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LE RESEAU : OUTIL DE LECTURE DE LA STRUCTURATION DE L’ESPACEET DIMENSION ORGANISATIONNELLE DES TERRITOIRES

XI. LE SYSTEME URBAIN : UNE STRUCTURE DYNAMIQUE

Malgré la richesse significative du terme « réseau », encore plus de « réseau de villes », mais certains géographes la jugent d’ambiguë et porteuse de connotation trop

40 statique. Afin de lever cette ambigüité, ils proposent de le substituer par « système de villes » (PUMAIN. D, 2007)

«La ville est un système dans un système de villes » (BRIAN. J.B ,1965). Cette nouvelle formulation des réseaux urbains met l’accent sur la dynamique de l’ensemble, traduite par les interdépendances entre les villes, la forme de leur structure et la cohérence de leur évolution. Un système de villes a été défini comme étant un ensemble de villes ou tout changement dans l’une de ses parties provoque des changements dans ses autres parties. Ces interdépendances définissent l’existence d’un mode d’organisation des lieux en un système structuré. « Le système de villes a le mérite de mettre l’accent sur les interdépendances non seulement fonctionnelles, mais aussi évolutives, entre des villes en interaction » (PUMAIN. D, 1992 et 1997). Elles peuvent être analysées, sur un niveau intra urbain, par :

- l’étude de la diffusion spatiale de certaines innovations dans un réseau de villes.

- l’évolution des relations de filiations des entreprises ou encore celles de divers trafics interurbains.

Et sur un niveau interurbain par :

- par une étude de comparaison de développement entre les villes tout en observant l’intensité de communication et la concurrence des acteurs actifs qui provoquent les innovations dans les villes du système.

L’étude du système urbain a fait recours à la théorie des systèmes dynamiques, en transposant quelques notions comme l’adaptabilité, le changement, les bifurcations, l’auto-organisation. Cette dernière exprime la capacité d’un système de villes à se structurer, du fait de l’adaptation de chacun de ces éléments aux changements de son environnement, dans un contexte de concurrences interurbaines permises par la forte connexité. Dans cette optique, La croissance des villes se manifeste en forme d’hiérarchie de leurs tailles, c’est une forme fondamentale de l’organisation des réseaux urbains, remplissant ainsi une fonctionnalité territoriale et exprimant un équilibre dynamique d’un processus évolutif.

La spécialisation des villes ne peut être qu’une forme d’adaptabilité à une conjoncture politique, économique ou culturelle, les grandes villes ont une plus grande

41 capacité de s’adapter à ces cycles successifs. L’évolution des systèmes de villes reste liée à une dynamique de concurrence, elle n’est pas conçue en dehors de l’existence de réseaux techniques qui assurent une communication relativement rapide entre les villes, mais inégalement distribué. Il semble que certaines propriétés des systèmes de villes soient intrinsèquement liées à la vitesse relative des circulations dans un territoire qui conduit à la contraction de l’espace par la diminution des temps d’accès (PUMAIN. D, 1992).

XI.1. Réseau urbain ou armature urbaine ?

Les géographes français font distinction entre « réseau » et « armature » (connotation proposée par MERCADAL en 1965. Le réseau désigne un fait spatial de répartition des éléments qui sont les villes à l’intérieur d’un cadre (région, nation…), l’analyse des réseaux urbains porte sur l’analyse des villes dans la structuration de territoire, tandis que l’armature est ce qui sert à maintenir, à soutenir, donc une notion de fonction, d’organisation, de responsabilité, sont introduites dans ce terme, « il faut distinguer entre le réseau formé par l’ensemble des villes , et l’armature qui ne comprend que les catégories supérieures disposant de fonctions de coordination et de développement économiques » (THERIAULT .M, DES ROSIER.F, 2008)

Ces deux notions n’ont pas des contenus hiérarchiques bien définis, plutôt elles sont incluses dans l’étude de leurs différentes composantes. Comme il a été dit plus haut, le réseau urbain comprend l’ensemble des villes qui existe dans l’espace considéré mais cela n’implique aucunement la localisation ou la classification bien définie au préalable. Néanmoins l’observation montre que toutes les villes n’ont pas la même dimension et les mêmes fonctions, par exemple et à travers des cartes de répartition des villes, on peut constater différents types de réseaux de par leur localisation et leur densité : certains ont la fonction de métropole, d’autres se ramifient par les couloirs des vallées traversant plaines et montagnes, d’autres s’étendent sur des plaines , naissant entre de vastes plaines de culture, la question qui se pose avec pertinence est : existe-t-il une loi pour la répartition des villes, les différences fonctionnelles reflètent-elles des disparités fonctionnelles ? La théorie des places centrales prétend apporter une réponse

42 à cette double question, les recherches sur la hiérarchie urbaines apportent des éléments concrets en matière de classification de villes.

XI.2. Le réseau : quelle est sa place dans la théorie des places centrales

La théorie des places centrales constitue un élément fondamental de la science régionale sur laquelle se base l’organisation du système hiérarchique urbain. Cette théorie explique l’organisation hiérarchique des villes dans l’espace en s’appuyant sur trois principes. BERZ (1963) :

Le principe du marché : une aire de marché est attribuée à chaque ville du système, tout dépend des biens et services produits caractérisant les différents niveaux de la hiérarchie, la taille de l’aire du marché varie en fonction de l’échelon du niveau hiérarchique.

Deux concepts essentiels pour comprendre la disposition des places centrales : la portée et le seuil

- la portée désigne la distance maximale au niveau de laquelle peut s’effectuer la fonction de vente des produits du centre.

-le seuil présente le rayon minimum pour effectuer une production efficace sans tomber dans la concurrence avec d’autres centres. De ce fait, un bien n’est produit que si sa portée excède le seuil territorial minimum et s’il se situe sur une échelle hiérarchique de bien défini par la taille des seuils respectifs, ainsi la concurrence entre les centres produit une régularité de l’espacement des villes et une régularité de distribution des activités économiques ce qui contribue à produire un espace homogène.

Le principe de transport : il met en valeur l’importance de la distance, d’après ce principe les métropoles sont reliées entre elles par six routes principales et sont accessibles par les villes secondaires par six routes secondaires. Les villes secondaires se localisent au milieu de ces routes en se positionnant ainsi à équidistance des différentes métropoles.

Le principe administratif : chaque centre d’ordre supérieur contrôle complètement un centre d’ordre inferieur permettant ainsi une répartition spatiale satisfaisante des

43 pouvoirs administratifs. Le facteur distance se trouve attribuer un rôle majeur par ces trois principes dans le développement et la localisation des activités.

Malgré que la théorie des places centrales était pionnière à expliquer le mécanisme de fonctionnement des villes mais tout de même elle n’arrive pas à suivre l’évolution des réseaux au moment ou les théories de CHRISTALLER et LOSH (1933) constituent les fondements de la perception de l’organisation du système urbain, la surgie de phénomènes de globalisation et de métropolisation avec les relations en réseaux qui ne cessent de se constituer entre les villes échappe à leur logique. Les villes du même réseau se partagent les fonctions et les taches, la configuration spatiale se base d’avantage sur un principe de coopération et de complémentarité et non plus sur un principe de dominance. BAUMONT (2002) souligne (l’intérêt de mesurer les effets de la proximité spatiale, ils estiment que les formes de dépendance spatiale liées à la contigüité sont une piste à explorer, contrairement aux formes de dépendance liées à la distance. « The network paradigm » (PRED.A (1973) vient bouleverser les concepts des places centrales. VELTZ.P (2001) se demande si le paradigme du réseau s’oppose au paradigme de la hiérarchie. CAMAGNI.R (1992) appuie également cette idée en en prétendant que les systèmes de villes dans les pays avancés peuvent de moins en moins s’assimiler à une hiérarchie « gigogne ». Les principes gravitationnels sur lesquels s’appuie la théorie des places centrales doivent être revisités afin de mieux rendre compte d’une réalité émergente : les relations de réseaux affranchies de la distance.

Fig. 17 : Les trois principes d’organisation des lieux centraux selon Walter Christaller.

Source : PUMAIN .D, 2004.

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