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Les IgIV inhibent l’activation des lymphocytes T lors de RLM en modulant les fonctions

expérimental, nous avons également étudié l’effet des IgIV sur l’activation des lymphocytes T en utilisant la RLM qui est un modèle in vitro de rejet de greffe et de GvHD. Lors de précédentes études, l’induction de l’apoptose des lymphocytes B avait été proposée comme mécanisme principal menant à l’inhibition de l’activation des lymphocytes T par les IgIV lors de RLM [448, 450, 515, 516]. Dans le cadre de cette thèse, nous proposons un mécanisme additionnel qui implique la délivrance de signaux inhibiteurs aux lymphocytes T allogéniques par des monocytes ayant un phénotype CD80faible/PD-L1élevé.

Dans le chapitre III de cette thèse, nous montrons en effet que les IgIV diminuent l’expression de CD80, à la surface des monocytes, qui est une molécule de co-stimulation essentielle à l’activation des lymphocytes T. Nous rapportons également que les IgIV augmentent l’expression du récepteur inhibiteur PD-L1 sur les monocytes et que le blocage de ce récepteur par des anticorps spécifiques restaure partiellement l’activation des lymphocytes T inhibée par les IgIV indiquant l’importance de l’induction de PD-L1 dans l’effet anti-inflammatoire des IgIV. Notre étude n’a pas permis de déterminer les mécanismes des IgIV menant à la modulation de l’expression de CD80 et de PD-L1 à la surface des monocytes mais nous pensons que l’inhibition de l’expression de CD80 par les IgIV est la conséquence d’un effet direct des IgIV sur les monocytes. Des résultats obtenus dans nos laboratoires montrent en effet une inhibition de l’expression de CD80 suite au traitement de monocytes purifiés avec des IgIV (Tableau S1). Des observations similaires ont été rapportées dans une étude in vitro utilisant des IgG monoclonaux immobilisées au fond d’une plaque [565]. Cette étude montre que l’incubation de monocytes en plaque induit spontanément l’expression de CD80 après 24 heures de culture et que la liaison des IgG aux FcγR des monocytes empêche l’induction de cette molécule. L’inhibition de l’expression de CD80 par les IgIV serait donc dépendant de la fraction Fc et impliquerait la liaison des IgIV aux FcγR des monocytes.

Dans nos laboratoires, nous avons également étudié l’effet des IgIV sur l’expression de PD-L1 à la surface de monocytes purifiés. Nos observations montrent que les IgIV n’induisent pas ou très peu l’expression de PD-L1 sur les monocytes purifiés indiquant que les IgIV ont besoin de la présence des PBMC au complet pour pouvoir surexprimer PD-L1 à la surface des monocytes (Tableau S1). Récemment, des observations similaires ont été rapportées dans une étude in vitro visant à étudier l’effet des IgIV sur l’expression de PD-L1 à la surface de DCs. Aucune modulation de PD-L1 n’a été observée sur les DCs en présence d’IgIV [495]. Des données préliminaires obtenues dans nos laboratoires confirment ces résultats (données non montrées). Afin d’identifier le ou les types cellulaires (lymphocytes T, lymphocytes B, cellules NK) important(s) pour l’induction de PD-L1

surface de monocytes après 24 heures de culture de PBMC dont on a soustrait les lymphocytes T (PBMC-T), les lymphocytes B (PBMC-B), les cellules NK (PBMC-NK), PBMC-T-B, PBMC-T- NK et PBMC-B-NK. Nous spéculons que la présence des lymphocytes T et/ou lymphocytes B doit être importante. Nous pensons en effet que des miARN encore inconnus et contrôlant l’expression de PD-L1 pourraient être produits par les lymphocytes T et B qui eux même ont la capacité d’exprimer PD-L1 à leur surface lorsqu’ils sont activés [145]. Ces miARN pourraient être délivrés aux monocytes via par exemple les exosomes. Il est connu que l’expression de PD-L1 sur les APC tolérogéniques est régulée par STAT3 [616] et que miR-18a mène à une activation augmentée de STAT3 en ciblant PIAS3 qui est un inhibiteur de STAT3 [617]. Nous pensons donc que l’expression de miR-18a est insuffisante chez les monocytes purifiés traités ou non avec IgIV pour pouvoir induire PD-L1. Nous spéculons que les IgIV induisent l’expression de miR-18a dans les lymphocytes T et B ou les cellules NK et que ces miARN sont ensuite transférés aux monocytes afin d’induire l’expression de PD-L1.

1.2.2. L’induction de PD-L1 par les IgIV pourrait jouer un rôle crucial dans le maintien de la tolérance

La signalisation PD1/PD-L1 joue un rôle important dans l’inhibition des réponses allo-immunes et dans l’induction et la maintenance de la tolérance périphérique [592, 593, 596, 618]. De plus, des études réalisées dans des modèles animaux ont montré que l’administration de la protéine de fusion PD-L1 Ig, qui est un agoniste pour PD1, déclenche une signalisation négative chez les lymphocytes T et empêche les rejets d’allogreffes cardiaques ou d’îlots pancréatiques en favorisant l’induction de tolérance lorsque cette protéine est combinée avec des anticorps monoclonaux anti-CD154 ou de la cyclosporine [619, 620]. Les IgIV sont actuellement utilisées comme thérapie pour protéger les patients contre les risques d’infection et de GvHD qui suivent la transplantation de moelle osseuse [502, 503] et les IgIV ont également été proposées comme traitement de prophylaxie ou comme thérapie suite à la transplantation d’organe afin de prolonger la survie des allogreffes chez les patients à risque pour les AMR [317, 320, 506-513]. Dans le contexte d’une transplantation de moelle osseuse ou d’organe solide, la génération précoce par les IgIV de monocytes avec un phénotype CD80faible/PD-L1élevé chez le receveur pourrait donc empêcher ou diminuer les réponses allogéniques et expliquer en partie la diminution des rejets de greffe et de GvHD suite au traitement avec des IgIV. Bien que les monocytes ne soient pas des APC professionnelles, elles peuvent en effet migrer au site du greffon lors de réponses allogéniques et contribuer ainsi à amplifier ou

monocytes, il incombe cependant de vérifier auparavant si les molécules CD80 et PD-L1 sont modulées ou non à la surface des monocytes de patients après traitement avec des IgIV.

La signalisation PD1/PD-L1 joue un rôle crucial dans l’inhibition de l’activation des lymphocytes T mais plusieurs études suggèrent également que PD-L1 contribuerait au maintien de la tolérance via l’induction de lymphocytes Treg [621-623]. Nous avons donc étudié l’effet des IgIV sur l’induction des lymphocytes Treg après 96 heures de RLM en présence ou non d’IgIV. Nos résultats n’ont montré aucune augmentation du nombre de lymphocytes Treg CD4+ CD25+ FoxP3+ en présence d’IgIV ce qui suggère que les lymphocytes Treg ne participent pas à l’effet inhibiteur des IgIV observé dans les RLM (données non montrées).

1.2.3. Les IgIV modulent l’expression de CD14 à la surface des monocytes

Dans le chapitre III de cette thèse, nous avons étudié l’effet des IgIV sur l’expression de plusieurs molécules à la surface des monocytes après 24 heures de RLM ou de culture de PBMC au repos. Au cours de nos analyses, nous avons pu observer que les IgIV diminuent l’expression de la molécule CD14 à la surface des monocytes. Des résultats similaires ont également été obtenus sur des monocytes purifiés traités avec des IgIV (Tableau S2). Comme les molécules de CD14 membranaires peuvent être libérées sous forme soluble (sCD14) et qu’il a été montré que le sCD14 agissait comme un régulateur négatif de l’activation des lymphocytes T [624, 625], nous avons spéculé que les IgIV pourraient induire leur effet anti-inflammatoire lors des RLM en induisant le relargage de sCD14. Nous avons donc évalué par ELISA le niveau de sCD14 sécrétés par des monocytes purifiés après 24 heures en présence ou non d’IgIV (2 à 10 mg /ml). Nos résultats ne montrent pas d’augmentation de la sécrétion de sCD14 par les IgIV indiquant que l’inhibition de l’activation des lymphocytes T par les IgIV n’est pas la conséquence du relargage de sCD14 dans le milieu de culture (données non montrées).