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MONTEE DE LA DEPENDANCE

20.1. LES GRANDES TENDANCES DE L'INDUSTRIE AU NIVEAU MONDIAL

Les industries extractives

Après la hausse des prix de 1973 à 1977, c'est à un déclin des cours réels des matières premières minérales que l'on assiste depuis le début des années 1980, et les diverses études prospectives qui ont été faites montrent que l'état des marchés mondiaux ne devrait guère s'améliorer d'ici la fin du siècle.

Pour les métaux, trois phénomènes agiront sur la demande : une croissance moins rapide dans les industries fortes consommatrices de métaux, une moindre consommation spécifique de métaux due à l'amélioration des techniques d'emploi et le développement de matériaux nouveaux concurrents (plastiques techniques, matériaux composites, céramiques). Cela se tradui- ra par une croissance modérée de la demande mondiale qui pourra être satisfaite par une simple augmentation de la production des mines existan- tes, sans mise en service de grands projets miniers nouveaux, au moins jusque vers la fin des années 1990.

Dans le domaine de l'uranium, qui intéresse tout particulièrement le Niger, la demande mondiale ne devrait croître que lentement jusque vers 2010, la puissance nucléaire supplémentaire installée chaque année dans le monde ayant atteint son maximum en 1986 et diminuant fortement depuis.

L'énergie

Il a fallu une douzaine d'années au système économique mondial pour s'adapter aux conséquences de la hausse du prix du pétrole en 1973. Le ralentissement de la croissance, les économies d'énergie, la substitution au pétrole d'autres sources d'énergie primaire, le changement de la compo- sition de la production dans les pays industrialisés ont entraîné en six ans un retournement du marché pétrolier et une baisse profonde des prix. Mais les milieux pétroliers n'excluent pas une nouvelle hausse des prix du pétrole dans la deuxième moitié des années 1990 sous l'effet de trois causes conjuguées :

- la baisse actuelle des cours qui a pour effet un ralentissement des efforts d'économie et un freinage des substitutions dans les pays développés;

- la hausse inévitable de la consommation des pays du Tiers-Monde;

- l'augmentation du pourcentage des réserves mondiales détenu par les pays du Moyen-Orient.

Les industries manufacturières

Les industries manufacturières vont être marquées par des changements structurels qui sont amorcés depuis la fin des années 1970. On se limite- ra ici à essayer d'en brosser un tableau à grands traits, en soulignant ce qui peut concerner particulièrement la région sahélienne :

- Le déclin d'un certain nombre d'industries classiques dans les pays du Nord, industries dont les plus typiques sont la sidérurgie et la fabri- cation des matériaux de construction. En revanche, sous la pression de la croissance démographique et des besoins qui sont encore loin d'être satisfaits, le développement de ces industries se poursuivra dans les pays du Sud. On va assister à un basculement progressif de ces indus- tries du Nord vers le Sud.

- La montée d'industries nouvelles, dites de haute technologie : indus- tries du traitement de l'information, fabrication de molécules com- plexes par voie chimique ou par les biotechnologies, fabrication des ma- tériaux nouveaux etc... La majeure partie de ces industries et en parti- culier les industries les plus à la pointe du progrès technique seront localisées dans les pays du Nord où se fera l'essentiel de la recherche- développement qui engendrera ces industries nouvelles. Les nouveaux pays industrialisés et sans doute d'autres pays du Tiers-Monde qui par- viendront à se doter d'un avantage comparatif et à s'imposer sur un mar- ché extrêmement compétitif auront aussi leur part dans ce développement des industries nouvelles.

- La montée des services, services aux particuliers mais aussi et surtout services aux industries. On va vers une transformation profonde de l'industrie dans laquelle le "software", les techniques d'organisation et de communication entre les hommes joueront un rôle de plus en plus important; on va vers ce que l'on a appelé une tertiarisation de l'in- dustrie.

- Globalement cette évolution devrait se traduire par une diminution du nombre d'emplois dans l'industrie des pays du Nord, alors que le nombre d'emplois industriels dans les pays du Sud devrait continuer à croître.

- L'évolution des technologies fera qu'il n'y aura pas de délocalisation massive des industries dites de main d'oeuvre des pays du Nord vers les pays du Sud, comme on avait pu le penser dans les années 1970. La robo- tisation, l'informatisation de la production transforment les indus- tries autrefois de main d'oeuvre en industries capitalistiques et font disparaître l'avantage comparatif dont les pays du Sud croyaient bénéfi- cier. Et il ne faudra pas compter sur les gouvernements des pays du Nord, confrontés à des problèmes de chômage structurel parfois aigus, pour s'opposer à cette mutation de l'industrie.

- En revanche, l'évolution de la technologie va réduire l'ampleur de l'effet d'échelle. L'ère des ensembles industriels de plus en plus gi- gantesques semble révolue. Les nouvelles technologies rendront à la fois possible et rentable une production en unités plus petites, plus décentralisées. Il est vraisemblable, par exemple, qu'on ne construira plus de complexes sidérurgiques classiques, équipés de cokeries et de hauts-fourneaux et produisant plusieurs millions de tonnes d'acier par an, mais que l'avenir sera à des unités, de taille nettement plus peti- te, employant des techniques de réduction directe des minerais et utili- sant des fours électriques.

Les pays en développement devraient tirer parti de cette évolution vers des usines plus petites, des ateliers plus flexibles, capables de fabri- quer des séries plus limitées de produits manufacturés, dans des condi- tions très compétitives. En particulier, ceux dont les marchés inté- rieurs sont de taille modeste.