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Les gradients d’urbanité, principe et controverses

PARTIE I – L’URBANITE, UN CONCEPT RELATIF

Chapitre 2 – Relativité épistémologique

II. Urbain, urbanité, citadinité

2. Les gradients d’urbanité, principe et controverses

i. Un gradient d’urbanité variable selon les modes d’habiter ? Un

gradient morphologique à repenser

De la logique de « mesurer l’urbanité en tout point » pensée par Jacques Levy (1997), on peut retenir qu’il est nécessaire pour envisager l’urbanité d’aller au-delà de la configuration standard entre centre et périphérie selon une logique auréolaire. Les réalités actuelles échappent en effet de plus en plus à ce schéma basique, notamment par la recréation de centralité en périphérie des villes. Ce qui fait dire à Jacques Levy que la forme spatiale de la ville, la « forme urbaine » avec ses discontinuités et ses gradients, doit être non le point de départ mais le point d’arrivée de la recherche (1997). C’est la recherche qui doit identifier les gradients d’urbanité des villes d’aujourd’hui. Il faut préciser que les gradients d’urbanité, tels qu’ils sont envisagés par Jacques Lévy, sont des opérateurs sans valeurs hiérarchiques. Ils permettent une lecture de l’urbain non basée sur une continuité linéaire qui irait du centre-ville au rural, et de mettre en avant des espaces possiblement morphologiquement périphériques mais avec des caractéristiques et des ambiances urbaines résultant d’une combinaison densité/diversité forte. Le point de départ ne doit pas restreindre les périmètres de recherche mais plutôt considérer un tout urbain, au sens où aujourd’hui l’urbain comme phénomène diffus semble prendre le pas sur la ville stricto sensu (Choay, 1993). Ce tout urbain nécessite de s’affranchir des limites classiques et de recomposer l’urbain par les pratiques relevées par les enquêtes.

S’affranchir des limites classiques implique de dépasser les notions administratives et statistiques de ville centre, de banlieue, de pôle urbain, de périurbain et de rural pensées par l’INSEE. Pour rappel, le pôle urbain est composé d’un ensemble de communes, la ville centre, celle qui compte le plus d’habitants, et ses banlieues. Ces banlieues sont pensées dans le cadre d’une continuité du bâti. Le périurbain lui se définit par une double dimension, paysagère et fonctionnelle (voir précédemment). L’aire urbaine est alors l’addition du pôle urbain et du périurbain. A chacun de ces niveaux statistiques correspond un niveau théorique pensé notamment par François Moriconi-Ebard (2000). La « ville politique » est la ville centre, dont le caractère central est aussi un héritage historique. « L’agglomération » est le pôle urbain pensé comme un milieu géographique aux limites morphologiques identifiables, et « l’aire métropolisée » est l’aire urbaine aux limites de plus en plus floues et indéfinies. Cette dernière catégorie rejoint l’idée de Métapolis évoquée par François Ascher (1995) et l’idée d’un urbain en voie de généralisation autant en termes de formes urbaines que de mentalités. Mais cette

délimitation avant tout institutionnelle, si elle présente l’intérêt d’être acceptée par tous les acteurs et de poser une base de réflexion, n’en semble pas moins dépassée dans nos sociétés actuelles de la « ville polycentrique » et de la « ville au choix » (Chalas, 2001).

Dans le cadre de la « ville polycentrique », marquée par l’étalement urbain, on constate notamment l’émergence de centralités jusque dans des territoires éloignés des centres villes des villes centres, lieux classiques de la centralité. C’est l’exemple de grands centres commerciaux en périphérie ou des centres tertiaires périphériques. Ces centres commerciaux sont des lieux révélateurs de pratiques de consommation et de manières d’être fortement marquées par des effets de mode qui sont aussi partie prenante de l’urbanité et des modes de vie urbains, dans la mesure où ces effets de mode sont surtout et d’abord diffusés à partir des villes, lieu où prend place la « sociabilité du nombre » (Moncomble, in Stebe, Marchal, 2009). Ces centres commerciaux de périphérie sont donc des « lieux d’évaluation individuelle des manières d’être » (Chalas, 2001,p.125). Dans ce cadre de la ville polycentrique, les habitants des communes périurbaines sont de moins en moins « dépendants » du pôle urbain et vivent de plus en plus de périphérie à périphérie (Marchal et Stébé, 2015). La ville centre et le pôle urbain sont ainsi de moins en moins pratiqués, et ce, même pour des activités de loisirs « traditionnelles » comme le cinéma par exemple75. Cette émergence de centralités périphériques remet donc en cause une approche continue de gradients d’urbanité des centres villes vers la périphérie. Cette logique de « ville polycentrique » va de pair avec la logique de « ville au choix ». A l’heure de la mobilité généralisée, et notamment de la mobilité individuelle permise par l’automobile, l’offre urbaine accessible aux individus est démultipliée. Le choix est désormais individuel. Nous vivons dans un monde où les qualités de l’urbanité sont de plus en plus présentes, y compris au-delà de l’urbain au sens morphologique du terme. Cette ville au choix implique un nouveau rapport aux espaces de vie, ainsi qu’un nouveau rapport à certaines échelles, notamment celle du quartier. Aujourd’hui, l’espace proche au sens de vécu quotidiennement peut être lointain d’un point de vue euclidien76. Le point fixe des pratiques urbaines aujourd’hui, en ville centre, en banlieue, dans le périurbain, voire dans le rural, c’est le logement, et de moins en moins le quartier77(Chalas, 2001, p.145). Ce niveau d’échelle du quartier semble perdre de son sens à l’heure de l’accessibilité généralisée, même si il conserve

75 L’émergence et de développement des grands complexes de cinéma en périphérie est un bon exemple de la

déconcentration de ces activités de loisirs traditionnellement associées à la centralité (Augros, 2013).

76 Exemple des navetteurs chez Lanéelle, 2004

77 Même si cette remarque est à nuancer aussi en fonction des moyens à disposition des ménages, c’est notamment

une pertinence pour les individus (Authier, Bacqué, Guerin-Pace, 2007), notamment en termes identitaires (Guerin-Pace, 2007). Et cette échelle du quartier est aussi mise en avant dans le paradoxal concept de « village urbain » que l’urbanisme durable tend à imposer aujourd’hui. La ville au choix est donc clairement la ville de la multi-appartenance en fonction des pratiques et des modes d’habiter. Ce qui implique aussi un bouleversement de la notion d’urbanité en l’ouvrant à d’autres échelles.

Ainsi l’urbanité attesterait de cette capacité singulière - qui fut longtemps le propre des urbains et qui n’est plus systématiquement le cas aujourd’hui - « à exercer de multiples manières d’être, à expérimenter la simultanéité des gens, des produits, des symboles, des œuvres mais aussi des mondes qui constitueraient l’univers social » (Toussaint, in Stebe, Marchal, 2009, p.503).

ii. Vers de nouveaux gradients

De là, il paraît nécessaire de repenser l’idée de gradients d’urbanité qui iraient systématiquement en faiblissant au fur et à mesure que l’on s’éloignerait d’un centre-ville pensé comme le lieu de l’urbanité « absolue ». L’urbanité serait aujourd’hui plus diffuse, de moins en moins conditionnée par les formes urbaines et de plus en plus conditionnée par les pratiques, relevant des modes d’habiter individuels. Ainsi, les « rurbains », souvent issus des villes, s’ils rejettent l’urbanité au sens morphologique de densité et de mixité, déplacent à la campagne des pratiques et des modes d’habiter urbains. Ils restent connectés au monde via Internet, pratiquent des sports « urbains », jogging, roller… et se font livrer les journaux comme en ville (Bailly, 2009).

Le rôle d’Internet, en tant que moyen de diffusion d’un mode de vie urbain, est primordial. Grâce à Internet, on peut en effet vivre dans un espace très rural et avoir accès à un très grand nombre de services, ce qui n’était pas possible auparavant. Cette accessibilité numérique à un grand nombre de services et de produits bouleverse les manières de penser l’accessibilité aux services commerciaux de manière générale. Les habitants peuvent ainsi vivre dans l’espace physiquement clos de leur maison et dans un espace rural, tout en étant, grâce à Internet, reliés au monde et profiter de certaines offres urbaines. C’est l’exemple de Chichery, en Bourgogne, évoqué par Marchal (2009, in Stebe, Marchal, p. 401). Mais ces habitants vivant dans l’espace clos de leurs maisons sont néanmoins sans cesse projetés hors de leur maison grâce ou à cause d’Internet78. Ils sont physiquement présents dans des espaces où on a peu d’urbanité (au sens

78 Voir les travaux du GIS Marsouin sur l’usage du numérique en Bretagne, et notamment de l’observatoire OMNI,

strict de combinaison densité/diversité) mais psychologiquement absents, projetés dans des espaces virtuels à fort potentiel d’urbanité. Cette dialectique évoquée précédemment logement/monde, qui peut s’envisager en termes d’urbanité, peut être interrogée au sein de n’importe quel espace dans les pays industrialisés, urbains comme ruraux. Cette argument va dans le sens, de ceux qui défendent la thèse d’un règne de l’urbain et d’un urbain généralisé. Le seul gradient morphologique ne peut donc plus suffire. Il faut lui ajouter un gradient plus fin qui permettrait d’envisager des spécificités liées aux pratiques de chacun. Et se pencher sur ces pratiques nécessite aussi de prendre en compte le capital économique des individus, qui influence fortement les pratiques individuelles. Les pratiques urbaines des individus, et leurs fréquences ne sont en effet pas identiques en fonction des possibilités économiques de chacun (Rougé, 2005, 2014). Dépasser ces gradients morphologiques est au cœur des travaux de Marc Dumont dans lesquels il propose non plus de parler de périurbain mais de sub-urbain (Dumont, Bossé, 2006). Le concept de sub-urbain permettrait de penser les espaces urbains périphériques et « inter-villes » en sortant de la définition du périurbain de l’Insee, définition réductrice et ne permettant pas de saisir cette réalité de manière fine et contrastée.

iii. La mixité sociale : une notion centrale mais en débat

Dans le cadre d’une définition de l’urbanité comme combinaison densité-diversité, la mixité sociale apparaît comme un élément central de diversité au même titre que la mixité générationnelle par exemple. Cette notion de mixité sociale, qui serait plus importante dans les villes, et notamment dans les grandes villes, est aujourd’hui un des enjeux de l’urbanisme. On note toutefois que cette notion de mixité est depuis longtemps questionnée dans le champ des études urbaines et que les travaux de l’école de Chicago (Park, 1925), de Jacobs (1961), de Mumford (1971), ou de Lefebvre (1970), mettaient déjà l’accent sur le caractère fondateur de la mixité pour faire « urbanité ». Dans ces différents travaux, ainsi que dans la Charte d’Aalborg, les effets de cette mixité sociale sont perçus comme normativement positifs. Ce qui se traduit aujourd’hui en France par une institutionnalisation de la mixité sociale. Cette mixité est érigée en modèle dans le cadre de l’urbanisme durable et dans les différentes lois régissant l’urbanisme aujourd’hui79. Mais cette notion est contestée et débattue depuis plusieurs décennies et, dès les années 1970, des voix se font entendre pour montrer comment le vœu pieux de mixité sociale n’efface pas pour autant les barrières, ni la distance que les classes

sociales entretenaient entre elles (Chamboredon, Lemaire, 1970). Il ne s’agit pas ici pour nous de remettre en question les bienfaits possibles de la mixité sociale mais de critiquer le caractère normatif que cette mixité revêt aujourd’hui.

Cette notion s’invite plus récemment dans le cadre des débats sur la gentrification qui ont animé les années 2000 en France. Ce processus de remplacement des catégories « populaires » des centres villes par des catégories relevant de ce que Richard Florida appelle les « Classes Créatives » (2014) pose en effet la question du lien entre ces nouveaux arrivants, recherchant cette mixité sociale a priori, et les populations « populaires » vivant dans ces quartiers jusqu’ici. Dès 2010, la revue « Espaces et Sociétés » sortait un numéro interrogeant les « paradoxes » de la mixité sociale (Blanc, Bidou-Zachariasen, 2010). L’exemple parisien a notamment été largement étudié, entre tenants d’un remplacement des catégories populaires qui seraient dès lors repoussées hors de Paris même80, et ceux qui érigent les gentrifieurs en protecteur de la mixité sociale81. Mais la controverse ne s’arrête pas à ces deux postures figées. Eric Charmes (2009, 2016), puis Matthieu Giroud (2016), ont largement discuté par la suite cette question des effets positifs fondés ou non de la mixité sociale. Ces derniers invitent notamment à la prudence sur le caractère normatif de la mixité sociale opposée à la ségrégation, qui certes n’est pas souhaitable, mais qui peut tout de même déboucher sur des processus positifs, de solidarité notamment, que des quartiers gentrifiés ne proposent pas toujours (Bacqué, 2016). Un autre aspect fondamental, mis en avant dans le cadre de ces controverses est la distinction entre un discours institutionnel se positionnant ouvertement en faisant de la mixité sociale un objectif central des politiques de la ville, et l’effet concret de ces politiques sur le terrain. En effet, on constate souvent que ces dynamiques mènent, non pas à plus de mixité, mais à la création de nouvelles formes de distinction dans ces espaces, pouvant aller jusqu’à des logiques de clubbisation (Charmes, 2011). Nouvelles logiques de distinction qui peuvent par exemple passer par du contournement de la carte scolaire82, voire par du refus pur et simple d’accueillir sur son territoire certains équipements83, et entrainer des formes d’entre-soi poussées à leur paroxysme (Pinçon-Charlot, 2007).

80 Clerval, 2013

81 Lévy, in Libération 24 octobre 2013 en réaction à un article de Anne Clerval du 19 octobre 2013 également dans

Libération

82 Charmes, Eric, 2007, « Carte Scolaire et « clubbisation » des petites communes périurbaines », in Sociétés

contemporaines, 2007/3, n°67, pp.67-94

La notion de mixité reste à considérer avec circonspection du fait de ces nombreuses controverses et de son usage dans les politiques d’aménagement qui l’inscrivent alors dans des logiques idéologiques qui appellent réflexions et discussions.

iv. Des « gradients d’urbanité » controversés

Penser des gradients d’urbanité nécessite de pouvoir mesurer cette urbanité, de la quantifier en différents lieux. D’après la position adoptée par Jacques Levy, où le terme d’urbanité est clairement défini comme une combinaison densité/diversité et s’insère dans une problématique où il a une place conceptuelle à part entière, une telle opération est possible. En revanche, pour d’autres qui voient dans l’urbanité une notion floue, qui serait partout et nulle part, qui relèverait des interactions, il serait impossible à la mesurer, et a fortiori de la quantifier. Ainsi, cette notion de gradient d’urbanité - si elle est parfaitement envisageable pour certains, qui en font le cœur de leur recherche - est parfaitement dénuée de sens pour d’autres.

La mise en lien des morphologies urbaines avec les résultats électoraux tend à montrer des associations possibles entre formes urbaines et tendances politiques. Cette relation questionne alors une des dimensions de l’urbanité, celle de l’altérité et du rapport à l’altérité. Ainsi, si on regarde une carte de France des résultats électoraux de ces dernières années, on peut noter que les habitants des grandes métropoles votent moins pour les «extrêmes » que ceux des espaces non urbains (périurbains ou ruraux). Cette approche est notamment défendue par Fabien Escalona et Mathieu Vieira qui ont théorisé le concept « d’idéopôle » comme laboratoire de la recomposition de l’électorat socialiste (2012). Les idéopôles sont définis comme « des métropoles régionales attractives, intégrées aux réseaux de l’économie globalisée – tant du point de vue économique que culturel – et principalement axée sur les secteurs de l’économie de la connaissance » (Escalona, Vieira, 2012, p.2). Suivant cette logique, on aurait une opposition très nette entre les manières de voter de ces centres urbains, vecteurs d’une urbanité forte et les espaces en dehors de ces centres urbains, qui seraient plus tentés par les extrêmes. Cette logique est aussi décrite par Jacques Lévy, notamment dans l’analyse des scrutins sur le référendum Européen de 2005 et suite aux élections de 2012 (article dans Libération en 2005 et dans le Monde en 2012). Dans ces articles, il explique que les espaces où l’urbanité est forte résistent mieux aux votes contestataires et à l’abstention que les espaces périphériques, périurbains notamment. Les élections de ces 20 dernières années tendent plutôt à confirmer ces hypothèses. Ce qui a donné lieu à une controverse en 2007 dans Les annales de la Recherche Urbaine entre Jacques Lévy (2007), défendant ses positions, et Fabrice Ripoll et Jean Rivière

(2007), critiquant cette idée de hiérarchie des espaces et de supériorité en termes de légitimité de certains espaces (les centres villes en l’occurrence) sur d’autres espaces (le périurbain ici). Christophe Guilluy (2010, 2014) a aussi défendu cette théorie d’un lien entre type de vote et lieu de résidence, à travers ce qui lui apparait comme une fracture entre les espaces gagnants de la métropolisation, soit les grandes villes, et les autres espaces, dont le périurbain, les petites villes et les espaces ruraux. Mais Eric Charmes, Stéphanie Vermeersch et Lydie Launay (à la suite de Cailly, 2004, ou Dodier, 2012, notamment) ont aussi défendu l’idée d’un périurbain pluriel ne pouvant être assimilé à un objet unique en termes de vote (2013).

Cette controverse qui a alimenté le débat sur les gradients d’urbanité au mois de mars 2013 est intéressante à divers titres. D’abord, elle tend à donner à l’urbanité une place centrale dans nos sociétés, plus spécialement ici pour expliquer des comportements politiques. En effet, et même si Eric Charmes critique le lien entre gradient d’urbanité et vote, sa théorie de la clubbisation peut aussi s’interpréter en termes d’urbanité et comporte elle aussi un volet politique. S’appuyant sur les résultats d’une grande enquête auprès des classes moyennes dans les banlieues parisiennes et londoniennes, Eric Charmes, Lydie Launay et Stéphanie Vermeersch montrent la multiplicité des figures que l’on peut rencontrer dans le périurbain et qu’il est illusoire de faire du périurbain un géotype homogène (2013). De même, ils précisent que le vote extrême dans ces espaces rattrapés par « l’étalement urbain » est surtout le fait des autochtones qui n’acceptent pas que leur cadre de vie soit « altéré » par l’arrivée de populations souvent modestes et d’origines immigrées. Ils vont ainsi à rebours de l’idée d’un périurbain lointain fait de « petits blancs » qui auraient le sentiment d’être déclassés, à la marge et oubliés par la République, électorat présenté par Guilly comme le terreau de l’extrémisme. L’exemple de la grande banlieue parisienne est à ce titre intéressant. Des villes comme Sens, par exemple, sont aujourd’hui des villes marquées par une réelle diversité et sont loin d’être des espaces homogènes. Mais Jacques Lévy dans la réponse qu’il fait à ce premier article (2013) pointe quelques limites à l’approche proposée précédemment. Il note tout d’abord que sa théorie des gradients d’urbanité est très souvent réduite à une simple approche de combinaison entre densité et diversité qui irait en s’amenuisant à mesure que l’on s’éloigne du centre-ville. Or, cette idée est souvent perçue de manière caricaturale par le monde de la recherche en géographie, notamment parce que les critiques contre Lévy se basent sur des écrits destinés à la presse quotidienne et qui sont à ce titre simplifiés par rapport à ses écrits scientifiques. La notion de gradient d’urbanité est en effet plus nuancée qu’elle ne paraît. Le texte que Lévy a proposé en 1997 avec Florence Haegel mérite notamment qu’on y prête attention.

Dans ce texte, Lévy défend l’idée de l’importance de la prise en compte des parcours individuels dans l’approche des gradients d’urbanité et défend une approche fine de ces gradients. Dans ce travail, il va finalement dans le même sens que Charmes, Launay et Vermeersch en défendant l’idée de la nécessité d’une approche fine et empirique. Il ne faut pas non plus perdre de vue