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Les approches psycho-sociologiques psychiatriques

2. L’apport théorique de la notion d’interaction

2.2. Les approches psycho-sociologiques psychiatriques

A partir des années cinquante, des psychiatres et des psychologues aux Etat-Unis et en G rande-Bretagne mettent en évidence que certains comportements pathologiques ont un lien avec le dysfonctionnement du milieu social de l’individu. Leurs analyses vont dégager des notions qui seront utiles et reprises pour étudier aussi certains aspects de la communication « normale ». Ce champ de recherche est

55 représenté par l’école de Palo Alto où un groupe de chercheurs travaille sur l’interaction à des fins d’ordre thérapeutique.

Dans cette optique, ils ont développé l’idée que les comportements pathologiques ne doivent pas être rapportés simplement au dysfonctionnement d’un individu, mais être conçus comme la conséquence du dysfonctionnement du système (par exemple familial) dans lequel est pris cet individu : c’est une communication folle qui rend l’individu fou, et pour le soigner, c’est le système qu’il faut traiter (Traverso, 1999 : 8).

2.2.1. L’école de Palo Alto : une école ou un regroupement

L’école de Palo Alto désigne un ensemble de chercheurs ayant travaillé dans une petite ville de Palo Alto près de San fransisco. Qualifiée d’école, alors que ce groupe n’était seulement que de chercheurs partageant des affinités de travail communes dont : la thérapie clinique et les théories de communication inter-individuelle. De plus, il y avait deux regroupements et non pas un seul : Bateston et Jackson constituent le premier tandis que Watzlawich et quelques autres constituent le second regroupement. Le premier regroupement est celui des fondateurs avec le pionnier : Bateson autour duquel s’est construite leur théorie et méthodologie. L’héritage direct de Bateson est la notion de « la double contrainte » [double-bind] où il indique : « nous croyons que les paradoxes de la communication sont présents dans toute communication […] et que sans ces paradoxes, l’évolution de la communication atteindrait à son terme : la vie ne serait alors qu’un échange sans fin de messages stylisés, un jeu avec des règles rigides, jeu monotone, dépourvu de surprise et d’humour « (Bateson, 1977 : 224)

Donc, elle n’a lieu que lorsque l’on reçoit deux consignes contradictoires ; en effet dans les cas extrêmes, l’individu peut être poussé dans la folie. Mais cette notion, à un degré moindre, permet de rendre compte de certains aspects de la communication ordinaire : par exemple, le conflit latent entre deux injonctions du comportement social qui peuvent se résumer à « soyez francs » et « faites preuve de délicatesse ». Cependant, il s’avère que c’est en fait un ensemble de stratégies qui servent souvent à réconcilier l’inconciliable, ce qui explique pourquoi les formes de politesse sont si souvent indirectes et compliquées.

Vers la fin des années quarante, Bateson rejoint l’hôpital de la Veterans Administration de Palo Alto et s’entoure d’un petit nombre de jeunes chercheurs. C’est à ce moment que le premier groupe de Palo Alto se constitue. Ensuite, le clinicien Jackson rejoint le groupe et met en expérimentation toutes les thèses et les théories de Bateson en instaurant les bases d’une nouvelle forme de thérapie. Dans ce

56 sens, on considère que les troubles de l’individu résultent d’un dysfonctionnement du système relationnel. Il faut donc remédier ce système.

Le second regroupement résulte de la rencontre avec Watzlawick, qui a rejoint au groupe peu de temps après la création de Mental Research Institue par Jackson. La capacité de synthèse de Watzlawick et ses connaissances en philosophie du langage et en logique lui permettent de théoriser de manière originale les données appartenant à la pratique thérapeutique. Au contraire de Bateson qui a testé ses conceptions dans des organisations réelles, Watzlawick recourt à des exemples imaginaires qui lui permettent de tester sa théorie jusqu’à ses profondes limites.

En dehors de leurs différences, les deux groupes de Palo Alto ont co-existé et partagé un nombre important de travaux jusqu’à la mort du fondateur, Bateson, qui avec son départ l’école1

passe d’une expérience vécue avec toutes ces théories à une simple reconnaissance qui s’éteint avec le temps. On considère que cette école est synonyme d’expérimentation empirique et des théorisations issues de ces différentes expériences. Dans ce cadre, cette approche compare la communication normale à la communication pathologique en se basant sur les principes suivants :

 la distinction entre « contenu » et « relation » : les premières théories de l’information étaient centrées sur le message et son contenu, sur le passage d’une information entre un émetteur et un récepteur. Les approches psychologiques montrent qu’en même temps, toute communication établit une relation. Par exemple, dans le cas d’un compliment, ce n’est pas nécessairement le contenu, c’est-à-dire ce sur quoi il porte qui est le plus important, mais ce que révèle le type de relation que les interactants entretiennent.

 la notion de « multicanalité » : cette notion est reprise dans l’analyse des rapports ordinaires, qui met l’accent sur l’importance du non verbal, des postures en particulier et du rôle qu’elles jouent dans la confirmation ou le reniement implicites de ce qui est dit. L’analyse des interactions ordinaires reprend cette idée et met en évidence tous les éléments du langage qui servent à indiquer la nature de la relation entre deux personnes : comment s’adresse l’un à l’autre, quels termes d’adresse on choisit, quel niveau de langue, comment sont formulés les actes de langage, etc. De plus, elle montre que certains messages ont pour finalité principale de maintenir une relation harmonieuse entre les interactants, comme le coup de fil pour prendre des nouvelles.

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