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Les catégories analytiques et la nature des données à recueillir dans le cadre de la recherche

Dans le document 2015 M S 18 N C P ’ - : S G ’ L U Q O D (Page 79-82)

CHAPITRE V LA CONSTRUCTION DE L’OUTIL D’ENQUÊTE : LE CADRE

5.1 Les catégories analytiques et la nature des données à recueillir dans le cadre de la recherche

5.1 Les catégories analytiques et la nature des données à recueillir dans le cadre de la recherche

L’approche de la géographie des solidarités transnationales suggère que les dynamiques et logiques autonomes de transnationalisation des mouvements sont le fait à la fois de pratiques matérielles de construction d’une capacité d’action à des échelles dépassant le cadre national et de pratiques discursives de construction par les acteurs de cet espace comme espace pertinent d’action collective. Ce sont ces deux propositions qui ont constitué les catégories analytiques centrales autour desquelles nous avons construit notre stratégie de recherche, déterminé la nature des données à recueillir, choisi les méthodes d’enquête pertinentes et développé nos instruments de recherche.

Catégorie analytique 1 : les pratiques matérielles21

La première catégorie analytique est celle des pratiques matérielles de transnationalisation des solidarités et de l’action collective. Pour documenter ces pratiques matérielles, il s’agira de retracer la trajectoire historique du développement de relations transnationales entre paysans en Afrique de l’Ouest qui a mené à la création du Réseau des organisations paysannes et de producteurs ouest-africiains (ROPPA)22. Plus précisément, il s’agira d’observer les espaces à l’intérieur desquels se sont mobilisés les acteurs paysans dans leur histoire et de chercher à en décrire la trajectoire sociospatiale en portant particulièrement attention aux logiques et aux rationnalités de cette transnationalisation dans la perspective des acteurs.

Données à recueillir

Les données à recueillir en ce qui concerne cette catégorie analytique comprennent : 1) des données sur la trajectoire historique des relations transfrontalières entre associations paysannes dans la sous-région et; 2) des données sur les pratiques matérielles (organisationnelles et relationnelles) de construction d’espaces associatifs transnationaux entreprises par les associations paysannes nationales et le ROPPA. Les données à recueillir devront permettre de déceler les logiques et les rationnalités à l’œuvre dans la création de relations transnationales entre associations paysannes. Il s’agit donc essentiellement de recueillir des données qualitatives qui nous permettront de retracer et d’analyser la trajectoire sociospatiale des réseaux paysans dans une période donnée, ici la période allant du début des

21 Il est à noter que si l’on peut distinguer analytiquement ce qui constitue une « pratique matérielle » et ce qui constitue une « pratique discursive », ces deux pratiques sont évidemment imbriquées empiriquement l’une dans l’autre. La distinction entre pratiques matérielles et pratiques discursives est donc une distinction analytique dont la pertinence ne tient qu’à sa capacité à organiser la recherche empirique.

22 Pour la liste des Plateformes paysannes membres du ROPPA, voir en annexe - Appendice D

indépendances africaines23 à la période actuelle. Il ne s’agit pas de postuler qu’il n’y avait pas de relations transnationales entre paysans avant les Indépendances, mais plutôt de situer l’analyse dans un horizon temporel pour lequel des données sont disponibles (dans la mémoire des informateurs notamment) et dans le cadre duquel la situation coloniale ne constitue pas un facteur explicatif potentiel (ce qui n’excluait cependant pas que l’analyse révèle – ou pas – des relations transnationales qui s’inscriraient dans une dynamique postcoloniale particulière). Il ne s’agit pas non plus de chercher à dénombrer l’ensemble des structures organisationnelles paysannes ayant existé dans la sous-région ni d’établir dans quelle mesure ces structures organisationnelles sont les « ancêtres » du ROPPA. Il s’agit plutôt d’en faire une question empirique, i.e., quels sont, dans la perspective des acteurs ayant participé à l’émergence du ROPPA, les structures organisationnelles, les évènements, les structures associatives et les acteurs qui sont considérés comme ayant été les précurseurs de la trajectoire de transnationalisation du Réseau? Les données à recueillir à cet effet concernent non seulement l’histoire de l’extension sociospatiale des solidarités paysannes à partir de la perspective des acteurs du mouvement, mais aussi les pratiques sociales de construction d’espaces autonomes de dialogue entre paysans à des échelles dépassant le cadre national.

Catégorie analytique 2 : les pratiques discursives

La deuxième catégorie analytique est celle des pratiques discursives. Il s’agit de retracer la façon dont les acteurs ont construit, dans leurs discours, l’espace ouest-africain comme espace pertinent d’action collective. Il s’agit de porter attention à la construction du « nous »

23 Le Ghana a obtenu son indépendance en 1957 et la Guinée en 1958, mais la plupart des États d’Afrique de l’Ouest sont devenus indépendants en 1960. C’est le cas du Bénin, du Burkina Faso, de la Côté d’Ivoire, du Mali, du Niger, du Nigeria, du Sénégal et du Togo. La Sierra Leone et la Gambie ont suivi de peu en obtenant leur indépendance respectivement en 1961 et en 1965. La Guinée-Bissau (1973) et le Cap-Vert (1975) sont les derniers États ouest-africains à avoir obtenu leur indépendance.

Enfin, le Liberia, qui avait été fondé en 1822 pour accueillir les esclaves noirs américains libérés, a obtenu son indépendance en 1847.

dans les discours, soit la manière dont les frontières spatiales du collectif ont été déterminées par les membres : quelle était la logique, par exemple, selon laquelle a été déterminé quelles Plates-formes nationales pouvaient devenir membres du ROPPA? S’agissait-il centralement d’une logique d’alignement institutionnel sur les frontières de la CEDEAO (comme le postulerait l’approche de la SOP) ou y avait-il une autre logique à l’œuvre? Cette dimension requiert aussi de porter attention à la construction scalaire des enjeux, i.e., à la façon dont certains enjeux ont été construits par les acteurs en tant qu’enjeux appelant une action à des échelles dépassant le cadre national.

Données à recueillir

Les données à recueillir en ce qui concerne cette catégorie analytique comprennent principalement les espaces qui ont été privilégiés dans leur histoire par les acteurs du mouvement pour l’action collective et la mobilisation, ainsi que la logique qui a prévalu au choix de ces espaces pour les militants (s’agissait-il d’une logique d’alignement sur les échelles institutionnelles, d’une logique de développement des solidarités par-delà les frontières nationales ou d’une autre logique?). La collecte de données en ce qui concerne cette dimension a été organisée autour de trois sous-dimensions, soit : 1) les spatialités des stratégies de mobilisation; 2) la problématisation spatiale des enjeux dans le discours des acteurs du mouvement et; 3) le rapport à l’espace (sous-régional) des militants (par rapport à l’espace national ou à l’espace international, par exemple). Ici aussi, puisque ce sont les trajectoires sociospatiales qui nous intéressent, ce sont les éléments de continuité, davantage que de rupture, dans ces trois sous-dimensions qui constituent nos indicateurs (voir le Tableau 3).

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