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Les contributions et les limites du projet

LE PROJET DE MODÉLISATION ET SES FONDEMENTS

A. Le projet de modélisation

4. Les contributions et les limites du projet

Notre but est de proposer un modèle visant à l'amélioration des systèmes et des pratiques d'accompagnement des créateurs d'entreprise ex nihilo, lors de la mise au point et de la réalisation de leur projet.

Ce modèle général canonique est un outil pour systémographier des processus de création d'entreprise (ex nihilo) dans un espace-temps précis, il peut, également, pour des situations particulières, servir de base pour la construction de modèles instrumentés, encore plus "locaux", destinés à l'intervention544.

Un exercice de ce type se heurte, fatalement, au célèbre dilemme exhaustivité - opérationalité. Il nous fallait trouver un niveau de généralité suffisant, en terme de champ couvert et de détails, afin que le modèle proposé puisse être une aide à l'intelligence pour ceux qui ont pour métier d'aider les créateurs d'entreprise545. Mais le modèle devait demeurer suffisamment simple

pour être utilisable546. Nous avons donc fait un compromis qui est toujours critiquable. Notre

problématique nous a conduit à retenir, en priorité, les aspects accessibles dans un contexte particulier d'accompagnement. Tout accompagnateur doit nécessairement être un bon généraliste de la gestion et du management, il doit aussi parfaitement connaître les différents organismes, aides, mesures... susceptibles d'être utiles aux créateurs tout au long du montage de leur projet. Créer une entreprise fait appel à divers éléments de la gestion des entreprises : finance, analyse des coûts, droit, marketing... mais aussi à des aspects techniques ou de métiers qui sont tous nécessaires pour la réussite du projet. Il n'est pas concevable d'explorer tous ces aspects dans le cadre de ce travail. Les guides pratiques concernant la création d'entreprise547 traitent largement les différents domaines de la gestion pertinents avec le

problème, aussi nous ne les aborderons pas. Nous ferons quelques exceptions pour les aspects de gestion particuliers à la phase de création qui ne sont pas développés dans ces

544 Sous réserve de quelques adaptations et de la prise en compte plus systématique des apports de l'économie

industrielle, de la sociologie, de la théorie de l'écologie des populations... ce modèle peut être utilisé pour la conception de procédures d'aide et d'accompagnement à la création d'entreprise visant des populations ou des entreprises ayant des caractéristiques particulières (par exemple : la création d'entreprise par les chercheurs des laboratoires publics en France dans les années 90, la création d'entreprise innovante dans les secteurs des biotechnologies...).

545 Modélisation prise au sens que propose Le Moigne : "Action d'élaboration et de construction intentionnelle,

par composition de symboles, de modèles susceptibles de rendre intelligible un phénomène perçu complexe, et d'amplifier le raisonnement de l'acteur projetant une intervention délibérée au sein du phénomène ;

raisonnement visant notamment à anticiper les conséquences de ces projets d'actions possibles". LE MOIGNE Jean-Louis (1990), p. 5.

546 Sans recours à l'intelligence artificielle et, plus précisément, aux systèmes experts.

547 L'Agence Nationale pour la Création et le Développement des Nouvelles Entreprises (142 rue du Bac 75007

Paris) édite plusieurs dizaines d'ouvrages et de guides pratiques concernant la création et la reprise d'entreprise.

manuels. Nous supposerons connus les différents aspects de la gestion communs à la création et à la gestion des entreprises.

Ce travail d'intégration théorique et d'axiomatisation peut également permettre de mieux poser les problèmes de recherche concernant l'entrepreneurship et de tracer de nouvelles pistes. A notre connaissance, la démarche qui est présentée ici est originale, elle n'a jamais été tentée d'une manière aussi "systématique". De ce fait, ce travail est très imparfait. Sa critique, son enrichissement, sa destruction même par la communauté scientifique, peuvent contribuer à faire progresser notre connaissance du domaine. Une proposition, même malhabile, à du moins le mérite d'exister !

Ce projet peut paraître ambitieux. Cette démarche suppose une vision globale et systémique d'un processus qui met en cause, comme nous l'indiquent l'observation de cas réels et la littérature, des variables et des paramètres dont l'étude se trouve dans des domaines disciplinaires très différents. La psychologie, la psychanalyse, et plus généralement tout ce qui a trait au fonctionnement du cerveau humain, mais aussi la psychologie sociale, la sociologie, l'économie, l'histoire et l'anthropologie, la théorie de la décision, et bien sûr les sciences de gestion puisqu'il s'agit de la création d'entreprise et non de création artistique ou scientifique. Nul ne peut prétendre être un spécialiste de toutes ces disciplines, aussi, il n'est pas dans notre intention d'explorer, dans le détail, chacune des "unités actives" du système que nous allons tenter de décrire, ni d'en identifier toutes les relations possibles. Si l'auteur estime connaître assez bien le champ de l'entrepreneurship et celui du management stratégique548, et être un

généraliste de la gestion, il ne peut se prétendre spécialiste des autres disciplines concernées. C'est pourquoi certains développements pourront paraître naï fs aux spécialistes des domaines considérés.

La modélisation systémique proposée ne prétend pas représenter la vérité du "phénomène" mais, plus modestement, être une modélisation pertinente par rapport à notre projet d'intervention qui se situe dans un espace-temps déterminé (le début des années 90 dans un pays développé). Ce modèle est provisoire. Il constitue, du moins pour nous, une étape dans l'accumulation du savoir. Il est l'aboutissement d'une réflexion et d'une pratique, mais aussi le point de départ de recherches futures qui rendront probablement ces représentations obsolètes.

548 Ces domaines sont si "foisonnants" que nous ne pouvons pas avoir la certitude de n'avoir pas laissé

échapper une contribution importante.