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Les différents formes d’organisation du travail

Dans le document tel-00007513, version 1 - 25 Nov 2004 (Page 180-183)

Cohérence des systèmes techniques et systèmes sociaux

Encadré 30 : Adat à Sumatra

5.2.2 Les différents formes d’organisation du travail

Différentes formes de mobilisation du travail, collectives ou individuelles, sont possibles et co-existent selon les besoins8. Trois grands types de main d’oeuvre peuvent être identifiés :

U Main d’oeuvre individuelle familiale : il s’agit de la main d’oeuvre familiale mobilisable par le chef d’exploitation. Elle est principalement utilisée pour les systèmes hévéicoles, la préparation des parcelles et l’entretien des cultures annuelles et la collecte extractiviste en forêts ou agroforêts. On peut considérer globalement que chaque famille dispose en moyenne de 2 UTH9. Elle n’a pas de coût direct mais on peut estimer sa productivité, et donc, son coût indirect, en calculant la valorisation de la journée de travail globale de l’exploitation agricole.

UMain d’oeuvre individuelle salariée “extérieure” ;

Le système “Upah” (“salaire” en indonésien) est basé sur l’utilisation d’une main d’oeuvre salariée, payée à la journée et mobilisable pour tous travaux (généralement des gens du village ou des proches environs). Il est très employé par les transmigrants Javanais mais relativement peu par les autochtones Dayaks ou Malayus, sauf cas particulier. Le salaire est en général calqué sur le coût d’opportunité local (généralement le salaire journalier d’un employé des plantations auquel on ajoute les éventuels avantages en nature ou en fonction du coût du riz chez les transmigrants). Le coût en juillet 1997 était de 5 000 Rp auquel on ajoute le prix de deux repas quotidiens soit un coût total de 6 000 Rp. Dans les zones de transmigration, la location d’une journée de travail en culture attelée pour le labour d’une rizière irriguée par exemple (sawah) est de 7 000 Rp/jour (traction animale fournie).

U Main d’oeuvre collective sous forme d’entraide : le “Gotong Royong”10

. Le goton royong traditionnel

Il s’agit d’une forme traditionnelle de mobilisation collective de la main d’oeuvre pour

réaliser des travaux agricoles en des temps très courts, pour des travaux précis ou des périodes de pointe : semis, repiquage et récolte du riz principalement et tous travaux nécessitant un fort investissement immédiat en travail. Il peut être utilisé au sein d’un groupe de paysans (Kelompok Petani) qui reste la seule forme sociale reconnue de groupement paysan. Les groupes de Gotong Royong peuvent aller jusqu’à 50 personnes et impliquer plusieurs Kelompok. Le travail n’est pas ici rémunéré mais le paysan qui en est le bénéficiaire doit naturellement redonner au groupe le même nombre de journées-hommes utilisées. Par contre, le groupe est nourri et invité en fin de journée avec des coûts récurrents importants surtout si cette invitation comprend des boissons ou des nourritures particulières (cas du “Tuak” ou vin de riz chez les Dayaks par exemple).

A Ouest-Kalimantan, une “journée de 30 personnes” pouvait ainsi coûter 100 000 Rp en 1997, soit l’équivalent du coût de 16,5 jours/hommes en système Upah, auquel il faut ajouter 30 journées données au groupe sans possibilité de contrôler réellement les dates de ces journées (Courbet 1998). Le coût total calculé d’une journée de Gotong Royong est donc de 55 % plus cher en moyenne que le système “Upah”. Par contre, il est plus accessible au paysan sans capital qui n’a que sa force de travail à vendre. Le système Gotong Royong se concevait bien dans une économie de type autarcique, avec des systèmes de culture nécessitant une mobilisation importante à des moments clés de la culture et avec des coûts indirects issus de produits locaux (le “tuak”). Il n’en est plus de même dans une économie plus individualisée où les coûts sont plus monétarisés et la baisse des coûts devenue une priorité. Le Gotong Royong traditionnel est donc devenu très cher pour les producteurs hévéicoles qui, finalement, n’en ont plus vraiment besoin alors que leur système de production passait progressivement de l’agriculture sur brûlis à l’agriculture de plantation basée sur le jungle rubber, système plus individualisé. Le système Bakti est une forme de Gotong Royong particulière aux Dayaks de Ouest-Kalimantan.

Une variante particulière du Gotong Royong : le système Bakti

Le système “Bakti” est la version Dayak du Gotong Royong mais sur une base volontariste. Il concerne un groupe de paysan clairement défini qui décide par avance d’un programme commun d’utilisation de la main d’oeuvre. Si le paysan ne peut pas participer au moment sélectionné, il doit alors payer une contrepartie estimée en juillet 1997 à 5 000 Rp/jour, soit un coût équivalent a celui de la main d’oeuvre “Upah” (sans les repas). Son utilisation et sa souplesse est proche de la main d’oeuvre Upah.

Le goton Royong rénové :

Il s’agit ici d’une forme de Gotong Royong sans le coût supplémentaire des invitations. Le coût réel est donc celui des journées fournies au groupe en contrepartie de celui reçu. Cette forme rénovée d’entraide est réapparue avec le palmier à huile puisque les producteurs sont regroupés en blocs (généralement de 25 hectares ) et doivent

organiser ensemble la collecte des régimes. Un camion est alors envoyé par l’usine pour collecter la production du bloc. Cette dernière doit d’ailleurs être traitée dans les 24 heures sous peine d’une dégradation importante de la qualité de l’huile (acidité). Le système de culture à base de palmier à huile a donc réintroduit la nécessité d’une mobilisation importante de la main d’oeuvre à des périodes de pointe (récolte en particulier) mais en modifiant et en assouplissant les conditions d’emploi et en particulier en les simplifiant pour les rendre moins chères et plus abordables à l’ensemble des planteurs .

Le coût d’opportunité

Par comparaison, le travail salarié dans une plantation environnante comme manoeuvre était payé en juillet 1997, entre 2500 Rp/jour (désherbage pour une période de 5 heures), à 5060 Rp/jour pour une journée complète (travail d’entretien). Le travail de collecteur de régime, un travail spécialisé comme celui des saigneurs en hévéa, est payé 10 000 Rp/jour, soit le double.

Conclusion sur les type de main d’oeuvre

Le tableau 35 résume les coûts relatifs entre systèmes :

Tableau 35 : coûts des différents systèmes de main d’oeuvre. type de main

d’oeuvre

travail entretien (normal) travail spécialisé

saigneur/collecteurs de régime

Individuelle 1 journée de contrepartie 1 journée de contrepartie

Upah 6 000 (5 000 Rp + repas : 1000 Rp) 7 000 (traction animale)

Gotong Royong 1 journée de contrepartie + 3 300

RP

Bakti 1 journée de contrepartie ou

1 journée payable 5 000 Rp si absence Gotong Royong rénové 1 journée de contrepartie Off-farm en plantation privée : salariat temporaire. 5060 10000

L’utilisation des différentes formes de mobilisation du travail a suivi l’évolution des systèmes de culture et les nécessités des systèmes de production (coûts et besoins réel). On constate une désaffection pour le Gotong Royong traditionnel (et son corrollaire le système Bakti) du fait de son coût et de l’absence de nécessité puisque les activités de ladang ont progressivement diminuées (avec un abandon partiel en phase 4) au profit des jungle rubber. Le système “Upah” se développe car il est

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