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L’analyse du discours-en-interactions

2. L’apport théorique de la notion d’interaction

2.5. L’analyse du discours-en-interactions

Sur la base des observations précédentes, il apparaît que l’analyse du discours et les interactions verbale présentent plusieurs aspects communs. Kerbrat-Orecchioni (2005 : 14) précise : « Par « discours en interaction » on désigne le vaste ensemble des pratiques discursives qui se déroulent en contexte interactif, et dont la

59 conversation ne représente qu’une forme particulière ». À cause du flottement qui entoure le terme « conversation » et son usage pour désigner tout un courant « l’analyse conversationnelle », Schegloff (1968 : 1075) propose sa propre définition de la conversation :

I use “conversation” in an inclusive way. I do not intend to restrict its reference to the “civilized art of talk” or to “cultured interchange” […], to insist on its casual character there by excluding service contacts, or to require that it be sociable, joint action, identity related, etc.1

Mais plus tard, face à la polysémie et l’ambiguïté que le terme « conversation » présente, Schegloff préfère parler de « talk-in-interaction »

[…] the data and research enterprises of CA have never been exclusively focused on ordinary conversation. On the contrary, CA research has been developed in relation to a wide range of data corpora. Indeed, it is for this reason that the term “talk-in-interaction” […] has come to be generally used, in preference to “conversation”, to refer to the object of CA research2

. (Drew et Heritage, 1992 :4)

C’est ainsi donc que l’expression « analyse du discours en interaction » (ADI) s’est construite dans le champ de la recherche par une traduction littérale de l’expression en anglais où « talk » correspond à discours et non pas à parole. En vue de se distinguer de la traditionnelle « analyse conversationnelle » stricto sensu, Kerbrat-Orecchioni (2001 : 95) décrit l’ADI ainsi :

(1) l’objet qui nous intéresse : ce sont toutes les formes de discours échangé, qui mettent en présence deux personnes au moins, et dont le fonctionnement est non seulement dialogique mais dialogal ; le discours est “polygéré”, c’est une construction collective, le produit d’un “travail collaboratif” ; (2) la méthode que nous revendiquons : elle exploite à la fois les acquis de l’analyse du discours et les apports de l’approche interactionniste, et d’abord de l’analyse conversationnelle stricto sensu (Conversation Analysis ou CA), qui a mis en place des outils fort efficaces pour rendre compte du travail de co-construction des conversations (ou plus généralement, du talk-in-interaction).

Cependant, le terme « discours » est choisi pour marquer un lien avec l’analyse du discours sans pour autant rejeter l’analyse conversationnelle. Il s’agit, de favoriser l’épanouissement de l’AD et l’AC dans une même discipline compte tenu du fait que

1 : J'utilise « conversation » d'une manière inclusive. Je n'ai pas l'intention de restreindre sa référence à «l'art civilisé de parler" ou "échange de culture» [...], d'insister sur son caractère occasionnel il en excluant les contacts de service, ou d'exiger qu'il soit sociable, action commune, l'identité liée, etc.

2 : [...] Les données et les entreprises de recherche du l’AC n'ont jamais été exclusivement centrées sur la conversation ordinaire. Au contraire, la recherche l’AC a été développée dans le cadre d'une vaste gamme de données de corpus. En effet, c'est pour cette raison que le terme «parler-en-interaction» [...] est venu à être généralement utilisé, de préférence à «conversation», pour faire référence à l'objet de la recherche de l’AC.

60 les deux domaines présentent plusieurs points communs comme on l’a exposé précédemment. En outre, l’analyse du discours et l’analyse conversationnelle ne sont pas considérées comme deux courants opposés dans la mesure où les conversations sont un type particulier de discours. L’objet d’investigation du discours en interaction s’avère très complexe surtout si on veut décrire les différentes aspects du fonctionnement de l’interaction. En effet, il convient de recourir à divers outils qui permettent de procéder à une analyse selon Kerbrat-Orecchioni (1997) «multilevel». Cette dernière implique la reconnaissance de l’interaction come une structure hiérarchisée de plusieurs unités fonctionnants en harmonie selon les niveaux formel et relationnel.

Conclusion

Les interactions qui constituent l’objet de recherche de cette étude sont des interactions radiophoniques produites dans les studios de la station Alger chaîne 3. Sur le plan théorique, notre ambition est à la fois d’étudier l’aspect structural des interactions radiophoniques, mais aussi son aspect discursif. Ainsi, on se positionne dans une approche pluridisciplinaire qui réunit à la fois l’analyse conversationnelle de l’ethnométhodologie et l’analyse du discours formant ainsi ce que Kerbrat-Orecchioni (2005) nomme : l’analyse du discours en interaction. S’ajoutent à ces approches, citées précédemment, d’autres forment la mouvance de l’interactionnisme. Ces émissions dans leurs variations : dilogues et polylogues, nous ont amené à les aborder du point de vue de la linguistique interactionnelle, mais aussi à recourir à des apports et concepts empruntés à d’autres champs disciplinaires et plus particulièrement, l’étude des statuts et de rôles lors de l’interaction ainsi que la politesse, le rituel et l’analyse acoustique.

CHAPITRE III

PRESENTATION DU PAYSAGE

RADIOPHONIQUE ALGERIEN

Chapitre III Présentation du paysage radiophonique Algérien

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Introduction

Au cours de ces dernières années, l’Algérie a connu une croissance sur le plan médiatique. Cela s’explique par l’apparition de nouveaux moyens de diffusion (câbles et satellites) qui ont participé à l’accroissement des chaînes radiophoniques internationales et locales, à l’extension du réseau et à l’expansion de la télévision à travers ses différentes chaînes publiques et privées qui ont vu le jour. De plus, la presse écrite a connu une évolution depuis octobre 1988, laquelle est publiée aujourd’hui en arabe et en français. Cette publication de la presse est quotidienne, hebdomadaire périodique et mensuelle. Ces différentes médias se complètent : de l’écrit pour les adeptes de la lecture où la presse resitue les informations dans un contexte et une analyse pointue ; à l’audio, présent dans la radio, fournissant des explications détaillées des événements et l’audiovisuel qui illustre par des images les différentes événements.

En effet, ces différents supports de diffusion offrent une large gamme de choix aux téléspectateurs, leur permettant ainsi de suivre tout ce qui se passe autour d’eux. Selon Ball (2010), les médias représentent un moyen de communication grâce auquel les individus se comprennent en échangeant de nouvelles connaissances nécessaires à leur épanouissement. Ainsi, « à l’instar de l’écriture selon Platon, les médias sont des prothèses pour la pensée ou la réflexion. Ils sont un creuset où la pensée se forge, et permettent de la communiquer à un ou plusieurs, selon des formes diverses » précise Ball (2010 : 83).

Nous allons présenter dans ce chapitre, d’une manière très détaillée, les moyens de communication et plus particulièrement la radio. Nous présentons la radio algérienne, son développement et ses différentes chaînes. Ainsi, notre présentation s’attache à la présentation des différentes stations que compte l’espace radiophonique algérien. Cette présentation nous permet de connaître le nombre des stations ainsi que la langue de diffusion. Nous passons ensuite à la description du déroulement des émissions avant le passage en direct en présentant toutes les étapes via lesquelles se prépare une émission. Cela nous permet de découvrir les rituels réservés à cette pratique ainsi que le script de ces émissions. Notre travail d’exploitation porte sur la station radio Alger chaîne 3 où nous avons choisi de travailler sur trois émissions suite à nos observations.

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