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Les éléments de méthode pour la recherche : synthèse

Création d’une entreprise franchisée

C. Les réflexions épistémologiques et les contributions méthodologiques

4. Les éléments de méthode pour la recherche : synthèse

"...la Méthode ici cherchée ne sera jamais programme, c'est-à-dire recette préétablie, mais invention et incitation à la stratégie de la pensée."493

Tout au long de cette première partie, nous avons tenté de mieux comprendre ce dont il est question dans le champ de l'entrepreneurship et de la création d'entreprise ex nihilo. En conclusion, nous nous proposons d'articuler ces différents apports de façon à proposer un guide méthodologique qui nous paraît devoir contribuer à l'amélioration des pratiques de recherche dans le domaine. Ce guide sera, bien sûr, utilisé pour dresser notre problématique de modélisation dans la seconde partie de ce travail. Le schéma situé à la fin de cette première partie propose une aide visuelle à cette synthèse.

490 LEMOIGNE Jean-Louis (1991) ; MORIN Edgar (1991) ; DESHAMPE R. (1983) ; MICALLEF André (1984) ;

BERNARD-WEIL Elie (1988), p. 21.

491 Pour nous, un modèle instrumenté correspondra à un problème particulier très local, alors qu'un modèle

canonique sera un modèle visant une classe de problème, dont la fonction est d'être la matrice de conception (toujours provisoire) des modèles instrumentés.

492 LEMOIGNE Jean-Louis (1991), p. 21. 493 MORIN Edgar (1980), p. 231.

Figure 28. Positivisme et constructivisme des approches en dialogique Modèle canonique Théories Hypothèses Observations Descriptions et généralisations empiriques Test Remise en cause des modèles Modèles instrumentés Mise en œuvre des modèles et observations

T

TTEEERRRRRRAAAIIINNN

Réalisme ontologique

Réalisme ontologique

Positivisme, réductionnisme

Réalisme phénoménologique

Réalisme phénoménologique

Constructivisme, téléologie

Le point de départ de toute recherche est un questionnement qui ressort, en définitive, du libre choix ou de l'arbitraire du chercheur qui les jugent comme étant susceptibles de revêtir un intérêt. Si ces questions concernent la création d'entreprise dans le champ de l'entrepreneurship tel que nous avons tenté de le définir, le chercheur devra, d'une manière

conjointe et cohérente, définir le paradigme, la stratégie de recherche et les méthodes à

utiliser, l'objet de sa recherche ainsi que les échantillons sur lesquels il va éventuellement travailler, et enfin le point de vue qu'il compte adopter494. Les différentes formes proposées

doivent permettre à un chercheur de situer son projet dans un ensemble général, de façon à contrôler les aspects qu'il ne souhaite pas prendre en compte. Ces différentes formes peuvent aussi être utilisées pour effectuer une revue de la littérature pertinente avec la problématique envisagée.

Quatre pierres d'achoppement doivent, à notre avis, être systématiquement prises en compte et explicitées dans toute recherche concernant la création d'entreprise. Les options retenues doivent être clairement indiquées dans l'exposé des résultats, afin de pouvoir amorcer un processus d'accumulation des connaissances.

1. La définition ou la construction des objets de recherche

Le champ nous semble définitivement hétérogène, il est donc impératif de déterminer

avec rigueur ce qui sera étudié. Les résultats de nombreuses recherches ne sont, en effet, pas utilisables du fait d'erreurs ou d'imprécision d'échantillonnage ou de terrain de recherche. Nous avons proposé trois formes qui peuvent contribuer à alimenter la réflexion à cet égard. Nous ne reviendrons pas sur ces formes, mais il nous faut en évoquer les articulation possibles.

L'outil sémantique "dégradé", étant le plus proche du sens courant (création d'entreprise, reprise, technologie avancée...)495, est généralement celui qui sera utilisé en premier,

notamment pour faire une revue de la littérature. Toutefois, il doit être complété par l'utilisation du schéma générique de l'entrepreneurship et, pour la création d'entreprise, par le schéma des logiques de création afin de s'assurer de l'homogénéité de l'objet étudié au regard d'une problématique particulière. Il n'aura pas échappé au lecteur qu'un des axes évoqué dans le

494 De toute manière, il ne s'agit pas, à l'instar de la conduite d'un projet de création d'entreprise, d'un processus

strictement linéaire, mais, plutôt, d'un processus spiralé, qui vise à la cohérence. "Dans le contexte ex post facto de l'explication et de la justification, ce qui apparaît comme la raison d'agir n'était souvent, au moment de l'action, qu'une raison, qu'une considération parmi d'autres de l'agent".

DAVIDSON Donald (1991), p. 73.

495 Il est également celui qui est le plus proche des moyens pratiques de repérage des objets à étudier (registre du

commerce...).

schéma des logiques de la création d'entreprise : la nouveauté de l'activité, a déjà été utilisé dans les schémas relatifs à la délimitation du champ de l'entrepreneurship, mais il s'agissait alors de la nouveauté de la création de valeur et de l'importance de la nouvelle valeur générée (ou potentiellement générée). Aussi, ces formes ne sont pas totalement articulables, mais elles vont contribuer à la délimitation de l'objet de recherche en permettant d'explorer les proximités ou les éloignements de cas divers au regard d'une problématique particulière. Ces trois formes peuvent être considérées comme des filtres ou des cribles permettant de mieux délimiter les champs de recherche et, par là même, d'améliorer la qualité des résultats et, donc, leur utilité pratique. Le schéma générique de l'entrepreneurship met l'accent sur la dialogique individu/création de valeur et sur le changement. L'outil "dégradé" permet de tenir compte des modalités pratiques de la position de l'individu et de la diversité potentielle des organisations et des populations étudiées, ainsi que de leurs environnements. Le dernier outil, spécifique aux entreprises nouvelles, considère le résultat et les différentes logiques dominantes s'y rattachant.

2. Les dimensions à prendre en compte

Le champ de l'entrepreneurship se trouve au carrefour de nombreuses disciplines.

Chaque chercheur aura donc un point de vue disciplinaire qui l'amènera à avoir un regard particulier sur le phénomène. Les économistes retiendront en priorité la face de la pyramide : entreprise nouvelle-créateur-environnement ; les psychologues l'arête entreprise nouvelle- créateur ; les gestionnaires la face entreprise nouvelle-créateur-processus ou la totalité de la pyramide... Choisir de n'étudier que certains aspects du phénomène ne doit pas conduire les chercheurs à ignorer les autres dimensions, mais, au contraire, à repérer celles qui peuvent introduire des bruits ou des biais, pour tenter de les contrôler de façon à améliorer la qualité des résultats obtenus.

3. Le paradigme, la stratégie de recherche et les méthodes à retenir

Nous avons pu nous rendre compte que le phénomène était d'une grande complexité. De ce fait, les chercheurs doivent faire preuve, plus qu'ailleurs, d'une grande rigueur méthodologique. Ils doivent veiller à la fidélité et à la validité des mesures. En ce début des années 90, en tenant compte de l'avancement du champ, il nous semble qu'une recherche ayant pour ambition de contribuer à une meilleure compréhension globale du phénomène, ne peut qu'avoir recours au paradigme constructiviste ou aux techniques de recherche qualitatives longitudinales. Les recherches se situant dans le paradigme classique doivent utiliser des modèles permettant de manipuler des variables explicatives non linéaires et non indépendantes les unes des autres. Les chercheurs développant des recherches s'inscrivant dans un

paradigme particulier, doivent tenir compte et utiliser les résultat obtenus par les chercheurs de l'autre paradigme.

4. La dimension temporelle

Le changement est une dimension centrale de l'entrepreneurship et de la création

d'entreprise. La dimension temporelle doit être systématiquement prise en compte, à tous les niveaux (détermination des terrains de recherche, choix méthodologiques, exploitation des données recueillies...). Sans doute, il s'agit, dans la pratique, de la principale difficulté pour l'étude de l'entrepreneurship.

Ces éléments de méthodes sont, du moins nous l'espérons, susceptibles de contribuer à l'amélioration de la qualité de la recherche (validité des résultats et possibilité de les articuler avec les autres résultats obtenus par ailleurs) dans un champ d'investigation particulièrement difficile. Ils doivent permettre de passer d'une question de recherche à un projet de recherche cohérent susceptible de déboucher sur des résultats utilisables.

Figure 29. Eléments de méthode pour la recherche en entrepreneurship : SYNTHESE

Projet, questions de recherche, point de vue disciplinaire

Entreprise

Processus Créateur

Environnement

Temps Point de vue (disciplinaire) Paradigme, stratégie et méthodes de recherche

Modèle canonique Théories Hypothèses Observations Descriptions et généralisations empiriques Test Remise en cause des modèles Modèles instrumentés Mise en œuvre des modèles et observations T TTEEERRRRRRAAAIIINNN R é a l i s m e o n t o l o g i q u e R é a l i s m e o n t o l o g i q u e Positivisme, réductionnisme R é a l i s m e R é a l i s m e p h é n o m é n o l o g i q u e p h é n o m é n o l o g i q u e Constructivisme, téléologie Temps

PMIsation juridique Croissance interne

Reprise d’entreprise Création ex nihilo

N o u v e a u t é

Aucune

Totale

Totale

Temps

Création de valeur nouvelle Forte croissanceInnovation Technologies

avancées Dirigeant créateur Dirigeant Employé Employé Dirigeant Héritage Invitation Franchise Acquisition Création ex nhilo

Pas ou peu de création de valeur nouvelle

E s p a c e / t e m p s Secteur d’activité, zone géographique particulière… Sexe, ethnie, parcours professionnel, âge…

Accession au poste de dirigeant par

:

Secteur privé

Définition des objets de recherche et échantillonnage

Cohérence du projet de recherche ?