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LA DISTANCE : PARAMETRE CLE DANS LA MESURE D’ACCESSIBILITE

L’ACCESSIBILITE : UN INDICATEUR A NOTION COMPOSITE ET PARADOXALE ; ELEMENT MOTEUR ET RESISTANT DU

II. LA DISTANCE : PARAMETRE CLE DANS LA MESURE D’ACCESSIBILITE

II.1. définition

La distance est une notion tout aussi fondamentale et très liée à la localisation puisque directement utilisée pour caractériser la situation. Cette notion-clé est par

57 ailleurs, à l’origine de la plupart des modèles spatiaux. « La distance mesure l’écart spatial entre deux lieux ou entre un lieu et un repère ». (SCHOUMAKER. B. M, 2002)

La distance est mesurée par rapport à un repère, (distance à un centre, distance à une voie de circulation) ou caractérise des couples de lieux (espacement), elle permet de définir les situations des objets les uns par rapport aux autres (position relative).

(PUMAIN.D, 2004)

II.2. La distance est euclidienne mais aussi spatio-temporelle et perceptive.

Evaluer la distance en unité de longueur s’avère limité et ne répond pas aux exigences de tous les acteurs, qui sont parfois plus affectés par des considérations économiques, de ce fait, elle peut être estimée en prix de transport ou la distance-coût, ou bien évaluée par la durée nécessaire à un parcours ou la distance-temps. Cette dernière peut être présentée autour d’un centre par un ensemble de courbes isochrones.

C’est dire que le référentiel n’est plus seulement spatial mais spatio-temporel, tenant compte de moments et de durées. L'espace géographique n'étant pas isotrope, les distance-coût et distance-temps ne sont pas égales en général pour toutes les distances physiques. (DUMOLARD.P, 2008).

La distance physique mesurant la proximité des lieux est appréhendée de moins en moins dans les études de mobilité ou de diffusion spatiale. La distance est alors révélée par les comportements et le vécu, elle n’est pas la même pour tous les individus (distance perçue). « La distance perçue fait partie des distances cognitives, (ou mentales), qui sont des représentations psychologiques, individuelles ou collectives. » (CAUVIN.C, 2004). La distance perçue varie alors comme le logarithme de la distance réelle.

Selon MOLES.A (1977), la distance organise les représentations individuelles de l’espace, en «Coquilles» emboîtées (l’espace intime, puis celui du geste du corps, celui du logement, celui du déplacement, celui de la région...). La distance est variable d’une culture à l’autre (E. T. Hall 1973). De ce fait, la nature de contact entre des groupes sociologiquement, culturellement ou ethniquement différents, peut étirer ou rapprocher les distances. Les distances sociales ou culturelles peuvent se traduire sur les cartes, par

58 des ruptures brutales des échanges entre les lieux, (PUMAIN.D, 2006). L’espace est également différencié dans les têtes des individus.

Sur un réseau converti en graphe, La distance topologique est mesurée par le nombre d’arêtes nécessaires pour passer d’un sommet à un autre, elle est utile dans la recherche du plus court chemin, également pour déterminer la localisation optimale pour des équipements de service et aussi dans le calcul d’accessibilité des lieux. Autant dire qu’une notion relativement simple et apparemment non ambiguë comme la notion de distance, devient plus complexe lorsqu’on la met en contexte. L’accessibilité est justement liée à une distance contextuelle. (DUMOLARD.P, 2004).

II.3. Distance et localisation, une dualité qui change de forme mais garde le sens.

Toutes les activités humaines composent avec la distance : "deux objets ne pouvant occuper la même place, il y a une obligation d'espacement" (REYMOND.H, 1981).

Un équilibre est établi entre Le désir d’accessibilité à un lieu pour utiliser les ressources et l'effort nécessaire au franchissement de la distance à parcourir pour l'atteindre, détermine une portée maximale des activités, cela, à son tour, crée un espacement caractéristique entre les lieux exerçant de manière concurrente le même type d'activité.

C’est une des logiques par laquelle la théorie des lieux centraux explique la régularité de l'espacement des villes, des distances moyennes entre des centres urbains exerçant le même niveau de fonction. (PUMAIN.D, 2006)

Cependant, en milieu urbain, ou la distance temps prime largement sur la distance physique dans les processus de localisations urbaines, induisant ainsi des configurations plus complexes, que les modèles de Christaller, correspondent aux variations locales de l’accessibilité. Ainsi, à l’intérieur d’une agglomération urbaine, les prix du sol remontent, et les concentrations commerciales s’intensifient à proximité des carrefours, entre les autoroutes de rocade et les axes des radiales.

Selon MARCHETTI. C (1991), le rayon d’étendue maximale des villes, qui a augmenté en kilomètres avec la révolution des transports au XIXème siècle, puis la

59 diffusion de l’automobile et les aménagements destinés à faciliter la circulation, est en fait stable lorsqu’on le mesure en temps de parcours. Il est de l’ordre de la demi-heure.

L’invariant que représente la durée du jour dans le fonctionnement des villes, explique la relation stable qui s’établit entre la vitesse des déplacements et l’extension spatiale maximale des villes (loi de Zahavi). (CAUVIN. C et al.2004)

Dans l’espace régional entre les villes, comme le remarquait Elisée RECLUS dès la fin du XIXème siècle, l’espacement physique entre les agglomérations tend à augmenter.

BRETAGNOLLE.A (1999) a démontré que les petits centres court-circuités par les moyens de transport rapides sont en déclin relatif par rapport aux villes nœuds des réseaux à plus grande vitesse (processus de métropolisation). L’usage des télécommunications, censés abolir les effets des distances, ne les élimine cependant pas complètement, dans la mesure où les échanges d’information continuent de dépendre des contacts « face à face

», entre les personnes, notamment lorsqu’il s’agit de connaissances et de savoirs « tacites

», difficiles à transmettre de manière explicite et formelle. (PUMAIN.D, 2006)

60 Fig21 : Portée, distance et interaction.

Source. PUMAIN .D. 2004