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LE RESEAU : OUTIL DE LECTURE DE LA STRUCTURATION DE L’ESPACEET DIMENSION ORGANISATIONNELLE DES TERRITOIRES

XII. LES CENTRES : LES NŒUDS SAILLANTS D’UN RESEAU URBAIN

Parmi les définitions données par le dictionnaire Le Robert 2012, trois sont à prendre en considération à propos de l’urbanisme et de la géographie : le milieu d’un espace quelconque ; le point central doué de propriétés actives dynamiques et le point de convergence ou de rayonnement où diverses activités sont concentrés. La complexité du terme explique son succès dans la terminologie des études urbaines; elle met aussi en évidence la difficulté de le définir en tant que concept utilisable d’une manière courante et pratique. Dans une première approche fondée sur l’expérience et les descriptions monographiques, on peut distinguer trois grands types de centres : le centre historique, le centre topologique et le centre des affaires. Il faut y ajouter une connotation spatiale : le centre n’est pas un point mais un lieu dont l’étendue et l’importance relative varient suivant certaines conditions. Les caractéristiques du centre peuvent être visuelles, structurelles et/ou fonctionnelles. Elles sont variables dans le temps et suivent l’évolution économique, technique et les conditions politiques. Elles s’opposent en général à celles de la périphérie.

Dans la littérature géographique, le terme de centre peut s’appliquer à une partie privilégiée de la ville, que l’on qualifie souvent de « cité » (la city de Londres) mais il peut englober une partie plus étendue et plus complexe. Dans une agglomération, on qualifie de centre la ville principale, comme dans le même type de villes formant un réseau urbain, régional ou national. Dans le même type de classification, le centre peut aussi caractériser le rôle d’un pôle urbain à l’intérieur d’une zone rurale ou la relative importance d’un bourg par rapport aux villages qui l’entourent (village-centre). Le centre bénéficie de tous les attributs de la centralité.

La puissance du centre peut être appréciée de différentes manières: par le nombre absolu de sa population totale (ce qui est manifestement insuffisant), par le rapport entre cette population totale et le nombre de personnes employées dans le commerce de détail et les services par le niveau d’équipement en nombre et /ou en variété et /ou en sophistication (étude sur les équipements commerciaux de détail par de nombreux spécialistes (BEAUJEU. G et DOLOBEZ. A, 1977), par l’existence et l’importance des commerces et des activités rares (ROCHEFORT. M, et Al 1964)

45 On peut poser la question de ce que deviendra la notion de centralité devant la poussée fiévreuse des grandes agglomérations, notamment dans les pays en cours de développement, et la conception de centres commerciaux intégrés aux zones des activités regroupées, situées généralement le long de grands axes de communication, en dehors ou même à la périphérie du tissu urbain dense et coupés d’une manière rigide de l’expansion diffuse qui caractérisent jusqu’ici les activités urbaines.

XII.1. Les notions du centre dans le réseau urbain

C’est aujourd’hui une vérité que les villes, considérées dans leurs fonctions tertiaires comme centres des activités de service, ne sont pas des organismes indépendants et isolés les uns des autres. L’espace ne se découpe pas en zones simples et autonomes commandées par un centre urbain doté de tous les équipements nécessaires à la vie de cette portion d’espace. Selon leur nature, les services se localisent dans diverses villes plus ou moins grandes et chaque point de l’espace dépend de l’un ou l’autre de ces centres selon le service auquel il doit avoir recours. L’unité réelle d’organisation est donc constituée par l’ensemble des centres nécessaires pour fournir la totalité des services que réclament les activités économiques et la vie de la population.

L’étude de cette réalité géographique repose par conséquent d’abord sur l’analyse des types de centres de services et de leurs zones respectives d’influence, en les saisissant dans leurs rapports réciproques, puis sur l’organisation de l’espace qui en résulte du double point de vue de la localisation des différents centres et du découpage de l’espace en zones organisées.

Dans cette optique, on peut se limiter à l’étude d’une « région », c’est-à-dire à l’espace délimité par l’influence d’une grande ville, dotée d’une gamme suffisante de

Fig. 18 : Situations relatives de deux sommets au sein d’un même réseau (un sommet central Vs un sommet excentré.

Source. GLEYZE, 2010

46 services pour que les habitants de la zone puissent éviter tout recours généralisé à une autre ville plus importante et mieux équipée qu’elle. Cette « métropole régionale » organise la vie économique et sociale de sa région soit directement par suite des services qu’elle seule possède dans cette portion d’espace, soit indirectement lorsqu’elle renferme le niveau de commandement de services hiérarchisés dont les relais se trouvent répartis dans d’autres villes plus modestes situées à l’intérieur de sa région. Chacune de ces dernières d’autre part possède une certaine gamme de services plus courants ; la région se divise de ce point de vue en diverses portions d’espaces qui correspondent aux zones d’influence de ces centres urbains secondaires.

Cependant, dans la plupart des pays, les métropoles régionales dépendent à leur tour d’un certain nombre de services centraux localisés dans la capitale nationale. On doit donc concevoir aussi une étude à l’échelle de la nation pour définir les rapports entre la capitale et les centres régionaux et pour décrire le découpage de l’espace qui en résulte.

XII.2. Facteurs de différenciation des types de centres

Les centres de service qui constituent un réseau ou une armature urbaine se différencient d’abord par la nature des services qu’ils possèdent, sans que cela implique une véritable dépendance des uns vis-à-vis des autres ; ils se différencient aussi par la place qu’ils occupent dans la structure de certains services caractérisés par une hiérarchie interne.

Dans une région, les centres urbains secondaires ne possèdent, par exemple, que les commerces les plus courants. Lorsqu’un habitant de ces petites villes ou de leur zone d’influence a besoin d’un objet moins usuel, il doit avoir recours aux services d’une cité plus importante qui dispose d’un tel commerce. La différenciation des centres repose

47 les niveaux de vie des habitants. La différenciation des centres d’un réseau repose donc de ce point de vue sur des niveaux de services définis par les divers degrés de rareté de ceux-ci.

Dans d’autres domaines, la dépendance des échelons inférieurs du réseau par rapport à l’échelon supérieur repose sur la structure interne du service. Il peut s’agir d’une dépendance rigide due par exemple à l’organisation administrative de la nation et définie par la localisation dans les diverses villes des différents échelons de la hiérarchie administrative. Il peut s’agir au contraire d’une dépendance plus dynamique, reposant sur la structure financière des activités tertiaires du secteur privé : l’organisation des grandes banques, avec les différents échelons de leur direction générale, de leurs directions régionales, de leurs agences et de leurs guichets en fournit un exemple. La ville qui possède une direction régionale commande aux villes qui ne possèdent que des agences dépendant de celles-ci.

XII.3. Variétés des éléments d’un réseau ou d’une armature urbaine

On pourrait imaginer, en théorie, un schéma général de réseau urbain avec des éléments correspondant aux divers niveaux des services autonomes et aux divers degrés des services à structure interne hiérarchisée. On constate, en fait, selon les pays et selon les régions à l’intérieur de chaque pays, une extrême diversité. La fonction de capitale nationale elle-même, prend des aspects différents selon que la structure du pays est centraliste ou fédéraliste ; elle peut être groupée dans une ville ou partagée entre plusieurs cités. Tantôt les métropoles régionales s’affirment comme les centres majeurs de la vie de relations, cas de l’Allemagne, tantôt elles se subordonnent étroitement à la capitale nationale, cas de la France. Quant aux échelons inférieurs, ils varient à l’infini en nombre et en qualité. On peut pourtant retenir de façon très générale quelques grandes catégories de centres qui ont déjà été décrites par plusieurs auteurs et en particulier par LABASSE. J (1955) : le centre local à recours journalier ou hebdomadaire, le centre moyen à recours mensuel, le centre régional dont la fonction essentielle ne correspond plus à un recours direct mais à un commandement des services fournis par les centres inférieurs ; la capitale nationale, centre de fonction de direction. (ROCHEFORT. M, et Al 1964).

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XIII. LA LOCALISATION RELATIVE ET LA LOCALISATION