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d’étude Introduction

1.1 Affects, humeur et émotions

Les mots décrivant nos états émotionnels sont nombreux (affect, humeurs, tempérament, émotions, sentiments…) et souvent indistinctement utilisés dans notre langage courant. Néanmoins, dans la littérature scientifique, ces termes renvoient à des concepts bien différents. En ce sens, Gray et Watson (2001) distinguent les émotions d’autres états affectifs, comme l’humeur, les tempéraments, les sentiments.

Il convient de dire que l’affect est un des composantes le plus importantes à notre vie, qu’il s’agit de notre vie privée et/ou de notre vie professionnelle puisqu’il influence nos comportements, nos performances et notre satisfaction professionnelle. En effet, l’affect représente «un terme générique englobant un champ très large de sentiments éprouvés qui va de la notion de l’humeur à celle de l’émotion» (Gray et Watson, 2001; Mikolajczak, 2014). En ce sens, Véronique Tran (2014) insiste sur cette différence et appelle à la vigilance quant à l’utilisation du terme «affect », en soulignant que dans de nombreux articles, les mots «affect», «humeur» et «émotion» sont utilisés de manière interchangeable (Tran, 2014). Par ailleurs, Frijda (1994) explique que les affects sont régulés à travers deux mécanismes physiologiques, ces mécanismes «reflètent la coexistence de deux systèmes motivationnels»

(Garcia et Herrbach, 2006) à savoir: un système «appétitif (positif), relié à la recherche de la récompense», et «un système aversif, relié à la menace et recherche de l’évitement» (Ibid.). Les auteurs soulignent que ces systèmes motivationnels peuvent être activés de manière opposée, couplée, ou indépendante (Cacioppo et al., 1999). D’ailleurs, Gray et Watson (2001) soulignent que l’affect se compose de quatre variables: (1) Le degré de spécificité du stimulus qui renvoie à la relation entre l’individu et l’objet (2) l’intensité de la réaction (3) La durée de la réaction (4) et enfin la fréquence des expériences somatiques (les rougeurs par exemple) avant la réaction. En ce sens, Véronique Tran (2014) indique qu’il existe deux courants de recherche concernant l’affect: d’une part, l’affect en tant que trait de personnalité (Staw et Barsade, 1993; Staw et al., 1994). En ce sens, ces travaux ont démontré que les

147 individus ayant une personnalité présentant une affectivité positive ont plus de succès dans l’entreprise et dans leur carrière en général. (Staw et Barsade, 1993); et d’autre part, l’affect en tant qu’état transitoire (Isen et Levin, 1972; Isen, 1984; Isen, et al., 1987), ces recherches se concentrent essentiellement sur l’affect positif de faible intensité. Elles ont montré que l’affect positif favorise la flexibilité cognitive, permettant aux individus une meilleure performance dans des tâches de résolution de problème, une meilleure recherche d’informations ainsi qu’une meilleure évaluation des alternatives à disposition avant de prendre une décision (Tran, 2014). Plus récemment, Alice Isen; «dont les travaux sont incontournables dès lors que l’on s’intéresse aux phénomènes affectifs et leurs relations au travail ou à l’entreprise» (Ibid., p.340); a également souligné les avantages que cela pouvait avoir dans le domaine organisationnel (Isen et Baron, 1991).

Après avoir défini le concept d’affect, il apparait donc nécessaire de s’intéresser aux notions de l’humeur et l’émotion.

Tout d’abord l’humeur qui est «un état plus ou moins persistant, qui peut durer de quelques heures à quelques jours » (Mikolajczak, 2014). Il s’agit d’un sentiment globalement plus faible en termes d’intensité que l’émotion et qui «ne nécessite pas forcément un stimulus» (Robbins et al., 2014, p. 110) pour qu’on soit d’une humeur plutôt que d’une autre, à titre d’exemple: on s’est tous réveillés un jour de mauvaise humeur sans raison particulière.

Bien que le terme «émotion» ne fasse pas l’objet d’un consensus dans la recherche et suscite

de nombreux débats sur les phénomènes appartenant au champ de l’«émotion», ce qui rend

difficile une définition standard et unanime (Sander et Scherer, 2009; Groppel-Klein, 2014; Kotsou, 2016), les chercheurs s’accordent pour expliquer que les émotions sont des réactions complexes (Scherer, 2001; Plutchik, 2001; Sander et Scherer, 2014; Mikolajczak, 2014) et qui jouent un rôle déterminant dans le bien-être subjectif de l’individu.

L’émotion, étymologiquement, vient du latin «exmovere» ou « emovere» qui signifie «mouvement vers l’extérieur» ou «mettre en mouvement» (Kotsou, 2016, p. 29). En ce sens, une émotion est liée à la modification d’un état initial désignant «ce qui nous met en mouvement à l’extérieur comme à l’intérieur de nous-mêmes» et «agit comme un indicateur ce qu’il se passe et permet de mieux y faire face» (Ibid.).

De son côté Luminet (2002) souligne les émotions sont «des états relativement brefs qui peuvent durer de quelques secondes à quelques minutes, provoqués par un stimulus ou par une situation spécifique» (ex. je suis heureux parce que j’ai gagné à un jeu). Dans le même

148 sens, Bélorgey et Van Laethem (2019), insistent sur cet aspect passager de l’émotion en définissant l’émotion comme étant «une réaction affective passagère d’intensité plus ou moins forte, qui survient en réaction à un événement déclencheur» (p. 92).

Mikolajczak (2014) définit l’émotion comme étant «un sentiment intense mais plus éphémère que l’humeur» générée par «un événement ou une interaction avec quelqu’un puis dirigé vers quelque chose ou ce quelqu’un» (Robbins et al., 2015, p.110). En effet, Lazarus (1991) explique, effectivement que l’émotion est générée par un objet ou un événement, elle comprend quatre composantes: (1) la cognition, ou la faculté de savoir utiliser les informations à sa disposition sur son environnement afin de satisfaire ses besoins (Plutchik, 2001), (2) la physiologie, (3) l’expression motrice et les tendances à l’action, (4) et le sentiment subjectif c’est-à-dire l’expérience subjective de la situation. En ce sens, une émotion s’accompagne toujours d’une série de manifestations et de modifications cognitives, physiologiques et comportementales qui varient selon son intensité. Ainsi, Scherer (2001, p.

94) énonce qu’une émotion est une séquence de changements d’états «(cognitif,

psychophysiologique, motivationnel, moteur, sentiment subjectif), intervenant de manière interdépendante et synchronisée en réponse à l’évaluation d’un stimulus (externe ou interne), par rapport à un intérêt central pour l’individu». Il explique ainsi que la manifestation de

l’émotion est «un phénomène multidimensionnel»: (1) La première dimension renvoie aux

pensées suscitées par la situation (2) La seconde dimension renvoie aux modifications biologiques. (Ex.: augmentation du rythme cardiaque en cas de peur). (3) La troisième dimension concerne les tendances à l’action. (Par exemple: l’envie de fuir, le désir de se volatiliser, la tentation de frapper…) (4) La quatrième dimension réfère aux modifications expressives et comportementales: l’émotion s’accompagne d’une modification au niveau de l’expression faciale, de la gestuelle de la posture et de la voix. (Ex. bras levés pour exprimer la joie), (5) La cinquième et dernière dimension renvoie à l’expérience subjective du ressenti (ex. je ressens de la joie).

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Figure 3-1: Différences entre affect, humeur et émotion

Adaptée de Robbins, Judge et Tran (2011, p.111)