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Cerf de Virginie

4. PORTRAIT DE LA RESSOURCE FAUNIQUE, DU TERRITOIRE ET DES

4.2 La faune

4.2.2 Grande faune

4.2.2.4 Cerf de Virginie

Dans la région, le cerf de Virginie est présent uniquement sur l’île d’Anticosti. C’est Henri Menier, un riche chocolatier français, qui y a introduit l’espèce en 1896-1897 dans le but de diversifier les possibilités de chasse. Des 220 cerfs introduits à l’époque, la population serait passée à un effectif estimé actuellement à environ 130 000 bêtes, soit une densité moyenne de 16 cerfs/km2. Sa distribution n’est pas homogène sur l’ensemble de l’île mais est plutôt reliée à l’habitat.

La population de cerfs d’Anticosti est modulée annuellement par la rigueur des hivers. Ce facteur constitue la principale cause de mortalité des cerfs sur l’île, aucun prédateur n’étant présent et la chasse sportive prélevant moins de 10 % du cheptel annuellement. Les hivers peu rigoureux pour la période 1996-2000 de même que les importants chablis des vieilles sapinières ont permis le maintien de la population à des niveaux intéressants pour la chasse.

Il se récolte en moyenne près de 8 000 cerfs annuellement, soit approximativement 1 cerf/km2. De 1990 à 1999, le plus bas nombre de cerfs chassés a été de 7 304 bêtes alors que la valeur maximale a été de 8 655 cerfs (figure 25). Le taux de succès de 85 % est exceptionnel et le nombre de cerfs vus par un chasseur dans une journée est de 13 en moyenne, soit un indice de qualité de chasse très élevé.

6 500 7 000 7 500 8 000 8 500 9 000

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999

récolte

Figure 25. Récolte de cerfs de Virginie dans la zone 20 de 1990 à 1999

Le nombre de permis de chasse au cerf de Virginie dans la zone 20 est contingenté. De 1990 à 1992, un maximum de 5 400 chasseurs pouvaient accéder à l’île annuellement. Ce nombre potentiel a été augmenté à 7 000 en 1993. Le nombre de permis vendus de 1990 à 1999 n’a cependant pas évolué de la façon attendue, se maintenant autour de 5 000 (figure 26).

L’augmentation observée dans la vente des permis des dernières années est principalement attribuable aux non-résidents. Depuis 1996, plusieurs chasseurs québécois auraient décidé d’exercer leur activité ailleurs au Québec, les populations de cerfs étant à des niveaux inégalés dans plusieurs zones de chasse. Malgré la possibilité de récolter 2 cerfs de tous les segments de population et, depuis 1997, de prélever à certaines conditions 2 bêtes supplémentaires, le nombre de permis vendus aux résidents est demeuré stable.

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permis vendus

résident non-résident

Figure 26. Vente de permis de chasse au cerf de Virginie dans la zone 20 de 1990 à 1999

Avant l’introduction du cerf, les sapinières occupaient au moins 40 % du territoire anticostien.

Aujourd’hui, cette proportion n’est plus que de 20 %, la majorité des sapinières ayant 90 ans et plus. Le cerf a radicalement modifié son habitat, broutant presque systématiquement les nouvelles pousses de sapin dès qu’elles atteignent quelques centimètres. Ainsi, les grandes sapinières qui constituent des peuplements importants pour la nourriture et l’abri en saison hivernale auront disparu d’ici quelques décennies. La population de cerfs diminuera alors d’une manière marquée. Paradoxalement, le vieillissement des sapinières a un effet bénéfique à court terme puisque la multitude d’arbres se renversant en chablis fournit présentement un apport massif de nourriture en hiver.

Depuis 1995, dans le cadre d’un projet de recherche d’envergure, l’exploitation forestière a été utilisée comme outil d’aménagement visant à régénérer des sapinières. Entre 1995 et 2000, quelque 75 km2 de forêt ont été récoltés suivant des prescriptions de coupes particulières. Les résultats étant mitigés, de nouvelles stratégies sont maintenant envisagées. De grands parterres de coupes seront clôturés pendant une dizaine d’années et les cerfs seront retirés de ces enclos afin de permettre la régénération du sapin. Cela créera à moyen terme une mosaïque d’habitats d’abri et de nourriture pour le cerf. Afin d’obtenir des résultats tangibles, les niveaux de population de cerfs doivent aussi être diminués à l’extérieur des enclos. Le prochain plan de gestion du cerf de Virginie pour la période 2002-2008 devrait donc être orienté vers des prélèvements plus importants par la chasse sportive.

La chasse est un des principaux moteurs économiques de l’île, avec l’exploitation forestière depuis quelques années. Plus de 12 M$ sont dépensés annuellement par les chasseurs qui fréquentent l’île d’Anticosti. La qualité d’expérience étant la marque de commerce de ce produit de chasse, il serait irréaliste de changer radicalement la manière d’exploiter le cerf anticostien sans risquer de détruire l’industrie de la pourvoirie de l’île. Le défi est donc de bien doser l’augmentation des prélèvements tout en utilisant d’autres moyens pour parfaire les connaissances sur la biologie de l’espèce, ses besoins en habitat et l’aménagement de celui-ci.

Une Chaire industrielle de recherche sur le cerf d’Anticosti et son habitat est en place depuis septembre 2001. Le programme de recherche permettra entre autres de développer des solutions durables pouvant concilier le maintien de la population de cerfs à un niveau intéressant pour la chasse et des sapinières qui constituent un habitat essentiel à sa survie.

4.2.2.5 Principaux aspects réglementaires

Sur la Côte-Nord, la saison de chasse à l’orignal (tous engins confondus) est parmi les plus longues au Québec. Elle s’étend approximativement de la mi-septembre à la mi-octobre dans les zones 18 et 19 Sud, alors qu’elle est autorisée du 1er septembre au 1er décembre dans la zone 20 (figure 21). Dans la zone de chasse 18, c’est le principe de l’alternance qui est en vigueur. Cela signifie que une année sur deux, seuls les mâles adultes sont autorisés. L’autre année, tous les segments de population (mâle, femelle et veau) peuvent être chassés. Tous les segments de population peuvent être chassés dans la zone 19 Sud et dans la zone 20. Les pourvoiries à droits exclusifs, les zecs de même que la réserve faunique de Port-Cartier—Sept-Îles peuvent avoir une période de chasse à l’orignal différente de celle de la zone où ces territoires sont situés. La limite de prise annuelle est de 1 orignal pour 2 chasseurs, sauf dans la réserve faunique où elle est de 1 orignal pour 3 chasseurs. C’est le plan de gestion de l’orignal qui détermine les modalités de chasse en fonction de l’évolution des niveaux de population. Le présent plan de gestion est en vigueur jusqu’en 2003.

La chasse hivernale du caribou dans la région de Fermont (figure 21) est réservée aux résidents du Québec sélectionnés par tirage au sort. Les gagnants reçoivent deux permis, un à leur nom et un autre pour un invité. Le nombre de permis est contingenté et donne droit de récolter 2 caribous. Cette chasse est autorisée du 15 novembre au 31 mars.

La chasse au cerf de Virginie est permise sur l’île d’Anticosti (zone 20) du 1er août au 24 décembre. Un chasseur peut récolter 2 cerfs de tous les segments de population et, suivant certaines modalités, il y a possibilité de chasser jusqu’à 4 cerfs au cours d’une même année.

Certaines restrictions peuvent s’appliquer en fonction des secteurs ou des dates. Les modalités de chasse pourraient être modifiées avec l’entrée en vigueur du nouveau plan de gestion du cerf de Virginie en 2002.

Pour l’ours noir, la chasse est ouverte de la mi-mai à la fin juin dans les zones de chasse 18 et 19 Sud (figure 21). Elle est également autorisée à l’automne dans la zone 19 Sud, aux mêmes dates que la chasse à l’orignal. La limite de prise est de 1 ours par chasseur par année.

Il est obligatoire d’enregistrer tout gros gibier abattu par la chasse à une station d’enregistrement autorisée par la Société de la faune et des parcs du Québec, dans les 48 heures suivant la sortie du lieu de chasse.

Des règles particulières s’appliquent pour les non-résidents qui désirent chasser dans la région.

En effet, ils ont l’obligation d’utiliser les services de pourvoiries pour chasser l’ours noir ou pour chasser toute espèce permise par la réglementation à l’est de la rivière Saint-Augustin.

Peu importe l’espèce de gibier, la chasse est interdite dans la zone 19 Nord.

4.2.2.6 Potentiels de mise en valeur

Afin d’optimiser les retombées économiques de la chasse, il faut travailler sur la promotion des produits et sur l’amélioration des services à l’intérieur des territoires structurés. Les clientèles étrangères engendrent des retombées économiques importantes et devraient être particulièrement sollicitées. En offrant des services de qualité à l’intérieur des territoires structurés (mirador, guide, hébergement à proximité du secteur de chasse, abri, etc.), on s’assure de la fidélité de la clientèle et de la pérennité des entreprises.

Afin de maintenir ou d’augmenter le potentiel de populations de gros gibier, il faut s’assurer de maintenir un habitat de qualité. L’utilisation des ressources du territoire doit donc être concertée dans les secteurs présentant un potentiel de développement économique lié à la chasse par une démarche de gestion intégrée des ressources.

Les activités d’observation de la grande faune doivent aussi être développées.