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Analyse du revenu des exploitations

Dans le document tel-00007513, version 1 - 25 Nov 2004 (Page 126-133)

fonctionnement des systèmes agroforestiers

annexe 2). Les trois provinces sélectionnées sont représentatives des zones

4.1 Caractérisation des systèmes de production et revenus

4.1.2 Analyse du revenu des exploitations

Les revenus issus de l’hévéaculture sont directement liés au rendement des plantations et à la superficie cultivée. La qualité des caoutchoucs produits est relativement stable à Kalimantan avec des feuilles séchées et à Sumatra avec des fonds de tasse (ou des “slab” feuille épaisse de caoutchouc coagulé non séché) ce qui n’induit pas de variations de prix significatives entre situations. Le seul élément qui peut varier le prix d’une zone à

Sumatra :

L n° 6 : exploitation traditionnelle Malayu principalement basée sur le jungle rubber, village de Sepunggur, Jambi.

L n° 7 : exploitation “transmigrants Javanais” en projet NES, avec 2 hectares de parcelles hévéicoles clonales, Village de Rimbo Bujang, Transmigration. L n° 8 : exploitation traditionnelle Minang basée sur des jungle rubber vieillissants en

zone de montagne sur sols dégradés avec forte pression de l’Imperata, village de Bangkok, Ouest-Sumatra avec adoption massive du palmier à huile

Cette typologie rendue possible par une homogénéité interne assez marquée des villages permet d’aborder dans un premier temps les contraintes et opportunités des planteurs par type de situation. Elle permet aussi de voir comment ont été faits les choix techniques des planteurs en fonction de leur environnement écologique, économique et institutionnel (présence ou non de projets par exemple).

4.1.2 Analyse du revenu des exploitations.

On observe une grande diversité dans la nature des revenus et surtout dans leurs niveaux (tableaux 20 et 21). Les trois sources principales de revenus sont issues de l’hévéa, des activités ,non agricoles “off-farm” (salariat temporaire) et, éventuellement de la vente des surplus de riz. Les revenus additionnels sont issus de la vente du rotin, du bois, des produits d’élevage et des éventuelles cultures secondaires (fruits) qui restent faibles.

Les revenus issus de l’hévéa

Les villages traditionnels voient les systèmes de culture à base d’hévéa fournir entre 56 et 78 % des revenus alors que dans les villages en transmigration non-NES (sans culture pérennes), ce taux baisse à 5 % (transmigration orientée sur les cultures vivrières avec des plantations pérennes non encore en production). Le village de Pariban Baru est un cas particulier : c’est un village de “transmigration locale“ avec des populations Dayak qui possèdent déjà des jungle rubber. Le taux le plus important de revenu d’origine hévéicole (82%) revient aux transmigrants javanais en NES (Rimbo Bujang) dont la totalité du foncier est occupé par l’hévéa (2 hectares par famille) avec des plantations clonales à forte productivité. Les revenus issus des jungle rubber (JR) ou même des plantations clonales en monoculture sont globalement plus faibles à Kalimantan qu’à Sumatra4 (figure 20).

l’autre est le coût du transport répercuté par le “trader” (plus ou moins 10 % selon les situations).

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Le niveau de production de l'hévéa, en conditions climatiques et pédologiques non limitantes, dépend essentiellement de facteurs génotypiques, du maintien d'une bonne densité de plantation et de la bonne croissance des arbres en période immature.

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 en 1000 x Rp JR Monoculture

Local rice sawah

Improved rice sawah

ladang

Jambi West-kal

Comparaison revenus/ha par systèmes Kalimantan-Ouest & Jambi, 7/97

Figure 20 : comparaison des revenus/ha par type de systèmes de culture en 1997.

JR = Jungle rubber, ladang = cultures vivrières sèches, sawah = riziculture irriguée)

En effet, les jungle rubber sont globalement plus agés à Kalimantan. Ils sont vieillissants et surtout souffrent d’une pluviométrie matinale plus importante qui fait perdre un certain nombre de “saignées” par an (donc une partie de la production). On observe un gradient pluviométrique sur la province de Ouest-Kalimantan qui empêche dans le secteur Est la récolte du latex pendant plusieurs semaines (voir tableau 22). De fait les rendements annuels des jungle rubber sont plus faibles à Kalimantan qu’à Sumatra. Les conditions de sols sont également moins favorables (fertilité inférieure et pression de l’Imperata cylindrica plus forte).

Tableau 22 : gradient de pluviométrie et nombre de mois perdus pour la saignée entre Pontianak (secteur Ouest) et Puttussibau (secteur Est), province de Ouest-Kalimantan.

Pontianak Mandor Sanggau Sintang Puttussibau

Pluviométrie moyenne annuelle 1500 à 2000 mm 2000 à 2500 mm 2500 à 3500 mm 3500 à 4500 mm 4500 mm et plus nombre de mois non

saignés

0 0 0 à 1 0 a 2 1 à 4

La zone en gras correspond à notre zone d’étude sur Kalimantan.

L’ensemble sol-climat induit un rendement de l’hévéa en jungle rubber légèrement inférieur à Kalimantan (et dans les zones montagneuses à sols dégradés de Sumatra) par rapport à Jambi5. Par contre les conditions du district de Pasaman-Est, province de Ouest-Sumatra, sont similaires à celle de Kalimantan. Les plantations clonales dans

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SRDP = Smallhoder Rubber Development Project = projet de développement hévéicole villageois mis en place de 1981 à 1990.

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Ceci est confirmé par une étude réalisée sur l’ensemble de la province de Ouest-Kalimantan par le projet de développement TCSDP en 1996 avec des rendements s’échelonnant entre 1000 et 1200 kg/ha/an(Comm. Pers. D Boutin).

le cadre du projet SRDP6 ont été essentiellement réalisées sur la base de l”utilisation du clone “GT1" qui s’est révélé extrêmement sensible à une maladie de feuilles endémique à Kalimantan, due au champignon Collectotricum. Les rendements de ce clone à Sanjan et Embaong (Kalimantan) sont de l’ordre de 1100 à 1200 kg/ha /an (enquêtes SRAP19977), alors qu’ils sont généralement autour de 1600 kg/ha/an à Sumatra, soit une baisse de potentiel de production de 25 %.

Les revenus des petits planteurs qui sont majoritairement issus de l’hévéa sont donc globalement inférieurs à Kalimantan (et à Ouest-Sumatra, pour des conditions écologiques similaires) par rapport à Sumatra (Cas de la province de Jambi avec une situation de plaine ou de piédmont). Ceci montre deux situation globales qui caractérisent l’hévéaculture indonésienne : des situations favorables (Jambi) et des situations moyennes (Ouest-Kalimantan, Ouest-Sumatra) avec un ou plusieurs facteurs de contraintes qui peuvent limiter partiellement la productivité des plantations.

Les revenus issus du riz

Les revenus issus du riz sont faibles pour les populations locales (Dayaks, Malayu ou Minang) car l’essentiel de la production est auto-consommée. La plupart des familles complémentent leurs besoins en riz par des achats de riz local ou importé. Ces zones sont chroniquement importatrices de riz. Les revenus calculés par hectare sont relativement faibles. Ils sont comparables à ceux du jungle rubber pour la riziculture irriguée avec variété améliorée (fig 20 “improved sawah”) et nettement inférieurs pour la riziculture pluviale (“ladang”). En effet les rendements en ladang sont très faibles (entre 5 et 800 kg/ha/an).

Par contre, les transmigrants javanais ayant la chance de posséder des sawah (rizières irriguées) dans le lot de 2 hectares qui leur a été concédé ont un petit revenu issu des excédents éventuels (29 % du revenu à Trimulia et Sukamulia). La faiblesse des revenus hévéicoles dans cette classe provient du fait qu’ils ne possèdent pas de jungle rubber. Leurs seules plantations sont, au mieux, jeunes (et encore immature en 1997), et au pire, cas le plus fréquent, également constitués de seedlings à faible niveau de production (5 % du revenu total issu de l’hévéa pour ces transmigrants).

La plupart des paysans hévéicoles ne produisent donc pas ou plus assez de riz et en achètent les quantités nécessaires sur le marché du fait d’une productivité du travail

Encadré 28: les activités hors exploitation ou “off farm”

De nouvelles opportunités de travail se sont développées en particulier dans les plantations de palmier à huile, les plantations d'Acacia mangium, les mines d’or ou tout simplement liées au développement urbain en pleine explosion à Kalimantan par exemple. Ces revenus extra agricoles (“off-farm”) constituent également une excellente optimisation du temps libre de par la souplesse des emplois possibles.

Ces revenus permettent de dégager une modeste mais réelle capacité d'auto-investissement dans des systèmes de culture plus intensifs, en particulier pour les paysans javanais en transmigration, dont la seule alternative à leur situation actuelle de main d’oeuvre captive pour les grandes plantations environnantes est d’investir dans des plantations d’hévéas, et de palmier à huile depuis 1998, sur leur 2 hectares de terrain.

A terme, l’activité “off-farm” disparaîtra au fur et à mesure que les plantations clonales absorberont le travail disponible avec une meilleure rémunération que les emplois dans les plantations. L’emploi comme salarié est donc bien le reflet d’une stratégie à court terme. La crise économique a également limité ces opportunités avec un gel de l'extension des nouvelles plantations de palmiers à huile en 1998 mais l’activité de ces sociétés de plantation a redémarré courant 1999. Les petits planteurs n'ont alors d'autres ressources que le repli sur l'exploitation agricole, une stratégie d'autant plus effective que la surface en clone est importante.

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Le riz est produit sur les iles de Java et Bali à un coût moindre profitant nettement d'avantages comparatifs pour le riz irrigué à Java (révolution verte réussie) et l'hévéa à Sumatra et Kalimantan.

9 La révolution verte a ainsi permis 2 à 3 cultures de riz irrigué possibles sur des sols volcaniques, le plus souvent en terrasses avec une moyenne de rendement de l’ordre de 6 tonnes/récolte/ha.

0 20 40 60 80 in %

Sepunggur/JR Rimbo/trans SRDP/clones DAYAK/JR Javanese/trans

Contribution of off-farm income

to total farm income per situation

très faible pour le riz pluvial8. Il y a donc spécialisation croissante des paysans en hévéaculture avec diminution de certaines productions (riz pluvial) au profit des cultures pérennes (hévéa en particulier). Cette tendance illustre bien la théorie des avantages comparatifs. Les îles extérieures développent des cultures pérennes, souvent d’exportation source de devises, et Java produit du riz issu de rizières irrigués à très hautes productivité9 qui permet de nourrir les îles extérieures.

Les revenus issus de l’activité off-farm

Le travail salarié non-agricole (off-farm) est globalement devenu important du fait de la faiblesse des revenus issus de l’hévéaculture, avec des taux allant de 10 à 52 % du revenu total des exploitations (figure 21) (encadré 28). Là encore, on retrouve une tendance plus importante de ces revenus off-farm à Kalimantan puisque les revenus totaux y sont inférieurs. La présence de sociétés de plantations privées a aussi créé une offre de travail salarié temporaire (travail de journalier) dans les zones de concessions. L’autre source importante de travail off-farm réside dans les activités minières (extraction artisanale de l’or) à Ouest-Kalimantan en particulier. L’obsolescence économique du système jungle rubber apparaît alors nettement du fait de l’évolution des besoins des populations rurales depuis les années 1980 en comparaison d’autres systèmes de culture plus performants. En effet, les revenus issus des jungle rubber ne suffisent plus aujourd’hui pour assurer les besoins en logement, santé, éducation, transport et qualité de vie.

Figure 21 : part du revenu annuel issu des activités extra agricoles (essentiellement travail extérieur)

10Les HTI, ou “Hutan Tanaman Industri” sont des sociétés de plantations forestières semi publiques généralement axées sur la production de bois de type Acacia mangium pour la pate à papier.

Le recours aux activités “off-farm” est un indicateur important de l’évolution des stratégies paysannes, et en particulier des stratégies à court terme. On retrouve ici une typologie basée également sur la gestion du court terme, avec le recours au salariat, et la gestion du long terme, avec la plantation clonale ou la replantation (en hévéa ou en palmier à huile). Les types d’exploitation ayant le moins d’activité “off-farm” sont les villages ayant eu accès à des plantations clonales via les projets à Rimbo Bujang (Sumatra) et Sanjan/Embaong (Kalimantan) avec 9 à 12 % du revenu total issu du salariat. Les villages traditionnels basés sur le jungle rubber, tant à Sumatra qu’à Kalimantan sont autour de 20 % (du revenu total). Les villages en transition (Pariban Baru avec 30 %) ou très pauvre (Bangkok avec 42 %) ou en transmigration non NES, Trimulia/Sukamulia avec 52 % du revenu total ont les taux les plus importants et montrent que leurs populations cherchent désespérément des alternatives à la faiblesse de leurs revenus traditionnels issus des jungle rubber vieillissants (Kalimantan).

Pour les transmigrants en projet orienté sur les cultures vivrières (“foodcrops”), les cultures annuelles ont été complètement abandonnées du fait de la difficulté de culture en plaine à Imperata. Une telle situation force de fait les populations à chercher du travail salarié dans les plantations environnantes. Elles constituent un véritable réservoir de main d’oeuvre captive qu’ont su exploiter les sociétés privées de plantation de palmier à huile et les sociétés de plantation forestière (HTI10) dans les années 1990. Il faut rappeler que le projet “transmigration foodcrops” de Ouest Kalimantan a enregistré des abandons allant jusqu’a 80 % dans certains blocs. Les populations transmigrantes savent que la seule solution pour eux, à long terme, est de planter une culture pérenne, hévéa ou palmier à huile, et de gérer le court terme avec les possibilités de salariat qu’offrent ces grandes plantations.

L’analyse de l’origine des revenus montre bien une différenciation claire par type de situation, ce qui justifie une typologie basée sur des villages homogènes représentatifs de ces situations. L’analyse sur la valorisation de la journée de travail selon les types d’activités explique les choix techniques et l’évolution des stratégies des planteurs.

Valorisation de la journée de travail par type d’activités

Le calcul des revenus à la journée de travail (figure 22) montre des variations extrêmement importantes entre les systèmes. Ceci explique le désintérêt progressif des planteurs pour les cultures pluviales et les cultures irriguées au profit des jungle rubber, puis, plus récemment, des plantations de type clonales (revenu journalier trois fois plus important que pour le jungle rubber et cinq à six fois plus importants que pour le riz

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Planter des “clones” d'hévéas, soit une “plantation” effectivement reconnue comme telle par les autorités, constitue un renforcement de la propriété foncière sur le sol et une protection contre la redistribution des terres par l'Etat au profit de plantations privées (et en particulier pour le palmier à huile), un phénomène devenu très important dans années 1990. Le développement des systèmes RAS s'inscrit dans cette dynamique.

0 10000 20000 30000 40000 50000 60000 en Rp JR Monoculture

Local rice sawah

Improved rice sawah

ladang

Jambi West-kal

Comparaison revenus/journée travail Kalimantan-Ouest & Jambi, 1997

pluvial.

Figure 22 : Comparaisons des revenus journaliers par type de systèmes de culture

La tendance ainsi observée repose sur l'investissement dans les plantations clonales11 (nouvelles plantations ou replantation des vieux jungle rubber) avec arrêt progressif des cultures pluviales de défriche et l'achat, à terme, de la totalité du riz nécessaire à la famille. On retrouve une telle dynamique à Nord et Sud-Sumatra.

L’introduction du palmier à huile à partir de 1997 n’a fait que diversifier l’offre en systèmes de culture pérennes. La dynamique d’évolution récente est basée sur la spécialisation en cultures pérennes et la diversification (divers systèmes à base d’hévéa et palmier à huile).

Conclusion sur la contrainte en capital

En conclusion, la contrainte en capital pour l’investissement dans la plantation ou la replantation hévéicole existe clairement pour la catégorie des petits planteurs dont le revenu est encore issu des jungle rubber (jungle rubber vieillissants ou situés dans des conditions écologiques moins favorables). L’accès au capital, ou au crédit, est pour eux une condition nécessaire mais non suffisante. Par contre, pour d’autres planteurs, et en particulier ceux ayant développé des parcelles clonales via les projets, la contrainte capital n’est plus primordiale. D’autres contraintes viennent donc freiner la tendance à l’intensification des systèmes.

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En effet , le jungle rubber ne peut être établi que derrière une forêt primaire ou secondaire , une jachère forestière, un vieux verger ou toute formation possédant une biodiversité végétale minimale. Par définition, il n’y a pas de mise en place possible de jungle rubber sur une savane à Imperata brulée tous les ans dans laquelle le stock de semences aurait été détruit.

Dans le document tel-00007513, version 1 - 25 Nov 2004 (Page 126-133)