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Les habitats terrestres

4. PORTRAIT DE LA RESSOURCE FAUNIQUE, DU TERRITOIRE ET DES

4.1 Le milieu biophysique

4.1.3 Les habitats terrestres

4.1.3.1 Description

La Côte-Nord se trouve entièrement à l’intérieur de la zone boréale qui est caractérisée par une forte abondance de résineux (figure 13). Le cycle de rotation des feux y est lent, c’est-à-dire qu’il peut s’écouler une centaine d’années avant qu’une même portion de territoire soit brûlée à nouveau. Le feu y joue un rôle de premier plan dans la dynamique forestière. Les épidémies d’insectes et les chablis contribuent également à rajeunir la forêt sur le territoire nord-côtier, de même que l’exploitation forestière.

Figure 13. Zones de végétation et domaines bioclimatiques du Québec

Domaine de la pessière à mousses

Le domaine de la pessière à mousses occupe la plus grande partie du territoire nord-côtier. La majorité des peuplements sont composés seulement d’épinettes noires. On y retrouve quelques espèces compagnes, dont le sapin baumier. Certains feuillus, tels le bouleau blanc, le peuplier faux-tremble et, dans une moindre mesure, le peuplier baumier, se trouvent aussi dans le domaine de la pessière à mousses. Les sous-bois sont couverts de mousses et d’arbustes d’éricacées. Ce territoire est caractérisé par un relief accidenté, d’importantes vallées orientées nord-sud, de nombreux affleurements rocheux et un sol généralement mince et formé de dépôts morainiques. Au nord et à l’extrême est, on retrouve une forêt plus éparse avec des arbres souvent rabougris, la présence de lichens au sol et quelques enclaves de toundra. On retrouve aussi quelques bétulaies et sapinières dans les vallées et dans les zones en régénération à la suite d’une perturbation.

Domaine de la sapinière à bouleau blanc

La portion sud-ouest de la Côte-Nord se trouve dans le domaine de la sapinière à bouleau blanc. Le paysage forestier y est dominé par les peuplements de sapins et d’épinettes blanches mélangés aux bouleaux blancs. Sur les sites moins favorables, l’épinette noire, le pin gris et le mélèze sont souvent accompagnés de bouleaux blancs ou de peupliers faux-trembles.

Cette portion de territoire est majoritairement constituée de jeunes peuplements forestiers en régénération en raison des activités forestières qui y ont eu lieu au cours des dernières décennies. Les peuplements de sapinières et de pessières matures se concentrent

principalement dans le nord-est de la zone. Les coupes forestières constituent l’un des trois principaux facteurs de rajeunissement de la forêt. La tordeuse des bourgeons de l’épinette a fait des ravages importants dans les peuplements de sapins baumiers au cours des quinze dernières années. De plus, les feux de forêt de l’été 1991 y ont détruit près de 3 000 km2, principalement des forêts matures.

Bien qu’elle soit à l’intérieur de la sapinière à bouleau blanc, la forêt anticostienne diffère de celle du sud-ouest de la Côte-Nord. Elle est principalement constituée de peuplements de sapins baumiers, d’épinettes blanches et d’épinettes noires. Les essences feuillues sont présentes de façon sporadique et, fait particulier, la strate arbustive est pratiquement absente en raison du broutement intensif par le cerf de Virginie. En effet, depuis son introduction sur l’île à la fin du 19e siècle, le cerf a radicalement modifié son habitat. Une grande variété de plantes ont presque complètement disparu de l’écosystème anticostien puisqu’elles sont systématiquement broutées dès qu’elles atteignent quelques centimètres. Des exclos, soit des périmètres clôturés de façon à les isoler du broutement par le cerf, témoignent de la diversité et de l’abondance des plantes en l’absence de celui-ci. En raison de cette particularité, on a pu assister à la lente transformation des sapinières en pessières blanches, situation unique au Québec.

En altitude, la végétation sur les plus hauts sommets du Québec méridional s’apparente plutôt à celle de la toundra. C’est le cas des monts Groulx.

Domaine de la toundra forestière

Le long du littoral de la Basse-Côte-Nord se trouve une mince bande du domaine bioclimatique de la toundra forestière. Ce domaine constitue une transition entre la zone boréale, dont il fait partie, et la zone arctique marquée par des formations arbustives et herbacées. Le paysage y est caractérisé par une mosaïque dominée par des landes arbustives, entrecoupées d’îlots de forêt dans les sites plus abrités. On y trouve surtout des peuplements d’épinettes noires rabougries, qui ne mesurent pas plus de 3 m de hauteur même lorsqu’elles atteignent un âge avancé.

4.1.3.2 Exploitation forestière

La forêt commerciale occupe 73 % du territoire nord-côtier, soit 198 930 km2. Il s’agit de la plus importante superficie boisée du Québec. La forêt publique, de la compétence du gouvernement du Québec, occupe 99 % de la superficie totale de la région. Le reste du territoire est réparti entre le domaine privé et les terres de compétence fédérale.

Comme mentionné précédemment, l’exploitation forestière constitue une activité économique de premier ordre sur la Côte-Nord. C’est actuellement un des principaux facteurs de rajeunissement des forêts nord-côtières à l’intérieur des aires communes forestières (figure 8).

C’est une superficie d’environ 850 km2 qui est touchée annuellement par l’activité forestière. En 1999-2000, une superficie de 635 km2 a été coupée. Les activités de reboisement et de préparation de terrain en vue du reboisement se sont déroulées sur 120 km2 alors que les traitements sylvicoles tels que l’éclaircie précommerciale couvraient 98 km2. De la façon dont elle s’effectue actuellement, l’exploitation forestière tend à diminuer de façon significative la proportion de peuplements matures et surannés tout en homogénéisant le territoire en raison de la forte concentration des parterres de coupes et des aménagements qui tendent vers l’implantation d’une monoculture.

En forêt publique, la récolte annuelle moyenne (résineux et feuillus) de 1993 à 1997 a été de 2 700 000 m3 alors qu’elle était de 4 600 000 m3 en 1999-2000. Plus de 90 % de la possibilité forestière en résineux (5 991 400 m3 sur une possibilité de 6 205 900 m3) était attribuée au 31 mars 2000 alors que les réservations et les attributions de feuillus atteignaient 75 % de la possibilité forestière (557 225 m3 sur 748 700 m3).

Près de 800 propriétaires forestiers se partagent 1 281 km2 de territoire forestier productif en forêt privée. Ce territoire est localisé dans les MRC de La Haute-Côte-Nord et de Manicouagan (figure 14). En 1998-1999, près de 50 000 m3 de bois ont été récoltés sur les forêts privées, ce qui correspond à moins de 1 % du bois consommé par les usines de la Côte-Nord. Les activités en forêt privée sont donc marginales par rapport à celles des terres publiques mais contribuent tout de même de façon non négligeable à l’économie de petites localités.

Source : site internet du MRN, Forêt Québec Figure 14. Localisation des forêts privées

4.1.3.3 Potentiels de mise en valeur

En raison de l’importance de l’exploitation forestière sur une grande portion du territoire public nord-côtier, la mise en valeur des habitats terrestres doit passer par un processus de gestion intégrée des ressources (GIR) du milieu forestier. La GIR consiste en la prise en compte des multiples ressources sur un territoire donné, en concertation avec tous les intervenants du milieu, et ce, à toutes les échelles de perception. La GIR implique des choix intégrant des valeurs environnementales, fauniques, sociales et économiques axées vers un objectif ultime de développement durable.

En forêt privée, certains programmes financiers peuvent supporter les propriétaires qui souhaitent procéder à un aménagement de la forêt qui intègre les valeurs fauniques. D’autres programmes visent à supporter les initiatives de divers intervenants du territoire public qui souhaitent procéder à l’aménagement d’habitats pour la faune.