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IV. LA NEURO PHYSIOLOGIE

1. Le rôle du cerveau

Depuis longtemps les médecins, les biologistes ont cherché à expliquer les mécanismes moteurs, les fonctions d’équilibration ou de coordination ou encore les aptitudes spatiales, verbales ou au raisonnement mathématique par le rôle du cerveau.

- La taille du cerveau a bien sûr été étudiée d’abord pour justifier une infériorité féminine dans tous les domaines y compris celui des aptitudes physiques. 100 grammes soit environ 10% de la masse totale différencieraient en moyenne les cerveaux selon le sexe. Tout semble attester que seule la taille des individus est corrélative avec le poids du cerveau et ne présume en rien d’un quelconque déficit ou d’une soi disant infériorité intellectuelle des femmes. Vidal69 revient sur la fragilité des études réalisées et la disparité des méthodes de mesure employées. Elle affirme qu’il n’existe aucune relation entre le poids du cerveau et les aptitudes intellectuelles, citant quelques cas de personnalités remarquables aux volumes et poids cérébraux extrêmement variables.

68 Zazzo ne nie pas l’existence de différences physiques, physiologiques, hormonales mais soulève la question des

conséquences psychiques de ces différences organiques. Elle montre que toutes ces particularités énoncées ont des retentissements considérables sur les relations mère/enfant par exemple, relations qui elles-mêmes vont entraîner des développements moteurs divergents. Elle affirme : « tous les enfants disposent, dès la naissance, d’un répertoire comportemental commun, sa mise en œuvre se spécifie selon le sexe. »

69 Vidal, C. (2001-2002). Quand l’idéologie envahit la science du cerveau. La Recherche. Sexes. Comment on

- L’anatomie différenciée des cerveaux masculins et féminins a été décrite et ne semble pas contestée. Les hémisphères cérébraux sont en effet asymétriques. L’hémisphère gauche (chez un individu droitier) serait le siège des capacités verbales et l’hémisphère droit régirait les perceptions et les aptitudes visuo-spatiales70.

- Quelques publications notent aussi une plus grande asymétrie du cerveau chez les hommes avec une spécialisation plus marquée pour le cerveau droit. Le cerveau des femmes serait moins spécialisé que celui des hommes, elles mobiliseraient conjointement l’un ou l’autre des hémisphères pour faire face à des tâches de reconnaissance visuelles, et en contrepartie, obtiendraient des scores moindres dus à une latéralisation moins marquée. A l’inverse, les hommes réaliseraient ainsi de meilleures performances dans les tâches visuo-spatiales.

- Pour certains travaux, la communication entre les deux hémisphères, assurée par le corps calleux (plus développé, plus large chez la femme) expliquerait également les différences entre les deux sexes. A une plus large communication anatomique entre les deux hémisphères71 a été de suite associé un fonctionnement différent des cerveaux hommes et femmes : les hommes utiliseraient leurs deux hémisphères indépendamment et seraient en mesure de réaliser plusieurs tâches simultanément quand les femmes ne pourraient être attentives qu’à une seule tâche.

Depuis, de multiples observations réalisées par exemple avec les nouvelles techniques d’imagerie par résonance magnétique (IRM) dans le cas d’autopsies infirment l’existence de différences de taille du corps calleux entre hommes et femmes. Vidal note que les mesures sur des êtres vivants sont très contradictoires entre elles : Plus que la taille de cette structure, c’est davantage son organisation qu’il convient d’analyser.

70 On constate en effet des cas d’aphasie chez les sujets ayant subi des lésions de l’hémisphère gauche quand les

mêmes lésions à droite ne conduisent pas au même handicap, la proportion d’enfants surdoués en mathématiques est significativement plus importante chez les gauchers (à hémisphère droit dominant).

71 Dans les années 1980, les recherches en neuro-anatomie décrivent des différences entre hommes et femmes

Actuellement, les nouvelles techniques permettent en effet d’observer le cerveau en train de fonctionner et annihilent toutes assertions péremptoires72. Pour atteindre des performances cognitives égales, de multiples stratégies reflétées par des activations cérébrales différentes sont utilisées selon les individus.

Les études contradictoires se multiplient, réfutant les aptitudes énoncées et présupposées plus masculines ou féminines et mettant en exergue l’extrême variabilité des résultats obtenus selon l’âge et les conditions environnementales des individus73. Il semblerait que de nombreuses erreurs méthodologiques puissent être invoquées pour contester les résultats présentés. Vraisemblablement, la spécialisation fonctionnelle de chaque hémisphère s’accentue au cours du développement et rien n’autorise à exclure l’incidence de facteurs éducatifs. Aujourd’hui, les tensions sur ces questions dans la sphère scientifique sont encore présentes mais tout laisse à penser que le facteur environnemental est particulièrement influent. Le système nerveux central, défini à la naissance par un programme génétique mais dont les connexions entre les neurones sont à peine ébauchées subit une maturation importante. L’environnement intervient sur la construction des circuits neuronaux, qu’il s’agisse du milieu intérieur comme l’alimentation, les hormones ou du milieu extérieur (interactions familiales et sociales, rapport au monde).

C’est plus souvent l’idéologie du chercheur qui présuppose à ses conclusions. Les partisans du déterminisme biologique mettent en avant le rôle prépondérant des gènes et des hormones quand les antidéterministes valorisent les effets de l’environnement socioculturel. Ainsi pour certains travaux, l’action des hormones dans l’organisation des structures cérébrales a été avancée comme hypothèse explicative de différenciations selon le sexe (suite à des expérimentations sur des animaux). A la naissance, les secrétions hormonales permettraient de différencier les deux hémisphères : chez l’embryon, les hormones mâles favoriseraient le développement de l’hémisphère droit spécialisé dans le traitement des informations spatiales et délaisseraient l’hémisphère gauche impliqué dans les aptitudes verbales. Halpern74 reste elle aussi très

72 Pour Vidal, quel que soit le sexe des individus, les expériences réalisées utilisant l’IRM attestent d’une activation

du cortex frontal et des aires pariétales gauches et aucune différence significative entre homme et femme ne peut- être relevée par ces nouvelles techniques exploratoires du fonctionnement du cerveau. Elle précise que les rares observations publiées qui signalent de sensibles activations bilatérales différenciées témoignent davantage de variabilités interindividuelles plus qu’intersexuelles.

73 Halpern, D.F. (1989). The disappearance of cognitive gender difference: What you see depends on where you

look. American Psychologist, 44, 1156-1158.

prudente : « Les recherches menées sur l’influence des hormones sexuelles prénatales sur les aptitudes cognitives ne nous ont pas encore fourni de réponses définitives ».