• Aucun résultat trouvé

Le système verbal : formes non conjuguées

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 98-105)

VERSION FRANÇAISE

4. Conclusions de l’analyse linguistique

4.4. Le système verbal : formes non conjuguées

En ce qui concerne les formes verbales non conjuguées, l’examen du corpus du souletin historique dénote quelques tendances à retenir :

i) Tant le préfixe *e- que le morphème causatif -ra-, tous les deux d’origine proto-basque, montrent une force et durée supérieures en Soule qu’ailleurs.

ii) A part dans les cas des verbes de la classe -tü, le suffixe -tze est à peine utilisé dans la formation du substantif verbal.

iii) Le suffixe -ko a gagné du terrain face au suffixe -(r)en dans la formation du participe prospectif.

iv) Dans le cadre d’une tendance au renforcement des formes du radical verbal dans les parlers d’Aquitaine, c’est le souletin qui est allé le plus loin.

v) Enfin, depuis le XVIIIe siècle le dialecte souletin a développé un nouveau groupe de participes en -i pour des verbes empruntés.

4.4.1. Le préfixe *e-

Le souletin (avec le biscayen) a conservé l’aspect phonologique du préfixe proto-basque *-e dans nombre de verbes. En parallèle des formes communes (egon ‘rester’, ekar ‘apporter’, eman ‘donner’, etc.), nous avons repéré les suivantes : ebil ‘marcher’, edeki ‘extraire’, edüki

‘posséder’, egor ‘envoyer’, egüriki ‘espérer’, eitz ‘laisser’, ekhus ‘voir’, ekhüz ‘laver’, erail

‘renverser’, erakhats ‘montrer, enseigner’, herakitü ‘bouillir’, eratxeki ‘adhérer’, eratzar

‘réveiller’ & eroan ‘porter’. Parmi cette quinzaine de formes, près de la moitié ne sont pas arrivées à la fin du XIXe siècle.

Au-delà des formes bien connues comme ebil, ekhus ou egor, nous soulignons la longévité de la forme eitz († 1860). De même, la forme egüriki a perduré longtemps, bien que la variante ügürüki ait été en usage aussi. Bref, l’ancien préfixe *e- s’est révélée particulièrement durable en Soule ; en outre, le fait que la fréquence de cette antiquaille linguistique soit également remarquable en Biscayen doit être interprété comme une manifestation de la tendance archaïsante des zones latérales. Cependant, le témoignage de *e- s’éteint aussi en Soule, les nouvelles variantes en i- et leurs évolutions en ü- s’y imposant.

4.4.2. Formes causatives

Avec le préfixe *e-, les formes verbales non conjuguées montrent un autre morphème qui renvoie directement au proto-basque : l’infixe -ra- des anciennes formes causatives (eragin

‘faire faire’ ← egin ‘faire’). Dans l’évolution de l’expression de la causation en basque, les

lxvi

anciennes formes dérivées par -ra- ont été substituées par les nouvelles formes au verbe erazi/erazo. L’examen du corpus du souletin historique réaffirme les lignes générales de l’évolution décrite : a) dès les premiers textes, le verbe erazi est la seule voie morphosyntaxique productive pour les formes causatives ; b) conséquemment, durant la période historique le morphème -ra- n’est plus productif, son témoignage et sa valeur sémantique s’affaiblissant ; et c) au cours des derniers siècles, les nouvelles formes à erazi ont acculé les anciennes formes au morphème -ra-.

La productivité du morphème -ra- a été datée d’environ deux millénaires (Aldai 2012). Tout au long de la période historique, non seulement il est épuisé, mais ses formes se sont lexicalisées, tout en perdant leur signification causative originaire. Le processus n’en étant pas uniforme, nous avons étudié la chronologie de la lexicalisation lexème par lexème, dans une trentaine de verbes. Les données tirées du corpus nous permettent d’affirmer le caractère archaïsant du basque souletin, en nous appuyant sur ces points :

o Certains verbes dérivés par le morphème -ra- ont conservé très longtemps leur signification causative originaire ; en effet, des valeurs comme eragin ‘faire faire’, iradoki ‘faire sortir’ (← idoki ‘sortir’), eraitsi ‘faire descendre’ (← jaitsi ‘descendre’) et eraiki ‘lever’ (← jaiki ‘se lever’) peuvent être facilement relevées dans les textes du XIXe siècle.

o Il est possible de trouver quelques exemples productifs du morphème -ra-, comme la forme eragari ‘faire pâtir’ (← egar(r)i ‘pâtir’), relevée dans un texte de 1860.

o Suite à la perte de la signification causative des formes portant -ra-, les formes pléonastiques du type eragin erazi sont plus tardives en Soule qu’ailleurs.

o Pour la première fois, nous avons relevé en souletin une forme causative construite à partir du verbe eragin ‘faire faire’ : sinhets eragiteko ‘afin de faire croire’ (ca. 1800).

Cet usage était connu dans les textes archaïques occidentaux et aussi chez le labourdin Urte (OEH s.v. eragin) ; la nouvelle attestation souletine renforce l’hypothèse du caractère commun de ce trait.

4.4.3. Formes du radical verbal

Pendant toute la période historique, les Basques d’Aquitaine ont ressenti le besoin de différencier clairement le radical verbal, et ils en ont donc créé des nouvelles formes marquées ou renforcées. Nous avons décrit cette tendance à travers quatre processus, chacun ayant sa propre chronologie : i) les radicaux verbaux en -t ; ii) les radicaux en -k; iii) les ré-analyses erazi, ützi → eraz + i, ütz + i) ; et iv) quelques radicaux en -a (← -e).

lxvii

En premier lieu, les radicaux en -t trouvent leur origine au Moyen Age. A l’étape initiale, quelques formes émergèrent suite aux anciennes règles de composition, dans la ligne de zilhet ou hant (← zilhegi ‘licite’, handi ‘grand’) (FHV 423). Puis ce -t final se serait étendu à d’autres formes non concernées par les règles de composition, car il servait à éviter des cas d’homonymie : lagunt ‘accompagner’ (← lagundu), xuxent ‘redresser’ (← xuxendu) vs. lagun

‘compagnon’, xuxen ‘droit’). Après le Basque Archaïque († XVIe s.), et de façon particulièrement accentuée dans les parlers les plus orientaux, le modèle des radicaux verbaux en -t s’est généralisé à la plupart des verbes de la classe -tu, le résultat en étant des formes qui ne servent à résoudre aucune ambiguïté (xahat ‘nettoyer’, phozuat ‘empoisonner’). Enfin, le processus est toujours productif en Soule (doziera telekargat ezazü ‘téléchargez le dossier’).

Le second processus de renforcement du radical verbal se manifeste dans les formes en -k, issues de la réanalyse des verbes de la sub-classe en -ki comme s’ils portaient l’ancien suffixe -i : idok ‘sortir, jarraik ‘suivre’ ← idoki, jarraiki. Cette évolution date du commencement de la période historique de la langue : en Soule, au XVIIe siècle elle se trouve dans une phase initiale, et durant les XVIIIe et XIXe siècles le nombre de radicaux en -k augmente. De la même manière, les formes eraz et ütz sont la conséquence d’une réanalyse tout à fait pareille (eraz + i, ütz + i). Tout en simplifiant les données du corpus, les textes les plus anciens témoignent des radicaux erazi & ützi, et pour le XIXe siècle les nouveaux radicaux eraz & ütz se sont généralisés. Cette réanalyse se reflète également dans les formes d’imperfectif erazten & üzten (← eraziten & ütziten).

Enfin, en souletin et bas-navarrais certains verbes de la classe -Ø forment leurs radicaux en -a : betha ‘remplir’ (participe bethe), busta ‘mouiller’ (part. busti), gorda ‘garder’ (part.

gorde) ou erra ‘brûler’ (part. erre) —la dernière forme est aussi connue en biscayen archaïque—. N’ayant pu décrire aucune évolution diachronique pour ces formes, nous n’avons pas définir clairement si leur formation est partie des participes bethe, busti, gorde &

erre, ou si elles sont plutôt dérivées à travers le modèle busti bustatü busta (il serait parfaitement possible de postuler l’ordre inverse : busti busta bustatü). A ce groupe réduit, il est possible d’ajouter d’autres radicaux comme maitha ‘aimer’, meha ‘maigrir’ ou xeha ‘broyer / morceler’, liés à des formes en -e (maite, mehe, xehe).

A ce point, il convient de rappeler que le radical est la plus ancienne des formes non conjuguées du système verbal basque : du point de vue morphologique, il a été la base de dérivation pour le reste des formes non conjuguées (voir Tableau III) ; du point de vue de la chronologie des textes, les périphrases verbales construites autour du radical sont les plus

lxviii

anciennes de la langue. Cela dit, Urgell (2016b) a proposé que le radical verbal, tel que nous le connaissons dans la période historique, puisse en réalité être une innovation —très ancienne—, et il faudrait donc différencier entre le « radical1 » issu directement du proto-basque, puis disparu, et le « radical2 », réapparu alors que les anciennes règles de composition étaient en vigueur, c.-à-d. au Moyen Age. A partir de ce moment-là, les parlers occidentaux perdirent le radical en faveur de la forme de participe perfectif, tandis que les dialectes orientaux choisirent de le renforcer. Notre étude se situe précisément dans ce contexte, et ses conclusions peuvent êtres synthétisées comme il suit : pendant l’histoire, le basque oriental a montré une tendance claire au marquage différencié des formes du radical verbal, et dans cette tendance générale c’est le dialecte souletin qui est allé le plus loin.

Tableau III : Les formes non conjuguées du verbe en souletin

classe radical part. perf. substantif verbal part. imperfectif part. prospectif

-i ikhus ikhus-i ikhus-te ikhus-ten ikhusiko / ikhusiren

igor igorr-i igor-te / igor-tze igor-ten / igor-tzen igorriko / igorriren

-n egin egin egi-te egi-ten eginen

-tu sor → sort sor-tü sor-tze sor-tzen sortüko / sortüren

-ø (-ki) edüki edük edüki edüki-t(z)e edüki-t(z)en edükiko / edükiren -ø (-o) jo jo jo-tze / jo-ite jo-tzen / jo-iten joko

erre erra erre erre-tze erre-tzen erreko / erreren

hil hil hil-tze hil-tzen hilen

4.4.4. Formes du participe imperfectif

Quant aux formes du participe imperfectif, l’étude du corpus du souletin historique a confirmé dans une grande mesure la connaissance actuelle sur la question (Urgell 2006). Tout d’abord, l’attestation du suffixe -keta, productif dans quelques variétés occidentales, est marginale dans le corpus, et limitée à la forme pentsaketa(n) (← pentsatü ‘penser’), relevée dans deux textes. Par ailleurs, une forme vraiment intéressante est egorraite (← egorri ‘envoyer’), utilisée par quelques auteurs souletins, et qui nous permet d’établir une connexion avec le suffixe occidental -tzaite (hartzaite(n) ← hartu ‘prendre’).

Au cœur des formes d’imperfectif, nous avons examiné systématiquement la compétition entre les suffixes -te & -tze. Aussi bien le dialecte biscayen que le souletin, tous les deux sont rétifs à l’adoption du suffixe -tze, qui est une innovation des variétés centrales. Plus précisément, en Soule l’introduction de -tze se limite aux formes d’imperfectif des verbes de la classe -tü (izkiribatzen ← izkiriba(tü) ‘écrire’). Hors ce groupe, seuls les verbes de la sub-classe en -ki témoignent d’une véritable compétition entre les deux suffixes dont les

lxix

premiers indices datent du XVIIe siècle ; au XIXe s. quelques auteurs usent davantage la séquence -kitze (jarraikitzen ← jarraiki ‘suivre’). En revanche, les thèmes verbaux finis par consonne sibilante, vibrante et latérale construisent leurs formes d’imperfectif au moyen du suffixe -te : ürgaizten ürgaitz(i) ‘aider’, erorten eror(i) ‘tomber’, ebilten ebil(i)

‘marcher’, etc.

Sur un autre front, en Soule la vigueur de la terminaison -ite dans les formes d’imperfectif des anciens verbes de la classe en -n est pleine (eroaiten ← eroan ‘emporter’, etc.) ; tel qu’il arrive dans le reste des variétés dans lesquelles cet archaïsme est connu, certains verbes du groupe n’acceptent pas la terminaison -ite (p. ex. **edaiten ← edan ‘boire’). A cet égard, les données du corpus montrent clairement que la forme ancienne d’imperfectif du verbe izan

‘être’ est izaten, la variante izaiten en étant un cas d’analogie. Il convient de ne pas oublier que la terminaison -ite n’est pas exclusive aux verbes de la classe en -n, car elle émerge aussi dans les formes d’imperfectif de quelques autres verbes (itoiten, joiten ito ‘étouffer’, jo

‘frapper’).

4.4.5. Le participe prospectif

L’intérêt de l’étude du participe prospectif repose sur la compétition entre les deux suffixes impliqués dans sa formation : -(r)en et -ko. Ces deux terminaisons, qui correspondent respectivement au suffixe de génitif -(r)en et au suffixe relationnel -ko, apparaissent dans des patrons de distribution qui vont de l’exclusivité de -ko dans les dialectes occidentaux à l’exclusivité de -(r)en dans certaines variétés orientales (voir Tableau 60). En général, plus nous allons vers l’est du domaine bascophone, plus le suffixe -(r)en prévaut face à -ko.

Les données du corpus montrent que, tandis que les écrivains les plus anciens (Etchart, Oihenart et Tartas) emploient les deux suffixes, les textes appartenant à la tradition du souletin classique fondée dans le sillage de Belapeire se penchent vers l’exclusivité de -(r)en.

D’après nous, il ne faut pas en conclure automatiquement que le suffixe -ko se soit perdu : selon notre interprétation, l’emploi de -ko chez les écrivains antérieurs à Belapeire s’explique en raison des choix linguistiques, car ces auteurs savants eurent recours à une variété écrite qui dépassait dans une certaine mesure leur souletin natif. Puis, il faudra attendre jusqu’à la fin du XVIIIe siècle pour relever une certaine expansion du suffixe -ko (Tableau 61). Il n’y a pas de différence percevable entre la fréquence de l’un ou l’autre suffixe en fonction des classes verbales. Quant aux formes pléonastiques du type -(r)enko, que la dialectologie

lxx

basque situe dans le parler de Sainte-Engrâce (Haute-Soule), le témoignage du corpus est négligeable.

En peu de mots, en souletin les formes de prospectif ont évolué dès l’exclusivité du suffixe -(r)en vers un patron distributionnel plus proche à celui des parlers centraux (voir Tableau 60). Dès la perspective de l’euskara dans son ensemble, les options en -(r)en ont progressivement reculé ver l’est, et ont là aussi elles perdu du terrain face au suffixe -ko. En définitive, tout cela doit être mis en relation avec le caractère récessif du suffixe de génitif -(r)en, tel que nous l’avons décrit en ce qui concerne l’expression de la bénéfaction, entre d’autres (voir § 4.3.1.1 et II, § 1.2.2). Selon nous, le fait que l’aire où les anciennes valeurs du génitif basque ont perduré le plus longtemps coïncide, grosso modo, avec l’aire où les formes de prospectif se sont tenues de façon la plus persistante au suffixe -(r)en, prouve la connexion entre ces deux éléments grammaticaux et témoigne, encore une fois, du caractère archaïsant du basque oriental.

4.4.6. Le nouveau groupe de participes en -i

Depuis le XVIIIe siècle, un nouveau groupe de participes perfectifs en -i a fait son apparition dans le dialecte souletin : akhabi ‘achever’, ataki ‘attaquer’ ou ezkapi ‘échapper’ ― il s’agit évidemment de verbes d’origine romane ―. Ce nouveau groupe inclut une quinzaine de verbes, chacun ayant —ou ayant eu— son équivalent plus ancien, composé du morphème -tü (akhabatü, atakatü, ezkapatü, etc.). L’alternance entre les nouveaux verbes en -i et ses paires en -(a)tü se manifeste dans une distribution complémentaire : a) les formes nues en -i expriment le perfectif ; cependant, il est aussi possible de trouver des formes en -(a)tü ―cela vaut également pour le prospectif, dérivé du perfectif― ; b) seul les formes en -(a)tü peuvent exprimer le radical et l’imperfectif.

La première attestation d’un participe du nouveau groupe en -i date de 1706 : akavi ‘achever’.

Une fois émergées, les nouvelles formes ne substitueront pas automatiquement leurs paires en -(a)tü : le basque souletin témoigne d’une concurrence entre les participes en -i et en -(a)tü, dont la durée varie selon le lexème. Même si le nombre des nouveaux participes en -i peut sembler modeste, nous croyons qu’il s’agit d’une nouveauté souletine d’un succès certain.

D’une part, nous avons vu que le nombre de verbes augmente progressivement ; d’autre part, et de manière plus significative, les locuteurs souletins ont étendu le modèle des nouveaux participes en -i à quelques verbes d’origine basque en -(a)tü : phorroki ‘briser, déchirer’, xeheki ‘détailler’ ← phorrokatü, xehekatü.

lxxi

Nous avons montré que le -i des nouvelles formes n’est pas le préfixe proto-basque *-i, présent dans les anciens verbes de la 1e classe. Pourquoi ce phénomène se serait-il alors développé uniquement chez les Souletins ? En outre, la classe verbale en -i n’a pas été productive depuis le Moyen Age, au contraire, au cours des siècles certains anciens verbes en -i ont évolué vers la classe -tü (eske(i)ni ‘offrir’, irakurri ‘lire’ → eske(i)ntü, irakurtü). La délimitation dialectale de la nouvelle classe verbale en -i, sa relative modernité et, surtout, le fait que la totalité des nouvelles formes soient d’origine romane, rendent nécessaire une nouvelle explication. Nous avons avancé que les nouveaux participes souletins en -i trouvent leur origine dans la morphologie verbale gasconne, et plus précisément dans les formes conjuguées de la 1ère personne du singulier au présent. L’hypothèse « béarnaise » implique un processus comprenant trois étapes :

1. Les locuteurs souletins auraient emprunté ces formes conjuguées au gascon béarnais pour les utiliser comme des éléments nominaux dans des locutions verbales.

2. Plus tard, ces nouvelles formes deviennent participes, dans un déplacement catégoriel (nom/adjectif → participe).

3. Une fois que les formes empruntées ont acquis la catégorie verbale pleine, les locuteurs commencent, à partir de celles-ci, à dériver le participe prospectif et le résultatif.

Si cette voie d’emprunt et d’adaptation catégorielle de formes conjuguées peut être considérée comme inhabituelle, nous en trouvons un parallèle identique en basque occidental, où des formes conjuguées castillanes de la 1ère personne au présent ont été empruntées pour être utilisées comme des membres nominaux invariables d’une locution verbale (akabo ‘finir’, eskapo ‘échapper’, espero ‘espérer’, fio ‘se fier’, paso ‘s’en ficher’, etc.). Toujours est-il que les séries akabo & eskapo et akabi & ezkapi sont le résultat de deux phénomènes analogues.

Le fait que l’emprunt de formes conjuguées se retrouve dans les deux extrêmes de l’aire bascophone, occidental et oriental, reflète une situation de contact profond avec deux variétés romanes : l’espagnol et le gascon béarnais.

En somme, nous proposons l’origine béarnaise des nouveaux participes souletins en -i en nous basant sur quatre arguments :1) parmi les dialectes basques, c’est le souletin qui a subi le plus haut degré d’influence gasconne ; 2) la fréquence des formes de la 1ère personne du singulier au présent est suffisamment importante pour permettre de justifier l’apparition d’une innovation ; 3) l’emprunt de formes de la première personne est aussi connu en basque occidental ; et 4) le participe en -i existait déjà.

lxxii

4.5. Le système verbal : formes conjuguées

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 98-105)