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d’étude Introduction

1.2 Les fonctions des émotions

L’émotion n’est jamais dénuée de sens (Mikolajczak, 2014), son apparition est toujours pertinente pour l’individu selon le contexte. En ce sens, l’émotion peut avoir différentes fonctions:

L’émotion, source d’information: L’émotion est «toujours porteuse d’un message» (Clore et al., 2001) qui renvoie à «des besoins et cela se traduit, selon le contexte, par une émotion positive ou négative» (Mikolajczak, 2014). En ce sens, l’émotion sert à nous «informer sur notre rapport au monde» (Ibid.) et sa nature «positive ou négative» dépend essentiellement du contexte.

L’émotion, facilitatrice d’action: en se basant sur les travaux de Nico Frijda (1986), Mikolajczak (2014) explique que «le propre d’une émotion est de faciliter certains comportements, tout en en inhibant d’autres». Ainsi, l’ultime fonction d’une émotion est de faciliter l’adaptation de l’individu, de lui permettre d’adopter des comportements appropriés à son environnement. En effet, l’émotion constitue «un guide de comportement, dont l’objectif est de permettre à l’individu d’agir vite et bien» et créé «une tendance à l’action» (Ibid.) en faveur d’un certain type de comportement, ce qui fait de l’émotion un mécanisme efficace pour une adaptation réussie à la situation. Dans le même sens, Lazarus (1991) explique que l’émotion se déclenche à travers des facteurs

150 physiques et physiologiques, provoquant ainsi un comportement. Ce dernier est le fruit

«de changements corporels […] et au niveau du mental, […] marqué par une pulsion, se traduisant au final par une forme définitive de comportement» (p. 36).

Le tableau ci-dessous répertorieles tendances à l’action associées à sept émotions de base (Plutchik, 1980).

Tableau3-1: Tendances à l’action et fonctions adaptatives de sept émotions de base

Adapté de Mikolajczak et al., (2014, p.19)

L’émotion, support à la décision: Depuis les études de Damasio (1994), et notamment ses travaux sur les patients présentant une lésion cérébrale au niveau des circuits neuronaux de l’émotion, ont montré, contrairement aux idées reçues,

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que les émotions sont «indispensables aux processus de décision»

(Mikolajczak et al., 2014). En effet, c’est l’accident tragique d’un certain Phineas Gage qui a permis de mettre en évidence l’importance des émotions dans la prise de décision. En ce sens, il apparait que les émotions aident à prendre les décisions et cela durant toute situation de choix, et surtout si la situation comporte des risques, dans la mesure où ce choix provoque une

«activation émotionnelle» qui s’accompagne de plusieurs réactions

physiologiques, constituant ainsi pour la personne «des repères» afin de choisir la situation la moins risquée. En effet, il s’agit d’une «réponse automatique» qui facilite et accélère le choix entre différentes situations. Par conséquent, ces réactions sont «indispensables» afin de faire un choix, dans le sens où les individus privés de ces réactions, se retrouvent incapables de trancher, entre deux situations rationnellement égales (Ibid.).

L’émotion comme outil indispensable à l’adaptation: Pour Cosmides et Tooby (2000) cités par Mikolajczak et ses collègues (2014), les émotions constituent «un ensemble de programmes de différents niveaux, activables et désactivables en fonction des demandes de l’environnement». En effet, ces programmes contribuent à contrôler les réponses des différents systèmes (physiologique, cognitif, etc.), pour que l’organisme puisse répondre de la manière la plus adéquate possible en fonction des différentes situations. Mikolajczak (2014) illustre ces propos en donnant l’exemple de la peur: «[…] cette émotion que génère l’idée d’un danger, crée une priorité biologique, ce qui implique souvent une accélération du rythme cardiaque, empêchant ainsi la mise en sommeil. De ce fait, la peur constitue un outil adaptatif, de façon qu’il serait, par exemple, désastreux d’activer «le programme» de la mise en sommeil alors qu’au même moment, la vue d’un danger imminent exigerait la mise en œuvre du «programme» de fuite» (Ibid., p. 24). Par conséquent, les émotions sont une réponse «fonctionnelle» aux différents problèmes adaptatifs qu’un individu pourrait rencontrer. Dans le même sens, Salovey et Mayer (1990) soulignent que les émotions sont, en effet, des «réponses organisées qui incluent les systèmes physiologiques, cognitifs, motivationnels et expérientiels, au-delà de l’aspect psychologique», permettent ainsi à l’individu de s’adapter à son environnement et de préparer son organisme à des réponses comportementales adaptées (Frijda, 1986), en «restaurant un état d’équilibre, lorsque des événements inattendus ou

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inhabituels créent un déséquilibre» (Plutchik, 2001, p. 347).

L’émotion, indicateur des interactions entre individus: Pour Luminet (2002), les émotions exercent une influence importante sur les interactions sociales. En ce sens, les expressions faciales, le regard, la posture, le paralangage, etc., tous sont des indicateurs qui pourront aussi bien favoriser que décourager les interactions entre les individus. Ainsi, les manifestations des émotions, sont un élément central dans l’habileté des individus à se situer eux-mêmes dans la société (Hearn, 1993; Fineman, 2000). En effet, le contexte socio-culturel de l’individu fait varier ses expressions des émotions qui sont définies contextuellement (Albrow, 1997; Fineman, 2000) affectant et guidant ainsi les relations sociales. Dans le même sens, Rafaeli et Sutton (1990) expliquent qu’une des fonctions de l’émotion est de faciliter la régulation des interactions sociales, par conséquent, les émotions relèvent d’un processus de «régulation sociale» (Plutchik, 2001). Enfin, dans le milieu du travail, les émotions émergent des relations de travail influençant les réactions affectives des individus au travail (Weiss et Cropanzano, 1996) et l’apprentissage organisationnel (Gond et al., 2005).

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Section 2 : Les différentes perspectives de l’étude des émotions

Quatre perspectives d’études se confrontent et se complètent pour la modélisation et l’analyse du fonctionnement émotionnel: (1) La perspective darwinienne, (2) jamesienne, (3) cognitiviste et enfin (4) socio-constructiviste.

Chacune de ces perspectives met en avant ses propres hypothèses et théories sur la nature, les causes et les conséquences de l’émotion.