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II. LES FACTEURS DE LA PERFORMANCE

1. Les aptitudes physiques

Pour Costill & Willmore, les aptitudes motrices des filles et des garçons s’améliorent avec l’âge même si les filles accusent très nettement une stabilisation beaucoup plus précoce au moment de la puberté. Les physiologistes considèrent que cet enrichissement de la motricité est le résultat du développement des systèmes neuromusculaires et endocriniens mais aussi de l’augmentation de l’activité des enfants. La stabilisation des acquis observés chez les filles peut s’expliquer par deux paramètres. L’augmentation des concentrations d’œstrogènes à la puberté et l’évolution négative du rapport oestrogène/testostérone facilitent les dépôts de tissu adipeux. Ce phénomène a tendance à faire baisser le niveau de performance. Mais elles notent surtout que les filles adoptent un style de vie plus sédentaire que les garçons aux alentours de la puberté.

1.1. La force

47 Astrand, P.O., Rodahl, K. (1980). Manuel de physiologie de l’exercice musculaire. (Traduction J.R. Lacour).

Paris : Ed Masson.

Pour Manno49, la force se définit comme la capacité à développer des tensions musculaires très élevées. La force permet de vaincre une résistance souvent matérialisée en terme de charges. Selon Hettinger50, la force musculaire des filles et des garçons suit une progression parallèle jusque vers 12 ans pour se différencier lors de l’adolescence. Le développement de la force se poursuit beaucoup plus longtemps chez ces derniers pour atteindre son maximum vers 18-20 ans et même au-delà pour d’autres auteurs, quand il se termine vers 16-17 ans pour les adolescentes. La force augmente proportionnellement à la masse musculaire mais néanmoins, l’amélioration des capacités musculaires est corrélée à la maturation du système nerveux. Tant que le système nerveux n’est pas mature, certaines connexions ne sont pas myélinisées et il devient alors impossible de développer des forces ou des habiletés complexes.

Au final, on constate un écart de force considérable entre les deux sexes estimé à environ 35 à 40% en valeur absolue et imputable à une production d’androgènes. En raison de leurs faibles secrétions de testostérone, les femmes ont une masse musculaire moins importante qui affecte sensiblement leurs possibilités relatives au déploiement de force.

Quatre réserves majeures viennent nuancer ces données :

- Les valeurs présentées ignorent souvent la taille et le poids des sujets. Or la taille a une influence déterminante sur la force; plus on est lourd, plus on est fort. Lorsque les physiologistes étudient la production de force des femmes comparativement au poids du corps ou à la masse musculaire, ils constatent alors des écarts dérisoires entre les deux sexes.

- La part de l’entraînement ou plus humblement de l’activité des individus semble jouer un grand rôle dans le développement de la force. Pour Costill et Willmore, « les femmes

49 Manno, R. (1992). Les bases de l’entraînement sportif. Paris : Editions Revue EPS .

Voir aussi : Revues EPS (1994), 246, 249.

50 Hettinger, T. (1968). Isometriches Muskeltraining. Georg Thième Verlag. Stuttgart.

Evolution de la force statique pour les 2 sexes

Hettinger 1968

Evolution de la force explosive d’après le test d’Abalakov (Macek, 1978)

possèdent le potentiel nécessaire pour développer des forces nettement plus élevées que celles qui sont généralement décrites chez les sédentaires ». Un travail de renforcement musculaire permet d’accroire les qualités de force de façon non négligeable51.

- Les études considèrent généralement des individus des deux sexes « non entraînés ». Pour Costill et Willmore, cette variable est insuffisamment objectivée. A y regarder de plus près, les études opposent plutôt des hommes généralement actifs à des femmes habituellement sédentaires.

- Selon le sexe, on constate aussi des valeurs très contrastées entre la force des membres supérieurs et inférieurs. Le rapport force des jambes / poids du corps est quasiment identique pour les deux sexes quand il est très favorable aux hommes pour les membres supérieurs. Or, la plupart des études concernant la force s’intéressent à des exercices de lancers52.

1.2. La rapidité ou vitesse motrice

La vitesse est définie comme la capacité à réaliser une action motrice dans un temps minimal. Elle est traditionnellement étudiée à partir de trois indicateurs : le temps de réaction, la rapidité du mouvement en lui même, et la fréquence lors d’actions cycliques. Cette aptitude est fortement liée au développement et à la maturation biologique des individus. Elle semble être a contrario difficile à améliorer par l’entraînement. La vitesse de réaction motrice est maximale entre 18 et 25 ans et amorce ensuite une pente décroissante. La vitesse de mouvement augmenterait surtout de façon spectaculaire entre 8 et 12 ans accusant un taux de progression de l’ordre de 52 à 54%53. Cette aptitude semble distinguer nettement les individus des deux sexes. Les études

51 Ce travail se produit rarement chez les femmes (encore moins chez les adolescentes, contrairement aux hommes).

La crainte d’une hypertrophie musculaire conduit les jeunes filles à rejeter violemment toute perspective de renforcement musculaire, même s’il a été montré qu’une hypertrophie n’est pas un pré requis incontournable à l’accroissement de la force.

52

Pour Dowling, cet exemple est particulièrement significatif à la fois d’un choix méthodologique contestable et d’une habileté masculine acquise. Elle montre que les débutants procèdent toujours par un mouvement ipsilatéral (lancer à l’amble). Mais selon elle, les filles resteraient malhabiles en maintenant un lancer en supination rarement corrigé par les adultes quand les garçons apprendraient rapidement une technique contre-latérale efficace.

53 Henry, F.M., Rogers, D.E. (1960). Increased response latency for complicated movement and a “memory drum”,

publiées convergent pour affirmer une différence significative de rapidité entre filles et garçons à partir de 14 ans54.

La supériorité des garçons semble avérée mais quelques réserves s’imposent néanmoins :

- Lors de tests relatifs à la vitesse des membres supérieurs, les filles obtiennent de meilleurs résultats55.

- Une étude réalisée en 1996 sur trois groupes d’enfants âgés de 7 à 12 ans sur une épreuve de lancer a infirmé largement l’hypothèse selon laquelle les garçons seraient plus rapides que les filles y compris dans cet exercice pourtant connoté masculin en soulignant les effets l’exercice et de l’entraînement56.

- Hudson57 démontre que les performances physiques s’expriment souvent en athlétisme, en termes de rapports d’espace et de temps. Les calculs arithmétiques oublient généralement de rapporter les mesures spatio temporelles extérieures à l’individu à celles de son propre corps58.

54 Kemper Han, C.G., Van Praagh, E. (1986). Croissance et évolution de la performance motrice chez les

adolescents. Revue EPS, 197. Paris. 17-19.

55 Manno, R. (1992). Les bases de l’entraînement sportif. Paris : Editions Revue EPS.

56 Les enfants devaient effectuer des lancers successivement avec leur bras préférentiel puis avec leur autre bras. Les

résultats ont montré que les garçons lançaient la balle 72% plus vite que les filles lorsqu’ils utilisaient leur main préférentielle mais qu’il n’y avait aucune différence entre filles et garçons lors de la mobilisation de leur autre main. En fait, les écarts entre les performances produites par les garçons avec leurs deux membres étaient tellement conséquentes qu’elles ont conduit les chercheurs à affirmer que l’exercice et l’entraînement, et eux seuls, étaient les facteurs de différenciation entre filles et garçons. Imputer les écarts de performances filles-garçons aux seuls facteurs biologiques aurait du en effet conduire les scientifiques à observer les mêmes différences entre les deux sexes quelque soit le bras impliqué dans l’exercice.

57 Hudson, J.L. It’s mostly a Matter of Metric. In D.M. Costa & S.R. Guthrie (Ed.). Women and Sport, Champaign,

Ill, Human Kinetics Books. 143-162.

58 Considérant ainsi les records du monde de vitesse sur 100 mètres, elle rapporte la performance de C Lewis et F

Griffith-Joyner à leurs tailles et conclut à une vitesse relative corporelle supérieure pour cette dernière. La force

Evolution de la performance en course de vitesse, dans les deux sexes. Farfel, 1981

Manno. R. Revue EPS 246

Evolution de la vitesse de bras selon les sexes

Kemper. H.,C.,G. & Van Praagh, E. Revue EPS 197

1.3. La souplesse

La souplesse est la capacité à exécuter aisément des mouvements de plus ou moins grande amplitude dans les limites mécaniques permises du jeu articulaire des différentes régions anatomiques. Une souplesse optimale permet une plus grande élasticité, une plus grande capacité d’étirement et de relâchement des muscles, tendons et ligaments. Cette qualité, communément reconnue comme féminine se caractérise selon les auteurs par une grande instabilité. Les garçons seraient moins souples que les filles et présenteraient une régression significative de leurs performances dés l’âge de 7 ou 8 ans. Manno affirme que les garçons régresseraient de 8 à 12-13 ans pour stabiliser, puis augmenter leur souplesse jusqu’à 18 ans, pendant que les filles accroîtraient leurs potentialités de manière plus régulière jusqu’à 14 ans. Il attribue ces fluctuations à l’effet de la puberté et notamment à l’accroissement en longueur de la taille des os et aux changements de forme des articulations.