ouest et du Centre), pour ne citer que ceux-là. Toutes choses qui militent en faveur de l’argument de maturité et d’autosuffisance.

Toutefois, il convient de relever que l’autonomie des fédérations d’églises n’est pas synonyme d’indépendance. L’Église Adventiste du Septième Jour est un Mouvement mondial régi par les mêmes statuts et règlements. Il s’agit d’un système uni et non congrégationniste dans lequel s’exprime l’interdépendance des différentes composantes. On ne saurait, sous ce rapport, parler d’indépendance structurelle ou théologique. En effet, tous les champs missionnaires constituent un tout uni. Les principes qui les régissent reposent sur la Bible. Cependant, à défaut de parler d’une autonomie théologique, c’est-à-dire la possibilité

1 Entretien avec le Pasteur HendjenaTchanaga Richard, Président de l’Eglise Adventiste

d’édifier une doctrine qui contrasterait avec celle qui régit l’Église mondiale, n’est pas du tout concevable dans l’esprit adventiste. Il est néanmoins reconnu à tous les peuples, la liberté d’adorer « Dieu » ou d’exprimer leurs croyances en puisant dans les éléments de leurs cultures et valeurs respectives. C’est ce qui est connu sous le nom d’inculturation. L’important étant d’être en harmonie avec les « Saintes Ecritures » qui seules régissent la vie de l’église. Les questions éthiques sont réglées sur les principes bibliques de modestie.

Sur le plan financier, le système adventiste de gestion et de comptabilité est unique et applicable à toutes les églises de la dénomination, en dépit de leur autonomie ou non. Ceci participe du souci d’harmonie. Les normes générales de comptabilité et de rapports financiers,bien que devant conduire à l'uniformité dans le but de faire des comparaisons sans exiger une adhérence rigide, tiennent néanmoins compte des contraintes rencontrées dans les territoires de la mission qui présentent des particularités. Dans ce cas, des ajustements « mineurs » permettant de répondre aux besoins locaux sont admis1.

En tant que mouvement uni, l’Église adventiste mondiale a un système de mouvements réguliers de fonds. Comme mentionné plus haut, la volonté d’universalisme de l’Église Adventiste repose sur le souci d’ordre et d’efficacité, et le désir de procéder à une bonne répartition des finances. C’est dans cette mesure que les principales sources de financement de l’Église que sont la dîme et les offrandes sont réparties sur l’ensemble d système selon le principe d’affectation des pourcentages. Comme l’indique John Graz, le mouvement des fonds part, dans un premier temps, de la base pour arriver au sommet. Un mouvement inverse a lieu, de haut en bas dans le sens suivant : divisions, unions, fédérations puis Missions et églises reçoivent de la Conférence générale, sous forme d’allocation, une aide qui leur permet d’équilibrer leur budget (Graz, 1974 : 159-160). Ces mécanismes, loin d’asservir les instances inférieures (églises, fédérations) à celles supérieures, marquent plutôt la parfaite imbrication du système adventiste mondial.

Au regard des aspects abordés ci-dessus, on ne saurait entrevoir l’autonomie dans une Église adventiste qui se présente comme un véritable corps constitué de parties certes distinctes mais unies et

1 Conférence générale de l’Eglise Adventiste du Septième Jour, 2008, Manuel de

équilibrées. Car, en dépit de son ancrage socio-culturel et de la volonté à se prendre en charge, il ne peut être envisagé de se couper du reste du corps, sans causer la chute de l’ensemble de l’édifice. Le plus grand paradoxe cependant demeure que certains membres, à cause de leur accoutumance aux pratiques anciennes d’assistance ou de dons divers (vêtements, nourriture, appui à la scolarisation de leurs enfants), en viennent à souhaiter un retour à l’ancien régime, c’est-à-dire à la période des missionnaires occidentaux. Ces réminiscences du passé semble tant avoir marqué leurs esprits qu’ils sont parfois portés à de vives critiques, décriant ainsi la gestion actuelle de l’église. Cependant, tout porte à croire que ce qui le plus les émeut, ce n’est pas tant l’époque des missionnaires occidentaux mais davantage, les intérêts qui y étaient attachés. Quoiqu’il en soit, la question de l’autonomie reste un principe fondamental de l’église adventiste. Car, autant on attend de l’enfant aujourd’hui assisté et dépendant qu’il grandisse et se prenne en charge, autant il est attendu des missions qu’elles deviennent des fédérations d’églises capables d’assumer leur maturité. C’est dans cette perspective de développement de l’œuvre que l’ancienne Fédération du Nord- Cameroun, elle-même issue de l’Association des églises adventistes au

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