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Les embûches d’une stratégie de puissance limitée

Dans le document Les pays émergents (Page 135-140)

La stratégie d’expansion et d’émergence de l’Afrique du Sud a de bonnes chances de se poursuivre et devrait faire du pays un acteur significatif dans le nouvel ordre

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L’Afrique du Sud : une puissance au seul regard des autres ?

mondial. Reste cependant un ensemble de défis internes et externes largement liés à l’héritage de l’apartheid qui continueront à peser fortement sur l’essor écono-mique des dix prochaines années.

Face à un accroissement de la consommation interne liée en partie à son expan-sion et à l’augmentation globale du niveau de vie, les investissements demeurent insuffisants. L’épargne nationale est très faible, les IDE demeurent limités et surtout trop fluctuants, tandis que les entreprises sud-africaines, découvrant des oppor-tunités plus avantageuses d’investissements à l’extérieur, et notamment ailleurs en Afrique, tendent à exporter leurs capitaux et leur savoir faire. Faute d’investisse-ments internes suffisants, le chômage demeure à un niveau extrêmement élevé (30-40 % de la population active) et les entreprises du secteur informel ne parvien-nent pas à émerger, renforçant le sentiment de frustration des plus de 50 % de la population qui vivent dans la pauvreté à l’égard d’une minorité toujours plus riche (la RSA est le deuxième pays sur l’indice Gini).

La violence sociale et criminelle atteint un très haut niveau. Les émeutes anti-étrangers du début de l’année 2008 ne sont qu’une des formes de ces violences, produites par une frustration sociale croissante, souvent entretenue par certains leaders traditionnels du Congrès des leaders traditionnels d’Afrique du Sud (Contralesa) et des politiciens populistes. Dans ces conditions, l’augmentation de la consommation est partiellement assurée par une hausse des importations des pays émergents, et notamment de la Chine et de l’Inde, plus que par une augmentation de la production nationale, d’autant que la compétitivité de l’éco-nomie, notamment dans le secteur manufacturier, continue à pâtir des salaires relativement élevés pour un pays émergent, de la rigidité relative du marché du travail, d’une qualité insuffisante de la main-d’œuvre, du départ de jeunes cadres à l’étranger et de l’impact dramatique du sida sur la main-d’œuvre. L’Afrique du Sud présente cette particularité parmi les pays émergents d’avoir, depuis 2003, une balance courante ponctuellement déficitaire. Le lancement par l’ASGISA d’un programme d’investissement massif dans les infrastructures et dans la lutte contre la pauvreté rendant prioritaire le renforcement de la compétitivité de l’économie notamment dans ses secteurs de pointe se veut une réponse à l’ensemble de ces problèmes. Le sida constitue un défi spécifique pour le pays. Avec des taux de prévalence tournant autour de 31 % de la population adulte et tout particulière-ment élevé parmi les nouvelles générations, les coûts financiers, économiques et sociaux à assumer sont considérables et susceptibles à ce titre de mettre en cause l’expansion du pays comme dans toute la zone australe de l’Afrique.

L’émergence sud-africaine est en partie limitée par la « toxicité » du conti-nent africain. Autant celui-ci constitue une ressource politique et économique considérable pour le pays et figure au cœur même de sa qualité de puissance utile, autant il est susceptible, en raison des rivalités qui le traversent, de ses erre-ments et des nouveaux appétits qu’il suscite de la part des grandes puissances,

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d’affecter son potentiel d’expansion. À la diffé-rence des autres pays émergents qui dispo-sent de marchés internes forts et d’un bassin constitué de voisins relativement stables, la RSA est très isolée au bout du continent africain et sa zone d’expansion apparaît pour le moment peu propice au développement de véritables partena-riats économiques et financiers. La zone SADC constitue un voisinage intéressant mais encore très faible économiquement et relativement instable (Zimbabwe, RDC, Burundi, Zambie, Mozambique…).

Parallèlement, l’exaspération de nombreux pays africains vis-à-vis des positions dominantes et moralistes sud-africaines s’expriment de plus en plus ouvertement et entraînent de nouvelles rivalités susceptibles d’affecter l’essor du pays et, dès à présent, de ralentir le renouveau du conti-nent. Outre le Nigeria dont l’émergence est un serpent de mer depuis l’indépendance du pays, d’autres pays producteurs de pétrole comme l’Angola mènent des politiques concurrentes qui pourraient notamment bénéficier de l’appui du Brésil, un pays acquis à la solidarité lusophone.

La présence et l’ambition affichée par les grands pays émergents comme la Chine et l’Inde en Afrique sont également des facteurs suscepti-bles de contrarier l’expansion sud-africaine sur le continent et de limiter ainsi la capacité du pays de disposer d’un voisinage porteur.

L’Afrique du Sud est engagée dans une course à l’émergence durant laquelle elle doit parvenir à concilier des attentes contradictoires tant au plan interne qu’externe. Sa position d’interface entre plusieurs groupes d’intérêt internationaux lui permet de tirer des ressources de tous ses partenaires et de s’affirmer comme une puissance moyenne internationale et pas seulement afri-caine. Elle pourrait l’aider à réguler les nouveaux appétits que génère une Afrique subsaharienne

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riche en ressources minérales et énergétiques et en nouveaux marchés. Face à ce qui ressemble toujours plus à un scramble for Africa économique, l’Afrique du Sud disposera d’une position forte lorsqu’elle réussira à convaincre les autres puis-sances et les États africains que le continent doit disposer d’un leadership capable de contribuer à sa structuration. Cela passe par sa capacité à consacrer sa stabilité et à réussir l’intégration de sa population pauvre.

Pour en savoir plus • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •

ALDEN (Chris) et LE PERE (Garth), « South Africa’s Post Apartheid Foreign Policy : From Reconciliation to Ambiguity », Review of African Political Economy, 31 (100), juin 2004, p. 283-297.

BOND (Peter), « The ANC’s “Left Turn” and South African Sub-Imperialism », Review of African Political Economy, 31 (102), décembre 2004, p. 599-616.

DANIEL (John) et al., « Post Apartheid South Africa’s Corporate Expansion into Africa », Review of African Political Economy, 31 (100), juin 2004, p. 343-348.

DARBON (Dominique) et FOUCHER (Michel) (dir.), L’Afrique du Sud puissance utile ?, Paris, Belin, 2001.

VALE (Peter), Security and Politics in South Africa : the Regional Dimension, Londres, Lynne Rienner, 2003.

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La Russie :

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