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Animaux à fourrure

4. PORTRAIT DE LA RESSOURCE FAUNIQUE, DU TERRITOIRE ET DES

4.2 La faune

4.2.4 Animaux à fourrure

4.2.4.1 Description

Les animaux à fourrure regroupent les mammifères qui sont exploités commercialement par des activités de piégeage. Sur les 23 espèces d’animaux à fourrure récoltables au Québec, 15 sont présentes sur la Côte-Nord (tableau 19).

De façon générale, les animaux à fourrure prélevés en plus grand nombre sur la Côte-Nord sont la martre, le castor, la belette, le rat musqué, le vison, le renard et l’écureuil roux. Le lynx du Canada, le loup et la loutre sont également recherchés par les trappeurs quoique capturés en moins grand nombre. Les autres espèces piégées sont d’intérêt secondaire. Le potentiel de récolte des animaux à fourrure est peu connu. Cependant, à la lumière des résultats d’exploitation des dernières années, la plupart des espèces pourraient supporter un prélèvement plus important.

Bien que la Société de la faune et des parcs du Québec considère le piégeage comme étant une activité commerciale, il est perçu davantage comme un loisir par les trappeurs et n’est pas rentable pour la majorité d’entre eux. Cette situation engendre un certain délaissement face à l’activité à mesure que les coûts d’exploitation augmentent.

Tableau 19. Animaux à fourrure pouvant être piégés

Nom français Nom latin

Belette pygmée✪ Mustela nivalis

Belette à longue queue Mustela frenata

Castor Castor canadensis

** Variétés rousse, argentée et croisée.

Espèces à statut particulier, c’est-à-dire menacées, vulnérables, susceptibles d’être désignées comme telles, ou espèces d’intérêt pour le CDPNQ.

Plusieurs facteurs conditionnent l’exploitation et la commercialisation des animaux à fourrure, ce qui engendre des fluctuations importantes de l’activité d’une année à l’autre. C’est cependant le prix des fourrures qui demeure le facteur principal. Par exemple, la récolte du pékan, du coyote et du renard arctique sera toujours limitée par leur très faible densité sur le territoire alors que la récolte de la mouffette et de l’ours noir est limitée par le manque d’intérêt des trappeurs. Pour la mouffette, ce manque d’intérêt vient des problèmes inhérents à la capture de cette espèce (odeur) et à la faible valeur de sa peau (2,44 $ en 1999-2000). Pour l’ours noir, la faible récolte est associée à l’interdiction pour les trappeurs de vendre la vésicule biliaire et aux périodes d’ouverture qui ne concordent pas toujours aux meilleures conditions pour l’activité.

D’ailleurs, même si le prix moyen de la fourrure d’ours en 1999-2000 (157 $) était beaucoup plus élevé que celui de 1997-1998 et 1998-1999 (58 $), la récolte est demeurée faible.

Les modalités de piégeage imposées par le plan de gestion limitent le nombre de captures chez le lynx du Canada. L’imposition de certaines modalités particulières de piégeage est rendue nécessaire par l’état de situation de cette espèce; il n’est pas envisageable ni souhaitable d’accroître les niveaux de récolte.

Pour le loup, bien que le potentiel de récolte ne soit pas connu, il semble que ce soient les difficultés de capture de cette espèce qui expliquent son faible niveau de récolte. Il s’agit d’une espèce cependant très recherchée par les trappeurs.

La valeur de vente et les tendances du marché des fourrures conditionnent aussi fortement l’exploitation des animaux à fourrure. Ce marché, qui est régi par l’offre et la demande, influence les prix de vente des fourrures. La qualité des fourrures, qui dépend des périodes de capture des animaux et de la préparation des peaux, influence également les revenus des trappeurs.

Depuis que les trappeurs ont l’obligation de suivre un cours sur le piégeage des animaux à fourrure avant la pratique de cette activité, la qualité du travail s’est améliorée dans la préparation des peaux. Cela a donc eu une incidence directe et positive sur la qualité des fourrures. Cette obligation constitue par contre un frein à la relève étant donné les coûts associés à la formation.

Depuis la ratification de l’Accord sur des normes internationales de piégeage sans cruauté en mai 1999, plusieurs trappeurs se sont désintéressés de cette activité en raison des coûts importants associés à l’achat de nouveaux pièges qui satisfont aux exigences de l’entente. La plupart des pièges utilisés actuellement ne répondent pas aux normes de cette entente et les trappeurs ont jusqu’à juin 2007 pour s’y conformer. Comme le piégeage est dorénavant une activité peu lucrative, certains trappeurs ont tout simplement décidé d’abandonner le piégeage comme loisir.

Outre l’exploitation et la commercialisation des animaux à fourrure, quelques entreprises ont mis en place des infrastructures facilitant l’observation de ces animaux dans leur milieu naturel.

Les espèces visées sont principalement le loup, l’ours noir et le castor. Ce type d’activité est fortement apprécié par la clientèle européenne qui fréquente la région.

4.2.4.2 Traits distinctifs régionaux relatifs à ces espèces

Il y a environ 900 piégeurs actifs sur la Côte-Nord, soit deux fois moins qu’il y a dix ans. Dans le réseau structuré, la relève pour le piégeage est particulièrement faible : seulement 4 terrains ont été octroyés en 1999-2000 alors qu’il y avait eu 19 inscriptions au tirage au sort et que 81 terrains étaient vacants. Les contraintes administratives imposées aux trappeurs sur les terrains de piégeage, les tendances dans la population à pratiquer plutôt des activités d’observation que de récolte de la faune, les coûts d’exploitation de plus en plus importants, les faibles revenus anticipés et même les pertes monétaires rendent l’activité de piégeage de moins en moins intéressante.

Pour la saison 1999-2000, les revenus totaux des trappeurs de la Côte-Nord étaient de 202 980 $, ce qui équivaut à environ 5 % des revenus totaux générés à l’échelle du Québec.

Par trappeur, cela représente en moyenne 257 $. Pour plusieurs espèces, la date d’ouverture serait beaucoup trop hâtive : les fourrures sont de qualité moindre, ce qui réduit leur prix de vente. À l’inverse, compte tenu des conditions climatiques sur la Côte-Nord, la date de fermeture serait trop hâtive pour certaines autres espèces. La période de piégeage aurait donc une incidence directe sur les revenus des trappeurs.

Pour la saison 1999-2000, quelque 332 terrains de piégeage (80 % des terrains existants) étaient octroyés à des trappeurs. Un total de 572 trappeurs et aides-trappeurs occupaient ces terrains. Environ 213 trappeurs en zone libre se sont procuré un permis de piégeage général en 1999-2000. La majorité d’entre eux (124) piégeaient entre Tadoussac et Havre-Saint-Pierre. Le nombre de trappeurs autochtones piégeant dans les réserves de castor était estimé à 4 (tableau 20).

Le nombre total d’animaux capturés sur la Côte-Nord en 1999-2000 (tableau 20) est beaucoup plus près, pour la majorité des espèces, des niveaux inférieurs de récolte observés depuis 1984-1985.

Chez la martre, ce nombre représente même le plus bas niveau des 15 dernières années.

La répartition des captures était inégale, 62 % des animaux ayant été récoltés dans le réseau structuré, 8 % dans les réserves de castor, 25 % dans les zones libres situées entre Tadoussac et Havre-Saint-Pierre et 5 % dans celles de la Basse-Côte-Nord et de l’île d’Anticosti.

Le rendement de piégeage évalué en fonction de la superficie exploitable était de 25 animaux/100 km2 dans le réseau structuré et de 49 dans les zones libres situées entre Tadoussac et Havre-Saint-Pierre. Ces estimations peuvent cependant être biaisées étant donné qu’elles proviennent de la compilation de vente de fourrures et non de la récolte réelle. Le nombre de trappeurs/100 km2 de territoire exploitable était comparable dans les zones libres situées entre Tadoussac et Havre-Saint-Pierre et le réseau structuré, soit 2 trappeurs/100 km2. Dans les zones libres de la Basse-Côte-Nord et de l’île d’Anticosti ainsi que dans les réserves de castor, le nombre d’animaux et le nombre de trappeurs par 100 km2 étaient extrêmement faibles (tableau 20).

Tableau 20. Récolte d’animaux à fourrure en 1999-2000

Zone libre

Belette et hermine 1 485 505 80 120 2 190

Castor 1 235 661 179 133 2 208

Coyote 0 0 0 5 5

Écureuil roux 759 228 31 69 1 087

Loup 20 5 1 2 28

Loutre de rivière 121 30 20 21 192

Lynx du Canada 46 32 0 1 79

Martre d’Amérique 1 292 452 27 215 1 986

Mouffette rayée 3 0 0 0 3

Ours noir 9 8 1 0 18

Pékan 8 4 0 2 14

Rat musqué 1 277 548 54 189 2 068

Renard arctique 0 1 0 3 4

Renard roux 276 148 144 42 610

Vison d’Amérique 722 263 45 98 1 128

TOTAL 7 253 2 885 582 900 11 620

Nombre de trappeurs 572 124 89 *4 789

Superficie (km2) 29 567 5 834 24 960 285 193 345 554

Animaux/100 km2 25 49 2 0,3 3

Animaux/trappeur 13 23 7 **15

Trappeurs/100 km2 2 2 0,4 **1

*Nombre de trappeurs ayant commercialisé au moins une fourrure.

**Réserves de castor exclues.

Le taux d’activité des trappeurs sur les terrains de piégeage se mesure indirectement par la superficie du territoire exploitée qui était de seulement 54 % et par la proportion de trappeurs titulaires de droits exclusifs qui n’ont pas atteint le seuil de commercialisation des fourrures (31 %), c’est-à-dire qui n’ont pas vendu 15 fourrures provenant de 5 espèces différentes.

Bien que le taux d’occupation des terrains de piégeage soit important (80 %), le taux d’exploitation des animaux y est moindre que dans les zones libres situées entre Tadoussac et Havre-Saint-Pierre, même si le nombre de trappeurs par 100 km2 de territoire exploitable est identique. Il y a donc une concentration de la récolte dans un petit territoire (5 834 km2) dont le potentiel est considéré comme étant moindre que celui du réseau structuré, qui est six fois plus grand.

L’exploitation des animaux à fourrure dans les pourvoiries est marginale. En fait, il s’y fait très peu, voire aucune publicité auprès de la clientèle. Il y aurait lieu de promouvoir cette activité.

À chaque année, une certaine proportion des fourrures qui proviennent d’animaux capturés accidentellement ou dont la valeur marchande est trop faible (belettes, écureuils, etc.) sont jetées au lieu d’être mises en marché, même si elles sont de bonne qualité. Le nombre de peaux ainsi détruites annuellement, bien que difficile à déterminer, est considéré comme étant important dans certains secteurs. L’application du seuil de commercialisation des fourrures sur les terrains de piégeage enregistrés a eu pour effet d’inciter les trappeurs à mettre en marché toutes leurs fourrures.

4.2.4.3 Principaux aspects réglementaires

Afin de mieux gérer l’activité de piégeage, le territoire a été divisé en unités de gestion des animaux à fourrure (UGAF). On retrouve 16 UGAF sur la Côte-Nord à l’intérieur desquelles se trouvent des terrains de piégeage enregistrés, des réserves de castor et des zones libres de piégeage (figure 5). Les périodes d’ouverture du piégeage peuvent différer quelque peu d’une UGAF à l’autre. Celles-ci sont, pour la majorité des espèces et des secteurs, du début octobre au début mars.

Les modalités de piégeage pour certaines espèces peuvent aussi différer d’une année à l’autre en fonction des tendances des populations. Sur les terrains de piégeage enregistrés, l’exclusivité du piégeage est accordée à un trappeur et à un maximum de trois aides-trappeurs par l’attribution d’un bail de droits exclusifs de piégeage. L’attribution se fait par tirage au sort annuellement pour les terrains vacants et le bail est d’une durée de 9 ans, renouvelable si les conditions du bail sont respectées. Pour piéger dans la zone libre de piégeage ou chez un pourvoyeur qui détient des droits exclusifs de piégeage (une vingtaine sur la Côte-Nord), seul le permis de piégeage général est nécessaire. Le piégeage dans la réserve de castor de Bersimis est réservé exclusivement aux autochtones alors qu’il est possible de piéger dans la réserve de castor du Saguenay pour les détenteurs d’un permis de piégeage général.

4.2.4.4 Potentiels de mise en valeur

L’activité de piégeage est devenue une activité de loisir plus qu’un commerce. En facilitant l’accès à l’exploitation des espèces qui présentent un potentiel, on pourrait en augmenter les retombées économiques. Il faudrait donc promouvoir le piégeage comme activité sportive plutôt que commerciale et développer une image positive de ce type de prélèvement.

Le piégeage est également perçu comme une activité d’un autre temps. Il faudrait miser sur l’éducation, par exemple en développant des activités d’interprétation sur les sites de piégeage.

Il faudrait simplifier l’accès à cette activité en offrant plus de formation et à moindre coût. Aussi, il faudrait développer les activités d’observation des animaux à fourrure.

Les réserves de castor, qui occupent 80 % du territoire mais qui fournissent moins de 10 % de la récolte totale, sont nettement sous-exploitées. À l’inverse, les terrains de piégeage enregistrés et les zones libres, qui ne couvrent que 20 % de la région, fournissent 90 % de la récolte. Il serait possible de maximiser la récolte d’animaux à fourrure sur la Côte-Nord en incitant les communautés autochtones à développer le piégeage dans les réserves de castor, que ce soit en partenariat avec des associations ou par le développement d’activités touristiques.

Il faudrait également inciter les pourvoiries détentrices de droits exclusifs de piégeage à utiliser ces droits et à publiciser l’activité auprès de leur clientèle, que ce soit pour des activités d’observation, d’interprétation ou de prélèvement (ex. : expérience de la vie des coureurs des bois avec piégeage du castor pour des Européens).