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Le Sénégal : quelques éléments de contexte

Dans le document 2015 M S 18 N C P ’ - : S G ’ L U Q O D (Page 107-113)

CHAPITRE V LA CONSTRUCTION DE L’OUTIL D’ENQUÊTE : LE CADRE

6.1 Le Sénégal : quelques éléments de contexte

En termes géographique, le Sénégal est bordé par l'océan Atlantique à l'ouest (son littoral compte 700 km de côtes), la Mauritanie au nord et à l'est, le Mali à l'est et les deux Guinées au sud. Le pays est traversé en son centre par la Gambie, qui pénètre à plus de 300 km à l'intérieur des terres entre les régions de Kaolack et de Ziguinchor (Casamance). Le pays, d’une superficie de 196 722 km2, est traversé par quatre grands fleuves et cinq zones climatiques. Le climat des régions du Nord est de type désertique ou semi-désertique et celui des régions du Sud de type tropical ou semi-tropical.28

28 Le pays comprend cinq zones climatiques : une zone sahélienne au Nord de la région de Saint-Louis;

une zone sahélo-soudanienne qui s’étend sur les régions de Dakar, Thiès, Diourbel, Louga et Matam;

une zone soudanienne qui s’étend sur les régions nord de Fatick et de Kaolack et sur le nord et le centre de la région de Tambacounda; une zone soudano-guinéenne qui s’étend sur les régions de Ziguinchor, Kolda et Tambacounda (sud) et; une zone guinéenne qui s’étend sur le sud des régions de Ziguinchor et de Kolda.

Carte 3. Le Sénégal

Source : http://geology.com/world/senegal-satellite-image.shtml

Le Sénégal, une ancienne colonie française, a obtenu son indépendance en 1960. Malgré un conflit de faible intensité qui perdure en Casamance depuis le début des années 1980 entre le pouvoir central et des regroupements indépendantistes, le Sénégal est considéré comme l’un des pays les plus stables et démocratique du continent africain (Freedom House, 2012). En 2011, la population sénégalaise était estimée par l’Agence nationale de statistiques et de démographie à 12,9 millions d’habitants (ANSD, 2013). Cette population est encore majoritairement rurale et agricole, mais comme les populations du reste de l’Afrique de l’Ouest, elle s’urbanise de plus en plus : près de 48% de la population sénégalaise était en effet urbaine en 2011 (ANSD, 2013). La population sénégalaise est concentrée dans la région de Dakar (où habite le quart de la population totale et plus de la moitié de la population urbaine du pays) et le long du littoral. La population sénégalaise est par ailleurs très jeune : en 2011, 63% des sénégalais avaient moins de 25 ans et 71% avaient moins de 30 ans (ANSD,

2013). La langue officielle du Sénégal est le français. Les langues nationales sont le wolof (la principale langue véhiculaire), le malinké, le pulaar, le sérère, le soninké et le diola. La population sénégalaise est très majoritairement de religion musulmane.

L’économie du Sénégal

Même s’il fait partie des Pays les Moins Avancés (PMA), le Sénégal, avec un PIB de 6,767 milliards de FCFA (environ 13,5 milliards US$ courants) en 2011, est la quatrième économie de l’Afrique de l’Ouest, derrière le Nigeria (202,5 milliards US$), le Ghana (32,3 milliards US$) et la Côte d'Ivoire (22,8 milliards US$). En 2011, le taux de croissance de l’économie a été de 2,1% (4,3% en 2010; 2,4% en 2009; 3,7% en 2008 et 4,9% en 2007) (ANSD, 2013).

L’économie du Sénégal est fortement extravertie et est traditionnellement tournée vers les pays européens (l’Union européenne demeure aujourd’hui son principal partenaire commercial) et, plus récemment, vers la Chine et l’Inde. Les exportations sont fortement concentrées sur quelques produits de base non ou peu transformés. En 2011, les principaux produits exportés par le Sénégal étaient des produits pétroliers, de l’acide phosphorique, des produits halieutiques (pêche), de l’or et du ciment (ANSD, 2013). La balance commerciale du Sénégal est structurellement déficitaire. Depuis 1959, année à partir de laquelle des statistiques officielles ont été tenues, les importations ont toujours été supérieures aux exportations. Les exportations se sont accrues au fil des années, mais les importations se sont accrues davantage encore et ce tant en valeur absolue qu’en valeur relative (ceci s’explique par la tendance à l’augmentation des prix des importations depuis les années 1970-80). Les importations alimentaires sont en croissance depuis 1980 (Faye et al, 2007).

Le Sénégal est pauvre en ressources naturelles. Le secteur primaire au Sénégal est essentiellement composé d’activités de pêche et d’activités agro-sylvo-pastorales (agriculture, foresterie, élevage). Selon le rapport sur la situation économique et sociale du Sénégal publié par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie, le secteur primaire, qui ne contribue plus qu’à 6,1% du PIB (8,5% en 2010) occupe cependant 70% de la population

active en leur fournissant revenus et subsistance (ANSD, 2013).29 Selon l’ANSD (2013), c’est la crise du secteur de l'arachide (qui demeure la principale culture agricole de rente du pays) qui explique en grande partie la réduction considérable de la contribution de l'agriculture au PIB national. Quant au secteur secondaire, dominé par l’agro-industrie, il contribue à 24% du PIB du pays (ANSD, 2013). Les principales sources de revenus du Sénégal proviennent aujourd’hui de la pêche et du tourisme (secteur des services) sur le littoral. Les transferts monétaires des migrants (diaspora) constituent aussi une entrée importante de devises pour le pays. En 2011, les migrants ont fait entrer 699,4 milliards de francs CFA au pays, ce qui représente environ 10,3% du PIB provisoire de 2011 et qui constitue un montant supérieur aux fonds provenant de l’aide internationale (ANSD, 2013).

Le profil de la pauvreté au Sénégal

En dépit d’une croissance économique soutenue au cours des dernières années, le niveau de vie des Sénégalais demeure faible. En 2011, le PIB par habitant au Sénégal était de 526 390 FCFA (environ 1050 US$ courants) (ANSD, 2013). Le taux de pauvreté, soit le pourcentage de la population dont le revenu se situe sous le seuil national de pauvreté est estimé à 46,7%

de la population, ce qui signifie que près de 6,4 millions de personnes sont pauvres au Sénégal (ANSD, 2013). De ceux-là, 69% (ou 4,4 millions) sont des ruraux. Bien que les ruraux ne soient pas tous pauvres, la proportion de pauvres en milieu rural (57,3%) est supérieure à celle des villes (Idem). À ces pauvres, il faut ajouter ceux qui sont à haut risque de basculer dans la pauvreté en cas de choc, soit les populations vulnérables. À partir d’enquêtes approfondies au Sénégal, Fall et al. (2011) avancent ainsi dans le Profil de la pauvreté 2008-2009 que près de 60% de la population du Sénégal est pauvre ou vulnérable et que les populations pauvres et vulnérables sont en très grande majorité des ruraux. En 2011,

29 Mesurée à partir de l’unité « ménage », l’importance de l’agriculture au pays apparaît encore plus élevée et ce, même si les données datent du dernier recensement national de l’agriculture 1998-1999 (un nouveau recensement de l’agriculture est prévu dans les prochaines années). Ainsi, ces données indiquaient qu’il y avait en 1998-1999, 437 037 ménages agricoles pour (497 310 ménages ruraux) au Sénégal et donc que la proportion des ménages ruraux agricoles dans l’ensemble des ménages sénégalais était de 88% (Ministère de l’agriculture et de l’élevage du Sénégal, 2000).

le Programme des Nations Unies pour développement (PNUD) classait le Sénégal au 155e rang (sur 187) en termes de développement humain (PNUD, 2011).

Quant à la sous-alimentation, qui a une corrélation forte avec la pauvreté, elle touchait 20,5%

de la population en 2011, ce qui signifie que près de 2,7 millions de personnes, qui sont en majorité des ménages ruraux et agricoles, sont sous-alimentées au Sénégal (OMD, 2011). Les ruraux pauvres sont le plus souvent des paysans cultivant la terre dans le cadre d’une exploitation familiale, soit un modèle d’exploitation agricole où existe une relation privilégiée entre l’activité économique et la structure familiale et où la gestion et le travail sont assurés en majeure partie par les membres d’une même famille (qui peut être élargie).

Les exploitations familiales : au cœur de l’agriculture sénégalaise

Le mode d’exploitation agricole dominant au Sénégal est celui de l’agriculture familiale.

L’agriculture industrielle n’occupe ainsi que 5% des superficies exploitées contre 95% pour l’agriculture familiale. La quasi-totalité des terres agricoles exploitées (98%) ne sont pas irriguées. Sur le territoire du Sénégal, seulement 19% est constitué de terres arables, soit 3,8 millions d’hectares, dont seulement 2,5 millions sont effectivement exploitées (65%). Les terres arables sont inégalement réparties sur le territoire du Sénégal : 57% de ces terres sont situées dans le bassin arachidier; 20% en Haute et Basse Casamance, 10% dans le Sénégal oriental; 8% dans la vallée du fleuve Sénégal; 4% dans la zone sylvo-pastorale et; 1% dans la zone des Niayes (ASPRODEB et IPAR, 2007).

Les données du dernier recensement agricole ont permis d’établir que la taille moyenne des exploitations agricoles pluviales était de 4,3 hectares (ha) de superficie cultivée. Mais cette moyenne cache des fortes disparités. Ainsi, sur l’ensemble des exploitations pluviales recensées, plus de 50% exploitaient une superficie de moins de 3 ha (incluant 20%

d’exploitations de moins d’un hectare); 40% des exploitations cultivaient entre 3 et 10 ha et les exploitations de moins de 3 ha et celles dont la superficie était comprise entre 3 et 10 ha exploitaient respectivement 16% et 50% des superficies cultivées. Quant aux « grandes »

exploitations familiales (celles qui ont une superficie de 10 à 20 ha) et aux « très grandes » exploitations (plus de 20 ha), elles constituaient respectivement 7,9 % et 1,4 % de l’ensemble des exploitations pluviales, mais cultivaient près de 33% des superficies en 1998/99 (Ministère de l’agriculture et de l’élevage, 2000). En termes de répartition géographique, les exploitations agricoles pluviales sont principalement concentrées dans les régions de Kaolack, Saint-Louis et Thiès (environ 15 % des exploitations chacune), puis dans les régions de Kolda, Fatick et Louga (environ 11% des exploitations chacune) et enfin, dans les régions de Diourbel et de Tambacounda (environ 9 % des exploitations chacune). Quant à la région de Dakar, elle ne concentre que 1,1 % des exploitations agricoles pluviales (ASPRODEB et IPAR, 2007). Dans la plupart des régions, les proportions des exploitations agricoles et celles des superficies cultivées concordent, sauf en ce qui concerne la région de Kaolack qui concentre 28,5% des superficies cultivées (pour 15 % des exploitations agricoles), la région de Saint-Louis, qui ne concentre que 5 % des superficies cultivées (pour 15 % des exploitations agricoles) et la région de Dakar, qui concentre seulement 0,14% des superficies cultivées pour 1% des exploitations (Idem).

ASPRODEB et IPAR. (2007) identifient cinq systèmes de production au Sénégal:

1. Les systèmes qui combinent la culture de céréales, la culture de rente (arachide ou coton ou niébe) et l’élevage extensif (bovin, ovin, caprin). Ce système est celui des zones de culture pluviale (bassin arachidier, sud du Sénégal);

2. Les systèmes pastoraux extensifs/transhumants (zone sylvopastorale);

3. Les systèmes qui combinent la culture de riz de bas fonds, les cultures pluviales (céréale/arachide/coton) et l’élevage extensif (Basse et moyenne Casamance surtout);

4. Les systèmes double culture rizicole (vallée du Fleuve Sénégal),

5. Les systèmes horticoles avec association élevage et pêche (zone des Niayes)

Carte 4. Les systèmes de production au Sénégal

Source : Institut de recherche pour le développement, URL :www.cartographie.ird.fr

Dans le document 2015 M S 18 N C P ’ - : S G ’ L U Q O D (Page 107-113)

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